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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Corée : les leçons politiques de l’occupation de Ssangyong

Par James Cogan
21 août 2009

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Le 5 août, des milliers de policiers anti-émeute soutenus par des fiers-à-bras de la compagnie ont assailli l’usine Ssangyong à Pyeongtaek et ont brutalement mis fin à l’occupation de 77 jours des lieux par les ouvriers de l’automobile en défense de leurs emplois. Le lendemain, le syndicat coréen des métallurgistes (KMWU) et la centrale syndicale coréenne (KCTU) acceptaient les dictats de la direction de l’entreprise, à savoir la destruction massive des emplois.

Les conséquences de la défaite de Ssangyong ont déjà été dévastatrices. Avec le redémarrage de la production de l’usine, quelque 2600 travailleurs furent licenciés ou le seront sous peu. Le gouvernement a déclenché une vendetta contre les ouvriers impliqués dans l’occupation en accusant 64 d’entre eux de résistance à agent de la force publique. L’écrasement de la grève a donné le feu vert à d’autres entreprises pour l’application de leurs propres projets de destruction d’emplois, de réduction des salaires et des conditions de vie.

Les leçons de cette expérience amère doivent être tirées par les travailleurs de la Corée du Sud et internationalement. La répression d’Etat de l’occupation de Ssangyong montre que la défense du droit fondamental au travail est une tâche révolutionnaire. En pleine crise grandissante du capitalisme, les droits les plus élémentaires de la classe ouvrière sont incompatibles avec les exigences des grands groupes. Toute lutte pour l’emploi implique obligatoirement une lutte politique, non seulement contre une entreprise individuelle, mais contre le gouvernement, l’élite du monde des affaires et leurs complices dans les syndicats.

L’occupation de Ssangyong avait débuté le 22 mai après que la direction, désignée par les créanciers de l’entreprise, ait annoncé son intention de licencier 36 pour cent des travailleurs pour éviter la liquidation de l’entreprise. Les travailleurs réagirent en prenant le contrôle de l’usine de Pyeongtaek pour exiger qu’il n’y ait pas de transfert de la production de Ssangyong vers d’autres firmes, qu’il n’y ait aucun de licenciement et que tous les salariés bénéficient de la sécurité de l’emploi.

L’occupation avait représenté un défi direct au programme du parti gouvernemental Grand National Party (GNP) du président Lee Myung-bak. Lee tente veut imposer une plus grande « flexibilité » pour le marché de l’emploi (le droit de mettre un travailleur à la porte sans restrictions) et réclame un gel des salaires afin de garantir la compétitivité des entreprises coréennes, notamment par rapport au défi grandissant des concurrents chinois.

Et pourtant, le gouvernement Lee avait hésité pendant plus d’un mois avant de faire intervenir la police contre le mouvement d’occupation de crainte qu’une répression ne déclenchât une rébellion plus vaste compte tenu de la hausse du chômage et de l’aggravation de la crise sociale. Loin de se trouver dans une position de force, Lee est haï de toutes parts. Quelques mois seulement après son entrée en fonction, son gouvernement se trouva au bord du gouffre suite à une éruption de protestations de masse au sujet d’importations de viande de bœuf américain.

Lee doit entièrement aux syndicats coréens d’avoir réussi à maîtriser l’occupation de Ssangyong et à empêcher qu’elle ne devienne un pôle d’attraction pour les autres travailleurs menacés de perdre leurs emplois et de subir des réductions de salaires et de leur niveau de vie. Le KMWU et la KCTU n’avaient aucune divergence d’opinions sur les exigences de la direction de supprimer des emplois en vue de rétablir la rentabilité. L’unique objectif de leurs négociations était de rechercher un compromis en trouvant d’autres postes dans l’entreprise pour les salariés devant être licenciés ou mis à pied indéfiniment en congé non payé.

Les syndicats n’avaient jamais eu la moindre intention de lancer une vaste offensive pour la défense des emplois et des conditions de travail. Au cours de ces trois derniers mois, ils avaient conclu une série d’accords lamentables pour la restructuration des entreprises aux dépens des travailleurs. En mai, les syndicats avaient accepté une réduction de salaire de 20 pour cent chez l’équipementier Shinchang Electrics. En juillet, un accord avait été conclu avec le groupe Daewoo en faillite, faisant partie de GM, visant à geler les salaires de l’ensemble du personnel. Kia Motors cherche actuellement à conclure un accord identique.

La KCTU et ses syndicats affiliés tel le KMWU s’étaient fait un nom à la fin des années 1980, gagnant rapidement en importance malgré leur illégalité lors des luttes militantes menées par les travailleurs pour améliorer leurs conditions de travail et obtenir de meilleurs salaires. Toutefois, leur perspective ne dépassa jamais la lutte contre la dictature militaire et pour des réformes progressistes, en d’autres termes, conformes au programme des démocrates, tel Kim Dae Jung.

Les limitations de ce programme devinrent plus qu’évidentes au milieu de la crise économique qui frappa en 1997-98 les soi-disant tigres asiatiques. Légale à cette époque, la KCTU joua un rôle clé en permettant au président Kim Dae Jung d’imposer les exigences du FMI de restructuration économique, y compris la suppression de l’emploi à vie.

Au cours de ces dernières décennies, les syndicats sabordèrent toutes les luttes importantes des travailleurs, d’abord sous Kim et ensuite sous le président Roh Moo-hyun. Quelque 33 pour cent des travailleurs disposent de contrats de travail occasionnels ou intérimaires en gagnant en moyenne à peine 60 pour cent du salaire d’un salarié à temps plein, et souvent tout juste 3 dollars l’heure. Aujourd’hui, l’économie sud-coréenne est dévastée par la récession mondiale et les syndicats collaborent avec la direction et le gouvernement Lee pour faire passer une nouvelle série de mesures de restructuration.

La transformation des syndicats sud-coréens fait partie d’un processus international. L’intégration mondiale du processus de production au cours de ces trois dernières décennies, et dont la Corée du Sud fait partie intégrante, a miné la perspective réformiste nationaliste du syndicalisme. Ces organisations ne défendent même plus les droits les plus élémentaires des travailleurs, au lieu de cela elles imposent les diktats du patronat qui veut davantage de rentabilité au nom de la sauvegarde de la compétitivité internationale, dans ce cas précis, du capitalisme sud-coréen.

Au cours de l’occupation, les travailleurs de Ssangyong avaient fait preuve de courage et de ténacité. Ils avaient élu leurs propres délégués parmi leurs camarades et s’étaient battus contre les nervis de l’entreprise qui avaient essayé de briser leur occupation. Lors des tentatives entreprises par les syndicats pour arriver à un accord, ils revendiquèrent le maintien de tous les emplois.

Mais ce ne fut pas assez. La grande faiblesse de l’occupation fut son absence d’une perspective politique alternative. Face aux trahisons passées des syndicats, les travailleurs étaient méfiants ou même totalement hostiles à l’égard de leurs dirigeants syndicaux tout en restant convaincus de pouvoir faire plier l’entreprise et le gouvernement à accepter leurs revendications. C’est pourquoi, la direction syndicale fut en mesure d’isoler en grande partie l’occupation en permettant ainsi au gouvernement et à l’entreprise d’organiser leurs troupes pour l’attaque décisive.

Quels enseignements politiques faut-il en tirer ?

D’abord, il n’est pas possible de sauvegarder les besoins les plus fondamentaux de la classe ouvrière sans remettre en cause le système capitaliste existant. Une lutte sérieuse pour la défense des emplois devient rapidement une lutte politique contre le gouvernement et l’Etat capitaliste.

Toutefois, une lutte pour le renversement du gouvernement Lee nécessiterait de faire appel à d’autres sections de la population laborieuse qui sont confrontées à la même crise économique et sociale et pas aux démocrates qui avancent le même programme que Lee.

La lutte contre Lee doit être basée sur une perspective révolutionnaire pour un gouvernement des travailleurs et des paysans qui appliquera une politique socialiste, y compris la nationalisation des groupes automobiles.

Deuxièmement, la lutte pour le socialisme est nécessairement internationale. La récession mondiale a entraîné une profonde crise internationale de l’industrie automobile et qui a attisé une sévère concurrence entre les grands constructeurs en provoquant une nouvelle série de fusions et de restructurations. Les travailleurs sud-coréens doivent rejeter la perspective nationaliste et protectionniste de la KCTU qui monte les travailleurs de la Corée du Sud contre leurs frères et sœurs de classe de par le monde.

Troisièmement, les travailleurs doivent construire de nouvelles organisations et avant tout un nouveau parti. Seul le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI), le mouvement trotskyste mondial, est armé de par son histoire et son programme pour unifier les travailleurs de par le monde dans une lutte pour l’internationalisme socialiste. Nous invitons instamment les travailleurs socialistes, les jeunes et les intellectuels à entreprendre la tâche de construire une section du CIQI en Corée du Sud.

(Article original paru le 18 août 2009)

 

 


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