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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Soutenez les agents de conduite dans leur lutte contre la Deutsche Bahn (DB)

Déclaration du Parti de l’égalité sociale (Allemagne)
27 octobre 2007

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La déclaration suivante a été publiée sous forme de tract destiné à coïncider avec la grève des conducteurs de train allemands

Le conflit qui oppose les agents de conduite à la direction des chemins de fer allemands, la Deutsche Bahn (DB), a dépassé de loin le cadre normal d’une grève. La DB est déterminée à donner une leçon à un personnel combatif et à détruire le syndicat des agents de conduite, le GDL (Gewerkschaft Deutscher Lokomotivführer). C’est pourquoi la DB refuse obstinément de faire des concessions. Elle bénéficie du soutien du gouvernement allemand, de la justice, des principales fédérations patronales et du DGB, la Fédération des syndicats allemands (Deutscher Gewerkschaftsbund).

Si la Deutsche Bahn s’imposait, cela aurait des conséquences graves pour tous les travailleurs. Toute résistance aux réductions de salaire et aux coupes sociales ainsi qu’à la redistribution de la richesse de bas en haut serait soumise à l’intimidation et à des poursuites. Une défaite des conducteurs de train ouvrirait la porte à des attaques contre tous les travailleurs.

Le Parti de l’égalité sociale (Partei für soziale Gleichheit, PSG) appelle l’ensemble de la population laborieuse à se solidariser avec les conducteurs de train. Ne laissez pas les syndicats affiliés au DGB isoler les conducteurs de train qui subissent d’immenses pressions de la part de la direction de la DB et sont persécutés par les tribunaux.

Organisez des comités de solidarité et transformez la lutte des conducteurs de train en point de départ d’une offensive massive contre les réductions de salaire et la casse des acquis sociaux, ainsi que contre le gouvernement de grande coalition à Berlin unissant démocrates-chrétiens de la CDU/CSU (Union chrétienne démocrate d’Allemagne/Union chrétienne sociale) et sociaux-démocrates du SPD (Parti social-démocrate d’Allemagne).

Quelles sont les revendications des conducteurs de train ?

Le président de la Deutsche Bahn, Harmut Mehdorn, ne cesse de dénoncer la revendication des conducteurs de train comme étant « déraisonnable ». Ce faisant, il recueille le soutien des médias. Pourtant, les conducteurs de train ne cherchent qu’à récupérer ce qu’ils ont perdu au cours de ces dernières années.

Depuis 1994, date de la réforme de la Deutsche Bahn, l’effectif des cheminots a été réduit de moitié pour totaliser 185 000 agents. La charge de travail s’est accrue en conséquence alors que les salaires ont stagné et ont même baissé au cours de ces deux dernières années.

Il en a résulté une pénibilité du travail accrue et des horaires irréguliers et nocturnes constants avec un salaire de début de carrière insuffisant pour une personne seule, sans parler pour une famille entière. Le salaire brut d’un agent de conduite s’élève au maximum à 2142 euros par mois. Après déduction des diverses charges sociales, les conducteurs reçoivent entre 1500 et 2000 euros net par mois. En Suisse, les conducteurs de train gagnent environ le double.

La revendication du GDL pour un salaire de début de carrière s’élevant à 2500 euros brut, passant à 3000 euros au bout d’une période assez longue, et allant de pair avec une réduction de la durée du travail de 41 à 40 heures par semaine est parfaitement justifiée. Une telle revendication ne coûterait à la DB que 250 millions d’euros par an. Cette somme représente exactement le dixième de l’excédent de 2,5 milliards d’euros que l’entreprise, hautement déficitaire autrefois, a engrangé l’année dernière, aux dépens des travailleurs.

Le propre salaire de Mehdorn a augmenté l’année dernière de 100 pour cent pour atteindre 3,18 millions d’euros. Les huit membres du comité directeur de la DB ont encaissé ensemble des salaires s’élevant à 20 millions d’euros. Étant donné que leur revenu se compose de primes de succès, leur fortune est faite directement à partir de chaque euro extrait du personnel.

La situation qui règne à la Deutsche Bahn est le reflet de la société dans son ensemble. Les salaires des travailleurs allemands ont stagné depuis vingt ans alors que les traitements des patrons, les profits des entreprises et les cadeaux fiscaux et bénéfices exceptionnels dus à la spéculation ont monté en flèche. A présent, l’on veut faire, dans le but de poursuivre cette orgie d’enrichissement personnel, des conducteurs de train un exemple en leur infligeant une leçon ! Ce processus est encore loin d’avoir atteint le niveau d’enrichissement qui existe outre-Atlantique.

Aux Etats-Unis, le syndicat américain des travailleurs de l’automobile, l’UAW (United Auto Workers union) a signé un accord avec General Motors (GM) qui réduit de moitié les salaires d’embauche en les faisant passer à 14 dollars (à peine 10 euros) de l’heure. L’on s’attend à ce que les réductions de salaire, en plus des coupes des prestations sociales, réduisent de deux tiers les charges sociales de GM. En contrepartie, l’UAW a été récompensée en se voyant transférer la gestion du fonds de couverture santé des retraités de l’automobile qui s’élève à des dizaines de milliards de dollars, faisant ainsi des syndicats les plus gros spéculateurs à Wall Street et rendant les fonctionnaires syndicaux extrêmement riches, indépendamment du déclin des cotisations des adhérents.

Le rôle de briseurs de grève joué par le DGB

En Allemagne aussi les syndicats soutiennent les attaques perpétrées contre leurs propres membres. Ils ont évolué de représentants des travailleurs en acolytes du patronat dont les seuls critères sont le rendement de l’entreprise.

Deux autres syndicats de cheminots, Transnet et le GDBA (Gewekschaft Deutscher Bundesbahnbeamten, Arbeiter und Anwärter), soutiennent les projets de privatisation de la DB et ont appuyé ces dernières années la réduction du personnel et des salaires. A présent, ils conseillent le comité directeur de la DB sur la meilleure manière de briser la grève des conducteurs de train en appelant leurs propres membres à jouer les briseurs de grève. A cette fin, aucun mensonge n’est trop gros. Transnet a accusé les conducteurs de train d’être des « briseurs de contrat » et d’ébranler la « solidarité » existant avec les autres sections de cheminots.

Bien évidemment, les bureaucrates de Transnet espèrent que les cheminots ont la mémoire courte. Il y a à peine cinq ans, c’est ce même syndicat qui avait joué le rôle de « briseurs de contrat ». A l’époque, Transnet avait signé un contrat auxiliaire avec la DB Regio [TER allemand] prévoyant pour ces conducteurs de train des salaires et des conditions de travail nettement inférieurs à ceux en vigueur pour le reste des cheminots en comptant jusqu’à 18 équipes supplémentaires impayées. Le contrat avait finalement échoué parce que le GDL avait refusé de le signer.

Ce genre de négociation ayant pour objectif une rupture de contrat est tout à fait coutumier depuis des années pour ce qui est des syndicats affiliés au DGB. Le syndicat des travailleurs de la métallurgie, l’IG Metall, a été un pionnier dans ce domaine.

Chez Volkswagen, ce syndicat a travaillé main dans la main avec l’ancien chef du personnel de l’entreprise, Peter Hartz, qui a été le fer de lance des « lois Hartz » [réforme de l’assurance-chômage] tristement célèbres et qui portent son nom. Cette même année, le syndicat de la fonction publique, Verdi, a accepté un contrat prévoyant l’externalisation de 50 000 emplois de Telekom vers des filiales de l’entreprise ainsi qu’une baisse massive des salaires, un allongement du temps de travail et des conditions de travail plus difficiles pour tous ceux qui gardent leur emploi.

Toutefois, lorsque les agents de conduite se révoltent contre les dictats des syndicats, les bureaucrates les dénoncent pour « manque de solidarité ». Quelle hypocrisie ! Le mouvement des travailleurs doit presque tous ses gains à ceux qui, dans le passé, ont courageusement lutté pour améliorer les conditions de travail. Si les travailleurs avaient simplement accepté ce que les autres travailleurs avaient déjà on en serait encore en Allemagne au stade du travail des enfants.

Le chef de Verdi, Frank Bsirske, a également profité du congrès national de son organisation pour accuser les conducteurs de train d’être des « briseurs de grève », de « manque[r] de solidarité » et de tenter de « d’obtenir un maximum en faisant cavalier seul ». Il lança cette attaque contre les conducteurs de train trois mois seulement après avoir trahi les travailleurs de Telekom.

Le fait que Bsirske ait néanmoins été réélu au poste de président de Verdi par 94 pour cent des voix des délégués prouve que l’ensemble de la caste des bureaucrates est bien décidé à faire la guerre à ses propres adhérents.

Le gouvernement soutient la DB

Le président de la DB, Mehdorn, jouit du soutien total du ministre des Transports, Wolfang Tiefensee (SPD), dans sa campagne contre les conducteurs de train. Le ministre aime à souligner sa neutralité et se cache derrière la déclaration selon laquelle il respecte pleinement la négociation collective.

Mais en tant que propriétaire à 100 pour cent des chemins de fer, le gouvernement est partie prenante dans ce conflit et Mehdorn est son employé. En se conduisant de façon « neutre », le gouvernement laisse en fait les mains libres au président de la DB dans son assaut contre les conducteurs de train.

La principale préoccupation de Mehdorn et du gouvernement est de faire rentrer le plus rapidement possible les chemins de fer allemands en bourse. Ceci présuppose que l’entreprise soit rentable et qu’elle contrôle son personnel. Un succès des conducteurs de train, a écrit l’hebdomadaire Die Zeit, signifierait que « la vente des actions des chemins de fer allemands à des investisseurs privés serait menacée ». Le journal poursuit en disant : « Quel investisseur aime à investir dans une entreprise où trois syndicats se battent pour le pouvoir et pour l’influence ? »

Justice de classe

La direction de la DB et le gouvernement jouissent également du soutien de la justice qui, mise au défi par une section des travailleurs, réagit immédiatement en jetant par-dessus bord les principes d’Etat de droit et en recourant à une « justice » ouvertement de classe qui a dans le passé joué un rôle si néfaste en Allemagne.

Les divers jugements rendus par les tribunaux allemands, interdisant partiellement ou entièrement les grèves des conducteurs de train, sont très préoccupants. L’exercice du droit de grève découle en Allemagne directement de la garantie de la négociation collective qui interdit toute interférence de l’Etat. Ceci ne peut aucunement être écarté par une décision de tribunal.

Cette interprétation est partagée par un certain nombre de juristes. Dans une interview accordée au quotidien Süddeutsche Zeitung, Thomas Dietrich, le président du tribunal prud’hommal fédéral allemand entre 1994 et 1999, a qualifié de « grotesque » l’interdiction de grève prononcée cet été par le tribunal de Nuremberg. Il a dit, « Le montant des dommages infligés est insuffisant pour justifier à lui seul l’interdiction de la grève. »

Mais c’est précisément cet argument, à savoir, les interruptions de services et les dommages économiques dus à la grève, qui avait servi une fois de plus au tribunal de Chemnitz pour restreindre les activités syndicales des conducteurs de train il y a à peine une semaine.

Ce jugement équivaut à une annulation du droit de grève. Si les grèves ne sont autorisées qu’à la condition qu’elles ne causent que peu ou aucun dommage économique, alors l’arme de la grève est privée de sa force. L’idée de la grève consiste à exercer une pression en causant un dommage économique. Si le jugement prononcé à Chemnitz fait école, alors chaque grève aboutira devant un juge et les grévistes seront menacés d’emprisonnement.

Une nouvelle perspective

Le syndicat des conducteurs de train GDL qui est présidé par un membre du CDU (et ancien député parlementaire), Manfred Schell, n’est absolument pas en mesure de défier le front unitaire formé par la direction de la DB, du gouvernement, de la justice et du GDB, la Fédération des syndicats allemands. La direction du GDL s’est pourtant donnée bien du mal pendant des semaines pour arriver à un compromis.

En début de semaine, Schell a annoncé que le syndicat débuterait une grève de quatre jours, à commencer du jeudi 11 octobre. Au dernier moment toutefois, Schell a accepté des négociations avec la direction et annulé précipitamment la grève prévue pour jeudi.

Le syndicat a depuis longtemps signalé sa volonté de faire des concessions quant aux revendications salariales. Il est par contre moins en mesure de reculer en ce qui concerne sa revendication d’un contrat séparé pour les conducteurs de train car ceci risquerait de compromettre son existence même d’organisation indépendante.

L’attitude docile et hésitante adoptée par le GDL n’a servi qu’à encourager la direction de la DB dans son intention de mettre en échec les travailleurs et de détruire le syndicat.

L’action entreprise par le GDL le 5 octobre a d’ailleurs ressemblé plus à un lock-out qu’à une grève. Profitant de la volonté évidente en faveur de négociations et de compromis affichée des semaines durant par le GDL, la DB a largement eu le temps de mettre sur pied son plan d’attaque. Le 5 octobre, les conducteurs de train GDL ne furent même pas admis à monter dans les cabines de leurs locomotives et les membres du GDL qui voulaient manifester furent escortés hors des gares. Depuis, la direction de la DB se montre impitoyable et rejette catégoriquement toute nouvelle offre soumise par le syndicat.

Les conducteurs de train ne peuvent plus laisser la direction de leur grève entre les mains du GDL. Ils doivent mettre sur pied leurs propres comités indépendants pour mener la lutte. Ils doivent prendre contact avec les membres des autres syndicats de cheminots afin de les mobiliser dans un front commun contre les activités de briseurs de grève de la direction de Transnet et des autres syndicats. La grève doit être étendue à l’ensemble des chemins de fer pour une période illimitée. A cette fin, les conducteurs de train requièrent la solidarité et le soutien de l’ensemble de la classe ouvrière.

La défense du niveau de vie et des droits sociaux et démocratiques exigent une stratégie politique fondamentalement nouvelle. Les besoins de la population laborieuse doivent primer sur les intérêts du patronat en luttant pour un programme socialiste. La production en général et les entreprises publiques telles que les chemins de fer doivent être arrachées des mains de l’aristocratie financière et placées au service de la société en général.

Ceci ne pourra être réalisé que si les travailleurs rompent avec leurs vieilles organisations nationales pour s’unir aux travailleurs en Europe et de par le monde dans la lutte pour une réorganisation socialiste de la société. Voici le but du World Socialist Web Site et du Parti de l’égalité sociale.

(Article original paru le 11 octobre 2007)


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