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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les démocrates appuient les attaques américaines clandestines contre l’Iran

Par Patrick Martin
2 juillet 2008

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D’éminents démocrates au Congrès ont donné leur approbation à un programme considérablement développé d’attaques américaines clandestines contre l’Iran selon un article du journaliste d’enquête Seymour Hersh, publié dans le New Yorker, et rendu accessible dimanche sur le site Internet du magazine. (voir en anglais “Preparing the Battlefield—The Bush Administration steps up its secret moves against Iran”)

Le président Bush a émis une directive présidentielle, un avis secret, aux hauts dirigeants du Congrès à propos du programme clandestin contre l’Iran, l’an dernier, après que les démocrates eurent pris contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants lors des élections en novembre 2006. La directive appelait à une série d’opérations, y compris le financement de groupes séparatistes parmi les minorités arabes et baloutches, et le kidnapping de membres des Gardiens de la révolution iraniens pour fin d’interrogation en Irak, ainsi que la prise pour cible d’individus en Iran pour assassinat.  

Hersh rapporte que Bush a rempli les conditions légales en avisant les chefs démocrates et républicains de la Chambre et du Sénat, ainsi que le président et les membres responsables des comités du renseignement. Les quatre démocrates sont la speaker de la Chambre Nancy Pelosi, le chef de la majorité au Sénat Harry Reid, le président du Comité sur le renseignement du Sénat Jay Rockefeller, et le président du Comité sur le renseignement de la Chambre des représentants Silvestre Reyes.

Hersh écrit : « Le Congrès est en mesure de s’opposer à la Maison-Blanche lorsqu’il reçoit une telle directive. Il a le pouvoir de retenir le financement pour toute opération gouvernementale. Les membres de la Chambre des représentants et le leadership démocrate du Sénat qui ont accès à cette directive peuvent aussi, s’ils le décident, et s’ils partagent les mêmes idées, trouver des façons d’influencer la politique de l’administration. »

Rien de tel ne s’est produit. Aucun des quatre congressistes démocrates n’a fait quoi que ce soit pour contrecarrer l’opération clandestine contre l’Iran, et les 400 millions $ furent discrètement approuvés sans annonce publique. Et ils n’ont pas davantage contacté Hersh pour commenter son article du 29 juin paru dans le New Yorker. Les démocrates préfèrent garder secrète leur collaboration avec la violation du droit international de l’administration Bush.

Cette révélation démontre la complète insincérité de la position « anti-guerre » adoptée par les démocrates durant l’élection de 2006 et au cours de l’actuelle campagne présidentielle 2008. Bien que tentant de s’attirer les votes de la vaste majorité des Américains qui s’opposent à la présente guerre en Irak et à une nouvelle guerre contre l’Iran, les démocrates se préparent discrètement à poursuivre la même politique si, et cela semble maintenant probable, ils reprennent la Maison-Blanche lors de l’élection de novembre.

Hersh semble insinuer l’existence d’un conflit entre les démocrates au Congrès et le nominé du parti à la présidence, le sénateur Barack Obama. Il écrit : « le financement pour l’intensification a été approuvé. Autrement dit, certains membres de la direction démocrate... étaient prêts, en secret, à suivre l’administration dans l’expansion d’opérations clandestines contre l’Iran, alors que le candidat du parti à la présidence, Barack Obama, a affirmé qu’il préférait les pourparlers et la diplomatie. »

Il n’y aucune raison de croire qu’il y a actuellement un conflit entre Obama et les démocrates du Congrès sur la campagne d’actions clandestines contre l’Iran. C’est davantage une question de division du travail. Obama, dans le cadre d’une campagne électorale visant à tromper le peuple américain, met l’emphase sur la diplomatie et la résolution pacifique des différends. Les démocrates du Congrès, qui partagent maintenant la responsabilité de la politique américaine avec la Maison-Blanche de Bush, doivent faire tout ce qui est nécessaire pour défendre les intérêts de l’impérialisme américain dans la région.

Obama a déjà proposé une attitude militaire américaine plus agressive en Afghanistan et le long de la frontière séparant l’Afghanistan et le Pakistan, déclarant qu’il déplacerait des troupes de l’Irak vers l’Afghanistan et autoriserait des frappes transfrontalières contre des sites présumés d’al-Qaïda au Pakistan, et ce, avec ou sans la permission du gouvernement pakistanais.

Il est également rapporté, qu’Obama considère garder le secrétaire à la Défense Robert Gates à son poste dans une nouvelle administration Obama. Le Times de Londres écrivait dimanche, « Les plus haut conseillers d’Obama en matière de politique étrangère et de sécurité nationale font pression pour le maintien de Robert Gates au Pentagone après qu’il ait été largement louangé pour sa performance. Ce geste serait en ligne avec le désir d’Obama de nommer un cabinet de tous les talents. »

Richard Danzig, un ancien secrétaire naval et principal conseiller militaire pour Obama, a dit au journal, « Ma position personnelle c’est que Gates est un très bon secrétaire à la Défense et qu’il va être encore meilleur dans une administration Obama. » Le journal commentait que « retenir Gates donnerait à Obama une "raison" d’ajuster sa politique » en relation avec la guerre en Irak – c’est-à-dire renier sa promesse de mettre fin à la guerre et de poursuivre l’occupation américaine indéfiniment.

Gates a tendu sa propre branche d’olivier aux démocrates en nommant l’an dernier deux anciens représentants de l’administration Clinton au conseil politique de défense : John Hamre, nommé président, et l’ancien secrétaire à la Défense de Clinton, William Perry, qui fait maintenant partie des principaux conseillés en matière de sécurité nationale d’Obama.  Il en résulte un canal de communication direct entre le Pentagone et la campagne d’Obama.

L’article de Hersh apparaît alors que les tensions augmentent au Moyen-Orient, avec une répétition de menaces publiques d’action militaire contre l’Iran, soit par Israël ou les États-Unis ou encore les deux, et des avertissements des représentants iraniens qu’en cas d’agression, ils réagiraient par de fortes représailles.

Plus tôt ce mois-ci, les forces aériennes israéliennes ont mené un exercice général simulant une attaque contre Téhéran, envoyant des avions militaires pour un vol de 1500 kilomètres contre des cibles fictives dans la mer Méditerranée. Des représentants de l’administration Bush ont divulgué l’information sur l’exercice militaire aux médias, clairement pour tenter d’intimider le régime iranien, aussi bien que pour préparer l’opinion publique aux États-Unis et dans le monde pour une telle attaque.

Le général de division Mohammad Ali Jafari, commandant de la Garde révolutionnaire iranienne, la plus grande force militaire du pays, a mis en garde samedi que dans l’éventualité d’une attaque américaine ou israélienne, l’Iran pourrait fermer les voies maritimes qui passent par le détroit d’Ormuz utilisé par les pétroliers qui approvisionnent le monde avec le pétrole du golfe Persique. « Naturellement, chaque pays attaqué par un ennemi utilise toute sa capacité et ses opportunités pour confronter l’ennemi », a-t-il dit au journal iranien Jaam-e Jam, selon l’Agence de presse Fars.

« L’Iran agira de manière définitive pour imposer son contrôle sur le golfe Persique et le détroit d’Ormuz, a-t-il dit. Après cette action, le prix du pétrole va augmenter significativement et cela figure parmi les facteurs qui font reculer les ennemis. »

Trois journaux britanniques ont fait des reportages dimanche concernant l’intensification de l’atmosphère de guerre :

* Le Sunday Telegraph a interviewé Shabtai Shavit, l’ancien chef du Mossad, les services secrets israéliens, qui a suggéré qu’Israël pourrait attaquer unilatéralement l’Iran après l’élection présidentielle américaine, particulièrement si c’est le sénateur Barack Obama qui gagne. Il a suggéré que l’Iran était à une année ou moins de construire sa première arme nucléaire et que l’armée israélienne serait poussée par cette date butoir. « Le temps qui reste… diminue », a-t-il dit.

* Le Guardian a rapporté que le premier ministre israélien Ehoud Olmert a tenu une réunion à sa résidence officielle avec Avim Sela, l’organisateur de la frappe aérienne de 1981 par Israël qui avait détruit un établissement nucléaire irakien à Osirak, afin de discuter des aspects pratiques d’une attaque similaire contre l’Iran.

* Le Times de Londres a rapporté qu’en réponse à ces menaces, l’Iran a pointé ses missiles balistiques à longue portée les plus puissants, le Shahab-3B, avec une portée de plus de 2000 kilomètres, vers des cibles en Israël, incluant le principal établissement nucléaire israélien à Dimona dans le désert de Negev.

La campagne secrète des Etats-Unis en Iran implique autant l’Agence centrale de renseignements (CIA) que le Commandement spécial des opérations communes du Pentagone, a écrit Hersh. Comme dans d’autres articles provenant du journaliste d’expérience — le premier à rapporter les crimes de guerre américain, du massacre de My Lai près de 40 ans plus tôt jusqu’à la torture à Abou Ghraib en 2004 — ses sources proviennent de sections désabusées de l’appareil de renseignements et de l’armée, particulièrement la CIA.

Hersh fait état d’un conflit entre la CIA et la Maison-Blanche quant aux termes utilisés dans la directive pésidentielle : la CIA demande l’autorisation explicite d’assassiner pour ses agents américains engagés dans des actions secrètes en Iran tandis que la Maison-Blanche prétend que l’autorité de Bush en tant que commandant en chef est suffisante.

Parmi ceux qui ont été interviewés, on compte l’ancien chef du commandement central américain, l’amiral William Fallon qui est maintenant retraité. Il avait été congédié par le secrétaire à la Défense Robert Gates plus tôt cette année après qu’un profil dans le magazine Vanity Fair avait dépeint Fallon comme un opposant interne d’une guerre des Etats-Unis contre l’Iran.

Citant des commentaires provenant d’anciens responsables des renseignements et de l’armée, Hersh a décrit une lutte interne de plus en plus acerbe dans le gouvernement américain, avec le bureau du vice-président Richard Cheney jouant un rôle de premier plan dans la mise de l’avant d’une campagne agressive de provocations et d’une liste plus large de cibles. Un ancien responsable a parlé à Hersh d’une réunion dans le bureau du vice-président : « Le sujet de cette rencontre était la façon de créer un casus belli entre Téhéran et Washington. »

(Article original anglais paru le 30 juin 2008)


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