wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Poursuite de la grève des cheminots malgré les efforts des dirigeants syndicaux pour y mettre fin

Par Antoine Lerougetel
22 octobre 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

La grève des cheminots qui a paralysé la France jeudi s’est poursuivie vendredi, mais à moindre échelle.

Malgré l’opposition de la CGT (Confédération générale du travail) dominée par le Parti communiste et représentant quelque 40 pour cent des cheminots, les assemblées générales qui se sont tenues vendredi matin ont voté pour la reconduction de la grève.

Cette grève est la plus importante action de cheminots en France depuis plus d’une décennie. La participation était, jeudi, plus élevée qu’en 1995, où les cheminots avaient paralysé le pays pendant trois semaines et finalement forcé le premier ministre de l’époque, Alain Juppé, à retirer son projet de démolition du régime de retraite des cheminots. Cette grève avait miné le gouvernement et conduit à la démission de Juppé.

La raison de la grève actuelle est une proposition similaire, avancée par le président gaulliste Nicolas Sarkozy, de démanteler le régime de retraite des cheminots. Quelque 75 pour cent des travailleurs de la SNCF (Société nationale des chemins de fer) ont participé à la première journée de ce que la CGT envisageait comme une protestation d’un jour.

Chez les conducteurs de train, la participation a été de 90 pour cent. Ils ont été rejoints par les travailleurs des transports urbains bus et métro, ceux de la poste, les employés des musées et les travailleurs du gaz et de l’électricité. Moins d’un train longue distance sur vingt roulait et le métro parisien était complètement paralysé.

Vendredi matin, la RATP (Régie autonome des transports parisiens) était encore perturbée, avec 50 pour cent des métros et un tiers des bus ne circulant pas. Aucun train ne roulait sur les lignes de banlieue très fréquentées du RER A et B.

60 pour cent seulement des trains internationaux à grande vitesse Thalys étaient en circulation, les TGV (trains à grande vitesse) du réseau national circulaient à 35 pour cent et un tiers seulement des trains régionaux TER roulaient.

On s’attend à ce que le service soit fortement réduit samedi.

A la Gare du nord à Paris, un adhérent de Sud rail a dit au World Socialist Web Site que des cheminots en grève de toutes catégories avaient voté à une très large majorité la reconduite de la grève. Les ouvriers d’entretien ont voté pour continuer leur arrêt de travail jusqu’à l’assemblée générale de lundi.

Une assemblée générale à la Gare Saint-Lazare a voté pour la poursuite de la grève, tout comme l’ont fait les conducteurs de trains et d’autres catégories lors d’une assemblée plus réduite à la Gare de Lyon.

A Marseille, FO (Force ouvrière) et Sud rail ont voté en assemblées générales la poursuite de la grève jusque samedi, tandis qu’à Nantes les travailleurs ont voté pour la reprise du travail.

La bureaucratie de la CGT a boycotté les assemblées générales, mais dans certains secteurs, particulièrement à la Gare du Nord, de nombreux adhérents de base y ont assisté et voté pour la reconduite de la grève.

La grève a un caractère clairement politique. Elle est dirigée contre un président et un gouvernement qui font du démantèlement des régimes spéciaux de retraite (des cheminots et autres travailleurs du secteur public) la pierre angulaire de leur politique. Cette grève annonce le début d’un vaste mouvement d’opposition au démantèlement de l’Etat providence.

Il est clair que le gouvernement a été décontenancé par l’envergure de la grève. Tandis que tous ses porte-parole en vue ainsi que les dirigeants du Parti socialiste (PS) insistent pour dire que la « réforme » des régimes spéciaux est incontournable et ne peut être remise à plus tard, le gouvernement a fait connaître son empressement à travailler étroitement avec les syndicats pour imposer ses attaques sur les retraites.

Les syndicats ne demandent que ça, collaborer avec le gouvernement, et ils sont pressés d’étouffer la grève. Ils ne sont pas prêts à conduire une lutte politique contre un gouvernement de droite qu’ils rencontrent régulièrement et avec lequel ils collaborent.

La direction de la petite Fédération générale autonome des agents de conduite (Fgaac) a signé un accord avec le gouvernement jeudi soir qui, en retour de concessions insignifiantes, accepte le principe du démantèlement du système de retraite des cheminots.

Xavier Bertrand, ministre du Travail, a clairement dit que le gouvernement n’avait aucune intention de reculer. Il a affirmé au parlement, « Nous sommes déterminés à continuer la réforme, on ne peut pas se passer de cette réforme. » Au même moment, il lançait un appel aux bureaucraties syndicales disant, « On a plus à gagner dans la négociation que dans le conflit. »

Jean-François Coppé, dirigeant du groupe parlementaire UMP (Union pour un mouvement populaire) gaulliste a déclaré jeudi, « Les députés de la majorité ont été élus, il y a quatre mois, avec un engagement très clair en faveur de la réforme des régimes spéciaux de retraite. Les Français ont voté en connaissance de cause et ils attendent cette réforme au nom de la justice sociale. »

L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin interviewé jeudi à la télévision a aussi insisté sur le fait que la réforme des retraites était indispensable. Il a proposé aux syndicats des concessions concernant la pénibilité du travail. « A un moment, il faut se mettre autour de la table et négocier ce qu'il y a à négocier… il peut y avoir, sur la pénibilité des tâches, des discussions. »

Le président Sarkozy a résumé la situation : « Il y a des réformes à faire, tout le monde le sait, j'ai été élu pour ça. On va les faire tranquillement, en maintenant le dialogue. »

Laurent Fabius, personnalité en vue du Parti socialiste a aussi insisté en disant « Il faut faire une réforme, à la fois du régime général et des régimes spéciaux. » Il a fortement pressé le gouvernement à négocier. François Hollande, premier secrétaire du PS a exprimé son accord par ses mots, « Il faut une réforme juste et équitable des régimes sociaux. »

Annick Lepetit, autre dirigeante du PS a dit, « le PS est favorable à l'évolution des régimes spéciaux, mais le gouvernement doit ouvrir le plus vite possible des négociations avec les partenaires sociaux. »

Les dirigeants syndicaux ont donné des signes clairs qu’ils sont prêts à signer un accord exécrable avec le gouvernement du président Sarkozy. Didier Le Reste, secrétaire général du syndicat CGT cheminots a dit, « les cheminots en grève attendent que le gouvernement leur envoie des messages ».

Apportant au gouvernement et à l’élite dirigeante française l’assurance de l’attitude « responsable » des syndicats, il a dit, « quand on est dans un mouvement social de ce niveau, il y a des responsabilités qui sont imputables aux syndicats, mais il y a d'autres acteurs comme le gouvernement et les directions d'entreprise, à eux effectivement d'assumer leurs responsabilités ».

Bernard Thibault, dirigeant de la CGT a ajouté sa voix à celles qui soutiennent la « réforme » des retraites, exprimant le souhait que les propositions de sa confédération « soient de nature à influencer le cadre général de la réforme ».

Les syndicats ne se rencontreront pas avant lundi pour discuter de la suite à donner au mouvement.

Alors que les syndicats oeuvrent pour étouffer le mouvement, il y a le danger que les travailleurs se retrouvent impréparés pour le conflit politique avec un gouvernement qui est déterminé à imposer les attaques les plus vastes de l’histoire de l’après-guerre en France.

La grève massive et la révolte naissante des travailleurs contre la direction syndicale sont les signes clairs d’une résistance et d’une combativité grandissantes dans la classe ouvrière, pas seulement en France, mais dans toute l’Europe et internationalement.

En Allemagne les conducteurs de train font grève pour des salaires décents, défiant les principaux syndicats et les injonctions du tribunal leur interdisant le droit de faire grève. En Grande-Bretagne, les travailleurs de la poste sont engagés dans des grèves sauvages contre leur direction syndicale. Aux Etats-Unis, les travailleurs de General Motors ont fait grève pour la première fois depuis 37 ans, et ont immédiatement été trahis par la bureaucratie du syndicat de l’automobile, l’UAW.

La défense des droits et du niveau de vie des travailleurs nécessite une nouvelle perspective politique. Les travailleurs doivent briser l’emprise des syndicats staliniens et sociaux-démocrates et de la « gauche », tels le Parti communiste et le Parti socialiste, qui collaborent avec la droite gaulliste pour détruire tous les acquis arrachés par les générations précédentes de travailleurs. Il est nécessaire qu’ils se tournent vers la classe ouvrière européenne et internationale et qu’ils développent un nouveau mouvement politique basé sur des principes socialistes et internationalistes.


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés