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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Après le sommet du G20, les divergences subsistent entre les grandes puissances

Par Stefan Steinberg
21 mars 2009

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Le sommet qui s’est déroulé entre les ministres des Finances et des banquiers du G20 n’a réussi à se mettre d’accord sur aucune mesure concrète pour régler le problème de la crise financière internationale grandissante.

La réunion qui s’est tenue vendredi et samedi derniers à Horsham, dans le sud de l’Angleterre, avait réuni les ministres des Finances et les banquiers centraux des principales économies mondiales et qui comptent pour 85 pour cent du PIB mondial. Le but de la réunion était de préparer l’ordre du jour pour le sommet du G20 des chefs d’Etat qui est prévu pour le 2 avril à Londres.

La réunion a débuté par un avertissement lancé par le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, qui a souligné quels étaient les enjeux pour les économies mondiales. Il a dit que 2009 « serait une année très dangereuse. » Les difficultés pourraient « bien continuer jusqu’en 2010, » a-t-il ajouté. « Le risque est d’agir trop peu, trop tard. » La Banque mondiale a estimé que l’économie mondiale se contractera de 1 à 2 pour cent cette année.

Après la conférence de deux jours, le premier ministre britannique, Gordon Brown, et son ministre des Finances, Alistair Darling, qui étaient les hôtes du sommet, ont cherché à présenter les délibérations sous leur meilleur jour. En fait, la réunion a été incapable de mettre en avant la moindre décision concrète ou une quelconque politique pour combattre la crise. Le communiqué final a servi à plâtrer les divisions persistantes concernant la politique économique des différents pays impliqués.

Les principales questions à l’ordre du jour de la réunion étaient : davantage de plans de relance d’envergure mis en œuvre par les principales puissances économiques pour sauver les banques et faire redémarrer les économies qui sont en chute libre ; une régulation des marchés financiers ; et une augmentation substantielle des ressources du Fonds monétaire international pour lui permettre de sauver les pays qui sont au bord de la faillite.

Le communiqué publié par les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales était optimiste en déclarant, « Nous avons engagé des actions décisives, coordonnées et globales pour stimuler la demande et l’emploi et nous sommes déterminés à consentir l’effort soutenu nécessaire pour rétablir la croissance. Nous devons éviter le protectionnisme sous toutes ses formes en maintenant une politique expansionniste. »

Une lecture plus attentive du communiqué montre que les ministres des Finances et les banquiers réunis n’ont pu s’accorder sur aucune des questions majeures.

Les Etats les plus influents n’ont pu trouver aucun accord sur les nouveaux plans de relance et conservent leur droit de prendre leurs propres décisions nationales et de définir leurs propres priorités. Alors que le paragraphe du communiqué concernant la régulation des marchés financiers soulignait la nécessité d’une « régulation renforcée », et d’un « renforcement de la coordination des politiques macro-économiques entre tous les pays, » aucun accord n’a été trouvé sur la formation d’un nouvel organe international pour l’application de la nouvelle régulation.

En ce qui concerne l’augmentation des fonds du FMI, les pays du G20 sont tombés d’accord que les ressources doivent être augmentées de façon « très significative » mais sans s’engager à fournir de nouvelles ressources et sans les chiffrer, aux dires du chancelier de l’Echiquier britannique : « Nous n’avons pas cherché à trouver un accord sur un chiffre. »

Dans son propre article sur la réunion et dans lequel il a cherché à souligner l’harmonie régnant entre les nations rassemblées, le Financial Times a été obligé de reconnaître que « la réunion s’est terminée sans que de nouveaux engagements spécifiques aient été pris et sans qu’un pays ou qu’une banque centrale n’ait été obligée de changer quoi que ce soit à sa politique actuelle selon le communiqué. »

Durant la semaine qui a précédé la réunion du G20, l’on avait assisté à des échanges de propos animés entre des politiciens de part et d’autre de l’Atlantique, avec aux Etats-Unis le gouvernement Obama exerçant une pression considérable sur les gouvernements européens, notamment l’Allemagne, pour qu’ils rehaussent substantiellement leurs plans de renflouement économique.

La réaction de Berlin a été de déclarer que le gouvernement allemand avait déjà adopté deux plans de relance et qui, en termes de pourcentage par rapport à l’économie, étaient comparables aux sommes débloquées par le gouvernement américain. Selon le secrétaire d’Etat au ministère allemand de l’Economie, Walther Otremba, « Nous avons été loués pour l’ampleur et la rapidité de nos programmes. Nous n’avons pas besoin d’en faire plus. »

Dans le même temps, les nations européennes, l’Allemagne en tête, ont formulé leurs propres revendications à l’égard des Etats-Unis pour une plus grande régulation de la finance internationale et des secteurs bancaires.

Un jour avant la réunion du G20 à Horsham, la chancelière allemande, Angela Merkel, avait rencontré le président français, Nicolas Sarkozy, à Berlin pour s’entendre sur une initiative commune. Après la réunion, Sarkozy a fait une déclaration pour exprimer sa solidarité avec Merkel et défier les pressions exercées par les Etats-Unis en faveur de plans de relance plus importants. La question majeure étant « la régulation pour l’avenir, » a dit Sarkozy, « pas les nouvelles dépenses. »

Jeudi soir, après des entretiens aux Chequers, la maison de campagne du premier ministre britannique, Merkel a une fois de plus rejeté tout « plan de relance économique » à court terme en soulignant que toutes nouvelles mesures seraient décidées à Berlin et pas par le G20.

Les commentaires de Merkel ont été repris par la ministre française de l’Economie qui a également participé à la réunion du G20. Lagarde a expliqué qu’il fallait déjà que les Etats « évaluent l’impact des mesures en place » avant d’engager de nouvelles dépenses considérables.

Selon l’Observer, les commentaires de Merkel et de Lagarde ont asséné un sérieux coup aux propositions avancées communément par Brown, qui présidera le 2 avril le sommet du G20, et le président américain Barack Obama dont le gouvernement pense que davantage de mesures fiscales coordonnées de la part des principales économies mondiales sont essentielles à la relance de la demande mondiale.

Des critiques à l’égard de la politique financière de Washington sont également survenues de façon explosive d’une autre source. La veille de la réunion, le premier ministre chinois, Wen Jiabao, avait averti que l’accroissement de la dette américaine menaçait les réserves étrangères de la Chine évaluées à mille milliards de dollars dominés par la dette du gouvernement américain.

L’échec des principales nations capitalistes pour trouver un accord contraignant prouve que les divisions entre les principales puissances, notamment entre les Etats-Unis, l’Europe et la Chine, se creusent rapidement. Il est déjà évident, au vu des délibérations qui ont eu lieu au cours du week-end, qu’il ne reste rien du « Global New Deal » que Brown avait proposé à Obama au début du mois à Washington.

Les implications de ces divisions sont considérables. Dans un commentaire sur le fossé qui se creuse entre les Etats-Unis et l’Allemagne, le magazine Der Spiegel a écrit cette semaine, « La bagarre germano-américaine évoque de mauvais souvenirs pour les économistes. Les Etats américains et européens furent également incapables d’approuver une stratégie commune lors de la crise économique mondiale des années 1930. La conséquence en fut une guerre économique qui ne fit qu’accélérer l’effondrement économique en aboutissant à la Dépression. Il ne faut pas permettre que cela se produise à nouveau, c’est ce que les nations industrielles avaient assuré lors de leur premier sommet qui s’était tenu en novembre dernier à Washington. A présent, toutefois, les fissures s’agrandissent entre les Etats-Unis et l’Europe continentale. »

Der Spiegel oublie de signaler dans les parallèles qu’il voit avec les années 1930 que la solution du conflit économique entre l’Allemagne et ses rivaux, y compris les Etats-Unis, avait entraîné la Seconde Guerre mondiale.

(Article original paru le 16 mars 2009)


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