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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les salariés de Télédiffusion de France (TDF) en grève contre des licenciements

Par nos correspondants, 23 juillet 2009

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Les salariés de Télédiffusion de France (TDF) sont confrontés à un plan annoncé soudainement par la direction le 12 juin de licencier 600 salariés sur 2400. TDF est la principale entreprise française de diffusion Radio et télévision (détenant les trois quarts du marché). Elle intervient également sur les relais de téléphone mobile, ayant diversifié ses activités dans de nombreux secteurs des télécommunications et d'autres pays.

La lettre envoyée aux employés et aux médias par le directeur, Patrick Babin, annonce la suppression de 550 "équivalents temps plein" -- soit un peu plus de 600 emplois réels -- notamment en externalisant des services administratifs. Elle invoque comme seul motif le passage à la télévision numérique, qui nécessiterait moins de personnel.

Le passage à la télévision numérique étant prévue de longue date, les salariés jugent que la véritable raison tient aux délais de remboursement des emprunts contractés par des actionnaires privés qui ont acquis des parts de TDF. La crise actuelle laisse supposer qu'ils ne pourront pas être tenus, alors même que l'entreprise continue à générer un bénéfice net de plus de 300 millions d'Euros.

Les salariés étaient en grève les 22 et 23 juin derniers pour s'opposer à ce plan. Le mardi 23 au matin, le taux de grévistes était de 90 pour cent, et 500 à 600 d'entre eux venus de toute la France ont manifesté devant la direction à Montrouge. Prétextant trop de bruit, l'intersyndicale et la direction qui discutaient dans une salle du rez-de-chaussée sont montées dans les étages poursuivre leur discussion.

Selon les informations qui nous sont parvenues, et contrairement à ce qui a été annoncé dans les médias, la direction n'a été séquestrée à aucun moment. Simplement, les salariés inquiets de leur avenir ont profité d'une fausse manœuvre de la porte d'entrée pour pénétrer à l'intérieur, les vigiles laissant faire. En revanche, il est exact que la direction s'était fait livrer des matelas par crainte d'être retenue.

La manifestation s'est ensuite rendue sous la Tour Eiffel et a été rejointe par des grévistes de Radio France International (RFI). Cette chaîne publique de radio mondiale, la troisième la plus écoutée au monde, est confrontée à un projet de suppression de plus de 200 postes sur 1000 mené par la directrice de RFI, l’ancienne présentatrice du jounal télévisé Christine Ockrent, qui est aussi l'épouse de l'actuel ministre des affaires étrangères, Bernard Kouchner.

Le déficit de 8,7 millions d'euros invoqué pour ce plan est presque entièrement dû à des erreurs de gestion de la direction précédente et aux frais du changement de direction. Le mouvement d'opposition des salariés de RFI dure maintenant depuis deux mois.

Pour seul résultat, la direction a annoncé qu’elle « gelait » les emplois. Prétextant que les vacances d'été pourraient rompre l'élan, les syndicats ont suspendu la mobilisation des salariés, ajoutant des promesses d’une action « plus musclée » à la rentrée. Dans leur dernier tract du 3 juillet, ils se proposent de « mettre un terme à ce projet, au moins sous sa forme actuelle, qui met en péril l'entreprise. » et indique que « l'intersyndicale travaillera cet été à la construction de la riposte et vous donne rendez-vous début septembre, d'ici là, restons vigilants. »

TDF était à l'origine une entreprise publique, issue de l’éclatement de l’ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) en 1975. Elle est devenue une SA En juin 1987, l'année où le gouvernement Chirac cédait TF1 à Bouygues. En 1991, le groupe France Télécoms (FT) détenait 100 % du capital de TDF. En 2002 FT cède TDF à un consortium dans lequel elle conserve une participation. C’était le résultat de l'énorme compétition entre opérateurs de télécoms qui eut lieu à l'époque et laissa les compagnies avec une surcapacité massive et d'énormes dettes.

Les 20 premières compagnies européennes avaient une dette totale de 300 milliards de dollars (voir notre article en anglais : Telecommunications layoffs mount worldwide). FT détenait le record : 70 milliards de dollars, avec 15 milliards à rembourser dès l'année suivante FT fut obligée de vendre certaines de ses filiales les plus profitables (et donc les plus chères) et de réduire les effectifs.

Dans les années 80, TDF comptait 4000 employés, l'entreprise a été réduite à l'effectif actuel en l’espace d’une vingtaine d'années sans plan de licenciement, en supprimant des postes au rythme de 9 par mois. Mais il en faut toujours plus aux actionnaires, et pour réduire les coûts, la convention collective est dénoncée, TDF passe de la convention de l'audiovisuel héritée de l'ORTF à celle, globalement moins favorable, des télécommunications.

En novembre 2004, encombré de dettes, France Télécoms a cédé l’intégralité de sa participation résiduelle dans TDF aux autres actionnaires pour 2,3 milliards d'euros. De plus, deux décisions de la Cour Européenne de Justice étaient intervenues contre EDF et risquaient d'être applicable à FT et TDF. L'une sanctionnait comme une entrave à la concurrence le fait qu'EDF bénéficie de la garantie illimitée de l'état pour ses dettes (ce qui le dispensait de s'assurer). L'autre sanctionnait des liens trop étroits entre l'activité de gestion du réseau et celle de production d'électricité, les principes dégagés dans ces arrêts peuvent s'appliquer à toutes les activités de service public.

En 2005, TDF a perdu son statut de diffuseur du service public. Radio France a lancé un appel d'offres pour une partie de ses fréquences FM, bon nombre d'entre elles ont été attribuées à Towercast, du groupe NRJ, le principal concurrent français de TDF. En 2006, TDF annonce une recomposition importante de son capital, avec l'arrivée du fonds d'investissement américain Texas Pacific Group.

Ces prises de participations se font par le mécanisme de Leveraged Buy-Out (LBO), qui consiste à rembourser l'emprunt nécessaire à l'achat d'actions en quelques années en ponctionnant lourdement les finances de la société dont les actions sont acquises. Le résultat est d’habitude l’abandon une grande partie de l'investissement et de la maintenance. En conséquence, le matériel vieillis et les salariés sont confrontés à des exigences de plus en plus importantes, notamment sur les heures supplémentaires.

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