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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne : la signification de l'élection partielle dans la circonscription d'Haltemprice and Howden

Par Chris Marsden
16 juillet 2008

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Quelle est la signification politique de l'élection partielle d'Haltemprice and Howden?

L'ex Shadow secretary [député de l'opposition chargé d'examiner le travail d'un ministre en particulier, ndt] de l'Intérieur, David Davis, a imposé cette élection en quittant son poste de député. Il l'a fait dans le but avoué de montrer l'étendue de l'opposition populaire aux lois anti-terroristes prises par le Parti travailliste, qui étendent la période légale de garde à vue à 42 jours. Il a de plus lié cela à une opposition plus large à la réduction des libertés publiques.

Les résultats de cette élection partielle montrent clairement que c'est Davis, plutôt que les médias britanniques et le Parti travailliste, qui a correctement interprété les sentiments de l'électorat. Davis a toujours été certain de l'emporter dans cette circonscription conservatrice sans histoire, particulièrement avec le soutien des démocrates libéraux et le refus des travaillistes de présenter un candidat de crainte de subir une baisse humiliante du vote en leur faveur. En fin de compte, Davis a obtenu 17 113 voix, soit 70 pour cent des suffrages exprimés avec un taux de participation de 34,5 pour cent. En outre, les Verts arrivent seconds avec 1758 voix en ayant fait campagne sur le thème des libertés publiques. Le Parti démocrate britannique, de droite, qui est arrivé troisième avec un vote un peu plus faible, 1714 voix, s'opposait également aux 42 jours.

Les médias eurent beau dépeindre cette élection comme une « combine pour attirer l’attention » en ironisant sur la participation de 26 candidats, leur soutien aux mesures autoritaires des travaillistes a été clairement rejeté.

Cependant, l'élection était plus qu'un simple référendum sur le Parti travailliste et ses atteintes aux libertés publiques. En tous points de vue, elle a révélé le déclin profond et la dégradation de ces tendances et de ces individus qui prétendent défendre les libertés publiques en s'appuyant sur la gauche bourgeoise. En particulier, cette élection constitue une réfutation des allégations de l'aile gauche du Parti travailliste et des syndicats selon lesquelles ils défendent les intérêts des travailleurs.

Cela fait longtemps que plus personne, à l'exception des personnes les plus naïves politiquement, ne croit que le Parti travailliste et les bureaucraties syndicales mènent une lutte pour le socialisme. Cependant, les « gauchistes » ont, de temps à autre, fait mine de s'opposer aux mesures les plus favorables au patronat et les plus anti-démocratiques promulguées par les premiers ministres Tony Blair et Gordon Brown.

Seuls 36 députés travaillistes ont voté contre l'allongement à 42 jours de la garde à vue. Beaucoup parmi ceux dont on pensait qu'ils se rebelleraient ont été achetés, et ont voté avec le gouvernement. Le vote a été suivi d'un quasi-silence dans le Parti travailliste, laissant Davis monter la seule opposition politique conséquente à cette loi.

De plus, la plupart des députés qui n'ont pas voté pour cette loi ont gardé le silence depuis. Seuls deux députés travaillistes n'ont pas respecté la discipline (Bob Marshall-Andrew et Ian Gibson) avec le vétéran de la gauche du Parti travailliste, Tony Benn. Et ils l'ont fait en apportant leur soutien à Davis, l'érigeant en champion des droits civiques. Benn et Marshall-Andrew ont pris la parole aux côtés de Davis, insistant sur le fait qu'il fallait ignorer son hostilité déclarée envers le socialisme, son soutien aux lois anti-syndicales et aux guerres d'Afghanistan et d'Irak.

Marshall-Andrew a même déclaré que voter pour Davis était très différent de voter tory [conservateur]. Pourtant, c'est exactement ce pour quoi lui et Benn ont fait campagne : un tory.

Pour autant que l'on puisse encore identifier un média de gauche en Grande-Bretagne, il est représenté par les journaux The Guardian, The Observer et The Independant. Un certain nombre de journalistes du Guardian et de l'Observer a adopté la position de Benn et Marshall-Andrew, soutenant Davis. D'autres commentateurs dans les trois publications ont soutenu Jill Seward, qui faisait campagne pour les victimes de viol et de violences sexuelles. Sa décision de présenter un programme qui défendait les 42 jours, l'augmentation du nombre de caméras de surveillance et la mise en place d'un énorme fichier de données génétiques a reçu le soutien du Sun de Rupert Murdoch [tabloïde de droite, ndt].

Ils ont présenté Seward comme la rivale « sérieuse » de Davis, une affirmation également avancée dans le Daily Mirror, le Financial Times, et d'autres. Le vote en sa faveur ayant atteint 492 voix met à mal cette affirmation. Il faut noter que la candidate la plus mieux placée, ayant fait une déclaration en faveur de la garde à vue de 42 jours, est Miss Grande-Bretagne, Gemma Garrett, qui n'avait pas vraiment fait campagne sur le sujet.

La décision de soutenir Seward était cynique à l'extrême. En ce qui les concerne, ces experts de gauche ne l'ont soutenue que parce qu'elle servait de candidat de substitution derrière laquelle ils pouvaient maintenir leur soutien au Parti travailliste et justifier son programme de mesures autoritaires en s'appuyant sur le problème, émotionnellement très chargé, des violences sexuelles.

Il reste de la gauche du Parti travailliste et des cercles de gauche un petit groupe pathétique qui a sauté dans le train en marche de Davis. Il y a alors deux issues possibles. Soit, ces gens vont se retrouver directement derrière le parti conservateur, comme ça a été le cas de certains anciens hommes de gauche avec le régime gaulliste de Nicolas Sarkozy en France. Ou, comme ils l'ont fait dans la circonscription d'Haltemprice and Howden, ils vont affirmer que la défense des libertés publiques est une question « non partisane ». Dans un cas comme dans l'autre, le résultat final sera d'avorter le développement d'un mouvement politique de la classe ouvrière.

Devant cet effort concerté pour mobiliser l'hostilité envers le Parti travailliste derrière Davis, les groupes de gauche britanniques comme le Socialist Workers Party n'ont rien dit. Ils ont placé au-dessus de toute question de principe leurs relations opportunistes avec la gauche du Parti travailliste et des syndicats.

Quel que soit l’avenir du mouvement naissant qui réunit des conservateurs, des travaillistes et des défenseurs de la gauche bourgeoise qui gravitent actuellement autour de Davis, un vide politique s'est ouvert à gauche. Les travailleurs doivent chercher une nouvelle direction politique. Le Parti de l'égalité socialiste et son candidat Chris Talbot étaient les seuls à s'opposer aux atteintes aux droits démocratiques comme aux atteintes aux acquis sociaux des travailleurs commises par le Parti travailliste. Ce faisant, nous avons posé un jalon pour l’avenir.

(Article original anglais paru le 12 juillet 2008)


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