Les postiers doivent
faire face à une campagne coordonnée établie et mise en œuvre par Royal Mail et
le gouvernement travailliste visant à détruire leur mouvement de grève pour la
défense des emplois et des conditions de travail.
La direction a
recruté 30.000 travailleurs intérimaires comme pièce de résistance d’une
opération de main d’œuvre jaune impliquant également des personnels de
direction qui sont membres du syndicat Unite. TNT, le plus grand transporteur
privé de courrier de Grande-Bretagne veut avoir le droit de recourir de façon
permanente à ses propres employés pour distribuer le courrier de porte à porte
en offrant son assistance au gouvernement dans le but de briser la grève.
En raison de la fuite
d’une « Vue d’ensemble stratégique » du groupe postal Royal Mail l’on
a appris qu’ils veulent utiliser la grève comme un « levier » pour
arriver à leurs objectifs, la destruction de dizaines de milliers d’emplois et
l’imposition de cadences de travail élevées en prévision de la privatisation
partielle de la distribution des lettres. La direction veut réduire jusqu’à 40
pour cent le personnel. Quelque 16.000 emplois seraient menacés. Royal Mail a
déjà supprimé 50.000 emplois depuis 2002.
Le gouvernement
travailliste soutient ouvertement cette action de briseurs de grève. Le
ministre britannique du Commerce, Peter Mandelson, a déclaré à plusieurs
reprises qu'il fallait imposer la « modernisation » de Royal Mail. Le
document de Royal Mail qui fut divulgué disait que si le syndicat des
travailleurs britanniques de la communication (Communication Workers Union,
CWU), n’est pas d’accord pour imposer les attaques exigées, il existe « un
soutien de l’actionnaire, des clients et un soutien interne pour
l’application des changements sans
accord ».Le gouvernement est le seul
« actionnaire » de Royal Mail.
Tous les jours les
médias font pleuvoir des articles au vitriol, du jamais vu depuis la grève des
mineurs de 1984-85. Le Financial Times ouvre la voie en réclamant que
les postiers soient défiés et battus.
Même si la grève fera « du mal à
long terme », le journal a insisté que ceci « ne veut pas dire que
les dirigeants de Royal Mail doivent chercher à éviter la grève à tout prix. Il s’agit d’une bataille qu’ils doivent mener,
et gagner. »
Qu’est-ce qui explique la dureté de la
réaction des milieux dirigeants à la grève des postiers ? Son but est de
menacer et d’intimider non seulement les postiers mais les travailleurs de
l’ensemble du secteur public qui sont confrontés à des restrictions budgétaires
s’élevant à des dizaines de milliards, indépendamment de qui gagnera les
prochaines élections générales.
Ce programme est dicté par les principaux
groupes, les banques et les ultra-riches au nom desquels le gouvernement parle.
Le quasi effondrement total du système bancaire l’an dernier n'a été évité que
par l’injection de milliards en argent du contribuable à ceux-là même dont la
spéculation débridée et criminelle a précipité cette crise. Les coûts en sont
massifs, s’élevant déjà à 1,26 mille milliards et l’on estime que des pertes
supplémentaires de centaines de milliards sont encore à venir.
La classe dirigeante, le gouvernement
travailliste et les partis d’opposition sont déterminés à récupérer cet argent
par le démantèlement de services sociaux vitaux, des suppressions d’emplois
massives, des réductions de salaires et par un niveau d’exploitation brutal
pour ceux qui ont du travail. Entre-temps, les marchés boursiers connaissent
une nouvelle flambée et les banques octroient des bonus s’élevant à des
millions, le tout financé par les fonds publics.
La tentative de faire des postiers un exemple
ne peut être combattue sous la direction de la bureaucratie du syndicat CWU qui
ne recherche rien moins qu’un lamentable compromis de façon à pouvoir renouer
ses liens avec la direction.
Depuis qu’il a signé en 2007 l’accord Pay
and Modernisation, le CWU essaie de saboter toute opposition aux projets de
Royal Mail. Pas plus tard qu’en juin,
il a accepté, sous la pression des postiers, d’organiser des débrayages
régionaux et sectoriels de 24 heures comme un moyen de bloquer toute
revendication de grève nationale qu’il ne pouvait en fin de compte plus
refuser.
Royal Mail veut encore gagner à sa position
les bureaucrates du CWU en menaçant leurs privilèges, en supprimant ce que
Mandelson a qualifié de « services et paiement estimés à 20 millions de
livres sterling destinés aux salaires des représentants syndicaux » et qui
sont actuellement alloués pour le travail syndical.
Même lors des négociations de dernière
minute pour empêcher une grève, le vice-secrétaire général de CWU, Dave Ward, a
soumis à Royal Mail « un accord sur trois ans destiné à offrir une
stabilité à long terme pour l’entreprise, les employés et nos clients » à
condition que les changements soient « introduits par accord »
uniquement, autrement dit avec eux.
Si ceci était mis à exécution, les deux
journées d’action prévues le 22 et 23 octobre seront loin d’être une grève
nationale. En vue de limiter leur impact, la première journée laissera se faire
la gestion, l’acheminement et le ramassage du courrier et la deuxième journée
la distribution et le ramassage du courrier. Les articles
marqués « livraison spéciale » et « Royal Mail » seront tout de même expédiés, les bureaux de poste seront ouverts et
Parcelforce [distribution de paquets] fonctionnera normalement.
Le rôle du CWU n’est qu’un aspect du rôle
joué par l’ensemble de la bureaucratie syndicale pour étouffer l’opposition au
programme de coupes brutales opérées à la fois dans le secteur public et privé.
Il n’existe aujourd’hui pas un seul syndicat qui soit prêt à prendre la défense
même du plus petit intérêt de la population laborieuse contre les employeurs et
l’Etat. Au lieu de cela, ils sont des instruments pour discipliner les
travailleurs pour le compte des grands groupes et de l’élite financière.
La lutte contre la privatisation, les
pertes d’emplois, les accélérations des cadences de travail et la destruction
des retraites requiert une rupture organisationnelle et politique avec le CWU
et la formation de comités indépendants de travailleurs coordonnant leurs
efforts avec les travailleurs de l’ensemble du secteur public et qui sont
confrontés aux mêmes attaques.
En premier lieu, la classe ouvrière est
confrontée à une lutte politique contre le gouvernement travailliste,
l’opposition conservatrice et l’aristocratie financière qui cherchent à rejeter
sur le dos de la population laborieuse tous les coûts de la faillite du système
capitaliste de profit.
Le rôle pro-patronal du CWU et consorts
est illustré par leurs efforts continus pour assujettir la classe ouvrière au
Parti travailliste (Labour). Après douze années au pouvoir, la grande majorité
des travailleurs apprécient à sa juste valeur le Labour comme un parti droitier
pro-patronal et ne différant en principe aucunement des Conservateurs.
Le niveau d’opposition au Labour est tel
que le CWU a dernièrement été obligé d’organiser un « vote
consultatif » de ses membres londoniens pour savoir s’il fallait continuer
de financer le parti et qui s’est soldé par un résultat négatif avec 96 pour
cent contre. Ceci a été ignoré et le CWU continue d’encourager le soutien de
quelque 64 députés travaillistes pour « un tiers médiateur » pour
prouver que le parti est encore l’ami des travailleurs.
Les travailleurs doivent rompre une fois
pour toutes avec le Labour et construire un nouveau parti qui défende les
intérêts de classe des travailleurs.
Le capitalisme a fait faillite et ne peut
être réformé. La vie économique et sociale doit être réorganisée selon des
critères sociaux pour que les richesses produites par les travailleurs puissent
servir à satisfaire les besoins sociaux essentiels pour des emplois et des
salaires décents, les soins de santé, l’éducation et les retraites, au lieu de
sauver les spéculateurs et les ultra-riches et financer la machine de guerre
britannique. Nous appelons tous ceux qui sont d’accord avec cette perspective à
rejoindre le Socialist Equality Party (Parti de l’égalité socialiste).