wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le Sénat américain approuve le plan de sauvetage de Wall Street

Par Patrick Martin
3 octobre 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Mercredi, le Sénat américain, à majorité démocrate, a approuvé une version légèrement modifiée du plan de sauvetage de Wall Street, ressuscitant ainsi l’aubaine de 700 milliards $ pour les riches deux jours seulement après le rejet de celle-ci à la Chambre des représentants. Pour ce vote, 74 pour et 25 contre, le candidat présidentiel démocrate Barack Obama et le candidat présidentiel républicain John McCain ont voté en faveur du plan.

De nombreux démocrates libéraux en vue ont aussi entériné le projet de loi, le plus important transfert d’argent vers l’élite financière de l’histoire des Etats-Unis, y compris le candidat démocrate à la vice-présidence Joseph Biden, Hillary Clinton, le candidat présidentiel démocrate de 2004 John Kerry, le chef de la majorité Harry Reid, le whip de la majorité Richard Durbin, Charles Schumer de New York, ainsi que Dianne Feinstein et Barbara Boxer de Californie. Seulement quelques démocrates se sont opposés au projet de loi en compagnie d’une vingtaine de républicains conservateurs.

48 heures à peine après le rejet du plan de sauvetage à la Chambre des représentants, en partie en raison de l’énorme impopularité de ce plan dans la population américaine, les leaders du Congrès tentent maintenant de façon antidémocratique de faire passer le projet de loi malgré l’opposition de masse.

Démontrant l’attitude du Congrès envers la population, les serveurs informatiques redirigeant les courriels destinés aux congressistes ont été fermés, sous prétexte d’un trafic trop élevé, faisant ainsi en sorte que les électeurs ne pouvaient plus envoyer de courriels pour s’opposer au plan de renflouement. 

Le chef de la majorité Reid, un démocrate du Nevada, a usé de son pouvoir pour lier le plan de sauvetage à un projet de loi sans lien avec ce dernier, un projet de loi obligeant un traitement équitable des maladies mentales et physiques par les assureurs. Cette manœuvre parlementaire a permis au Sénat de contourner la mesure constitutionnelle exigeant que tout projet de dépense provienne de la Chambre basse.

La Chambre des représentants devrait voter le projet de loi vendredi et les chefs démocrates et républicains se sont engagés à gagner suffisamment de votes dans chaque parti pour renverser le précédent vote de 228 contre 205 qui avait rejeté le plan de renflouement. Lundi, les démocrates avaient fourni plus des deux tiers des votes en faveur du plan, 140 démocrates et 65 républicains l’appuyant, 95 démocrates et 133 républicains le rejetant.

Comme ce fut le cas durant les deux semaines de crise politique entourant le plan de sauvetage, la direction du Parti démocrate s’est associée avec l’administration Bush pour satisfaire les demandes de l’élite financière. Le résultat est un plan de sauvetage, à la veille d’être accepté, essentiellement identique au plan de trois pages initialement proposé le 19 septembre par le secrétaire au Trésor Henry Paulson.

Paulson aura ainsi le pouvoir de racheter des quantités illimitées « d’actifs en difficulté » détenus par diverses institutions financières, à la condition que le Trésor ne détienne pas plus de 700 milliards de dollars de ces actifs à la fois et que les rachats soient signalés à un comité de supervision et publiés sur Internet. Le comité n’aura pas le pouvoir de renverser les décisions de Paulson.

Les mesures superficielles ajoutées au projet de loi le week-end dernier — concernant les salaires et les « parachutes dorés » des cadres, le comité de supervision, et des suggestions que le secrétaire au Trésor traite avec indulgence les propriétaires qui vont perdre leur maison — n’ont pas été renforcées dans le projet de loi du Sénat, contrairement à ce qu’avaient affirmé certains congressistes libéraux, mais sont plutôt demeuré inchangées.

Concessions à la droite républicaine

Les seules concessions significatives pour obtenir un vote favorable de la Chambre des représentants vont aux opposants de la droite du Parti républicain. Le sauvetage adopté par le Sénat comprend plus de 100 milliards de dollars en diminutions d’impôts, une mesure qui a été adoptée dans une autre motion adoptée par le Sénat la semaine passée. Cette motion fut bloquée par la Chambre des représentants parce que les diminutions d’impôts n’étaient pas contrebalancées par des augmentations d’impôts ou des diminutions des dépenses, tel que requis par les règles du Congrès sur le budget.

Le gros des diminutions d’impôts, 78 milliards $, élargit les allègements fiscaux aux compagnies et encourage l’adoption de sources d’énergie renouvelable. Il y a aussi 8 milliards $ en allègements d’impôts pour les victimes de désastres naturels, y compris l’ouragan Gustave et l’ouragan Ike, et la prolongation d’un programme d’allégement fiscal qui bénéficie surtout aux familles de la classe moyenne aisée.

L’autre changement important fait à la motion qui a été rejetée par la Chambre des représentants est une augmentation de la protection des dépôts bancaires par la Corporation de l’assurance-dépôt fédérale (FDIC, Federal Deposit Insurance Corporation), qui passera de 100 000 $ par compte à 250 000 $ par compte. Cette mesure n’aura aucun impact pour la vaste majorité des familles pour qui les montants épargnés en banque n’atteignent pas cette somme.

Selon un reportage du Wall Street Journal, il sera aussi permis à la FDIC d’emprunter des sommes illimitées de la réserve fédérale dans le but de stopper les faillites bancaires après l’effondrement d’une série de grandes banques, tel Washington Mutual, Wachovia et IndyMac pour ne nommer que les plus importantes.

Alors qu’une cinquantaine de démocrates de la Chambre des représentants a voté contre le sauvetage parce qu’il était trop favorable à Wall Street et qu’il n’aidait pas les propriétaires de maison et les chômeurs, il n’y a aucune concession dans la motion sur cette question. Au contraire, la principale préoccupation des dirigeants du Parti démocrate au Congrès a été qu’une section des démocrates conservateurs de la Chambre des représentants, appelée les Blues Dogs, pourrait s’opposer à la nouvelle version du sauvetage parce que les mesures fiscales violent les règles budgétaires interdisant au gouvernement d’effectuer des emprunts. Plusieurs Blue Dogs se sont opposés au sauvetage original lors du vote de lundi dernier.

On trouve une autre preuve du soutien des deux partis au sauvetage dans le fait que le président de l’association des gouverneurs démocrates, Joe Manchin de la Virginie de l’Ouest, s’est joint au président de l’association des gouverneurs républicains, Rick Perry du Texas, pour faire parvenir une lettre au Congrès pressant ce dernier de voter en faveur du sauvetage.

Obama soutient le sauvetage

Le fait le plus significatif politiquement parlant du débat sur le sauvetage au Sénat ce mercredi a été le discours qu’a donné Obama dans lequel il réitérait son soutien à cette mesure.

Obama a dit que ce n’était pas le moment d’identifier les causes ou de trouver les coupables de la crise, la comparant à une maison en feu. La communauté doit agir de concert pour éteindre l’incendie avant de déterminer ce qui l’a causé. C’est une analogie remarquablement faible puisque le sauvetage ne vient pas en aide aux millions de propriétaires qui font face à une saisie de leur maison, mais récompense grassement les pyromanes de Wall Street.

Obama a dit qu’une fois que le sauvetage serait approuvé, il serait nécessaire de sauver les familles de « Main Street » qui éprouvent des difficultés à payer leurs factures en raison du chômage, du prix de l’essence et des coûts des soins de santé en hausse. Mais, il n’a pas expliqué la priorité : pourquoi les besoins des milliardaires de Wall Street sont beaucoup plus urgents que ceux des chômeurs, des travailleurs à faibles revenus, de ceux qui ne sont pas assurés et de ceux qui font face à des saisies et à des expulsions.

De plus, comme il le sait très bien, l’allocation de ce qui grimpera probablement à plus d’un billion de dollars en fonds publics pour absorber une partie des pertes de Wall Street va rendre le gouvernement fédéral insolvable. Une des raisons pour laquelle lui et le leadership démocrate au complet s’efforcent de faire adopter le sauvetage avant l’élection est qu’après le jour de l’élection, advenant une victoire du Parti démocrate, Obama sera en mesure de déclarer qu’il a les mains liées et qu’il n’a d’autres choix que de répudier ses promesses de campagne et d’adopter des mesures d’austérité.

Le candidat démocrate a averti que l’adoption du sauvetage était nécessaire pour « empêcher que la crise ne devienne une catastrophe », ajoutant que « nous ne pouvons nous permettre de prendre le risque que l’économie mondiale soit plongée dans un trou très profond ».

En réalité, le sauvetage ne résoudra pas ce qui est une crise systémique du système capitaliste ou ne préviendra pas que la crise frappe des millions de personnes aux Etats-Unis et partout dans le monde. Les sections les plus puissantes de l’élite financière américaine utilisent la crise comme une occasion pour passer leurs mauvaises dettes au gouvernement et imposer le fardeau de la crise financière sur la classe ouvrière. Il y a déjà plusieurs commentaires dans les médias et parmi les économistes quant au fait que ce sauvetage n’est essentiellement qu’une mesure provisoire et que des sommes encore plus importantes de richesse destinées à Wall Street seront requises.

Obama a admis : « Même si nous mettons ce plan en œuvre, nous pourrions encore avoir d’énormes problèmes et nous aurons probablement d’énormes problèmes dans les prochains mois et même au-delà. »

Il a ensuite déclaré, comme il l’a fait dans de nombreux discours et dans son débat avec McCain la semaine dernière, que le coût du sauvetage nécessitera des coupures dans nos futurs plans de dépenses dans les programmes sociaux fédéraux. Les programmes qu’il a promis au cours de la campagne électorale « pourrait être retardés ou étalés », a-t-il dit. Il a ajouté qu’une administration Obama mettrait de l’avant un programme de coupes dans le budget et d’austérité fiscale.

Dans un discours plus tôt dans la journée à La Crosse dans le Wisconsin, Obama a entretenu des illusions dans le sauvetage en disant à son audience : « Ce n’est pas un plan seulement pour donner 700 milliards de dollars de votre argent à quelques banques. Si c’est fait correctement, nous allons, espérons-le, regagner une bonne partie ou tout notre argent — nous pourrions même faire un profit sur les investissements du gouvernement — chaque cent de celui-ci reviendra directement à vous, l’investisseur. »

De tels mensonges ne font que montrer la réalité politique de la campagne de 2008 : la classe ouvrière n’a pas de choix entre Obama et McCain, les deux étant des défenseurs indubitables de la grande entreprise américaine. Obama émerge à ce point-ci comme le gagnant probable de l’élection, non pas en proposant un quelconque programme pour défendre les intérêts de la grande majorité du peuple américain, mais en se présentant à la grande entreprise comme un défenseur plus conséquent et efficace des intérêts de l’élite dirigeante américaine.

(Article original anglais paru le 3 octobre 2008)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés