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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La faillite de Chrysler

Par Tom Eley et Barry Grey
3 mai 2009

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Ce jeudi, le président américain Barack Obama a annoncé lors d’une conférence de presse que Chrysler, le troisième constructeur automobile américain, était en faillite et se plaçait sous le chapitre 11 de la loi américaine sur la faillite. Obama a déclaré que ce processus permettrait de « sauver des emplois » et serait rapide et sans douleur.

Il n’a fallu que quelques heures pour que ses paroles se révèlent être mensongères. Toutes les usines de Chrysler seront fermées pour la durée du processus de faillite et au moins six d’entre elles sont définitivement fermées. Des analystes ont affirmé que la faillite de Chrysler pourrait traîner en cour et que la compagnie pourrait être liquidée. Beaucoup de travailleurs de Chrysler ne mettront plus jamais les pieds dans leur usine.

Dans ses commentaires de jeudi dernier, Obama a cherché à faire porter le blâme de la faillite à une poignée de fonds spéculatifs et autres détenteurs d’actions qui ont refusé de diminuer la dette de Chrysler. Cela est un écran de fumée. En fait, c’est l’administration Obama qui a mis Chrysler en faillite.

L’administration, en accord avec les Travailleurs unis de l’auto (United Auto Workers, UAW), Chrysler et Fiat, a soulevé la menace de la faillite pour forcer les travailleurs de l’auto à accepter d’immenses concessions. Une fois les concessions acceptées, Chrysler a été soumis au chapitre 11.

Les UAW ont joué un rôle clé dans cette conspiration en empêchant toute résistance des travailleurs.

Dans un communiqué de presse, les dirigeants des UAW n’ont donné aucune explication sur le reniement de leur promesse que l’acceptation de nouvelles et importantes concessions empêcherait la faillite et protégerait les emplois. Ils ont toutefois annoncé que les UAW chercheraient à utiliser les tribunaux de faillite pour officialiser les concessions qu’ils ont réussi à arracher aux travailleurs. « Les UAW vont se joindre au gouvernement américain, à Chrysler et à Fiat pour demander à la cour des faillites des Etats-Unis que les ententes contractuelles ratifiées par les membres des UAW soient immédiatement approuvées », peut-on lire.

Lorsque Chrysler sortira de la faillite, si même il en sort, les UAW en deviendront le principal actionnaire. Les UAW pourraient aussi bientôt avoir 40 pour cent des parts de General Motors, un autre grand constructeur automobile qui envisage déclarer faillite.

Ces événements démontrent que les UAW ne sont plus un syndicat que de nom. Ils sont une entreprise qui tire la plus grande partie de ses revenus de l’augmentation de l’exploitation de ses « membres », en plus des cotisations déduites automatiquement des chèques de paie du nombre décroissant de ceux qui travaillent encore.

La transformation des UAW en une entreprise est le résultat d’un processus historique ayant débuté il y a des dizaines d’années. Cette transformation tire sa source dans la perspective politique de droite sur laquelle sont basés les UAW ainsi que le reste du mouvement syndical officiel.

Dans leur lutte contre la destruction de leurs emplois, conditions de vie et conditions de travail, les travailleurs de l’auto ne trouveront pas d’adversaires plus acharnés que les UAW. Il est essentiel que ces luttes, qui doivent commencer maintenant avec l’organisation de comités de membres de la base indépendants des UAW, soient basées sur les leçons politiques des événements ayant mené au désastre actuel.

Plusieurs aspects de la perspective politique des UAW ont mené à son effondrement et à sa transformation en instrument d’exploitation des travailleurs.

* La défense du capitalisme et l’opposition au socialisme : Dans les luttes de masse qui ont mené à la création des UAW dans les années 1930, les travailleurs les plus militants étaient animés par les idéaux du socialisme. Mais la direction syndicale a très tôt rejeté toute lutte pour une restructuration radicale ou une réforme démocratique de la vie économique américaine, voire une transformation révolutionnaire sur la base de principes socialistes. Après la Deuxième Guerre mondiale, de laquelle les Etats-Unis sont sortis en tant que puissance capitaliste dominante, les UAW se sont ralliés à la campagne de l’élite dirigeante américaine visant à obtenir l’hégémonie mondiale. Ils ont ainsi soutenu la politique de la guerre froide à l’étranger et de la chasse aux sorcières contre les communistes aux Etats-Unis mêmes. Les UAW ont organisé une purge des éléments socialistes et radicaux qui avaient joué un rôle clé dans la création du syndicat.

La bureaucratie syndicale qui s’est consolidée sur cette base réactionnaire a identifié ses intérêts avec la rentabilité des trois grands constructeurs américains. Cela signifie que les emplois et les salaires des travailleurs dépendent entièrement de la suprématie économique et industrielle sans partage des Etats-Unis. Lorsque cette suprématie a commencé à s’éroder, les UAW ont adopté comme politique la collaboration avec les compagnies pour renverser les gains que les travailleurs avaient obtenus dans les luttes précédentes.

* Le nationalisme : L’identification des intérêts des travailleurs avec ceux des patrons est liée au nationalisme. Les UAW rejettent le principe fondamental que les travailleurs de tous les pays sont unis dans une lutte commune et qu’ils ne peuvent défendre leurs intérêts qu’en s’unissant internationalement avec leurs frères et sœurs de classe. L’économie mondiale devenant de plus en plus intégrée et dominée par des compagnies transnationales qui mènent leurs opérations à l’échelle mondiale et cherchent les salaires les plus bas sur la planète, il a été démontré que l’orientation nationaliste des UAW est une impasse pour les travailleurs. Plutôt que faire pression sur les compagnies de l’industrie automobile pour qu’elles fassent des concessions aux travailleurs, les UAW ont plutôt commencé à faire pression sur les travailleurs pour qu’ils fassent des concessions aux compagnies. Les UAW ont cherché à monter les travailleurs américains contre les travailleurs canadiens, mexicains, européens et japonais, insistant qu’ils devaient accepter des salaires moins élevés et l’élimination d’emplois pour que « leurs » compagnies américaines soient plus concurrentielles. La spirale descendante des emplois et du niveau de vie qui en a résulté a mené au désastre que l’on connaît aujourd’hui.

* L’alliance avec le Parti démocrate : Lors des luttes de classe qui ont établi les UAW, comme les grèves d’occupation de Flint et d’autres villes, la direction des UAW a rejeté une lutte pour l’organisation politique indépendante de la classe ouvrière, attachant plutôt les travailleurs au Parti démocrate. C’était là l’expression au niveau politique de sa défense du capitalisme.

Ce soutien a privé les travailleurs de tout moyen de s’opposer de façon efficace à l’offensive que mène la classe dirigeante depuis trente ans maintenant (offensive qui a commencé en 1979-80 avec le sauvetage de Chrysler), tant sous les gouvernements démocrates que républicains.

Cette politique a abouti à l’élection d’Obama, avec le soutien des UAW, et la mise en place d’un gouvernement qui fonctionne comme l’agent direct de Wall Street. L’alliance des UAW avec les démocrates prend aujourd’hui la forme d’un front uni de l’administration Obama et des UAW pour imposer des salaires et des conditions de travail de misère que l’on ne connaissait plus depuis les usines non syndiquées des années 1930.

Il est urgent que les travailleurs tirent les conclusions de toute cette expérience qui a mené à la faillite de Chrysler et à celle imminente de General Motors.

Les travailleurs doivent revenir aux traditions militantes des générations passées. Ils doivent lutter pour jeter les patrons des UAW hors des usines, tout comme les pionniers des syndicats industriels des années 1930 ont rompu avec l’AFL pour organiser la résistance des travailleurs au despotisme industriel et aux conditions de travail de misère. Ils doivent élire des comités d’usines pour organiser des manifestations, des grèves et des occupations d’usine contre les mises à pied, les fermetures d’usine et les concessions imposées par les UAW. Ils doivent faire appel à tous les travailleurs de l’automobile aux Etats-Unis, au Canada, au Mexique, en Europe et en Asie, pour qu’ils s’unissent dans une lutte commune.

Cette lutte est avant tout une lutte politique. Elle doit être guidée par une nouvelle perspective politique. Les travailleurs doivent rompre avec le Parti démocrate et le système des deux partis et lutter pour la construction d’un parti socialiste de masse de la classe ouvrière. Ce n’est qu’avec son propre parti, un parti luttant pour un gouvernement ouvrier que la classe ouvrière peut mettre de l’avant sa solution à la crise économique.

Au cœur de cette politique défendant les intérêts des travailleurs — des emplois stables et des salaires décents, un système de santé, des retraites, la démocratie industrielle et des conditions de travail décentes — se trouve la revendication que l’industrie de l’auto et les banques soient nationalisées et placées sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Il faut lutter pour cette politique socialiste aux Etats-Unis mêmes et à l’échelle internationale.

Il est nécessaire de retirer le contrôle de l’industrie des mains des oligarques financiers pour l’organiser internationalement selon les besoins humains, pas le profit privé.

(Article original anglais paru le 2 mai 2009)


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