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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : Les banques alimentaires ne peuvent répondre à la demande

Par Louis Girard
6 septembre 2008

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La perte de dizaines de milliers d’emplois ainsi que la hausse des coûts de l’alimentation et du pétrole ont récemment causé une importante baisse des réserves des banques alimentaires canadiennes. Devant les pressions économiques qui s’accentuent sur les travailleurs, les banques alimentaires, qui dépendent en grande partie des dons de la population, reçoivent moins et ont plus de difficultés à satisfaire la demande croissante.

En juillet 2008, l’économie canadienne a encaissé une perte de 55 000 emplois. Cela se rajoute aux plus de 350 000 emplois perdus dans le secteur manufacturier depuis novembre 2002, un secteur où les salaires sont relativement élevés.

Quant à l’inflation, elle s’est accru de 3,4 pour cent de juillet 2007 à juillet 2008. Parmi les biens de consommation qui ont contribué à cette hausse, l’essence et la nourriture figurent parmi les plus importants. Les prix du pétrole à la pompe ont augmenté de 28,6 pour cent et les prix des aliments achetés en magasin ont grimpé de 4,3 pour cent, les produits de boulangerie enregistrant quant à eux une hausse de 13,2 pour cent.

Ces hausses de prix, combinées à de nombreuses pertes d’emploi, ont causé une pression accrue sur les dépenses des travailleurs et une baisse en approvisionnement pour les banques alimentaires. Selon Lisa Martella, la directrice-adjointe de la Banque alimentaire du Grand Vancouver, la troisième plus grande agglomération au pays, « les coûts plus élevés de l'essence et de la nourriture pourraient affecter le revenu disponible, et les gens ont moins d'argent pour faire des dons ». Mme Martella a vu les dons pour son organisme chuter de 19 pour cent par rapport à l’année dernière.

En Nouvelle-Écosse, l’organisme sans but lucratif nommé Feed Nova Scotia, qui s’occupe de distribuer de la nourriture à environ 150 banques alimentaires de cette province, manque de nourriture. Habituellement, l’organisme a de la nourriture en réserve pour au moins deux semaines, mais elle en a maintenant pour seulement deux jours, son plus bas niveau depuis plusieurs années.

Les banques alimentaires au Canada ont connu une hausse fulgurante lors des vingt dernières années. En 1989, le nombre de personnes qui avaient fréquenté une banque alimentaire au cours d’une période d’un mois était de 378 000. En 2004-2005, la fréquentation des banques alimentaires avait atteint un sommet, alors que, sur une période d’un mois, plus de 800 000 personnes avaient eu recours à une banque alimentaire pour se nourrir. Cela représente une hausse de plus de 100 pour cent alors que, pendant la même période, la population a augmenté à un taux légèrement inférieur à 20 pour cent. De plus, ces chiffres, qui sont calculés par l’Association des banques alimentaires canadiennes, sous-estiment le nombre de personnes qui ont recours aux banques alimentaires puisque leurs calculs s’échelonnent sur une période de seulement un mois.

Cette hausse marquée du nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire est directement due aux décennies de mesures réactionnaires implantées par les politiciens de tous les partis au niveau fédéral comme au niveau provincial. Au milieu des années 1990, par exemple, le gouvernement fédéral du Parti libéral de Jean Chrétien avait changé de façon drastique les conditions d’accès à l’assurance-emploi et réduit les montants des prestations.

Au niveau provincial, les sauvages coupures du gouvernement conservateur de Mike Harris en Ontario, dans les années 1990, ont contribué à une hausse notable de la pauvreté. Harris s’en était notamment pris aux assistés sociaux et aux travailleurs à faibles revenus. Il avait gelé le salaire minimum et arrêté la construction de logements sociaux. Il avait aussi compressé les taux de prestation d’aide sociale de 22 pour cent et modifié les lois afin de couper dans les allocations. De 1996 à 2002, le parti conservateur de l’Ontario a refusé d’augmenter les prestations d’aide sociale, ce qui a amené une baisse réelle de celles-ci de 40 pour cent.

Aussi, le recours à la sous-traitance et les réductions de main-d’œuvre dans les entreprises, toutes des mesures prônées par le patronat canadien, ont contribué à la précarité croissante des conditions sur le marché du travail. De 1980 à 2005, les 20 pour cent des travailleurs à temps plein les plus pauvres ont vu leurs salaires réels diminuer de 20,6 pour cent tandis que ceux du quintile du milieu ont vu leurs salaires stagner.

Ces changements profonds dans les conditions de la classe ouvrière se reflètent dans le type d’individus qui fréquentent les banques alimentaires. En effet, de plus en plus de travailleurs pauvres et de chômeurs fréquentent les banques alimentaires. Selon l’Association canadienne des banques alimentaires, 2,6 pour cent des gens qui avaient recours à l’aide alimentaire en 2001 étaient des gens sur l’assurance-emploi. En 2007, ce pourcentage avait grimpé à 5,3 pour cent. Aussi, le nombre croissant de travailleurs pauvres se reflète dans le fait que 12 pour cent des gens qui avaient eu recours à l’aide alimentaire en 1999 étaient des gens en emploi. En 2007, ce pourcentage avait augmenté à 13,5 pour cent.

En Alberta, le centre de l’industrie pétrolière canadienne qui a bénéficié d’une hausse massive d’investissements suite à l’augmentation des prix du pétrole, 27 pour cent des gens qui fréquentent les banques alimentaires avaient un emploi. Cela est dû au fait que malgré les salaires supérieurs à la moyenne nationale, les Albertains font face à une hausse importante du coût de la vie et l’inflation peut être jusqu’à trois fois supérieure à la moyenne nationale.

Malgré une légère baisse dans le nombre total de Canadiens qui fréquentent les banques alimentaires, qui est passé à 720 000 en 2007, une nouvelle hausse marquée en 2008 est fort probable. De plus, 8,8 pour cent des Canadiens, même s’ils ne fréquentent pas nécessairement des banques alimentaires, sont, selon un rapport de Santé Canada publié en 2004, dans une situation d’insécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas les capacités financières pour se procurer une alimentation adéquate.


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