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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le débat Obama-McCain : Accord des deux politiciens de la droite sur le sauvetage de Wall Street et sur le militarisme

Par Patrick Martin
30 septembre 2008

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Vendredi soir dernier, le débat électoral présidentiel entre le démocrate Barack Obama et le républicain John McCain a démontré qu’il n’existe aucun choix dans l’élection présidentielle 2008 dans les limites du système officiel biparti. Deux candidats se faisaient face, adoptant des positions quasi-identiques en défense de Wall Street et de l’impérialisme américain qui feraient automatiquement d’eux, dans tout autre pays du monde, des représentants de l’extrême droite.

Tous deux étaient d’accord que toutes les ressources possibles soient mobilisées pour venir à la défense de Wall Street, peu importe les coûts imposés à la classe ouvrière. Obama a déclaré : « Nous devons agir vite et agir intelligemment », mais il n’a pas expliqué pourquoi on devait agir rapidement dans le sauvetage des banques et des spéculateurs, mais pas pour stopper les saisies de maisons, les mises à pied et la destruction des conditions de vie de la classe ouvrière.

McCain a louangé les discussions entourant le sauvetage à Washington, affirmant : « Nous assistons, pour la première fois depuis longtemps, à la collaboration des républicains et des démocrates, tentant d’en arriver à une solution pour résoudre la crise financière dans laquelle nous nous trouvons. »

Deux jours plus tôt, le président Bush, dans un discours télédiffusé nationalement, avait presque annoncé la faillite du capitalisme américain, craignant « l’effondrement imminent » des banques d’investissement, « l’arrêt complet du système financier américain », une « panique financière » et une « longue et douloureuse récession ».

Obama et McCain n’ont pas offert de présentation aussi sombre de la situation et ont plutôt évité de répondre à la question qui leur demandait quel impact allait avoir le sauvetage de 700 milliards $ de Wall Street sur leurs futures politiques advenant leur élection. La discussion sur la crise financière, qui s’est déroulée durant la première moitié du débat, semblait davantage avoir pour but d’endormir les téléspectateurs que d’expliquer les positions des candidats.

Sur la question de la politique étrangère, les deux candidats s’accordaient pour dire que l’impérialisme américain a le droit de déployer ses forces militaires à travers le monde, attaquant et envahissant tout pays choisi par le « commandant en chef ». Obama a affirmé que l’Irak nous avait appris que « nous ne devons jamais hésiter à employer la force militaire et, en tant que président et afin de maintenir le peuple américain en sécurité, je n’hésiterai jamais à employer la force militaire ».

Les deux candidats se sont principalement disputés sur les pays qui devraient être pris pour cible par des attaques américaines, Obama favorisant l’Afghanistan et le Pakistan, McCain insistant sur l’Irak. Tous deux ont menacé l’Iran et la Russie. Le Washington Post a approuvé le consensus entourant la politique étrangère dans un éditorial publié samedi, déclarant, « Barack Obama et John McCain ne sont pas autant en désaccord qu’ils pourraient le faire croire aux électeurs. »

Le fait saillant du débat a été le large accord qu’Obama, qui s’est construit une image de vecteur du « changement », a déclaré avoir avec McCain. Après une semaine extraordinaire de bouleversements sur les marchés financiers, Obama avait l’embarras du choix pour passer à l’offensive contre son adversaire républicain. Plutôt, il a déclaré à répétition que McCain avait « absolument raison » sur un point ou sur l’autre (ce qu’il a répété 11 fois au cours de ce seul débat).

Il est instructif de citer certaines de ces déclarations d’accord, car elles démontrent l’orientation entièrement conventionnelle et droitière de la campagne d’Obama.

Sur la crise financière : « Je crois que le sénateur McCain a absolument raison lorsqu’il dit qu’il faut être plus responsable. »

Sur les dépenses gouvernementales : « Le sénateur McCain a absolument raison lorsqu’il dit que le processus des dépenses attitrées a été détourné. »

Sur la fiscalité : « John a mentionné le fait que les impôts des compagnies sont élevés dans ce pays et il a absolument raison. »

Sur le budget fédéral : « John a raison, nous devons couper. »

Sur l’Irak : « Le sénateur McCain a absolument raison lorsqu’il dit que la violence a diminué suite au sacrifice extraordinaire de nos troupes et de nos familles militaires. »

Sur la menace d’entreprendre des actions militaires contre le Pakistan : « John… vous avez absolument raison de dire que les présidents doivent être prudents sur ce qu’ils disent. »

Sur l’Iran : « Le sénateur McCain a absolument raison, nous ne pouvons tolérer un Iran nucléaire. »

Obama a ainsi reconnu que McCain et lui partagent le même cadre, celui de la défense des intérêts de la classe dirigeante américaine, tant au pays qu’à l’étranger. S’il avait débattu contre un candidat socialiste, il n’aurait été d’accord sur rien.

Étant donné l’ampleur du consensus, l’obsession des médias à déterminer qui avait « gagné » le débat devient irréelle, absurde même. Le facteur décisif de l’élection n’est pas la réponse populaire envers les candidats, mais l’attitude de l’establishment financier et politique, qui s’est rallié derrière Obama au cours des dernières semaines, particulièrement depuis qu’Obama a joué un rôle dirigeant dans le soutien au sauvetage de Wall Street.

On peut interpréter le comportement d’Obama de deux façons : d’abord, par un niveau considérable de lâcheté politique face à la défense acharnée du militarisme et de la grande entreprise par McCain. Obama semblait décontenancé, et il a permis à McCain de l’interrompre presque à volonté.

Mais étant donné le caractère hautement artificiel et orchestré des débats électoraux présidentiels, il est aussi probable qu’Obama ne faisait qu’exécuter le script. On a rapporté que la campagne démocrate aurait pris la décision d’inclure à intervalles réguliers des déclarations exprimant un accord avec McCain afin de présenter Obama comme quelqu’un cherchant à établir un consensus biparti.

Beaucoup plus que des tactiques électorales, ces actions expriment le caractère fondamental du Parti démocrate, un parti impérialiste de la grande entreprise à que l’on assigne néanmoins, dans le système politique américain, le rôle de s’adresser aux travailleurs, aux minorités et aux opprimés en général.

C’est ce qui donne aux déclarations de leaders démocrates un aspect si tiède et presque muet. Obama et compagnie trébuchent toujours sur leurs propres contradictions internes, alors qu’ils tentent de se présenter comme le « parti du peuple » tout en rassurant l’élite dirigeante au complet et en étant conciliateurs avec l’extrême droite.

On a pu remarquer durant le débat qu’Obama évitait toute forme de phrases populistes dans ses commentaires sur la crise économique. Ses remarques étaient dirigées, non pas vers l’auditoire en général, mais vers la base d’électeurs la plus cruciale que sa campagne doit tenter de satisfaire : les grands intérêts financiers et leurs représentants des médias.

Alors que McCain a parfois fait des remarques démagogiques contre l’avarice et la corruption de Wall Street, les démocrates ont clairement démontré à la grande entreprise qu’ils ne tenteront pas d’aborder ces questions et de mobiliser leur « base » officielle parmi les travailleurs.

Obama ne représente pas une alternative au programme de droite de l’élite dirigeante américaine, mais plutôt un changement superficiel pour permettre à ce programme d’être maintenu et même intensifié. Une alternative aux politiques de la guerre impérialiste, de l’austérité économique et des attaques sur les droits démocratiques ne peut provenir que du bas, de la mobilisation politique des travailleurs, indépendamment et en opposition au système biparti, et sur la base d’un programme socialiste.

(Article original paru le 29 septembre 2008)


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