wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La Poste française sera privatisée

Par Olivier Laurent
23 septembre 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le président Nicolas Sarkozy a annoncé le 17 septembre la création d'une commission, composée principalement d'élus et de représentants syndicaux, pour discuter de la privatisation de la Poste française. Elle devra rendre un rapport le 30 novembre. 

Selon le quotidien financier français Les Échos du 7 juillet, le scénario le plus probable serait une introduction de 20 pour cent du capital en bourse. Le capital total est estimé à 10 milliards d'euros. 

La Poste, une entreprise publique, est en charge du service du courrier classique. Étant l'opérateur historique et disposant d'un réseau important, c'est également un acteur important des marchés du courrier prioritaire et de colis. Elle emploie 300 000 travailleurs dont 54 pour cent ont un statut de fonctionnaire. 

C'est également une banque importante, utilisée par de nombreux petits épargnants. Avec l'assouplissement des réglementations financières de l'Union européenne ces dernières années, elle a aussi étendu ses activités aux crédits et aux assurances, et investi dans des activités au Royaume-Uni, en Turquie, en Afrique du Sud, en Espagne et ailleurs. 

C'était également la même entité qui gérait le réseau téléphonique jusqu'à ce que les règlements de l'UE imposent graduellement une libéralisation complète des activités de télécommunications de 1980 à 1997. 

Elle reste une entreprise bénéficiaire, avec un bénéfice net de 943 millions d'euros en 2007, en hausse de 16 pour cent par rapport à 2006. Quinze pour cent de ces bénéfices vont à l'Etat, le reste étant réinvesti. 

Le vendredi 5 septembre, la compagnie a annoncé qu'elle « envisageait les possibilités de changement de statut », c'est-à-dire adopter le statut de société anonyme qui est le statut normal des entreprises privées et nécessaires pour que l'Etat puisse en vendre des parts. 

Ce changement est présenté comme une préparation à la libéralisation complète du marché postal dans l'UE, prévue pour 2011. Une autre raison invoquée tient au fait que les activités bancaires et postales devront être séparées pour se conformer aux règlements sur les positions dominantes. La nouvelle « Banque postale » sera donc une fiction juridique à laquelle La Poste va louer ses bureaux et les services de son personnel — et ce, au prix du marché pour de tels services dont les coûts seront en fin de compte supportés par la classe ouvrière par l'intermédiaire de crédits plus chers comme de salaires plus bas. 

La banque postale détiendra 40 milliards d'euros d'épargne placée sur différents comptes prévus spécifiquement pour les petits épargnants. Le nouveau statut éliminera en grande partie les garanties étatiques en cas de faillite, créant un risque pour les épargnants, mais aussi augmentant le prix de l'argent que la Banque Postale empruntera aux institutions financières. Cela finira par affecter les taux de crédit des gens ordinaires. Il est également probable que la banque se concentrera sur les clients les plus rentables. 

Ce qui attend les Français peut s'observer dans les pays qui sont déjà allés plus loin dans le processus de libéralisation. La Deutsche Post a transféré 25 000 emplois à des sous-traitants qui paient de faibles salaires, et 30 000 à 40 000 autres emplois sont passés de temps plein à temps partiel. Lorsque les travailleurs de la Royal Mail britannique ont accepté un « accord sur l'efficacité » en 2003, ce fut le feu vert donné à l'élimination de 33 000 emplois à plein temps et de 25 000 à temps partiel. Le niveau général des services s'est détérioré et ces entreprises s'intéressent surtout aux marchés pour les professionnels comme l'envoi en masse de publicités, plus rentables. 

Depuis des années déjà, La Poste utilise la tendance générale à la libéralisation pour accroître ses profits. 40 pour cent de ses effectifs sont embauchés sur des contrats de droit privé qui peuvent être rompus plus facilement que les contrats publics. L'utilisation du travail temporaire pendant les périodes de vacances a augmenté et les employés doivent maintenant atteindre des objectifs de ventes, non seulement dans l'activité bancaire, mais aussi pour les enveloppes et les timbres. 

En dépit des garanties accordées par l'UE en 1996, selon lesquelles un certain nombre d'obligations peuvent être imposées par l'Etat pour garantir un « service public de qualité », les consommateurs ont été confrontés à des périodes d'ouverture plus courtes des bureaux de poste, et à de nombreuses fermetures en zones rurales. Avec la séparation des activités bancaires et postales, il y a un risque que les bureaux de certaines petites villes et villages soient fermés simplement parce que la Banque Postale refuserait de les louer, laissant le service postal à l'abandon. Jusqu'à maintenant, 5000 fermetures ont pu être évitées en faisant financer les bureaux de poste par les communes ou en les faisant sous-traiter par des commerçants. 

Les nouvelles avancées vers la privatisation ne vont faire qu'aggraver la situation. Les objectifs en ont été clairement exprimés dans un rapport du Sénat établi en 2003. Agressivement intitulé « La Poste : le temps de la dernière chance », ce rapport s'inspirait des exemples étrangers, mentionnant qu'au Royaume-Uni, 97 pour cent des bureaux de poste était sous franchise, « pour les petits établissements comme pour les gros », et qualifiant la fermeture d'un quart des bureaux allemands « une rationalisation et une suppression de certains établissements sous-utilisés ». Il demandait également à ce que les services bancaires fonctionnent comme ceux des banques privées, y compris avec un « ajustement automatique des taux d'intérêt ». 

Cinq syndicats de la Poste (la CGT, SUD, la CFDT, FO et la CFTC) appellent à « une journée d'action nationale » pour aujourd'hui, afin de protester contre la privatisation du service public postal. On ne peut accorder aucune confiance à des organisations qui ont un long passé de collaboration avec la privatisation des services et des biens publics. La journée de protestation sert simplement à laisser retomber la pression, c'est le meilleur moyen de contrôler et dissiper la colère qui monte de la classe ouvrière contre le saccage de son niveau de vie et de ses droits par le gouvernement. 


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés