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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Il faut en appeler à la classe ouvrière et non aux actionnaires pour soutenir la grève à American Axle

Par Jerry White
30 avril 2008

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La déclaration suivante est distribuée aux grévistes d'American Axle (AAM) et à d'autres ouvriers de l'automobile qui participent à une manifestation organisée par le syndicat United Auto Workers (UAW) à Détroit lors de la réunion des actionnaires de la compagnie.

Les ouvriers qui se rassemblent devant les quartiers généraux d'American Axle à Detroit sont légitimement indignés par le fait que la réunion des actionnaires envisage un plan de motivation à long terme, qui donnerait des millions de plus au PDG Richard Dauch et à d'autres dirigeants haut placés.

Dauch, qui a empoché 10,2 millions de dollars en 2007 et 258 millions depuis 1997, a provoqué cette grève de huit semaines en demandant que 3600 travailleurs acceptent une réduction de 50 pour cent de leur salaire. Dans des déclarations faites cette semaine, Dauch a réitéré sa menace de fermer les usines en grève si ses demandes ne sont pas acceptées.

Vraiment, la rétribution de Dauch mériterait d'être fortement réduite et il faudrait qu'il soit forcé à rendre les millions qu'il a arrachés à la compagnie. Cependant, il faut le dire crûment : les appels adressés aux actionnaires de l'entreprise et aux grands investisseurs sont infructueux et autodestructeurs. De telles tactiques, mises en avant par l'UAW, sont une diversion de la lutte pour mobiliser toute la classe ouvrière derrière les grévistes d'American Axle.

Qui sont ces actionnaires ? Ils comptent parmi eux certains des plus importants investisseurs institutionnels et des plus importantes firmes de Wall Street, dont Fidelity, Dimensionnal Fund Advisors et Barrow, ainsi que le Sandra J. Dauch Gift Trust. Pour ces grands actionnaires, les dirigeants font précisément ce qui est nécessaire pour garantir le meilleur retour sur investissement.

Aux yeux des grands investisseurs, plus les dirigeants soutirent aux travailleurs plus ils méritent d'être rétribués. Faisant appel à leur égoïsme, la compagnie a écrit dans un communiqué à ses actionnaires, « Nos dirigeants ont fait montre d'une gestion proactive en ramenant AAM à la profitabilité en 2007 pendant qu'AAM continuait à se redimensionner, à se restructurer et à se remettre sur pied. » Des bonus additionnels, des primes et des ajustements de salaire sont garantis aux dirigeants si Dauch et les autres parviennent à soutirer encore plus aux ouvriers par un nouvel accord avec l'UAW.

Cet état de fait ne peut pas être renversé par des appels à la compassion et à la conscience d'actionnaires individuels. Le comportement antisocial d'American Axle n'est pas simplement le produit de la cupidité individuelle, mais c'est l’expression de la crise de tout le système économique capitaliste, qui appauvrit les travailleurs aux États-Unis et dans les autres pays tout en octroyant des richesses disproportionnées aux super-riches.

Cette attaque contre les salaires des travailleurs d'American Axle fait partie d'un processus plus large. Tout au long des trente dernières années, l'offensive ininterrompue contre les emplois et le niveau de vie des travailleurs a produit un transfert de richesses massif vers le haut de la société. Aujourd'hui, moins de 2 millions d'ouvriers de l'industrie aux États-Unis gagnent plus de 20 dollars de l'heure, soit une baisse de 60 pour cent – en comptant l'inflation – depuis 1979. Durant la même période, le 1 pour cent le plus riche de la population a vu sa part du revenu national plus que doubler. Selon le magazine Fortune, le salaire moyen d'un PDG est passé de 36 fois le montant du salaire moyen d'un ouvrier en 1976 à 369 fois en 2005.

Dans des remarques faites la semaine dernière lors d'une campagne de financement du Parti démocrate du Michigan, le président de l'United Auto Workers, Gettelfinger, a fait référence à ces statistiques sur les rétributions des dirigeants, déclarant au public rassemblé, « Ce que ces administrateurs gagnent sur le dos des travailleurs me fait enrager. »

En fait, la bureaucratie de l'UAW a joué le rôle décisif en permettant à ce processus de se dérouler. Le syndicat accepte complètement le principe du profit privé – c'est-à-dire que les grandes compagnies devraient être dirigées dans l'intérêt d'une poignée d'individus plutôt que dans l'intérêt des travailleurs et de la société dans son ensemble. Au nom de la plus grande « compétitivité » des entreprises, le syndicat a contribué ouvertement et de manière répétée à la réduction drastique des coûts du travail.

Rien que ces deux dernières années, l'UAW a négocié des renonciations aux droits acquis et des plans de départs en retraite anticipés qui ont permis aux Trois Grands de l'automobile – General Motors, Ford, Chrysler – et à Delphi de se débarrasser de plus de 100 000 ouvriers expérimentés mieux payés.

Dauch a mentionné les concessions que l'UAW a accordées à d'autres fabricants de pièces détachées pour justifier ses demandes de larges réductions des salaires. Cela comprend les accords qu’il a signés avec UAW dans d’autres usines American Axle, qui ont un contrat différent, dont Colfor dans l’Ohio où les travailleurs ne gagnent pas plus de10 dollars de l’heure.

Si le président de l'UAW exprime des inquiétudes quant au salaire de Richard Dauch c'est parce qu'il sent que cela rend plus difficile de faire accepter des concessions aux ouvriers d'American Axle.

La conséquence inévitable du soutien apporté par le syndicat au système capitaliste a été la transformation de l'UAW lui-même en une grande entreprise, qui contrôle des dizaines de millions de parts dans le capital de GM et de Ford.

De nombreux ouvriers à American Axle considéraient le rassemblement qui avait été appelé la semaine dernière comme un moyen de mobiliser un grand nombre d'ouvriers de l'automobile dans la grève. Mais l'UAW a annulé ce rassemblement parce que la direction de la Solidarity House est opposée à ce genre de lutte qui minerait ses relations avec les entreprises.

Plutôt que d'en appeler aux actionnaires, le Parti de l'égalité socialiste encourage les travailleurs d'American Axle à faire directement appel à leurs frères et sœurs de toute l'industrie automobile pour engager une lutte afin d’annuler les réductions de salaire et de prestations sociales acceptées par l'UAW. Un comité de grévistes et autres ouvriers de l'automobile devrait être élu pour retirer des mains des bureaucrates syndicaux la conduite de la grève et lancer une grève qui s'étende à toute l'industrie.

Pour lancer une véritable lutte contre l'inégalité sociale, les travailleurs doivent se débarrasser de leurs préjugés contre le socialisme – qui sont le produit d'années de propagande pro-capitaliste par les syndicats, les médias et les deux partis financés par les entreprises – et développer leur combat sur la base d'une perspective qui s'appuie sur les besoins de la classe ouvrière et non sur le caractère sacré de la propriété privée capitaliste.

L'industrie automobile ne peut plus être laissée aux mains de dirigeants d'entreprises, d'administrateurs de fonds spéculatifs et de fonds d'investissement dont les seuls intérêts consistent à enrichir encore plus la classe capitaliste au détriment des travailleurs et des communautés où ils vivent. Les grandes forces productives de l'industrie automobile mondiale – construites par le travail de générations d'ouvriers – doivent être placées sous le contrôle des travailleurs et fonctionner en s'appuyant sur un plan démocratique et scientifique pour répondre aux besoins de la société, et non à ceux d'une minorité fortunée.

Ce sont des questions fondamentales qui se posent aux travailleurs dans tout le pays et partout dans le monde, pas seulement à American Axle et pas seulement dans l'industrie automobile. La crise économique actuelle qui engloutit Wall Street et qui menace d'entraîner une récession globale expose une fois de plus la banqueroute du système de profit et son incapacité à répondre aux besoins humains fondamentaux – tous les besoins, depuis la nourriture et le logement jusqu'à un emploi décent.

Pour  combattre ce système, les travailleurs ont besoin de leur propre parti politique, qui soit indépendant des politiciens, du Parti démocrate comme du Parti républicain, qui sont acquis à la cause du système de profit immoral. Nous incitons les ouvriers de l'automobile à étudier notre histoire et notre programme et à prendre la décision de nous rejoindre et de participer à la construction du Parti de l'égalité socialiste et la nouvelle direction révolutionnaire de la classe ouvrière.

(Article orginal publié le 24 avril 2008)

Lire aussi :

Septième semaine de grève chez le fabricant de pièces automobiles américain
Le président des UAW demande de « véritables sacrifices » aux ouvriers d’American Axle
[9 avril 2008]


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