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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Le rapport sur le logement révèle l’inaction du gouvernement

Par Pierre Mabut
18 février 2008

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La crise du logement en France a encore fait l’actualité le 1er février dernier lorsque la Fondation Abbé Pierre a publié son rapport annuel. Il fait état de 3 millions de personnes qui soit vivent dans la rue (100 000 d’entre eux) soit sont très mal logées. 6 millions de plus sont décrits comme vivant dans des logements « indignes », trop petits ou insalubres.

La situation s’aggrave chaque année pour les personnes les plus pauvres parmi la population. Parmi les 431 000 logements neufs, un chiffre déjà bien maigre, construits en 2007, seuls 39 000 étaient destinés à devenir des HLM (logement à loyer modéré.) La plupart des nouvelles constructions sont destinées aux personnes appartenant aux groupes de revenus plus élevés et sont vendues au prix du marché.

Le rapport souligne l’indifférence du gouvernement dans ce secteur, montrant que « en 2007 comme en 2006, moins de 24 pour cent des logements construits au cours de l’année » correspondent aux ressources des foyers les moins aisés, soit « 70 pour cent des ménages ».

Au taux actuel de 1,2 million de personnes faisant des demandes d’HLM, le rapport estime qu’il faudra 30 ans pour satisfaire la demande. La fondation accuse l’Etat d’être directement responsable de cette crise : « les responsables politiques n’ont toujours pas fait du logement une priorité de l’action gouvernementale ». Le rapport fait remarquer que les dépenses publiques « en faveur du logement sont en baisse… [représentant] 1,78 pour cent du PIB en 2007 soit le niveau le plus bas depuis 30 ans. »

De nombreuses promesses vides ont été faites par les gouvernements de droite durant la période récente, notamment depuis la révolte urbaine des jeunes en 2005. Sous l’ancien président Jacques Chirac, le ministre du Logement et de la cohésion sociale, Jean-Louis Borloo avait annoncé un programme de construction de logements pour les familles à petits revenus, incapables d’acheter au prix du marché. La proposition de Borloo, un logement vendu 100 000 euros, à raison de 20 000 à 30 000 logements construits par an, ne s’est pas concrétisée. Seuls quatre de ces logements ont été achevés.

En décembre 2006, Parisiens et téléspectateurs avaient été horrifiés de voir des centaines de sans domicile fixe (SDF) camper dans des tentes installées le long du canal Saint Martin, pour protester et exiger des logements décents. L’association Les enfants de Don Quichotte orchestrant cette action, avait mobilisé une grande sympathie de la part du public et le soutien de personnalités de la télévision et du cinéma, pour le plus grand embarras du gouvernement.

Une fois de plus, le gouvernement Villepin conduit par le Président Jacques Chirac avait promis d’agir sous la forme d’une nouvelle loi garantissant le logement (loi DALO.) Les SDF s’étaient vus accorder le droit d’engager un recours devant une juridiction administrative si la municipalité ne fournissait pas de logement au demandeur. Les Don Quichotte mirent fin à leur action, mais pour la reprendre en décembre 2007 du fait de la mauvaise foi du gouvernement. Les tentes des SDF eurent tôt fait d’être démontées et déchirées par les CRS, les manifestants matraqués et embarqués. La loi DALO est finalement entrée en vigueur en janvier 2008.

L’actuelle ministre du Logement, Christine Boutin, qui avait pesté contre les tentes pour SDF des Don Quichotte et donné l’ordre qu’elles soient détruites, a récemment proposé un nouveau programme pour pallier au manque de logements : des logements à 15 euros par jour. Elle décrit ce programme comme un « produit révolutionnaire de mise à disposition d’une maison que l’acheteur pourrait payer en acquittant un forfait journalier », la somme totale étant de 450 euros par mois pendant 20 ans. Mais une fois de plus, ce ne sont pas les pauvres qui en bénéficieront. Les foyers qui en font la demande doivent gagner une fois et demie le salaire minimum s’élevant à 1 280 euros par mois. Le salaire minimum (SMIC) concerne à présent 17 pour cent des salariés, soit une progression constante par rapport à 11,2 pour cent en 1995.

L’incapacité de l’économie de marché à pourvoir des logements décents pour tous demeure une caractéristique du capitalisme depuis l’époque de Marx et Engels. Mais les associations comme la Fondation Abbé Pierre, bien qu’elles proposent certaines réformes, ont toujours travaillé en étroite collaboration avec les autorités gouvernementales. L’Abbé Pierre qui est mort l’année dernière avait lancé un appel lors du très froid hiver 1954 quand 2000 SDF étaient presque morts de froid à Paris. Il a joué un rôle majeur pour le vote d’une loi interdisant les expulsions pendant les mois d’hiver. Depuis l’époque du général de Gaulle, sa fondation est un pilier de l’establishment. Le précédent président de la fondation, Martin Hirsh, est à présent Haut commissaire aux solidarités actives  contre la pauvreté, nommé par le président Nicolas Sarkozy.

Les mesures inadéquates prônées par la Fondation Abbé Pierre pour réduire le problème du mal logement révèlent les raisons pour lesquelles leur mission a échoué. La Fondation appelle à tripler les amendes infligées aux municipalités qui ne respectent pas les quotas fixés par la loi obligeant à réserver 20 pour cent des constructions aux logements sociaux HLM. Les municipalités riches, telles celle du président Sarkozy, ont toujours fait peu cas de cette loi. La Fondation prône aussi une autre mesure visant à rapidement mobiliser 100 000 logements du parc privé afin de loger au niveau du loyer HLM les personnes à bas salaires, et l’Etat et les collectivités locales paieraient la différence entre le coût du marché pour le propriétaire et le coût du loyer payé. Ceci revient à faire subventionner par l’Etat les bénéfices des spéculateurs immobiliers.

(Article original anglais paru le 15 février 2008)


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