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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique

La crise électorale iranienne se poursuit alors que les Etats-unis intensifient leurs menaces

Par James Cogan
6 août 2009

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Mahmoud Ahmadinejad sera assermenté aujourd’hui pour son deuxième mandat de quatre ans en tant que président de la République islamique d’Iran, dans des conditions où les divisions au sein de l’élite dirigeante sont aggravées par des menaces économiques et militaires des Etats-Unis.

Les différends existant dans les milieux dirigeants iraniens sont apparus symboliquement à la cérémonie de lundi lorsque le guide suprême du pays, l’ayatollah Ali Khamenei, a appuyé officiellement Ahmadinejad en tant que vainqueur de l’élection présidentielle du 12 juin.

Dans un geste sans précédent, certains des personnages les plus puissants du pays ont boycotté l’événement. Parmi eux se trouvaient les anciens présidents Ali Akbar Hashemi Rafsanjani et Mohammed Khatami ; les candidats à la présidence défaits Mir Hossein Mousavi et Mahdi Karroubri; ainsi que Hassan Khomenei, le petit-fils et l’héritier le plus en vue du fondateur du régime, l’ayatollah Ruhollah Khomenei.

Des dizaines de clercs, de politiciens et de fonctionnaires moins en vue, mais ayant tout de même de l’influence, ont aussi indiqué qu’ils rejetaient la légitimité d’Ahmadinejad en refusant d’assister à la cérémonie.

A la suite des résultats du 12 juin, les partisans de Mousavi, qui défendent un rapprochement avec les Etats-Unis et les autres grandes puissances ainsi qu’une profonde restructuration économique néolibérale, ont organisé des manifestations durant des semaines. Ils ont prétendu que les résultats étaient truqués et ont exigé de nouvelles élections.

Le boycott de lundi indique que la campagne de l’opposition va se poursuivre malgré les appels et les menaces de l’ayatollah Khamenei et ses partisans. La journée précédente, quelque 100 partisans de l’opposition qui avaient été arrêtés au cours des manifestations (y compris l’ancien vice-président Muhammed Ali Abtahi) ont été amenés devant un tribunal télévisé pour « avouer » et déclarer leur loyauté à l’Etat islamique.

Malgré les accusations émanant de l’opposition, il n’existe aucune preuve crédible d’une fraude électorale massive. Ahmadinejad a remporté 60 pour cent des votes, surtout parmi la classe ouvrière et les couches pauvres de la campagne. Souffrant déjà d’un chômage élevé et d’une inflation galopante, des millions d’Iraniens ont craint que les demandes de Mousavi pour d’importantes coupures dans les dépenses sociales empirent leurs conditions de vie. Ils ont voté pour Ahmadinejad en tant que « moindre mal ». Les travailleurs étaient sensiblement absents des manifestations postélectorales subséquentes.

Les partisans de Mousavi proviennent en grande majorité de couches sociales aisées qui espèrent bénéficier des politiques néolibérales et de sections de jeunes qui croient naïvement aux vagues promesses de réformes démocratiques. Mousavi a été appuyé par la famille Rafsanjani qui détient un certain nombre d’entreprises et de vastes propriétés terriennes et par d’autres sections de la grande entreprise iranienne qui veulent mettre fin à leur isolement des marchés, des prêts et des investissements internationaux.

Les Etats-Unis et leurs alliés ont cherché à exploiter la crise politique afin faire pression sur le régime iranien en le poussant à implanter les éléments principaux du programme politique, au pays et à l’étranger, de Mousavi. Ils tentent d’obtenir ainsi un meilleur accès aux réserves de pétrole et de gaz naturel, au marché intérieur et à la considérable main-d’œuvre éduquée et bon marché de l’Iran, ainsi que de l’aide pour consolider les occupations, dirigées par les Etats-Unis, de l’Irak et de l’Afghanistan.

L’appui des puissances impérialistes est un facteur significatif qui encourage la campagne en cours en Iran. Les groupes d’opposition appellent à des manifestations contre la cérémonie d’assermentation aujourd’hui aux principaux marchés de Téhéran et dans les autres villes. Résumant les plans de l’opposition, un candidat défait, Mahdi Karroubri, a dit à un journal espagnol hier : « Nous ne considérons pas ce gouvernement comme étant légitime. Nous allons continuer de protester. Nous ne coopérerons jamais avec ce gouvernement. Nous ne voulons pas lui faire de tort, mais nous allons critiquer ses actions. Nous n’allons l’aider d’aucune manière. »

Les menaces des Etats-Unis contre le régime s’accentuent. Lundi, le New York Times a rapporté que l’administration Obama cherche à rallier le Congrès, contrôlé par le Parti démocrate, et les principaux alliés des États-Unis internationalement afin qu’il appuie un embargo sur les produits pétroliers raffinés contre l’Iran si ce dernier refuse de mettre fin à son programme nucléaire.

Ce geste hautement provocateur menace de faire éclater une confrontation majeure avec l’Iran. Même si l’Iran est un producteur pétrolier majeur, il importe présentement 40 pour cent de sa demande intérieure en pétrole et en essence en raison d’une faible capacité de raffinage. Sans les importations, l’Iran serait acculé au pied du mur.

Le New York Times a encore une fois fait référence à des affirmations non confirmées selon lesquelles la Maison-Blanche avait conclu une entente avec le gouvernement israélien pour que ce dernier attende que soient terminées les rencontres du Conseil de sécurité de l’ONU de septembre avant de lancer une attaque aérienne unilatérale contre les installations nucléaires iraniennes.

Le but de ce délai serait de donner à Washington plus de temps pour lui permettre d’obtenir l’endossement par l’ONU de sanctions économiques plus dures contre l’Iran. Ceci pourrait forcer Téhéran à reculer ce qui aurait pour conséquence de favoriser l’opposition iranienne. Au contraire, toute attaque de la part d’Israël galvaniserait la population de l’Iran derrière la défiance populiste de Khamenei et Ahmadinejad contre les principales puissances.

Dans la période avant le début des sessions de l’ONU, situation rappelant comment l’hystérie d’« armes de destruction massive » en Irak avait été déclenchée, des « sources occidentales des agences d’espionnage » anonymes se sont confiées au Times de Londres, affirmant sans preuve que l’Iran avait la capacité de construire une bombe nucléaire en douze mois.

Le Conseil de sécurité de l’ONU, toutefois, ne supportera probablement pas un train de sanctions plus dures. Tant le gouvernement chinois que le gouvernement russe, conscients que la question nucléaire n’est qu’un prétexte qu’utilisent les Etats-Unis pour augmenter leur influence en Iran, pourraient faire usage de leur droit de veto pour bloquer toute résolution.

De plus, les sanctions, peu importe qu’elles soient endossées par l’ONU ou unilatéralement appliquées par les Etats-Unis et les grandes puissances européennes, devront bénéficier de l’appui de l’armée. L’Iran a menacé à plusieurs occasions de répondre à une telle agression en fermant le détroit d’Hormuz par lequel passent de nombreux pétroliers transportant d’immenses quantités de pétrole du golfe Persique vers l’Asie et d’autres marchés.

Alors que l’administration Obama a offert à l’Iran de négocier avec lui sur la question des programmes nucléaires iraniens, la crise politique à Téhéran diminue de beaucoup la possibilité de voir se réaliser cette offre. Les efforts des Etats-Unis d’imposer des sanctions contre l’Iran ou de voir se réaliser une attaque par l’Israël des installations nucléaires iraniennes pourraient plonger le Moyen-Orient dans une autre guerre.

(Article original anglais paru le 5 août 2009)


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