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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : La résistance de la base fait échouer les tentatives de briser la grève des cheminots

Par Peter Schwarz à Paris
17 novembre 2007

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Une résistance massive de la base a fait échouer les tentatives des syndicats de mettre rapidement fin à la grève menée contre la « réforme » des « régimes spéciaux ». Les assemblées générales de grévistes qui se prononcent chaque jour sur la grève, ont résolu vendredi, à une forte majorité, la continuation de la grève, au moins jusqu'à lundi, à la SNCF et à la RATP (métro, bus et réseau ferroviaire régional parisiens).

Une grève d’un jour ainsi que des protestations de masse sont prévues mardi prochain dans le secteur public. Les deux à trois millions de salariés des écoles, des hôpitaux et des municipalités  protesteront contre la baisse du pouvoir d’achat et les suppressions d’emploi. Les cheminots en grève se préparent à participer également aux manifestations de mardi. Il est donc probable qu’ils vont poursuivre leur grève jusqu'à mardi.

On s’attend à ce que les étudiants qui protestent depuis deux semaines contre une nouvelle loi concernant les universités, vont être eux aussi nombreux dans les manifestations mardi. Ce sera la plus grande action de protestation contre la politique sociale du gouvernement depuis que Nicolas Sarkozy est devenu président de la république en mai.   

Jeudi matin il semblait que les syndicats allaient, cette semaine encore, mettre fin aux grèves contre l’élimination des régimes de retraites des entreprises publiques. Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, avait offert à Xavier Bertrand, le ministre du Travail, de négocier sur les régimes spéciaux branche par branche et avait en cela satisfait une exigence importante du gouvernement. Suite à cela, l’ouverture de négociations semblait devoir se faire très rapidement.

Bertrand avait invité par lettre six des sept syndicats représentés à la SNCF et à la RATP à des négociations par entreprises et par branches, auxquelles participerait aussi un représentant du gouvernement. Le syndicat SUD (Solidaires, Unitaires, Démocratiques) qui s’oppose à des négociations tant que le gouvernement ne retire pas son projet de réforme, n’avait pas été invité.  

Bertrand donna aux syndicats un délai d’un mois pour parvenir à un accord. Suite à quoi « les textes réglementaires relatifs à la réforme des différents régimes spéciaux [seraient] rendus publics puis publiés. »

Il y eut, dans les nombreuses assemblées générales délibérant sur une poursuite de la grève dans la journée de jeudi, une résistance massive contre la tentative des syndicats de s’arranger avec le gouvernement. Selon des informations fournies par les syndicats, 17.000 grévistes ont participé dans tous le pays aux assemblées générales, 95 pour cent des présents se déclarant pour la reconduction de la grève.

Dans les assemblées se manifesta une profonde méfiance vis-à-vis des dirigeants syndicaux. Une motion demandant aux syndicats de ne pas signer d’accord sans une consultation de la base, fut largement distribuée et adopté à une forte majorité par de nombreuses assemblées générales.

Pendant l’après-midi de jeudi les leaders des six syndicats concernés se réunirent au siège de la CGT afin de délibérer sur la suite à donner à l’invitation de Bertrand. Etant donné l’attitude sans équivoque de la base, les dirigeants syndicaux pensèrent qu’il n’était pas opportun d’y répondre sans détour.

Ils se déclarèrent en faveur d’une poursuite temporaire de la grève et firent parvenir au ministre une réponse floue qui exprimait le dilemme dans lequel ils se trouvent : d'une part, ils veulent garder ouverte l’option de négocier avec le gouvernement et de s’entendre le plus vite possible avec lui, de l’autre ils ne veulent pas perdre complètement la face vis-à-vis des grévistes.

Comme le dit un ouvrier dans une assemblée générale : « La lettre des [fédérations] n’est pas clair. Elle ménage et les grévistes et le gouvernement. »

Comme Sarkozy s’est engagé à ne pas dévier des points essentiels de sa réforme (hausse des années de cotisation de 37,5 à 40 ans, déductions plus fortes en cas de départ en retraite anticipé et indexation des retraites sur les prix au lieu des salaires), la réponse des syndicats au gouvernement ne parlait pas de cette question. Au lieu de cela on n’a fait qu’énumérer de façon très générale des « motivations du conflit en cours » : « le refus du cadrage de la réforme gouvernementale, l’avenir du fret, l’emploi, le pouvoir d’achat ».

Puis les dirigeants syndicaux mettent en avant les grévistes comme excuse pour expliquer leur réserve : « Les cheminot(e)s ont exprimé sur ce point, dans les assemblées générales, de connaître plus précisément les points sur lesquels vont porter ces réunions tripartites »

C’est là, pour parler gentiment, minimiser les choses. En réalité, les assemblées générales s’étaient exprimées, sans l’ombre d’un doute, contre des négociations tant que le gouvernement n’abandonnait pas les trois points fondamentaux de sa réforme. Les dirigeants syndicaux veulent, eux, négocier sur le contenu de la « réforme » du gouvernement, tandis que les grévistes rejettent le projet en bloc et veulent forcer le gouvernement à le retirer tout entier.

Finalement, la lettre des syndicats propose au ministre du Travail de convoquer une première réunion vendredi, afin de fixer, « pour que la transparence indispensable soit totale », le cadre exact et le calendrier d’une négociation.  

Bertrand s’y est immédiatement refusé. Dès jeudi soir il a déclaré : « on ne peut pas avoir et la grève et les négociations d'entreprise en même temps ».

Vendredi matin, les assemblées générales de grévistes ont à nouveau et à une forte majorité décidé la continuation de la grève pendant le weekend. A nouveau, une forte méfiance régnait vis-à-vis des directions syndicales que les permanents syndicaux présents n’ont pu atténuer qu’avec peine.

Comme cela avait été le cas la veille, le WSWS participa à une assemblée à la Gare du Nord à laquelle participèrent 75 grévistes. L’assemblée fut unanime sur la poursuite de la grève, cela ne donna pas matière à débat. 

Une discussion intense se développa seulement sur la question de savoir si on devait tenir la prochaine assemblée lundi seulement ou déjà samedi, ce qui se révélait difficile pour beaucoup de participants. Derrière cette question apparemment technique, il y avait de toute évidence la crainte que les syndicats puissent mettre le weekend à profit pour une liquidation de la lutte. On se mit finalement d’accord sur le lundi et sur une assemblée non officielle le samedi.

Comme la veille, l’assemblée générale vota cette fois encore une motion adressée à l’ensemble des syndicats concernés et dans laquelle on met expressément en garde contre des concessions qui seraient faites derrière le dos des grévistes.

Dans le camp patronal, Sarkozy a de nouveau pris lui-même l’initiative. Il a invité vendredi après-midi les directions de toutes les entreprises publiques concernées, le premier ministre, le ministre du Travail et le ministre des Transports au Palais de l’Elysée pour une discussion de la situation et de la suite des opérations. 


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