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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : manifestations massives contre les plans d’austérité sociale

Par Kumaran Ira et Antoine Lerougetel
6 février 2008

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Le mois dernier, la France a connu deux manifestations de masse : la première, le 22 janvier pour défendre les régimes spéciaux de retraite et la seconde, deux jours plus tard, était une grève d’une journée pour protester contre les suppressions de postes et la baisse du pouvoir d’achat du salaire des fonctionnaires.

Mardi 22 janvier, des milliers de cheminots (50 000 d’après la CGT) ainsi que des agents de la RATP (transports parisiens), des électriciens et gaziers d’EDF et GDF ont participé à la manifestation parisienne pour la défense des régimes spéciaux de retraite, des salaires et des emplois et pour s’opposer à la restructuration du service de fret à la SNCF (Société nationale des chemins de fer.) La manifestation avait été appelée par les syndicats de cheminots : CGT, CFDT, CFTC, CGC et UNSA. Les syndicats FO et SUD rail n’étaient pas présents à la manifestation et avaient appelé à faire grève et à manifester avec les travailleurs de la fonction publique le 24 janvier.

Le jeudi 24 janvier, près d’un quart de toute la fonction publique française, soit plus d’un million de personnes, ont participé à la grève d’une journée et à bon nombre de manifestations qui se sont déroulées dans tout le pays pour défendre le pouvoir d’achat, exiger des hausses de salaire et contester les 22 900 suppressions de postes prévues pour cette année. Des enseignants, des agents hospitaliers et des collectivités territoriales, des étudiants et quelques cheminots ont participé à ces manifestations dans toute la France. Selon la CGT, ils étaient 400 000, soit un chiffre moins important que lors de la journée d’action du 20 novembre dernier où l’on avait compté 1,5 million.

Bien que plus petites que les manifestations qui avaient accompagné les grèves des cheminots d’octobre et novembre dernier contre les attaques sur les retraites, ces actions montrent clairement qu’une couche substantielle de travailleurs n’entend pas accepter les réformes du président Sarkozy sans lutter. Néanmoins, la contradiction entre les objectifs des travailleurs et la perspective des bureaucrates syndicaux qui ont appelé à la grève ne pourrait être plus claire.

La bureaucratie de la CGT s’affiche comme cherchant à faire pour le mieux dans une situation difficile. Didier Le Reste, dirigeant de la CGT cheminots a expliqué : « Mon but, c’est que quand les cheminots prendront leur retraite avec le nouveau système, ils perdent le moins possible. »

Mais cette posture est totalement cynique. La direction de la CGT a, avec les autres fédérations syndicales officielles, combattu sans relâche pour limiter les grèves d’octobre à une action d’une journée et pour empêcher que les grèves de novembre ne convergent avec les luttes des fonctionnaires et des étudiants s’opposant à la réforme des universités. En ce sens, la riposte puissante des travailleurs à ces appels à la grève de janvier souligne le fait qu’objectivement, ces travailleurs appellent à une direction politique bien plus à gauche que la CGT dont les constantes négociations avec Sarkozy représentent une trahison calculée des aspirations des travailleurs.

L’impossibilité de défendre les droits des travailleurs au moyen d’une perspective syndicale a récemment été soulignée par la mise en application de plusieurs mesures dirigées contre les cheminots et plus largement contre la classe ouvrière dans son ensemble.

La réforme des régimes spéciaux de retraite

Le 16 janvier, bien que les négociations fussent encore en cours à la SNCF et à EDF (monopole public de l’électricité), le décret réformant les régimes spéciaux de retraite était publié au Journal officiel (registre des lois et décrets d’Etat) et devenait ainsi loi. La réforme prendra effet au 1er juillet.

Les régimes spéciaux de retraite concernent 1,6 million de travailleurs (500 000 en activité et 1,1 million de retraités), dont les travailleurs de la SNCF, RATP, EDF, GDF et les mineurs. Selon un article récent publié dans Les Echos, la nouvelle réforme permettra au gouvernement de faire une économie de 500 millions d’euros par an à moyen terme.

Le contenu du décret est similaire aux « documents d’orientation » du début du mois d’octobre 2007 décrivant les dispositions de la réforme. Le décret reproduit donc les mêmes mesures initialement proposées par le gouvernement. A cet égard, cela montre que les négociations des syndicats avec le gouvernement et la direction de l’entreprise étaient totalement vides de sens. Cela indique la défaite de la lutte des travailleurs pour maintenir les droits sociaux historiques incarnés par les régimes spéciaux de retraite.

Pour avoir droit à une retraite à taux plein, la période de cotisation va être allongée de 37,5 annuités actuelles à 40 en 2012, comme pour le reste de la fonction publique et du secteur privé. L’allongement se fera à raison d’un trimestre tous les six mois jusqu’au 1er juillet 2012 où on atteindra le nombre d’annuités maximum défini par la réforme des retraites de 2003, soit 40 annuités (160 trimestres.) Une pénalité draconienne, la décote, soit une réduction de 5 pour cent de la pension pour toute annuité manquante, rendra la retraite prise avant l’âge légal, financièrement invivable pour les cheminots et les agents des transports parisiens, les électriciens et les gaziers, comme c’est déjà le cas avec la réforme imposée aux cinq millions de fonctionnaires en 2003.

A partir du 1er janvier 2009, les régimes spéciaux ne seront plus indexés sur les salaires, mais sur les chiffres de l’inflation qui sont généralement moins favorables, ce qui garantit une stagnation permanente du niveau de vie des retraités.

Cette réforme n’est, de plus, que le prélude à une attaque générale sur les droits de retraite qui se fera lors de la renégociation de la réforme de 2003 que le premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin, avait fait voter. Le gouvernement va revoir tous les régimes de retraite, y compris ceux des secteurs public et privé, qui prendront effet au second trimestre de 2008. Avec cette nouvelle réforme, la période de cotisation pour avoir droit à une retraite à taux plein passera de 40 annuités à 41 en 2012 pour les secteurs privé et public. Le passage à 41 annuités se fera aussi pour les régimes spéciaux en 2016.

La loi sur le service minimum

Au moment où le décret sur les retraites était publié, un décret imposant un service minimum limitant sérieusement le droit de grève des travailleurs des transports publics était aussi publié. Jusqu’à présent, un préavis officiel de grève, lancé par une organisation syndicale reconnue, cinq jours avant le début de la grève, protégeait les grévistes contre l’accusation de rupture de contrat. Une circulaire publiée par la SNCF explique la nouvelle réglementation : « Ce différend ou ces motifs doivent être explicités par écrit auprès de la direction par un représentant syndical ou un délégué syndical d’établissement désigné à cet effet. Un préavis de grève ne peut être déposé par une organisation syndicale qu’après qu’elle ait eu recours à cette démarche et qu’à l’issue de huit jours francs à compter de la réception de sa demande de concertation. » [Italiques et soulignement dans l’original.] Ceci, en plus des 5 jours de préavis, prolonge de 13 jours au moins le moment où une grève peut être légale.

En plus de ces contraintes, il y a des règles qui ont pour but de réduire au minimum l’efficacité d’une grève des transports. Les grévistes qui travaillent dans la conduite, la maintenance des trains et la signalisation devront remettre une note écrite à la direction 48 heures avant de se mettre en grève. Ceci en accord avec la loi du 21 août sur le service minimum dans les transports qui « ouvre aux voyageurs des droits nouveaux en cas de perturbation prévisible du trafic, leur garantissant un niveau de service et une information gratuite, précise et fiable, délivrée 24 heures avant la perturbation. »

De plus, la direction est en droit d’exiger des non-grévistes qu’ils fassent le travail de leurs collègues grévistes. Même les travailleurs qui ne sont pas concernés par la grève, car ils sont en congé, seront obligés de se déclarer grévistes comme « les agents peuvent faire l’objet d’une nouvelle commande, y compris s’ils sont initialement prévus en repos. »

Durant la grève des fonctionnaires, composée pour une large section de personnel des établissements scolaires publics, la mise en application d’un « service minimum » a été testée. Seules 10 pour cent des communes (soit 1 900), principalement celles de droite, ont expérimenté ces mesures fournissant des activités alternatives aux enfants dans les écoles où les enseignants étaient en grève. Il s’agissait là d’un effort de propagande pour promouvoir les plans de Xavier Darcos, ministre de l’Education, d’introduire une législation obligeant les enseignants à se soumettre à des restrictions sur leur droit de grève similaires à celles imposées aux travailleurs des transports.

(Article original anglais paru le 4 février 2008)


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