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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le débat sur la nationalisation des banques

Par Barry Grey
3 mars 2009

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Le gouvernement des Etats-Unis a jusqu’à ce jour offert quelque 300 milliards de dollars des contribuables à plus de 400 banques sous le Plan de sauvetage des actifs à risque (TARP) voté par le Congrès en octobre dernier. Ces apports de liquidités ne sont qu’une partie d’un engagement bien plus large de fonds publics, y compris des garanties de paiement, des prêts préférentiels et d’autres subventions dont on estime que le total se situe entre 7 billions $ et 9 billions $.

Malgré cette aide, les pertes des banques américaines s’aggravent et l’on pense qu’elles s’aggraveront davantage avec la récession mondiale qui continue à se développer et le chômage qui monte en flèche, minant des billions de dollars d’actifs adossés à des prêts personnels et au secteur immobilier commercial. Déjà, quatorze banques ont été saisies cette année par les autorités étatiques et fédérales, après la faillite de 25 institutions en 2008. On croit que près de 1000 institutions bancaires vont faire faillite au cours des cinq prochaines années.

L’administration Obama a réagi en annonçant un nouveau plan de sauvetage, pratiquement illimité, qui va probablement demander des billions de dollars supplémentaires aux contribuables. Néanmoins, l’élite financière n’est pas satisfaite, elle qui ne souhaite rien de moins que des garanties à toute épreuve que sa richesse et son pouvoir vont demeurer intacts devant la crise qui a été précipitée par ses propres politiques spéculatives. Les actions des banques ont continué de chuter depuis que le secrétaire au Trésor Timothy Geithner a annoncé le plan de sauvetage financier de l’administration le 10 février.

Face à ce désastre qui continue de s’aggraver, on trouve dans le débat public officiel de plus en plus de discussions sur la possibilité que certaines grandes banques puissent devenir propriétés du gouvernement. La menace de la « nationalisation » fait maintenant les manchettes.

En réponse à cela, l’administration Obama a déclaré à maintes reprises qu’elle privilégiait la propriété privée des banques et exprimé son aversion pour le contrôle gouvernemental. Au même moment, elle s’est vue forcée par la crise financière d’annoncer des mesures qui vont augmenter la participation du gouvernement dans les grandes banques, notamment Citigroup.

Et cela malgré les efforts tortueux de son administration et de celle de son prédécesseur, George Bush, pour structurer le sauvetage des banques de telle sorte que la propriété et le contrôle gouvernementaux soient limités au maximum, afin de protéger les investissements des grands actionnaires et obligataires.

Lundi dernier, l’administration a annoncé un nouveau plan au moyen duquel le gouvernement allait convertir une partie des actions privilégiées qu’il détient dans les banques, que les investisseurs considèrent comme une forme de dette, en actions ordinaires, ou capitaux propres, dans le but de consolider le capital des firmes en difficulté telles que Citigroup et en les soulageant des dividendes, liés aux actions privilégiées, qu’elles doivent au gouvernement. Dans le cas de Citigroup, cela représenterait des économies de 2,25 milliards $ par année.

Au même moment, la déclaration émise par le Trésor, la Réserve fédérale et trois autres organismes de réglementation chercha à rassurer les banques que le gouvernement éviterait de prendre un contrôle majoritaire. On pouvait y lire que « le plan d’aide au capital (Capital Assistance Program) considère fermement que les banques doivent demeurer privées ».

Il est incroyable de constater à quel point les discussions sur la politique gouvernementale se sont concentrées non pas sur les besoins sociaux de la population, mais plutôt sur les questions financières reliées aux intérêts des très riches qui font leur fortune à Wall Street (une minuscule partie de la population). Cela témoigne de la réalité des relations de classe aux Etats-Unis et de la domination d’une aristocratie financière sur chaque aspect de la vie sociale et politique.

Plusieurs économistes et commentateurs libéraux sont parmi les principaux défenseurs de nationalisation temporaire de certaines banques. Leur position est illustrée par le chroniqueur du New York Times Paul Krugman qui a publié lundi un éditorial intitulé « Banking on the Brink » (Les banques au bord du gouffre). Krugman exprime son accord avec un récent commentaire de l’ancien président de la Réserve fédérale Alan Greenspan qui a déclaré : « Il pourrait être nécessaire de nationaliser temporairement certaines banques afin de faciliter une restructuration rapide et ordonnée. »

 « Je suis d’accord », écrit Krugman. Pour défendre l’idée d’une acquisition gouvernementale temporaire, il déclare que « les banques doivent être sauvées… L’effondrement de Lehman Brothers a presque détruit le système financier mondial et nous ne pouvons courir le risque de laisser imploser des institutions beaucoup plus importantes comme Citigroup et Bank of America. »

Sans le mentionner directement, Krugman fait référence au fait que de grandes banques sont insolvables. Il souligne que la valeur combinée sur le marché de Citigroup et Bank of America ne s’élève même pas à 30 milliards de dollars. Jusqu’à maintenant, le gouvernement des Etats-Unis a injecté plus de 90 milliards de dollars des contribuables dans ces deux banques.

Mais il insiste que « la nationalisation à long terme n’est pas l’objectif… les grandes banques seraient privatisées de nouveau dès que possible ». Il suggère même de qualifier de « pré-privatisations », plutôt que « nationalisations », ces acquisitions gouvernementales temporaires.

Il n’y a rien de progressiste, et encore moins socialiste, dans de telles propositions. Ces dernières sont entièrement motivées par le désir de défendre les intérêts de l’élite financière, avançant l’idée que la nationalisation temporaire serait le moyen le plus efficace dans cette optique. En pratique, une telle politique se traduirait par l’utilisation des ressources publiques pour payer les dettes des banques et les ramener à la profitabilité, pour ensuite les remettre entre les mains des intérêts privés, permettant aux directeurs généraux et aux grands investisseurs de reprendre l’accumulation de leurs fortunes privées.

La position de Krugman démontre que le libéralisme est une forme de politique bourgeoise, basée sur la défense du système de profit. Il soutient que l’objectif devrait être de maintenir la propriété privée des banques. Mais pourquoi cela devrait-il être le but d’une politique publique ?

La catastrophe économique et sociale qui englobe le monde est le produit inévitable de la propriété et du contrôle privés du système financier et de l’économie en entier. La crise actuelle est la conséquence de trois décennies pendant lesquelles l’élite dirigeante américaine, dans la tentative de contrer le déclin de la position mondiale du capitalisme américain et la baisse des taux de profit dans l’industrie, a utilisé son contrôle de la finance afin de s’enrichir en détournant les ressources de l’industrie manufacturière vers diverses formes de spéculation financière.

La classe ouvrière a subi un immense déclin dans sa position sociale, alors qu’a émergé une aristocratie financière par la création d’une montagne de dettes et de valeurs artificielles, qui est présentement en train de s’effondrer. Tous les divers plans conçus pour sauver les banques, y compris ceux mis de l’avant par les libéraux qui proposent la nationalisation temporaire, cherchent à faire payer la classe ouvrière pour le désastre.

Le système bancaire est l’expression la plus aiguë de l’anarchie et de l’irrationalité inhérentes au système capitaliste. Il est précisément ancré dans la contradiction entre la propriété privée des moyens de production et de la finance, et le caractère social, mondial, de la production.

La participation croissante du gouvernement dans les banques et la possibilité qu’il puisse se voir forcé de prendre le contrôle de certaines grandes institutions soulèvent des questions fondamentales. Au nom de quels intérêts s’exercera ce contrôle ? Aux dépens de qui ? A quel prix ? Sous le contrôle de qui ? Et dans quel but ?

La crise exige non pas une acquisition gouvernementale temporaire dans le but de sauver les banquiers, mais bien une politique socialiste et révolutionnaire dirigée contre le pouvoir établi et la mainmise sur l’économie de l’aristocratie financière. Ce qui est nécessaire est la nationalisation des banques sans compensation aux grands actionnaires et obligataires, la transformation des banques et des institutions financières en services publics sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière, et la transformation des politiques financières pour répondre aux besoins de la population en termes d’emplois bien rémunérés, de logement, d’éducation, de soins de santé et de retraites sûres, plutôt que pour la quête du profit et l’accumulation de richesses personnelles par une mince couche privilégiée.

Pour entreprendre cette politique, la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière, aux Etats-Unis et internationalement, dans la lutte pour le pouvoir politique est essentielle. Seul un gouvernement ouvrier, un gouvernement de la classe ouvrière et pour la classe ouvrière, implémentera un tel programme.

(Article original anglais paru le 25 février 2009)


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