Des élections auront lieu dimanche pour le
renouvellement du parlement de Hesse. L’élection se déroule un an seulement
après l’élection précédente. Entre-temps, toute tentative de formation d’un
gouvernement régional viable avait échoué.
Le Parti de l’égalité sociale (Partei für
soziale Gleichheit, PSG) appelle les électeurs à ne voter pour aucun des partis
figurant sur la liste électorale, y compris le Parti social-démocrate allemand
(SPD), les Verts et La Gauche (Die Linke). L’expérience de ces douze derniers
mois a montré que le seul moyen de combattre les conséquences de la crise
capitaliste internationale et les attaques du gouvernement régional de Roland
Koch est de développer une véritable alternative socialiste pour la classe
ouvrière.
Lors des élections régionales, en janvier
2008, l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et son représentant droitier en Hesse,
Roland Koch, avait subi une défaite cuisante. Le parti avait perdu 12 pour cent
des voix par rapport aux élections régionales précédentes et perdu sa majorité au
sein du parlement régional. Ce qui avait signifié que le CDU était incapable de
former un gouvernement régional même avec l’aide de son partenaire favori, le Parti
libéral démocrate (FDP) partisan du « libre marché ».
Les résultats des élections de 2008 avaient
reflété un virement significatif à gauche de la population de Hesse qui ne
voulait plus tolérer les attaques de Koch contre les acquis sociaux ni sa
démagogie droitière.
Depuis sa prise de fonction, qui remonte à
1999 suite à une campagne xénophobe brutale, le gouvernement Koch ne cesse de
perpétrer des attaques, les unes après les autres, contre le réseau de services
sociaux. Il a réduit d’un milliard d’euros les programmes sociaux et poursuivi
une politique de privatisation des hôpitaux, des organismes d’habitation à
loyer modéré et du transport public. Au lieu de tenir sa promesse électorale d’une
« éducation garantie », le gouvernement Koch a appliqué une politique
qui a abouti à des classes surchargées, à une réduction du temps scolaire et à
des droits d’inscription pour les étudiants. Sous le régime de Koch, 250 000
personnes en Hesse sont obligées de survivre du versement d’une allocation
chômage Hartz IV de misère. Un quart des enfants habitant dans la plus grande
ville de Hesse, la métropole financière de Francfort, vivent dans la pauvreté.
Toutefois, l’opposition à Koch souffre de
l’absence d’une perspective politique alternative. De nombreux travailleurs
avaient pensé que la seule réponse à Koch était de voter en 2008 pour le SPD et
sa dirigeante en Hesse, Andrea Ypsilanti. A l’époque, notre parti, le PSG,
avait mis en garde contre cette illusion. Nous écrivions dans notre manifeste
électoral de 2008 : « Les programmes du SPD et du CDU sont
pratiquement les mêmes. C’est ce que montre le fait qu’ils gouvernent ensemble
dans une coalition au niveau fédéral. Si Andrea Ypsilanti devait remplacer le
ministre président de Hesse, Roland Koch, en janvier rien ne changerait
politiquement. »
Nous attirions l’attention sur les profonds changements
survenus au plan international et soulignions que le capitalisme mondial ne
permettait plus d’introduire la moindre réforme sociale : « La
période durant laquelle il était possible d’améliorer la situation sociale sans
mettre en cause le fondement de la société capitaliste est révolue depuis
longtemps. Seule une réorganisation socialiste de la société peut surmonter la
pauvreté, le chômage et le danger de guerre, en exploitant le vaste potentiel
de la technologie moderne pour le bien-être de l’humanité en général. »
Au centre de la campagne électorale du PSG se
trouvait la « construction d’un parti socialiste international qui lutte
contre le danger de guerre, pour la défense des droits économiques, pour
l’égalité sociale et pour l’éradication du chômage et de la pauvreté. »
Cette perspective a rencontré une résistance
féroce de la part de La Gauche dont la campagne électorale dans son intégralité
consistait au remplacement de Koch par Ypsilanti. Avant les élections mêmes, La
Gauche avait offert ses services au SPD en se lançant à son secours avec le
slogan « Koch doit partir » et en assurant Ypsilanti de son soutien
dans la constitution d’une minorité gouvernementale SPD-Verts dans le Land de
Hesse. La Gauche avait entretenu l’illusion qu’il était possible de convaincre
le SPD de revenir à une forme de politique de réformes sociales telle qu’elle
l’avait pratiquée dans les années 1970. Ce faisant, elle cherchait à empêcher
les électeurs de tirer les conclusions de l’évolution droitière du SPD et de se
tourner vers une perspective socialiste.
Sitôt l’élection 2008 passée, La Gauche donnait
au SPD et aux Verts un blanc-seing politique. Alors même qu’il était devenu
clair que le budget de Hesse accusait un déficit de 1,5 milliard d’euros et qui
devait être comblé par une nouvelle série de coupes sociale, La Gauche avait maintenu
sa loyauté sans faille envers Ypsilanti. Le parti était prêt à appuyer toutes
les attaques sociales, tout comme il l’a fait durant ces huit dernières années
en qualité de partenaire du gouvernement régional de Berlin.
Toutefois, les projets pour la constitution
d’un gouvernement minoritaire SPD-Verts soutenu par La Gauche n’ont pas porté
leurs fruits. En novembre, la perspective de La Gauche a fait naufrage quand
quatre députés SPD de droite ont refusé de voter en faveur d’une coalition
SPD-Verts tolérée par La Gauche. Les quatre députés renégats n’ont fait que
raccourcir un processus qui de toute façon était inévitable. Même si Ypsilanti
avait occupé le poste de ministre président du Land, il serait rapidement devenu
clair que sa politique ne représentait nullement une alternative à celle de
Koch.
La politique de La Gauche a cependant rempli
son but dans un sens. Le chrétien-démocrate Koch, dont la carrière politique
semblait finie il y a un an, peut à présent à nouveau espérer récupérer son
poste et continuer à jouer un rôle politique important au niveau fédéral.
L’illusion que le SPD représentait un « moindre mal » et reprendrait
une politique de réformes sociales n’a servi qu’à affaiblir l’opposition contre
Koch en la menant dans une impasse. Il est à présent nécessaire d’en tirer d’importantes
leçons politiques.
Les élections de 2009 en Hesse se déroulent
dans des conditions tout à fait différentes de celles d’il y a un an. La crise
financière internationale s’est transformée dans la pire des récessions depuis
les années 1930. Elle annonce une période d’attaques massives contre les
conditions de vie des travailleurs de par le monde et surtout en Hesse. Le sort
du constructeur automobile Opel, l’un des plus importants employeurs de la
région, est incertain.
Le
CDU tout comme le SPD ont réagi à la crise en opérant un plus grand virage à
droite. Après des années durant lesquelles ils ont réduit les programmes
sociaux en avançant l’argument que les caisses étaient vides, ils débloquent à
présent des milliards d’euros pour couvrir les pertes spéculatives des grandes
banques. Dans le même temps, le ministre fédéral des Finances, Peer Steinbrück
(SPD), et en train de préparer de nouvelles mesures pour s’assurer que les
nouvelles dettes seront à la charge de la population laborieuse.
Toutefois, La Gauche reste déterminée à soutenir le SPD. Lors
de sa réunion électorale, le candidat tête de liste de La Gauche, Willi von
Ooyen, a souligné que l’objectif de La Gauche était d’exercer une pression sur
le SPD pour le faire virer à gauche.
Dans le même temps, le parti La Gauche lui-même s’est déplacé
davantage encore vers la droite. Son président, Oscar Lafontaine, a
publiquement approuvé le plan de sauvetage des banques s’élevant à plusieurs
milliards d’euros et préparé par le gouvernement fédéral. Le président de La
Gauche à Berlin, Klaus Lederer, s’est publiquement prononcé en faveur des
bombardements israéliens de Gaza et, en Hesse, La Gauche exclut les membres du
parti qui ne sont pas prêts à accepter sa totale subordination au SPD.
La Gauche n’est rien d’autre qu’une équipe de secours pour le
SPD. Son principal but est d’empêcher que les travailleurs et les jeunes ne se
tournent vers une perspective socialiste indépendante.
La construction d’une alternative socialiste est plus
pressante que jamais. Le Parti de l’égalité sociale n’a pas présenté ses
propres candidats à l’élection régionale de dimanche en Hesse. Étant donné que 15
élections auront lieu en Allemagne cette année, nous avons décidé de concentrer
nos forces sur les élections européennes qui se dérouleront en été et sur les
élections fédérales qui seront organisées avant la fin de l’année.
Mais nous lançons un appel urgent à tous ceux qui ne veulent
plus accepter le chômage, la démolition des acquis sociaux, les attaques contre
les droits démocratiques et le militarisme : tirez les enseignements de
Hesse ! Participez à la construction d’un nouveau parti ouvrier qui lutte
pour la mise en place d’une société socialiste et la nationalisation des
banques et des grandes entreprises sous contrôle démocratique de la population
laborieuse. Lisez le World Socialist Web Site. Adhérez et aidez à la
construction du Parti de l’égalité sociale, la section allemande du Comité international
de la Quatrième Internationale.