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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : le gouvernement réduit radicalement les dépenses publiques

Par Kumaran Ira et Pierre Mabut
17 avril 2008

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Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le 4 avril un budget d’austérité visant à réduire le déficit public s’élevant à 50,3 milliards d’euros en 2007 et représentant 2,7 pour cent du PIB. Cherchant à faire passer les réductions de la dépense publique pour des réformes nécessaires à une gouvernance efficace, tout le monde (y compris la presse bourgeoise de droite) voit ce budget comme un tour de vis sur le niveau de vie des gens ordinaires.

Annonçant que d’ici 2011, 7 milliards d’économies devaient être réalisées, Sarkozy a cherché à donner l’impression de maîtriser les choses : « Ce ne sont pas les économies qui feront la réforme, c'est la réforme qui permettra les économies. C'est la différence entre la rigueur et la réforme. » La France prendra la présidence de l’Union européenne (UE) en juin et s’est engagée à réduire à zéro son déficit public d’ici 2012, objectif impossible à atteindre sans procéder à des attaques en règle sur les acquis sociaux.

Le niveau des dépenses publiques de la France représente 53,4 pour cent de son PIB, soit le niveau le plus élevé de la zone euro. Une récente réunion des ministres des Finances de l’UE a soutenu la demande que la France réduise son déficit et réforme plus rapidement sa dépense publique. La Commission européenne exige un budget équilibré d’ici 2010, alors que la France repousse cette date à 2012. Le déficit pour les deux premiers mois de 2008 s’élève déjà à 22,7 milliards d’euros. Le ministre du Budget, Eric Woerth a annoncé le 6 avril que de nouvelles économies étaient en préparation et verraient le jour d’ici la fin de l’été lorsque s’achèvera la Revue générale des politiques publiques (RGPP.)

A présent la France est à la traîne des autres pays de l’UE avec un déficit commercial de 40 milliards d’euros (dont une grande partie avec l’Allemagne) et une croissance économique prévue entre 1,5 et 1,7 au lieu des 2,5 tant vantés et promis par Sarkozy lorsqu’il avait pris ses fonctions neuf mois auparavant. La crise financière internationale et l’augmentation de la valeur de l’euro ont mis à mal les prédictions de Sarkozy. De ce fait, une autre réunion du Comité de modernisation des politiques publiques est fixée pour le mois de mai afin d’intensifier les coupes nécessaires dans le budget.

Le premier ministre François Fillon avait clairement fait savoir il y a quelques mois que la France est « un Etat en situation de faillite. » Ainsi, ces mesures ne font que souligner les problèmes du capitalisme français qui tente depuis quelque temps de faire face à la concurrence mondiale. Et les effets sur la France de la récession mondiale prévue pour 2008-2009 ne sont même pas pris en compte.

La liste actuelle des coupes (au nombre de 166) n’est donc qu’un aperçu de ce qui est à venir. Parmi ces mesures, on compte 35 000 postes de fonctionnaires (un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé à partir de 2009) et la moitié des économies que cela entraînera sera redistribuée aux fonctionnaires en poste.

Les travailleurs relativement bien payés qui vivent en HLM (habitation à loyer modéré) verront leur plafond de ressources abaissé de 10 pour cent dans le calcul de leur loyer, ce qui conduira à des augmentations de loyer. Le but est de faire passer de 70 à 60 pour cent le nombre de foyers occupant ces logements à loyer contrôlé, contraignant ainsi des sections des classes moyennes inférieures à se loger dans le secteur privé ce qui entraînera leur paupérisation. Toutes les mesures financières existantes, permettant aux travailleurs de prendre une retraite anticipée avec l’aide de l’Etat, sont éliminées.

Une limite stricte sera imposée à tous ceux qui cherchent une aide financière pour entrer dans le monde du travail au moyen du RSA (Revenu de solidarité active) introduite par le haut commissaire à la solidarité active, Martin Hirsch. Jusqu'à présent, ce dernier a été utilisé par le gouvernement comme couverture humanitaire pour le programme néolibéral de Sarkozy. Hirsch qui était directeur de l’association caritative Emmaüs avait été recruté au gouvernement pour devenir celui qui devait contraindre les pauvres à trouver du travail au lieu de vivre du minimum social de 447 euros par mois. La mise en place du RSA allait coûter entre 2 et 3 milliards d’euros, mais il semble à présent que ce projet sera abandonné pour des raisons de « calibrage » de ce qu’il est financièrement possible de faire.

Hirsch a réagi avec vigueur : « Je suis venu avec un projet, fruit du travail collectif de syndicalistes de responsable associatifs, de partenaires sociaux [les employeurs], d’élus de droite comme de gauche, j’en suis le gardien, la ligne est claire…Si on abandonne le RSA », alors les autres réformes visant à diminuer la pauvreté « seront déséquilibrées. » Le premier ministre Fillon a dit que le projet n’était pas « enterré », mais qu’il était pour le moment « trop coûteux ».

Une chasse aux sorcières contre les fraudes à la sécurité sociale, des économies dans les coûts hospitaliers et de soi-disant impôts censés contribuer à la sauvegarde de l’environnement fait aussi partie de cet ensemble de mesures d’austérité. « Aucun ministère ne sera écarté de la nécessité de la réforme », a déclaré Sarkozy. Le ministère de l’Education a déjà annoncé que 11 200 postes d’enseignants doivent être supprimés à la rentrée 2008. Sarkozy n’a pas fait référence à cette question contestée qui a déjà fait descendre dans la rue, en nombres toujours croissants, des dizaines de milliers de lycéens et d’enseignants ces dernières semaines.

Le dirigeant du Parti socialiste François Hollande a réagi en disant que « Nicolas Sarkozy avait été le candidat du pouvoir d’achat, il sera le président de la rigueur. »

Laurent Fabius, ancien ministre socialiste, a critiqué Sarkozy pour avoir fait cadeau d’un paquet fiscal de 15 milliards aux riches au début de l’année. « Le gouvernement creuse un trou de 15 milliards d’euros par an et, après dit : comment est-ce que je pourrais combler le trou ? » a dit Fabius. « Il faut revenir sur une partie importante [du paquet fiscal]. » Fabius a réclamé « des dispositions pour encourager les PME… des mesures en direction des petites rémunérations, des petites pensions. » Fabius s’est bien gardé de mentionner comment son propre budget d’austérité, sous le président François Mitterrand en 1984, avait attaqué le niveau de vie de la classe ouvrière.

Les syndicats ont critiqué ces mesures d’austérité tant pour leurs conséquences sur leurs adhérents que pour le manque de consultation des syndicats sur leur application. Jean-Christophe Le Duigou du syndicat contrôlé par les staliniens, la CGT (Confédération générale du travail) a exprimé le sentiment de tous les dirigeants syndicaux quand il a dit : « Ni les usagers, ni les citoyens, ni les fonctionnaires, ni les organisations syndicales n’ont été associés à l’élaboration de ces réformes….C’est finalement une approche technocratique par le mauvais bout, on commence par les économies, on discutera peut-être ensuite des missions publiques. »

Le regret exprimé de n’avoir pas été impliqué dans le processus de consultation en dit long sur l’assentiment des syndicats quant à la mise en place de toute la politique de Sarkozy jusqu’à présent. Le Duigou est l’un des négociateurs syndicaux qui a trahi la lutte des cheminots sur les régimes spéciaux de retraite en novembre dernier.

Les coupes budgétaires de Sarkozy ne sont en rien technocratiques. Elles représentent une attaque politique contre les travailleurs. Le syndicat FSU des fonctionnaires de l’Education a reconnu que le plan d’austérité « va détériorer encore davantage la vie quotidienne professionnelle et sociale de toute la population, mais plus particulièrement des plus précarisés et démunis. »

(Article original anglais paru le 14 avril 2008)


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