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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les syndicats de Nokia soutiennent la direction

Par Lena Sokoll et Martin Kreickenbaum
11 février 2008

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Une réunion des conseils d´entreprise européens de Nokia, avec la participation de représentants des syndicats et de la direction, a discuté la semaine dernière la fermeture de l´usine de Bochum, en Allemagne. La chose finit lamentablement : les syndicats finlandais ont laissé entendre qu´ils acceptaient la décision du trust, sabotant ainsi la stratégie des conseils d´entreprises allemands qui est d´obtenir un certain nombre de concessions de la part du conseil d´administration de Nokia.

La réunion de Bruxelles est un bel exemple du rôle joué par des syndicats qui défendent « leurs » usines nationales, poignardant les ouvriers dans le dos et dont la fonction est de plus en plus d´être des directions adjointes des trusts. Cela démontre une fois de plus que les salariés ne peuvent défendre leurs intérêts que dans la mesure où ils retirent entièrement leur confiance aux syndicats et aux conseils d´entreprises, prennent directement leur lutte en main et s´associent aux ouvriers de tous les autres sites de production.  

La direction de Nokia a annoncé le 15 janvier qu´elle avait décidé de fermer l´usine de Bochum cet été et de transférer sa production de téléphones portables en Roumanie, où elle est en train de monter une nouvelle usine. Cette fermeture entraînera la perte de quelque 4.300 emplois à Bochum, soit 2.300 personnes employées par Nokia, plus un millier d´emplois temporaires et un millier d´emplois dans des entreprises de sous-traitance.

Quelques jours plus tard, la société annonçait un profit record de 7,3 milliards d’euros pour l´année 2007. Cela représente une augmentation de 67 pour cent du profit par rapport à l´année précédente et fait de 2007 l´année la plus profitable de toute l´histoire du trust.

L´usine de Bochum a apporté sa part à ce profit record. Le magazine Capital a rapporté que Nokia Bochum avait réalisé un profit opérationnel de 134 millions d´euros, ce qui correspond à un profit de 90.000 euros par ouvrier employé dans la production. De plus, la société a encaissé un intérêt additionnel sur les profits se montant à 70 millions d´euros et provenant de réserves de l´usine de Bochum se montant en tout à 2 milliards d´euros.

L`annonce qu´une usine dégageant un profit allait être fermée a immédiatement déclenché une vague de protestation de la part  des travailleurs. Ceux de Nokia, mais aussi les ouvriers des usines Opel de Bochum et ceux d´autres entreprises dans toute la Ruhr, ont exigé que l´usine soit maintenue et qu´une lutte soit organisée  pour la défense des emplois.

Le conseil d´entreprise de l´usine de Bochum a cependant, depuis le début, tout fait pour empêcher des grèves et d´autres actions, isolant le personnel de l´usine et empêchant une lutte efficace contre les plans de fermeture.

Alors que les ouvriers se mettaient spontanément en grève et organisaient une manifestation dès l´annonce par la radio des plans de fermeture, le conseil d´entreprise et l´IG Metall (le syndicat de la métallurgie) ont eux, immédiatement étouffé toute initiative, mettant en garde contre « des actions inconsidérées ». Le 17 janvier, conseil d´entreprise et syndicat sont restés là à ne rien faire tandis que la Sécurité de Nokia  empêchait 1.000 intérimaires, qui venaient d´être mis à la porte, d´entrer dans l´usine. 

Le 22 janvier, une manifestation de 16.000 personnes a eu lieu à Bochum contre la fermeture de l´usine. Cette  protestation a été exploitée par le conseil d´entreprise pour répandre des mots d´ordre nationalistes et chauvins (entre autres : « Les usines allemandes sont meilleures que les usines roumaines »). Tous ceux qui s´attendaient à voir le syndicat proposer des mesures contre la destruction des emplois ont été cruellement déçus. Tout ce qu´on a entendu, c’était des appels lancés au gouvernement allemand pour qu´il fasse pression sur la direction de Nokia et sur le gouvernement finlandais. Pas une seule proposition de lutte réelle n’a été annoncée ni même suggérée.

Même si les représentants syndicaux ont qualifié en public la fermeture de l´usine de scandale leur principale doléance est qu´ils n´ont pas été consultés lors de la prise de décisions importantes par la direction. La dirigeante du conseil d´entreprise, Gisela Achenbach, accuse ainsi la direction de Nokia de lui avoir « menti » lors d´un meeting sur l´avenir de l´usine, en novembre 2007.

Les syndicats allemands attendaient deux choses de la réunion des conseils d´entreprise à Bruxelles : d´une part ils ont essayé d´organiser quelques actions de protestation purement symboliques afin de contenir la colère croissante des ouvriers de Bochum et pouvant passer pour de la « solidarité internationale ». D´autre part, ils voulaient le soutien des conseils d´entreprises européens afin de renforcer leur propre position dans les négociations vis-à-vis de la direction et être en mesure de jouer un rôle plus important dans la liquidation de l´usine.

Mais les représentants européens des conseils d´entreprises sont des adjoints non moins enthousiastes de la direction du trust que leurs collègues allemands et ils ont mis les plans de ces derniers par terre. Selon un article de la Neue Ruhr Zeitung le président des conseils d’entreprise de Nokia Europe, Mika Paukkeri et les représentants des usines finlandaises ne sont pas réellement contre la décision prise par la direction, et ils ne pensent pas que la fermeture de l´usine de Bochum soit un problème. 

Sture Fjaeder, le négociateur en chef du syndicat finlandais AKAVA, a dit à la presse que la mondialisation de la production signifiait qu´il ne restait aux syndicats que peu de marge de manœuvre lorsqu´il s´agissait de décisions importantes de la direction : « Pour des raisons de coût il est impossible de revenir sur la décision de la fermeture… En même temps, les hommes politiques et les syndicats doivent respecter le fait que des entreprises mondialisées ont à prendre des décisions peu plaisantes de ce genre et il n´est pas possible de revenir en arrière. »

Finalement, les vingt représentants des huit sites de production européens n’ont pu se mettre d´accord que sur une déclaration non contraignante qui dit entre autres que « Nokia n´est plus une entreprise sociale ». Ceux qui se sont réunis à Bruxelles ont aussi été d´accord pour dire qu´« ils ne [étaient] pas d´accord avec la façon dont la fermeture de l´usine de Bochum a été annoncée » et ils « [ont exigé] le plus vite possible des discussions constructives avec la direction de Nokia ». 

Le conseil d´entreprise de l´usine de Bochum a fait tout ce qu´il pouvait pour amadouer la société et il a soutenu toutes les attaques de celle-ci contre les salariés. Dans les années passées on a réduit les primes, baissé les salaires par l´introduction d´horaires annuels de travail et fait massivement appel à la main-d'œuvre intérimaire. On a fait faire à cette dernière le même travail que les ouvriers embauchés à plein temps, mais avec des salaires ne correspondant qu´à 110 ou même à 60 heures de travail mensuel (ce qui correspond à des salaires bruts mensuels de 812 et 443 euros). 

Comme l´écrit le journal Rheinische Post, le conseil d´entreprise a calculé qu´avec un investissement de 14,3 millions d´euros, la capacité de l´usine de Bochum pouvait être doublée sans nouvel apport de main d´œuvre. Selon des représentants de l´IG Metall, la productivité pourrait de cette manière être portée au niveau de celle de la nouvelle usine en Roumanie. 

Le conseil d´entreprise de l´usine de Bochum ne veut pas s´opposer à la direction, il veut seulement qu´on l´implique davantage dans le processus de liquidation de l´usine. Comme ses homologues des autres  conseils d´entreprise de Nokia en Europe, il s´engage à défendre la production « nationale » et montre la même arrogance envers les travailleurs de Bochum que les représentants des syndicats finlandais.

Afin de défendre leurs emplois, les travailleurs doivent s´opposer aux syndicats et aux conseils d´entreprises. Ils doivent résister à la division organisée sur une base nationale. Une lutte efficace contre un trust organisée sur le plan mondial ne peut être menée que sur le plan international. Les travailleurs de Bochum doivent entrer en contact avec les autres sites du monde entier et organiser une lutte commune pour défendre leurs emplois, leurs conditions de travail et leur niveau de vie. 

Le World Socialist Web Site soutient énergiquement une telle lutte internationale. Contactez le WSWS, nous traduirons les déclarations des diverses usines et nous publierons vos propositions d´action unie de lutte contre le trust. Une grève au niveau européen et mondial pour la défense de tous les emplois, pour des salaires décents et une amélioration des conditions de travail exige avant tout une rupture politique avec le cours du « partenariat social » suivi par les syndicats et une lutte conduite sur la base d´une stratégie socialiste internationale.

(Article original anglais paru le 5 février 2008)


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