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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Des procès-verbaux de la Réserve fédérale américaine montre l’ampleur de la crise de Bear Stearns

Par Nick Beams
4 juillet 2008

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Même s’ils sont écrits dans une langue bureaucratique insipide, les procès-verbaux des réunions d’urgence du conseil de la Réserve fédérale, la banque centrale des Etats-Unis, qui ont eu lieu le 14 et le 16 mars et qui ont été publiés le vendredi 27 juin, donnent un aperçu de la crainte qui tenait les autorités financières alors qu’il était devenu évident que la banque d’investissement Bear Stearns était sur le point de s’effondrer.

La Réserve fédérale a été impliquée dans cette affaire le 13 mars, le jour où Bear Stearns lui a annoncé en même temps qu’à d’autres agences gouvernementales que l’état des ses liquidités était mauvais et qu’elle devrait déclarer faillite le lendemain à moins que l’on ne trouve d’autres sources de financement. Les difficultés de Bear Stearns devenaient de plus en plus aiguës depuis le mois de juin 2007 après que deux importants fonds spéculatifs (hedge funds) qui lui appartenaient se soient effondrés, environ 1,6 milliard $ appartenant aux investisseurs s’évaporant.

Le conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale s’est réuni à 9h15 le matin suivant pour donner son aval à l’opération de soutien. Comme le procès-verbal l’explique, la crainte était bien réelle que le système financier dans son ensemble fut sur le point de s’effondrer.

« Les membres du conseil ont décidé qu’étant donné la condition fragile des marchés financiers au temps présent, la position importante de Bear Stearns dans ces marchés et la contagion attendue qui résulterait de la faillite immédiate de Bear Stearns, la meilleure voie qui s’ouvre à nous est d’offrir un financement temporaire d’urgence à Bear Stearns au moyen d’un arrangement avec JPMorgan Chase & Co. aussi basé à New York. Un tel prêts facilitera les efforts pour résoudre la situation dans laquelle se trouve Bear Strearns qui aidera à préserver la stabilité financière », peut-on lire dans les procès-verbaux.

Non seulement le conseil a-t-il autorisé un prêt à Bear Stearns en passant par JPMorgan Chase, mais il a aussi décidé de libérer des fonds de façon plus générale.

Le procès-verbal note qu’«étant donné les circonstances inhabituelles et exigeantes », le conseil autorise la Réserve fédérale basée à New York, en consultation avec le président de la Réserve, Ben Bernanke, à offrir un financement « aux autres courtiers de premier rang, lorsque la Réserve considérera que des prêts suffisamment accommodants ne sont pas disponibles à l’emprunteur auprès des autres institutions bancaires ».

En d’autres mots, le conseil craignait que l’effondrement de Bear Stearns ne provoque une crise générale de confiance dans tout le marché financier qui mènerait à une crise du crédit.

Cette réunion avait été appelée si hâtivement que le conseil n’a pu convoquer cinq gouverneurs tel que requis par le règlement le régissant. Il a dû invoquer des pouvoirs d’urgence pour pouvoir prendre des décisions malgré la présence de quatre gouverneurs seulement.

Le président de la Réserve fédérale a discuté de la possibilité d’un effondrement financier aux Etats-Unis et dans le monde dans le plus récent témoignage qu’il a donné au Congrès américain sur la crise. Parce que Bear Stearns était très impliquée dans une « large spectre de marchés essentiels », a-t-il dit, sa faillite soudaine « aurait fort probablement entraîné une réaction en chaîne dans ces marchés et aurait pu ébranler la confiance. La faillite de cette compagnie aurait aussi pu semer le doute sur la solidité financière de certains des milliers de partenaires de Bear Stearns et peut-être d’autres compagnies dans le même secteur. 

« Étant donné les pressions exceptionnelles sur l’économie mondiale et sur le système financier, le dommage causée par une faillite de Bear Stearns aurait pu être très sérieux et extrêmement difficile à contrecarrer. De plus, l’impact adverse d’une telle faillite ne serait pas limité au système financier, mais aurait été largement ressenti dans l’économie réelle par ses effets sur la valeur des actifs et la disponibilité du crédit. »

L’ampleur de l’implication de Bear Stearns dans les « marchés essentiels » est démontré par le fait qu’elle était impliquée dans des contrats avec d’autres firmes à travers le monde pour un total de 2,5 billions $.

Malgré leur ampleur, les décisions de la Réserve fédérales du 14 mars n’ont pas été suffisantes pour mettre un terme à la crise et le conseil des gouverneurs a dû se réunir de nouveau l’après-midi du dimanche 16 mars dans le but d’arranger la vente de Bear Stearns à JPMorgan Chase. Le point crucial de cette entente a été la décision de la Réserve fédérale de faire un prêt à Bear Stearns qui prendrait en garantie pour 30 milliards de ses actifs. Jamais auparavant la Réserve fédérale avait-elle acceptée des actifs hypothécaires en contrepartie d’un prêt.

Mais l’action sans précédente était centrale pour l’entente par laquelle JPMorgan Chase se portait acquéreur de Bear Stearns. Comme le PDG Jamie Dimon a plus tard témoigné, « Nous n’aurions pas pu ni voulu prendre le grand risque d’acquérir Bear Stearns sans les 30 milliards de la Réserve. »

Et si l’entente n’avait pas été conclue, il y avait une possibilité de voir l’effondrement du système financier mondial le lundi matin, à l’ouverture des marchés asiatiques qui n’étaient qu’à quelques heures.

Selon le procès-verbal : « Les données qu’avaient le conseil indiquaient que Bear Stearns aurait de la difficulté à rencontrer ses obligations financières le prochain jour d’affaires. Un soutien important, tel que l’acquisition de Bear Stearns ou une garantie immédiate pour ses obligations de paiement était nécessaire pour éviter le bouleversement des marchés. »

Le prêt de 30 milliards $ n’est pas la seule mesure extraordinaire de l’entente. La Réserve a aussi octroyé à JPMorgan Chase une exemption de 18 mois des exigences de la Réserve fédérale en ce qui concerne le capital en ce qui touche l’acquisition de Bear Stearns.

De plus, le procès-verbal expliquait la décision prise deux jours auparavant de permettre à la Banque de la Réserve de New-York d’offrir un prêt à tous les courtiers de premier rang. Ces courtiers auraient accès à ce nouveau crédit par leurs banques de compensation (banques offrant des prêts industriels à court terme). La décision d’offrir un crédit aux courtiers de premier rang était « basée sur des développements récents et qui évoluaient rapidement » qui avaient montré qu’il y « avait un aggravement dans une large gamme de marchés financiers dans lesquels les courtiers de premier rang se finançaient eux-mêmes » et que « les courtiers pourraient avoir de la difficulté à obtenir le financement nécessaire pour leurs opérations d’autres sources ».

Trois mois et demi plus tard, la crise immédiate entourant Bear Stearns est passée. Mais cela ne signifie pas que la crise du système financier mondial et américain, largement décrite comme la plus importante depuis les années 1930, est presque terminée. En fait, ce ne pourrait être que le commencement alors que la chute du marché de l’immobilier se traduit par un ralentissement économique aux Etats-Unis.

L’ancien secrétaire américain au Trésor, Lawrence Summers, a noté dans un texte qui fut publié le 30 juin dans le Financial Times : « La possibilité est bien réelle que nous traversions maintenant le plus dangereux instant depuis que la crise financière américaine a débutée en août dernier. Une augmentation impressionnante des cours du pétrole et d’autres marchandises a ébranlé la confiance du consommateur américain et a soulevé de grandes inquiétudes envers l’inflation, ce qui limite ce qui peut être réalisé au moyen d’une politique monétaire en réponse au secteur financier qui, à en juger par la valeur des actions, est à son point le plus bas depuis le début de la crise. Alors que la valeur des maisons continue à diminuer et qu’il est de plus en plus probable que les problèmes font tache d’huile dans les secteurs de la construction et du crédit aux consommateurs, il y a une réelle possibilité que l’économie chancelante nuise au système financier, ce qui affaiblirait l’économie encore plus. »

Summers a dit qu’après une période d’intense activité plus tôt cette année, « la politique est de nouveau dépassée ».

Mettant en garde contre la possibilité réelle que « des institutions financières de haut calibre n’auront pas que des problèmes de liquidité, mais bien de solvabilité » dans les mois qui viennent, il a appelé pour une nouvelle agence législative qui aura pour fonction d’assurer que les régulateurs auront les pouvoirs nécessaires pour faire face à la crise. « Nous avons été chanceux d’avoir pu trouver un partenaire naturel pour une fusion avec Bear Stearns lorsque cette dernière a fait faillite. Nous pourrions ne pas être aussi chanceux la prochaine fois. »

 

(Article original anglais paru le 30 juin 2008)


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