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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les travailleurs de Continental manifestent au siège français du groupe

Par Antoine Lerougetel
13 mai 2009

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Usine Continental de Sarreguemines

Les travailleurs de l’usine Continental de Clairoix ont temporairement occupé mercredi 6 mai l’entrée du siège français de la société à Sarreguemines, en Moselle. L’usine de Clairoix du groupe allemand de pneumatiques Continental est l’une des deux usines dont la fermeture est chose décidée.

En début de soirée les travailleurs ont quitté le site de l’usine de Sarreguemines après la promesse que la date d’une réunion entre la direction allemande de Continental et les représentants des syndicats français, d’abord fixée au 27 mai, était avancée au 12 mai.

Il y a une semaine, les travailleurs de Clairoix avaient décidé d’intensifier leur campagne pour la défense de leurs emplois en franchissant la frontière franco-allemande et en appelant à la solidarité de leurs collègues allemands de l’usine Continental d’Aix-la-Chapelle (Allemagne). Plus de 300 travailleurs dans une soixantaine de voitures étaient partis mercredi matin de Clairoix pour retrouver leurs collègues allemands à Aix-la-Chapelle.

La bureaucratie syndicale a cherché coûte que coûte à empêcher cette action. Selon le journal Aachener Zeitung du 5 mai, « Bruno Hickert, le secrétaire du comité d’entreprise européen, a instamment prévenu ses collègues d’user de prudence. “Des échauffourées ne peuvent que nous nuire !” Il aurait tenté de persuader les Français de renoncer à la manifestation en attirant leur attention sur la manière de faire allemande, a dit Hickert… »

Averti de l’arrivée prochaine d’une délégation française, un fort contingent de policiers allemands a été déployé pour protéger l’usine. L’ensemble du vaste parking situé devant l’usine d’Aix-la-Chapelle a été bouclé par la police qui était arrivée dans une vingtaine de véhicules. Un détachement de police montée était aussi arrivé de Rhénanie-du-Nord/Westphalie et une patrouille canine était également présente. Des observateurs de la police contrôlaient toutes les rues menant à la Philipsstrasse où se trouve l’usine d’Aix-la-Chapelle.

Selon le quotidien Libération du 6 mai, le convoi de travailleurs de Clairoix a alors décidé de changer de direction en apprenant la présence de la police à Aix-la-Chapelle, pour se rendre à l’usine Continental de Sarreguemines, près de la frontière franco-allemande.

Le siège social de la filiale française de Continental se trouve à l’usine de Sarreguemines. La direction de l’usine de Sarreguemines a été prévenue de l’arrivée des travailleurs de Clairoix et a enfermé les travailleurs sarregueminois à l’intérieur de l’usine. La police et des unités de CRS ont été appelées pour accueillir les travailleurs de Clairoix qui, réussissant à briser les cadenas de la grille d’entrée, ont pu accéder à l’extérieur du site sans pourtant pouvoir pénétrer dans le bâtiment de l’usine. Des CRS et des policiers avaient également été déployés autour du tribunal et de la sous-préfecture

Le Nouvel Observateur rapporte ainsi l’arrivée des travailleurs de Clairoix à l’usine de Sarreguemines : « Aux cris de On est chez nous et Continental Solidarité, les Conti ont fait sauter vers 11h00 les verrous de la grille d’entrée du site mosellan et pénétré dans l’enceinte. Ils ont échoué en revanche à s’introduire dans les bâtiments de production dont les portes étaient verrouillées ou obstruées par des palettes en acier. Les portes de l’usine ont fini par s’ouvrir pour laisser sortir une centaine d’ouvriers tandis que leurs camarades de Clairoix criaient Libérez nos camarades et La séquestration, c’est pour les patrons." »

Aux dires des travailleurs sarregueminois qui ont rencontré jeudi des reporters du WSWS, des querelles ont éclaté entre des dirigeants syndicaux locaux qui étaient sortis de l’usine en grimpant par les fenêtres et leurs collègues de Clairoix. Le magazine Le Point cite le porte-parole de la CFDT, Jean-Luc Niederlander : « Il n’y a pas eu de concertation. Vous êtes arrivés sans prévenir. »

Hickert aussi se trouvait ce jour-là à Sarreguemines. En apprenant que l’usine était occupée, il a refusé de parler aux travailleurs de Clairoix en exprimant une fois de plus son hostilité à l’égard de la lutte qu’ils mènent. L’agence AZ a ainsi rapporté les propos de Hickert : « Nous n’avons pas l’habitude de faire les choses de cette manière. »

Le but déclaré de l’action des travailleurs de Clairoix à Sarreguemines était l’avancement de la date d’une réunion tripartite entre les syndicats français, la direction allemande et le gouvernement français initialement prévue pour le 27 mai. C’est ainsi que Xavier Mathieu, le représentant de la CGT de l’usine de Clairoix, a dit en s’adressant aux travailleurs : « On est ici et on restera jusqu’à ce qu’on ait obtenu une date plus rapprochée. »

Les travailleurs de Clairoix ont quitté l’usine de Sarreguemines mercredi soir après avoir appris que la date de la réunion avait été avancée du 27 mai au 12 mai.

La CGT quant à elle refuse aussi de mener une lutte sérieuse pour la sauvegarde des emplois. Elle a clairement montré que le seul objectif du syndicat était d’obtenir de meilleures indemnités de licenciement. Bruno Levert, le représentant de la CGT à Clairoix, a déclaré le 6 mai au journal Le Monde qu’il ne croit plus que le gouvernement français puisse trouver un repreneur en déclarant : « Continental ne va pas perdre des parts de marché avec un repreneur. S’ils ferment Clairoix, c’est pour gagner des parts de marché ailleurs en Europe. On veut juste que Continental nous donne ce qu’il nous doit, c’est-à-dire notre plan social. »

Depuis le début de l’année, Continental a détruit 7000 emplois sur un effectif mondial de 133 000 salariés. C’est ainsi que l’usine de Clairoix et l’usine de pneus de camions de Hanovre-Stöcken seront fermées et d’autres suppressions d'emplois ainsi que des fermetures d’usines sont aussi projetées.

La fermeture de Clairoix signifie la perte de 1 120 emplois. Après avoir eu connaissance que le tribunal de Sarreguemines les déboutait de leur demande de suspension ou d’annulation de la fermeture du site, les travailleurs avaient dans un mouvement de colère saccagé une partie de la sous-préfecture de Compiègne (Oise) et une guérite à l’entrée de leur usine. Depuis, une enquête pour « dégradations volontaires graves commises en réunion sur biens d’utilité publique » a été ouverte. Plusieurs membres du gouvernement ont lancé des remarques venimeuses à l’adresse des travailleurs en promettant de faire preuve de plus de fermeté contre une « très petite minorité ».

Le 23 avril, les travailleurs de Clairoix s'étaient rendus à Hanovre en Allemagne où l’usine Continental est également menacée de fermeture. A leur arrivée à Hanovre, la délégation française avait été accueillie avec joie par leurs collègues allemands qui s’étaient rassemblés tôt le matin à la gare principale de Hanovre pour saluer leur arrivée à bord d’un train spécial. Les travailleurs français et allemands avaient ensuite participé à une manifestation commune à travers la ville.

Les travailleurs allemands portaient des pancartes bilingues disant : « Chers collègues de Clairoix, bienvenus à Hanovre », ainsi que : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! » Le contingent français avait été accueilli avec enthousiasme et les travailleurs allemands avaient aussitôt adopté leur slogan : « Tous ensemble, Continental – solidarité ».

(Article original paru le 8 mai 2009)


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