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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Avec la politique industrielle de la CGT, les travailleurs vont payer pour la crise

Par Pierre Mabut et Antoine Lerougetel
23 octobre 2009

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La journée d'action du 22 octobre, à l'appel de la CGT (Confédération générale du travail) fait partie d'un programme conjoint des syndicats et du gouvernement Sarkozy pour gérer la crise économique aux dépens de la classe ouvrière.

Il s'agit du septième appel des syndicats cette année à une journée nationale d'action. Les millions qui ont répondu présent aux mobilisations du 29 janvier et du 19 mars n'étaient plus que moins de 3000 à Paris le 7 octobre et à peine 2000 à Marseille. Les travailleurs commencent à voir que les syndicats, au lieu de s'opposer à la politique du gouvernement, la défendent au contraire.

La CGT (principale confédération syndicale française, proche du Parti communiste stalinien) prétend que cette journée d'action fait partie d'une campagne contre le chômage. C'est une affirmation totalement fausse. Ses tracts appelant à la mobilisation insistent sur la nécessité d'une politique industrielle « durable » pour l'industrie française. Cela fait partie intégrante d'une initiative conjointe avec le gouvernement, « une très bonne idée de Bernard Thibault [leader de la CGT] » selon Sarkozy, de réunions et de consultations entre les patrons d'industrie, les syndicats et des représentants du gouvernement. Ces réunions et consultations culmineront en février prochain en des états-généraux nationaux visant à établir « une nouvelle politique industrielle pour la France ».

Un élément crucial de la stratégie CGT/Sarkozy est la tentative d'embobiner les travailleurs dans un conflit nationaliste avec leurs frères et soeurs de classe à l'étranger. Le tract pour la journée d'action de la CGT métallurgie commence par une citation de Sarkozy qui a dit qu'« un pays ne pouvait être économiquement fort s'il n'avait pas une industrie forte » et le tract poursuit en dénonçant « les délocalisations ou les nouvelles implantations vers les pays "low costs" ».

La crise mondiale actuelle est la pire depuis le crash de 1929, et peut-être plus grave encore. Elle a fait grimper le nombre de personnes confrontées à la famine dans le monde à un milliard et beaucoup pensent qu'elle n'en est encore qu'à ses débuts. Un rapport de l'Organisation internationale du travail (OIT) publié le 3 juin fait remarquer : « Le dernier trimestre de 2008 et le premier trimestre de 2009 ont vu la chute rapide et synchronisée de l'investissement, de la consommation, de la production et du commerce dans le monde, ce qui a conduit à des suppressions massives d'emplois dans de très nombreux pays. » Le directeur général de l'OIT Juan Somavia a dit que l'expérience de crises passées indique que le retour à l'emploi ne revient qu'après «un retard de quatre à cinq ans. » Le 5 octobre, il a dit aussi : « Pour les gens qui perdent leur emploi, la crise n'est pas terminée. »

Le programme de la CGT n'a pas pour objectif de s'attaquer à ces questions ni de sauvegarder les 100.000 emplois supprimés durant les six derniers mois dans l'industrie automobile française et ses fournisseurs. Il ne cherche pas non plus à empêcher la suppression des 300.000 emplois qui devraient disparaître dans un avenir proche, ni à apporter une réponse à une augmentation de 600.000 du nombre de chômeurs prévus pour 2009. Ce programme cherche à forcer les travailleurs à accepter la destruction de leurs droits et de leur niveau de vie afin de garantir la survie et la compétitivité de l'industrie française et du patronat dans la situation périlleuse de la récession mondiale et la ruée vers les ressources. La CGT se contente d'appeler à des négociations tripartites suivant le projet Thibault/Sarkozy. A aucun moment le tract ne suggère que l'industrie devrait être placée sous le contrôle de la classe ouvrière, en tant que service public, ni ne suggère une lutte conjointe des travailleurs de tous les pays contre la crise.

La guerre de classes menée par Sarkozy contre la classe ouvrière est inséparablement liée à l'intensification de la guerre commerciale et du militarisme impérialiste, représentés par les interventions des forces armées françaises en Afghanistan, en Somalie et ailleurs.

A l'usine Continental de Clairoix cette année, la CGT et d'autres syndicats étaient engagés dans des négociations tripartites avec les patrons et le gouvernement, qui ont conduit à un accord fermant l'usine avec la perte de tous les 1 120 emplois. Présentée comme une victoire, l'accord d'une compensation de 50 000 euros d'indemnité de chômage pour chaque salarié, avait pour contrepartie la garantie des syndicats qu'ils ne mobiliseraient pas contre les licenciements et fermetures d'usines Continental dans toute l'Europe. Cet accord a aussi complètement laissé tomber les fournisseurs de l'usine de Clairoix. Les travailleurs de chez Mollex, Faurecia et Caterpillar peuvent faire état de situations similaires.

En 2007, la CGT et d'autres syndicats de cheminots, lors d'une table ronde tripartite avec la direction et le gouvernement, avaient étouffé les deux grèves nationales de cheminots et négocié la fin du régime spécial de retraite des travailleurs.

La CGT met en avant la nécessité d'augmenter les salaires, les retraites et de réduire la durée du travail. Mais la semaine de 35 heures et les limites statutaires de durée hebdomadaire du travail avaient été volontairement abandonnées par la CGT et la CFDT (Confédération française démocratique du travail, second plus important syndicat et proche du Parti socialiste) dans un accord passé avec Sarkozy et connu sous le nom de « Position commune du 9 avril 2008 sur la représentativité, le développement du dialogue social et le financement su syndicalisme. » En contrepartie, les principaux syndicats étaient parvenus à une collaboration renforcée avec la direction dans les affaires de l'entreprise ainsi qu'à des plans de carrière améliorés pour leurs représentants.

La situation dans l'industrie automobile américaine donne une idée des évolutions se produisant dans le monde entier, y compris en France. La décision du président Obama de permettre à GM de se mettre en faillite et de rétablir ses secteurs profitables après avoir supprimé des dizaines de milliers d'emplois, diminué de moitié les salaires et détruit l'assurance maladie et les retraites des travailleurs, fait partie d'une stratégie consistant à appauvrir les travailleurs et de les rapprocher du niveau salarial des travailleurs des pays asiatiques. Le syndicat américain de l'automobile UAW a négocié ces mesures et obtenu en retour la gestion des retraites des travailleurs, qui ont été converties en actions de l'entreprise, faisant du syndicat un patron majeur des employés de GM, aux côtés d'autres actionnaires.

C'est ce qui attend les travailleurs d'Europe et du reste du monde. Les actions des syndicats en coopération avec le plan de relance de Sarkozy pour l'industrie suivront la même voie. La guerre à l'étranger, en Afghanistan, Irak et peut-être en Iran et l'austérité dans le pays font partie de la même réponse à la crise capitaliste que chaque gouvernement cherche à surmonter par le nationalisme et des mesures protectionnistes, avec l'aide et le soutien des syndicats de chaque pays.

Une couverture de gauche est apportée aux syndicats par le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO). Tous deux ont salué la trahison de Clairoix comme une « victoire. » Le NPA a donné la garantie écrite qu'il n'opposerait pas de critique aux trahisons de la CGT et d'autres syndicats. Après que la CGT eut refusé de se rendre à l'université d'été du NPA, car il s'y trouvait des travailleurs critiques de Thibault (notamment Xavier Mathieu de Continental Clairoix) le NPA a rencontré la CGT le 1er octobre et lui a dit, selon son propre reportage, que « Le NPA a réaffirmé qu'il n'avait pas vocation à se substituer aux syndicats... » et que « Le NPA a tenu à dire à la CGT que sa crainte de construction d’un courant NPA dans la CGT, était sans fondement. L'autonomie des syndicats quant à la défense des salariés va de soi pour le NPA... »

Les syndicats et les partis traditionnels de la classe ouvrière sont complètement complices du gouvernement et du patronat dans le monde entier au moment où la situation des travailleurs et des jeunes est poussée à un niveau de pauvreté pareil à celui des années 1930. La soi-disant « gauche radicale » (NPA et LO) font tout pour maintenir les travailleurs dans le giron des syndicats et du Parti communiste et du Parti socialiste.

Il est nécessaire de construire, en révolte contre ces organisations, des partis de la classe ouvrière qui soient indépendants, armés d'un programme internationaliste pour l'expropriation socialiste de l'économie et sa mise sous le contrôle démocratique des travailleurs. Nous encourageons fortement les travailleurs et les jeunes à mettre en place des comités d'action par la base et qui soient indépendants et à participer avec le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) à la construction de partis en France, en Europe et dans le monde entier.


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