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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Grande-Bretagne : la crise du Parti travailliste

Par Chris Marsden
17 juin 2009

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Des luttes fractionnelles au sein du gouvernement travailliste ont abouti lundi à une impasse après qu’un groupe de rebelles dont le défi avait été encouragé par les médias, a échoué dans sa tentative de forcer le premier ministre Gordon Brown à démissionner de son poste de dirigeant du parti.

Brown a été en mesure de défier ses adversaires lors d’une réunion extraordinaire du groupe parlementaire du Parti travailliste lundi soir. Il y est parvenu en menaçant les MPs (membres du parlement) de la perspective d’organiser des élections anticipées au cas où il serait renversé.

Bien que ceci ne soit pas prescrit par la constitution, le remplacement de Brown aurait beaucoup de mal à se faire sans l’organisation de nouvelles élections. Brown est devenu premier ministre non élu après que Tony Blair a abandonné ses fonctions de premier ministre et le fait d’avoir consécutivement un deuxième premier ministre travailliste non élu, est considéré comme politiquement intenable.

Après avoir tout juste obtenu lors des élections européennes de dimanche dernier le score le plus bas depuis 1910, le parti se trouve dans une situation désespérée, et la tentative de réunir les 70 députés nécessaires à l’élection d’un nouveau dirigeant a lamentablement échoué. Néanmoins, les conflits fractionnels continuent de faire rage et Brown est mortellement blessé. La plupart des commentateurs prédisent une reprise des hostilités lors du congrès annuel d’octobre.

Quoiqu’il s’ensuive, les évènements de ces dernières semaines ont révélé l’ampleur de la décrépitude interne du Parti travailliste (Labour Party) et sa transformation intégrale en une créature politique de l’oligarchie financière.

Les conflits internes au sein de l’appareil du Labour se sont presque entièrement concentrés sur les membres du gouvernement et les anciens ministres. Qu’ils soient partisans de Brown ou plus étroitement liés à l’ancien premier ministre Blair, ils ont tous joué durant plus d’une décennie un rôle clé dans l’application de la politique travailliste droitière et pro-patronale. Aucun de ceux qui se trouvent au premier rang de ces chamailleries fractionnelles ne s’est opposé à la guerre contre l’Irak, à l’invasion de l’Afghanistan ou aux nombreuses mesures antidémocratiques liées à la « guerre contre le terrorisme. »

Le Labour se trouve au bord du précipice électoral précisément parce que des millions de travailleurs se sont détournés du parti, écoeurés après avoir connu des années de trahison. Ils n’ont pas voté pour le Labour parce qu’ils ont conclu que ce parti est autant au service de l’élite financière que l'est le parti conservateur.

Aucun de ceux qui ont critiqué Brown n'a fait la moindre allusion à des préoccupations politiques qui seraient de principe. Au lieu de cela, leurs tirs ont uniquement visé les faiblesses personnelles de Brown en tant que dirigeant du parti en réclamant un retour aux « années dorées du New Labour » sous Blair. Derrière leur hésitation à exposer leurs propres concepts politiques se trouve le fait que leur agenda politique est complètement dicté par les médias droitiers, tel le Daily Telegraph et, avant tout, le groupe de médias News Corporation de Rupert Murdoch.

Bien que Brown ait à l’origine été loué par les grands groupes industriels pour sa volonté de débloquer des milliards de l’argent du contribuable pour le sauvetage des banquiers britanniques, l’économie a continué de glisser davantage dans la récession et la livre sterling a chuté sévèrement sur les marchés des devises. Ceci a conduit de plus en plus à des appels insistants pour la mise en vigueur de mesures d’austérité et de coupes brutales des dépenses publiques, mesures qui nécessiteront des préparatifs en vue d’une confrontation majeure avec la classe ouvrière.

Etant donné que le Labour manque de tout soutien populaire et que Brown est jugé être indécis, les conservateurs, sous la direction de David Cameron, sont loués pour leur annonce d’une « période d’austérité. » Le Telegraph a été à l’origine des révélations sur des remboursements de notes de frais incorrectes de députés et qui ont été utilisées dans le but de discréditer le gouvernement et de forcer l’organisation de nouvelles élections générales. Mais c’est là une arme émoussée qui menace aussi de discréditer les tories et même le parlement.

Toutefois, il semblait y avoir peu de solutions de rechange étant donné que le Labour dispose encore d’une majorité parlementaire significative. Brown n’est pas obligé d'organiser des élections avant mars 2010. Pour surmonter ce problème, des mesures ont été prises en coulisse pour recruter quelques membres influents du Labour afin d’évincer Brown.

Confrontée au risque de perdre le soutien de Murdoch, une section du parti était plus que disposée à accepter. Une campagne a été lancée qui a commencé par critiquer la décision de Brown d’élever la tranche d’imposition la plus élevée à 50 pour cent et s'est poursuivie par une série de démissions, soigneusement orchestrée, de ministres en vue de façon à déstabiliser son mandat au moment des élections communales et européennes. Presque tous les ministres qui ont démissionné ont exclusivement attribué à Brown la responsabilité de l’impopularité massive du Labour.

Le degré de complicité avec Murdoch a été souligné suite au départ du ministre du Travail et des Retraites, James Purnell, dont la lettre de démission a été délibérément divulguée aux journaux de Murdoch, le Times et le Sun qui l'ont publiée.

Le problème pour les conspirateurs, c'est qu’au sein du groupe parlementaire on commençait à se rendre compte qu’on leur demandait de se faire hara-kiri politiquement. Ceci a eu pour conséquence que personne, y compris le successeur favori de Brown, Alan Johnson, n'a été prêt à défier immédiatement le premier ministre. Johnson a même accepté le poste de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement Brown remanié, tout en déclarant aux médias être prêt à devenir le dirigeant du parti à une date ultérieure.

Le rôle le plus significatif dans le sauvetage de Brown a été joué par l’ancien ministre de l’Industrie et des Entreprises, Peter Mandelson. Plus que tout autre, Mandelson peut se vanter d'être l’architecte intellectuel du projet New Labour. Il a compris que, indépendamment des illusions que berçaient les comploteurs anti-Brown, il y avait un enjeu beaucoup plus important que le mandat de premier ministre de Brown.

« Le New Labour, ce n’est pas une question de nouveaux visages. Il s'agit de politique, » a-t-il dit. Mandelson s'est rendu compte que si Brown partait dans les conditions actuelles, c'est le parti lui-même qui en viendrait à se désagréger rapidement. De plus, personne en dehors du cercle étroit de Westminster et des médias, ne croyait que Brown était le seul responsable de la crise actuelle du Labour et qu'il suffirait un nouveau dirigeant pour que le parti puisse espérer se ressaisir.

Afin d’éviter une implosion immédiate et dans le but de gagner du temps en espérant de renouveler l’alliance du Labour avec Murdoch et consorts, Mandelson a rafistolé une alliance de tous ceux qui redoutent un naufrage politique. Son plus grand succès a été de fournir la justification indispensable au soutien de Brown de la part de la soi-disant aile gauche du parti.

Pour cela il a suffi d’une vague promesse d’ajournement de la privatisation projetée de Royal Mail, et ce seulement au cas où les offres étaient inférieures à celles escomptées. Le lendemain, le syndicat des Travailleurs en Communication (Communication Workers Union, CWU) soumettait au gouvernement un moratoire de trois mois sur une action de grève en invalidant les résultats d’un vote de neuf voix contre une en faveur d’un débrayage à Londres.

Mandelson a été nommé premier secrétaire d’Etat. Bien qu'il ne s'agisse que d'un titre honorifique, il implique qu’il se situe au-dessus de tous les autres membres du gouvernement, mis à part le premier ministre. Cet avancement de Mandelson, celui-là même qui avait déclaré que New Labour  « était tout à fait à l'aise » avec l'idée que l'on puisse devenir « indécemment riche », est l'exemple par excellence qui contredit les affirmations selon lesquelles Brown se situerait quelque peu à gauche de ses adversaires.

On a besoin de Mandelson comme figure semi-bonapartiste afin d’empêcher que le groupe parlementaire du Labour ne se désagrège en fractions belliqueuses. Mais ce conflit se déroule entre des éléments qui sont uniformément de droite et qui rivalisent pour obtenir les faveurs des super riches. Ceci suffit à garantir que l’effondrement du Labour continuera à s'accélérer.

Pour la classe ouvrière, le Labour est déjà mort. Une nouvelle direction socialiste est de toute urgence nécessaire pour les travailleurs. Faute de quoi, l’aile droite continuera d’exploiter le vide créé par l’exclusion de la vie politique de la population laborieuse et de ses intérêts.

(Article original paru le 11 juin 2009)


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