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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : les libéraux appuient la guerre et la réaction sociale

Par Guy Charron
25 mars 2008

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Le 13 mars dernier, les libéraux, l’opposition officielle au Parlement canadien, ont fourni au gouvernement minoritaire conservateur les votes dont il avait besoin pour prolonger jusqu’à la fin de 2011 la mission des Forces armées canadiennes (FAC) dans la guerre de contre-insurrection des Etats-Unis et de l’OTAN en Afghanistan.

En votant avec les conservateurs, qui ont à maintes reprises déclaré que le déploiement de 2500 soldats des FAC au sud de l’Afghanistan était crucial pour défendre les « intérêts canadiens » sur la scène mondiale, les libéraux ont répudié leur précédente demande qui visait la fin de la mission de contre-insurrection des FAC en février 2009, comme il avait été précédemment convenu.

Les libéraux ont tenté de justifier leur volte-face en soutenant qu’ils avaient forcé le gouvernement conservateur de Stephen Harper à acquiescer à leur demande que l’actuelle mission de combat des FAC soit transformée, dès l’an prochain, en mettant davantage l’accent sur l’entraînement de l’armée et de la police afghanes et sur la sécurité pour les projets de reconstruction.

Le texte de la motion conjointe des libéraux et des conservateurs prolongeant l’intervention des FAC contient bel et bien la phraséologie de l’amendement que les libéraux avaient proposé le mois dernier. Par contre, comme l’a admis l’ensemble des médias, la motion demeure en réalité pratiquement la même que celle qui avait été initialement proposée par le gouvernement conservateur.

Le chef libéral Stéphane Dion a explicitement déclaré que « l’entraînement » sera accompagné d’opérations offensives par les FAC aux côtés des troupes afghanes, et que les libéraux n’ont pas l’intention de « gérer les affaires » de l’armée — ce qui signifie qu’ils acceptent la demande de l’état-major de FAC qui si l’armée doit défendre les projets de reconstruction afghans, elle doit être libre de mettre en oeuvre ses propres opérations de recherche et destruction.

La seule concession significative que le gouvernement a faite aux libéraux fut de stipuler que le déploiement des FAC au sud de l’Afghanistan allait être réduit à partir de juillet 2011 et terminé avant la fin de la même année. Cependant, rien n’empêcherait un futur gouvernement — des élections sont prévues pour l’automne 2009 — de revoir la question et ainsi prolonger ou intensifier le rôle des FAC dans la guerre afghane.

Le ministre de la Défense Peter MacKay jubilait après le passage de la motion des libéraux et des conservateurs. Cela « envoie un très fort signal de consensus de notre pays à nos troupes et c’est une preuve de confiance envers tout ce qu’elles font... Je sais que cela sera bien reçu par nos alliés de l’OTAN ... » a déclaré MacKay.

Ce fut le gouvernement libéral de Jean Chrétien qui, en automne 2001, ordonna la plus grande opération militaire du Canada à l’étranger depuis la guerre de Corée en appui à l’invasion américaine de l’Afghanistan. Et ce fut le gouvernement libéral de Paul Martin qui autorisa en août 2005 le déploiement des FAC à Kandahar, le centre de l’insurrection contre le gouvernement de Hamid Karzaï mis en place par les Etats-Unis.

Mais Dion, le vainqueur-surprise de l’investiture de décembre 2006 qui décidait du successeur de Martin comme chef du Parti libéral, a choisi tôt en 2007 de faire un appel mesuré au sentiment d’opposition parmi les masses à la mission des FAC et à la promotion du militarisme par le gouvernement Harper en appelant au retrait des troupes de Kandahar en février 2009. Comme Dion s’est donné du mal à expliquer, les libéraux appuient entièrement l’intervention de l’OTAN sous direction américaine en Afghanistan et le gouvernement fantoche d’Hamid Karzaï. Les libéraux, a dit Dion, veulent simplement que les autres pays de l’OTAN prennent leur « part » de responsabilité dans les combats en Afghanistan — toutes proportions gardées, les FAC ont subi les plus grandes pertes de soldats des forces de l’OTAN en service là-bas — et que le Canada se concentre la « reconstruction » dans laquelle il a une « expertise spéciale ».

Les manœuvres anti-guerre de Dion ont toujours mis mal à l’aise plusieurs libéraux importants. En octobre dernier, John Manley, un ancien vice-premier ministre libéral reconnu pour favoriser une politique étrangère canadienne plus « musclée », a accepté l’offre du premier ministre Harper pour qu’il dirige un comité « des sages » chargé d’examiner le rôle futur du Canada en Afghanistan. De manière prévisible, le comité Manley publia un rapport qui recommandait fortement que la mission des CAF s’étende au-delà de février 2009. Cela est ensuite devenu l’occasion pour les médias de la grande entreprise, incluant le libéral Toronto Star, de monter une campagne de grande envergure pour amener Dion et les libéraux à conclure une entente bipartite sur l’Afghanistan avec le gouvernement Harper, qui n’a jamais caché son appui pour que les FAC jouent un rôle de premier plan dans la guerre de contre-insurrection.

L’appui des libéraux pour leurs adversaires conservateurs n’est pas restreint à la seule guerre afghane.

Pendant la même semaine qu’ils se sont joints aux conservateurs pour prolonger la mission des FAC en Afghanistan, les libéraux ont assuré que le gouvernement survivrait à un vote sur le budget et à une motion de blâme provenant du Parti néo-démocrate.

Depuis octobre dernier, les libéraux sont régulièrement venus à la rescousse des conservateurs et ont permis au gouvernement minoritaire de Harper de survivre aux motions de confiance, soit en s’abstenant ou en votant avec le gouvernement ainsi qu’en se joignant aux conservateurs pour passer une série de lois réactionnaires. Cela inclut un projet de loi qui comprend plusieurs mesures de types « loi et ordre » qui prolongent le système du « certificat national de sécurité » en vertu duquel le gouvernement peut emprisonner pour une durée illimitée, sans procès et sans que la personne détenue ait accès aux preuves qui sont contre elle, tout individu qui n’est pas citoyen canadien désigné comme étant une menace à la sécurité nationale.

Les libéraux et le budget conservateur

Dion et la majorité de la presse ont déclaré que le récent budget conservateur était un « non-évènement » et le chef libéral a maintenu que malgré que son parti s’oppose au budget, celui-ci n’est pas suffisamment offensant pour justifier de faire tomber le gouvernement et de forcer une élection « coûteuse ».

En fait, le budget était rempli de mesures réactionnaires en continuité avec les politiques sociales et fiscales de droite poursuivies par le gouvernement Harper et les gouvernements libéraux de Chrétien et de Martin qui l’avaient précédé. Dans les deux dernières décennies, le gouvernement fédéral a dramatiquement réduit les services sociaux et publics et a systématiquement redistribué les revenus aux riches et à la grande entreprise par des diminutions d’impôts.

Les conservateurs ont justifié le fait que le budget évite la myriade de problèmes sociaux en prétendant que « le placard est vide », même s’ils ont consacré 10,2 milliards des surplus budgétaires de 2007-2008 au paiement de la dette nationale.

De plus, le budget de 2008 doit être vu dans le contexte du « mini-budget » de l’automne dernier, qui a mis de l’avant un programme de diminutions dans les impôts des contribuables et des entreprises et de réduction de la taxe sur les produits et les services (TPS), une mesure estimée coûter plus de 60 milliards de dollars pendant les cinq prochaines années.

Alors que le budget de 2008 ne contenait pas d’autres réductions d’impôts et de taxes pour les individus ou pour les compagnies, il crée un nouvel abri fiscal qui dans les années et les décennies à venir signifiera pour les biens nantis des milliards en réduction d’impôt. Les Canadiens pourront dorénavant mettre au moins 5000 $ par année dans un compte d’épargne désigné. Les revenus d'intérêts, de dividendes ou de gains en capital provenant de ce compte seront exempts d'impôt fédéral et pourront être retirés en tout temps sans pénalité.

Le troisième budget conservateur donne une couverture légale au gouvernement fédéral pour son détournement systématique des fonds prévus à l’assurance-chômage des travailleurs. Durant les années 1990, Ottawa a siphonné des dizaines de milliards de dollars en surplus dans la caisse d’assurance-chômage (renommée assurance-emploi dans les années 1990) pour ne pas avoir à augmenter les taxes d’affaires ou les impôts des riches, alors même qu’il réduisait drastiquement les prestations d’assurance-chômage et l’accessibilité aux prestations. Le budget 2008 efface la dette gouvernementale à la caisse d’assurance-chômage et crée une nouvelle agence autonome mandatée pour gérer la caisse.

Les conservateurs ont également introduit dans le budget une série de mesures renforçant les pouvoirs du gouvernement sur l’immigration, incluant le pouvoir de rejeter les candidatures d’immigrants ayant été préalablement approuvées par le ministère canadien de l’Immigration.

Dernier point, mais non le moindre, le budget accroît les dépenses militaires d’un autre 1,5 milliard de dollars.  Durant la campagne électorale de 2006, Harper annonçait qu’il voulait augmenter la présence et le réarmement des FAC commencés sous les libéraux. En 2003, le budget annuel des FAC était de moins de $12 milliards; il s’élève maintenant à plus de $18 milliards.

La presse capitaliste a invariablement attribué l’appui sans précédent des libéraux au gouvernement conservateur à la crainte d’une élection hâtive sous la direction de Stéphane Dion, un chef soi-disant sans charisme et « faible ».

Le Parti libéral, le parti que la bourgeoisie canadienne a préféré voir au pouvoir durant le 20e siècle, est certainement en crise. Mais les racines de cette crise se trouvent dans le fort appui provenant des plus puissantes sections de la grande entreprise, et même de plusieurs au sein du Parti libéral, pour le programme réactionnaire et militariste du gouvernement conservateur de Harper et de l’érosion de la base des libéraux en raison de leur virage à droite lors de leurs derniers mandats au pouvoir.

Dion était un ministre en vue du gouvernement libéral de Chrétien- Martin et à ce titre était le principal architecte de la nouvelle ligne dure contre le séparatisme québécois, qui incluait la menace de la possibilité de la partition du Québec advenant son indépendance.

Néanmoins, Dion a été attaqué par des membres de son propre parti pour avoir tenté de distinguer les libéraux des conservateurs en donnant à son parti un vernis « progressiste » en concluant une entente avec la dirigeante du Parti vert, Elizabeth May.

Dion a répondu en attaquant les conservateurs de Harper, les critiquant pour ne pas avoir fait plus de concessions à la grande entreprise sur la question des taxes et pour ne pas savoir apprécier les occasions de profits offertes au Capital canadien s’il voulait jouer un rôle dirigeant en développant la soi-disant « technologie verte ».

(Article original anglais paru le 22 mars 2007)


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