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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Les mesures de relance économique du gouvernement aggravent la fracture sociale

Par Pierre Mabut
11 décembre 2008

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Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le 4 décembre une série de mesures économiques d’un montant de 26 milliards d’euros (33 milliards de dollars américains) participant de l’effort de relancer l’économie française en 2009 face à la récession mondiale. Il a qualifié ces mesures de « plan massif d’investissement » visant à augmenter la croissance économique de 0,8 pour cent en 2009. Cette démarche va creuser le déficit budgétaire de 15,5 milliards d’euros et l’amener à 4 pour cent du produit intérieur brut (PIB), soit bien au-dessus des 3 pour cent autorisés par l’Union européenne (UE) pour contrôler les pressions inflationnistes.

L’idée directrice de son plan, le protectionnisme national, est en droite ligne avec l’idée générale du plan de l’UE de 200 milliards d’euros et qui est un patchwork de différentes mesures nationales pour faire face à la crise. Cela se voit tout particulièrement dans les vifs différends entre la France et l’Allemagne sur cette question.

Sarkozy a dit clairement et de façon chauvine qu’« il n’y aura pas d’aide (à l’automobile) sans engagement à ne pas délocaliser, fabriquer en France les nouveaux moteurs. » Il a de plus averti, faisant référence aux Etats-Unis, qu’il ne « laisserait pas l’industrie automobile française désavantagée par rapport à ses concurrents. » Et que si des concurrents tels l’Allemagne, la Suède et les Etats-Unis continuaient à subventionner leurs entreprises automobiles nationales, alors une aide directe irait aux constructeurs français sous forme de prêts garantis.

Pour répondre aux critiques concernant l’augmentation de la dette publique, Sarkozy a dit, « Nous n’avons pas le choix. Ne rien faire nous coûterait bien plus cher. » Il y a de cela trois mois, avant l’explosion de la crise bancaire, Sarkozy et son premier ministre François Fillon avaient refusé d’aider les consommateurs en difficulté face à la hausse des prix, en déclarant « L’Etat est au bord de la faillite…Les caisses de l’Etat sont vides. »

En annonçant ces mesures, Sarkozy a dit que la situation « n’est pas une crise passagère » et a appelé à transformer le monde « profondément ».

Ceux qui bénéficieront de cette injection d’argent sont les patrons qui auront 11,5 milliards d’exemptions de charges sociales, d’impôts sur les entreprises et de remboursements accélérés de la TVA sur les biens de consommation. D’un autre côté, Sarkozy a exclu toute réduction de la TVA, à la manière de la Grande-Bretagne qui l’a réduite de 2,5 pour cent. Il a dit que cela ne profiterait qu’aux importations étrangères.

Les patrons qui emploient moins de 10 travailleurs et qui embaucheront un travailleur supplémentaire ne paieront pas de charges sociales pour ces nouveaux embauchés en 2009. Le secteur public recevra 10,5 milliards d’euros d’investissements dans des projets d’infrastructure d’hôpitaux et de maisons de retraite. Quelque 4 milliards de ces investissements viendront de la société des chemins de fer SNCF, la Poste (qui sera bientôt privatisée) et la compagnie privée de gaz, GDF-Suez. Quatre nouvelles lignes de trains à grande vitesse TGV seront construites en même temps par la SNCF entre 2010 et 2014. Quatre milliards d’euros iront à l’armée.

Bien que ces mesures accordent d’énormes aides financières aux patrons pour les aider dans leur trésorerie et le maintien des emplois, elles ciblent spécifiquement les deux secteurs clés que sont les industries du bâtiment et de l’automobile qui ont été le plus durement touchées par la récession qui se développe. La première emploie 1,5 millions de travailleurs et l’on prévoit 45 000 licenciements pour 2009. Le secteur automobile français, lui aussi en proie à de graves difficultés, emploie 10 pour cent de la population active directement ou indirectement. Le chiffre des ventes de voitures en novembre a diminué de 14 pour cent et il y a un stock d’un million de voitures invendues.

L’annonce faite de consacrer 1,8 milliard d’euros à la construction de 70 000 logements HLM (habitation à loyer modéré) neufs et à des prêts à taux zéro pour l’achat d’un logement neuf n’apportera presque rien aux 3,5 millions de mal logés ou de sans domicile fixe. Le gouvernement a déjà renfloué les promoteurs immobiliers en achetant en octobre dernier 30 000 maisons invendues.

Sarkozy a annoncé qu’un milliard d’euros seraient consacrés au sauvetage de l’industrie automobile. Peugeot-Citroën et Renault reçoivent 500 millions d’euros chacun pour leurs filiales bancaires afin d’encourager les ventes, accompagné d’un fond pour la restructuration de l’industrie. Les propriétaires d’un véhicule de plus de dix ans auront droit à une reprise de 1000 euros pour leur ancienne voiture (prime à la casse) en cas d’achat d’un véhicule neuf.

Mais ceux qui sont les moins favorisés par ce plan de relance sont les ménages les plus pauvres. 760 millions d’euros seulement ont été mis de côté pour accorder une subvention unique de 200 euros aux 3,8 millions de foyers vivant du RSA (Revenu de solidarité active) d’un montant d’environ 800 euros.

La somme dérisoire de 500 millions d’euros est proposée pour aider les travailleurs licenciés du fait de la crise, mais à condition qu’ils acceptent n’importe quel emploi. Sarkozy a dit vouloir aider les « victimes » du chômage. « L’Etat s’engagera à prendre en charge leur (victimes d’un licenciement économique) accompagnement renforcé, leurs formations et leur permettre de garder leur salaire précédent pendant un an s’ils acceptent un emploi moins payé. … Les partenaires sociaux devront trouver les solutions les plus judicieuses. Les entreprises doivent se garder de profiter de la crise pour faire des plans sociaux par anticipation, alors que leur situation économique ne le justifie pas. »

Les travailleurs intérimaires, notamment dans le bâtiment et l’automobile, ont été les premiers à subir les licenciements. 66 000 emplois temporaires au total ont disparu en 2008, soit une réduction de 10 pour cent, avec pour conséquence le nombre de chômeurs dépassant à nouveau la barre des deux millions.

Le syndicat CGT (Confédération générale du travail, proche du Parti communiste) a commenté le discours de Sarkozy : « La seule certitude qui ressort de ce énième discours présidentiel sur la crise, c’est que les employeurs viennent une nouvelle fois de passer au guichet. Dans ce contexte, il est plus urgent que jamais qu’une action unitaire soit décidée dans les délais les plus rapides pour que les exigences des salariés s’expriment avec force. » La démagogie et l’hypocrisie de ce commentaire apparaissent clairement dans le bilan de la CGT par rapport au régime Sarkozy : collaboration ouverte avec ce régime depuis son accession au pouvoir et sabotage des actions des travailleurs qui s’opposent à la politique gouvernementale.

Les dirigeants socialistes comme Martine Aubry, récemment élue première secrétaire du PS et Ségolène Royal, sa rivale malheureuse à ce poste, ont en général approuvé les injections de capitaux, mais déclaré que cela ne suffirait pas à relancer l’économie. Ils ont souligné que très peu était fait pour le pouvoir d’achat et pour relancer la consommation.

Cet effort pour essayer de paraître solidaire de la masse des salariés laissés pour compte par le plan de relance de l’économie est peu convaincant. Les socialistes n’avaient pas voté contre le plan gouvernemental de sauvetage des banques de 360 milliards d’euros en octobre dernier. La Commission des finances du PS qui s’était réunie avant le débat parlementaire sur le plan de sauvetage, avait recommandé unanimement de voter en faveur du plan gouvernemental. Plus tard dans la journée, la réunion de l’ensemble du groupe parlementaire PS avait décidé de s’abstenir pour essayer de maintenir un semblant d’indépendance par rapport à Sarkozy.

Néanmoins, la réaction de Sarkozy à la crise bancaire du mois dernier a révélé clairement ses priorités. Quelque 360 milliards d’euros ont été garantis pour renflouer les banques, dont 40 milliards sont rendus disponibles sans contrepartie. Une des premières mesures économiques de Sarkozy lors de sa prise de fonction l’année dernière avait été une réduction d’impôt de 15 milliards d’euros pour les plus riches. Les mesures prises aujourd’hui n’empêcheront en aucune manière le capitalisme français de plonger dans la crise.

(Article original anglais paru le 9 décembre 2008)


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