wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne : devant la complicité des syndicats dans le licenciement de 850 travailleurs de BMW, la colère gronde

Par Niall Green
24 février 2009

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Lundi, à l’annonce de la suppression immédiate de 850 emplois, des centaines de travailleurs de l’usine de Cowley près d’Oxford en Angleterre ont confronté les responsables syndicaux. La confrontation a été filmée par l’un des travailleurs présents et a compté des milliers de visites sur You Tube.

La production de l’usine, qui fabrique la Mini, sera réduite et passera de trois équipes travaillant sur sept jours à deux équipes travaillant sur cinq jours. L’ensemble du travail a cessé jusqu’au début de la semaine prochaine. Le groupe automobile allemand BMW a aussi réduit le travail à l’usine sœur de Swindon et transféré 150 travailleurs à l’usine d’Oxford.

La production à Cowley avait été stoppée durant quatre semaines à Noël en raison d’une baisse des commandes de voitures neuves en Grande-Bretagne et à l’étranger. En décembre déjà, il avait été dit à trois cents travailleurs, recrutés par des agences de travail temporaire, de ne pas retourner à l’usine après la fermeture. Les ventes mondiales de BMW ont chuté de plus de 4 pour cent en 2008 tandis que les ventes de la Mini, tout en augmentant au cours de l’année dernière, ont piqué du nez de 35 pour cent en janvier.

Les 850 travailleurs licenciés à Cowley, presque tous recrutés par des agences, ont été mis à pied lundi matin avec effet immédiatement. La plupart d’entre eux avaient été recrutés par deux agences, Manpower et Right4staff. Tous, à l’exception de 90 travailleurs contractuels de l’usine qui emploie 4300 salariés, ont perdu leur emploi.

Une heure avant la fin de l’équipe de nuit, les travailleurs ont été informés par leurs représentants syndicaux de cesser le travail et d’aller dans un autre bâtiment où l’annonce a été faite. L’entreprise a dit alors aux travailleurs de rendre leurs blouses et leurs cartes d’identité de l’usine sous peine d’être pénalisés par des déductions sur leurs derniers salaires.

En réaction au licenciement, les travailleurs ont férocement critiqué les responsables du syndicat UNITE en jetant sur eux de la nourriture.

Plusieurs travailleurs ont photographié avec leur téléphone portable l’atmosphère de la réunion en montrant l’ampleur de l’hostilité manifestée à l’égard du rôle joué par le syndicat dans les projets de l’entreprise. Un travailleur s’est levé pour dénoncer le syndicat en exigeant qu’il rende les contributions syndicales versées par les travailleurs :

« Nous payons le syndicat. C’est une organisation corrompue. Ils nous ont donné une heure de préavis pour annoncer que nous allons perdre notre emploi dans une crise de crédit. Si vous n’êtes pas capables de nous représenter, nous réclamons l’argent que nous vous avons donné toutes ces années et remboursez nous notre argent [les applaudissements fusent]. Nous allons parler dehors aux médias et nous allons dire à chaque journal, à chaque journal, comment vous nous avez représentés [les applaudissements fusent].

« Nous vous avons demandé hier quelle était notre situation, et vous avez dit ne pas le savoir. »

De nombreux travailleurs contractuels se sont décrits comme étant des travailleurs de « deuxième classe » sans droit à des allocations chômage. Un travailleur contractuel licencié, Roger Freitis, a dit à la presse locale, « Nous avons été là tout le week-end en demandant ce qui allait se passer et ils n’ont rien dit. Et puis, une heure avant la fin, ils nous ont rassemblés pour nous dire que nous allons partir. Pas de chômage, rien, juste une heure de préavis. C’est écoeurant. »

Adam Mason, un travailleur contractuel de 30 ans, a demandé, « Où était le syndicat pendant tout ce temps ? Pourquoi me suis-je donné la peine de payer mes cotisations, ils n’ont rien fait pour nous. »

Un autre travailleur licencié, Bart Hryniow à dit aux médias : « Le syndicat leur a parlé pendant trois semaines et nous on nous le dit une heure avant de partir. Les gens étaient furieux, ils jetaient des œufs et des pommes au syndicat. Tout le monde était très en colère. »

Tony Woodley, le codirigeant d’UNITE, a dit à la presse que la manière dont BMW avait traité les travailleurs était « honteux » en a réclamé une « réunion urgente » avec le patron de l’entreprise.

« La manière dont ces réductions d’effectifs ont été annoncées aujourd’hui est honteuse. Licencier une équipe entière comme ça, en visant des travailleurs contractuels qui n’ont pas droit aux allocations chômage est d’un opportunisme flagrant de la part de BMW et rien moins qu’un scandale », a ajouté Woodley.

Mais les responsables syndicaux savaient de longue date que BMW projetait de réduire l’effectif. Il y a des semaines, le syndicat UNITE avait entamé des négociations avec la direction au sujet d’une réduction de la production et du niveau de l’emploi. Des spéculations au sujet d’une réduction avaient circulé parmi les travailleurs durant le week-end mais le syndicat avait gardé le silence jusqu’à l’annonce de dernière minute des licenciements. S’exprimant sur la vidéo, un représentant syndical a dit à l’auditoire en colère que le syndicat « ne s’excusera pas » pour avoir accepté les réductions des équipes en ajoutant laconiquement c’est injuste pour « vous, les gars ».

En réalité, le syndicat a été impliqué dans un complot avec la direction pour dissimuler la vérité sur la situation des travailleurs et pour empêcher une réaction commune des salariés permanents et des salariés contractuels dont la plupart ont travaillé côte-à-côte pendant des années. Avec la fermeture de l’usine et les licenciements annoncés au dernier moment, ils ont efficacement garanti qu’il n’y aura aucune possibilité pour que les travailleurs se réunissent et discutent des événements.

Quant à l’indignation feinte de Woodley sur le fait que les travailleurs contractuels avaient été visés, UNITE avait supervisé l’accroissement du personnel intérimaire dans l’industrie automobile, trop content d’assister les efforts de la direction de réduire les coûts et d’encourager la production tant que le syndicat continuerait d’engranger les cotisations des travailleurs intérimaires.

L’industrie automobile en Grande-Bretagne tout comme de par le monde est en crise. Jaguar et Land Rover qui appartiennent au groupe multinational Tata sis en Inde ont perdu 2000 travailleurs tandis que Nissan a supprimé, dans le cadre de la suppression de 20 000 emplois de par le monde, une équipe de 1200 travailleurs à son usine de Sunderland.

Les travailleurs contractuels sont habituellement les premiers à être licenciés. Toyota avait annoncé en novembre qu’il réduirait de moitié leur personnel intérimaire en licenciant 3000 travailleurs d’ici mars.

La politique pro-patronale d’UNITE, comme celle de tous les autres syndicats, a produit depuis des décennies un déclin des emplois, du niveau de vie et des conditions de travail, un processus qui a été accéléré par la crise économique. Les industries automobiles qui n’ont pas encore licencié des travailleurs ont réduit la production en réduisant les heures de travail ou en renvoyant les travailleurs chez eux en chômage partiel. Chez Honda, à l’usine de Swindon, 4800 personnes ont été envoyées chez elles pendant 50 jours payés à 80 pour cent du salaire de base. En compensation, à leur retour à l’usine, s’ils retrouvent jamais leur emploi, les travailleurs seront forcés de faire des heures supplémentaires non payées pour compenser.

Ce n’est pas un hasard si le syndicat UNITE s’est présenté devant les travailleurs de BMW en tant que représentants de la direction pour appliquer ses dictats. Le refus des syndicats de défendre même les aspects les plus fondamentaux des intérêts de leurs adhérents est enraciné dans l’opposition organique de ces organisations à développer et à étendre la lutte de classe. Engagée à la défense du capitalisme et des intérêts de l’Etat-nation britannique, la bureaucratie syndicale est un groupe social privilégié dont la richesse et le statut dépendent de son rôle de surveillant de la classe ouvrière au travail.

A cet égard, cela vaut la peine de remarquer le contraste entre l’action menée par le syndicat UNITE à la raffinerie pétrolière Lindsey dans le Lincolnshire au début de ce mois à celle chez BMW.

Dans le cas de la raffinerie pétrolière Lindsey, UNITE fut exceptionnellement actif dans le soi-disant conflit « les Britanniques d’abord » en venant aux piquets de grève, en produisant des pancartes et des affiches et en n’étant que trop disposé à dénoncer ce qu’il décrivait comme des pratiques de concurrence « injustes » auxquelles recourait un sous-traitant italien dans l’usine. C’est parce que sa politique réactionnaire consistant à insister sur l’emploi de « main-d’œuvre locale » ne contredit en rien son rôle dans l’application des intérêts et des exigences du patronat. Au contraire, cela offrait au syndicat l’occasion de faire cause commune avec les employeurs « britanniques » et de battre le tambour pour le protectionnisme économique comme moyen de défense des intérêts du capital britannique en général.

Là, où il ne lui est pas possible de recourir à la mesure bien pratique de faire des travailleurs étrangers le bouc-émissaire pour les réductions d’emploi, comme c’est le cas chez BMW et dans de nombreuses autres industries manufacturières qui imposent actuellement des licenciements, il se tait.

Des organisations telles le Socialist Party et le Communist Party ont soutenu les syndicats dans le conflit « les Britanniques d’abord » en affirmant que c’était une indication que les syndicats étaient prêts à mener une lutte pour le compte des travailleurs, peu importe le caractère diviseur de la revendication.

Mais la colère et l’hostilité des travailleurs de Cowley envers des responsables syndicaux de l’usine donne une véritable idée de l’alignement des forces en présence dans les conflits de classe à venir, avec les travailleurs d’un côté et le gouvernement, les partis capitalistes, les grandes entreprises et leurs laquais syndicaux de l’autre.

Les travailleurs automobiles, tout comme les autres sections de la classe ouvrière, doivent s’efforcer activement de forger l’unité des travailleurs intérimaires et permanents et en solidarité avec leurs homologues de l’industrie automobile en Europe et internationalement au sein d’organisations de base en opposition à la direction d’UNITE et d’autres syndicats. Ce n’est que sur la base d’une politique socialiste que pourra être réalisée la réorganisation de l’industrie dans le but de satisfaire les besoins de la population laborieuse et non des intérêts de profit du patronat et des banques.

(Article original paru le 18 février 2009)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés