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WSWS : Nouvelles et analyses : Asie

Qui a du sang sur les mains en Afghanistan ?

Par Alex Lantier
5 août 2010

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Des accusations portées par des responsables de l'administration Obama et des médias que le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, et ses sources ont « du sang sur les mains » pour avoir révélé des informations sur les opérations militaires et les informateurs des Etats-Unis en Afghanistan sont de méprisables calomnies. La responsabilité du sang versé en Afghanistan repose sur le gouvernement américain, qui a déclenché la guerre.

Ces accusations sont d'autant plus dégoûtantes que l'administration Obama prépare ouvertement une augmentation de l'effusion de sang par l'armée des Etats-Unis en Afghanistan. Un article paru hier en première page du New York Times était intitulé « Les Etats-Unis se concentrent maintenant sur les assassinats politiques en Afghanistan ». Il faisait les éloges de la Task Force 373, l'escadron de la mort secret dévoilé dans les documents publiés par WikiLeaks, en notant que les « raids du commando » ont tué « plus de 130 insurgés d'importance » durant les cinq dernières semaines.

Les plus récents plans de Washington consistent à tuer en masse pour terroriser la population afghane et forcer sa capitulation. A l'audience de la Commission des affaires étrangères du Sénat de mardi dernier, le sénateur Richard Lugar a expliqué : « Pour que les négociations fonctionnent, nous devons faire preuve de force. Aussi violent que cela puisse sembler, il est essentiel que nous tuions beaucoup de talibans. »

La mentalité fascisante qui sous-tend de tels plans n'est pas différente de celle d'Hitler et de ses hommes de main lorsqu'ils préparaient des guerres et la répression des forces de la résistance en Europe.

Dans le milieu politique dégénéré d'aujourd'hui, les médias - qui ont systématiquement et délibérément masqué les crimes révélés par WikiLeaks - se prêtent à la campagne contre Assange. Lors d'une conférence de presse jeudi dernier, l'amiral Mike Mullen, chef d'état-major interarmées, a déclaré qu'Assange et ses sources « pourraient bien avoir le sang d'un jeune soldat ou d'une famille afghane sur les mains ».

Dimanche, sur le plateau de l'émission « This Week » à ABC, Christiane Amanpour a demandé à son invité, le secrétaire à la Défense Robert Gates, de commenter l'assertion que « le responsable de ces fuites avait essentiellement du sang sur les mains ». Gates a répondu qu'au point de vue de la « culpabilité morale » d'avoir révélé les informateurs afghans qui avaient collaboré avec l'armée des Etats-Unis, « WikiLeaks est coupable ».

Le World Socialist Web Site n'est pas touché par cet appel à la solidarité avec les informateurs et les mouchards de Washington. Nous rejetons avec mépris les tentatives visant à excuser la barbarie du gouvernement américain en Afghanistan en citant la violence de la résistance de la population afghane à l'occupation néocoloniale. Il n'y a pas d'équivalence politique ou morale entre les deux.

Comme le grand marxiste Léon Trotsky l'écrivait dans Leur morale et la nôtre : « Que de méprisables eunuques ne viennent pas soutenir que l'esclavagiste qui, par la ruse et la violence, enchaîne un esclave est devant la morale l'égal de l'esclave qui, par la ruse et la violence, brise ses chaînes ! »

Qui est M. Gates pour donner des leçons à quiconque sur la « culpabilité morale » ? L'homme qui supervise le massacre de masse de la population afghane par l'armée américaine aujourd'hui est un bureaucrate endurci de la terreur d'État. Le livre qu'il a publié en 1996 en sa qualité d'initié de la politique américaine, intitulé à juste titre From the Shadows [Dans les ombres], fait état de son rôle dans les plus grands crimes de l'impérialisme américain dans les années 1970 et 1980.

Analyste de la CIA et collaborateur du conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski durant les années 1970, Gates était un haut fonctionnaire de la CIA dans les années 1980. Il a noté comment la CIA a soutenu la milice UNITA en Angola, responsable pour la mort de dizaines de milliers d'Angolais. Gates a aussi expliqué comment la CIA a miné les ports du Nicaragua pour aider les contras (les rebelles de droite) et a autorisé la rédaction d'un « manuel de meurtre », qui donnait des instructions sur la façon de réaliser les assassinats politiques.

Gates est impliqué depuis le tout début dans la politique criminelle de Washington en Afghanistan. Bien avant l'invasion de ce pays par l'Union soviétique, les Etats-Unis offraient déjà un soutien financier secret aux forces islamistes qui s'opposaient au gouvernement afghan soutenu par les Soviétiques. L'objectif des Etats-Unis, comme l'expliquait un officier de l'armée en mars 1979 dans une réunion que Gates décrit, était « d'entraîner les Soviétiques dans un bourbier comme ce que fut le Viet Nam ».

A cette époque, écrit Gates, les Etats-Unis ont signé des accords secrets avec l'Arabie saoudite et le Pakistan qui visaient à assembler « un pipeline logistique extraordinaire de fournisseurs du monde entier. La table était mise pour la vaste expansion à venir d'aide extérieure, entièrement sous la direction de la CIA. » Comme il est bien connu, la chaîne d'approvisionnement, « entièrement sous la direction de la CIA » comptait dans ses rangs Oussama bin Laden et ses associés politiques. C'est là l'origine du mouvement al-Qaïda, l'organisation qui a réalisé les attaques terroristes du 11-Septembre.

Quand le Kremlin a envahi l'Afghanistan, la CIA a financé et soutenu des milices sous la direction de seigneurs de guerre islamistes d'extrême-droite. Gates sait que cela ne pouvait que finir en désastre pour le peuple afghan. Il écrit : « Personne ne doit avoir d'illusions sur ceux qui s'alliaient politiquement, que ce soit avant ou après la défaite de l'URSS. En tout cas, personne à la CIA n'avait de telles illusions. »

L'Afghanistan est ravagé par la guerre civile depuis. Même si cela n'est pas rapporté dans les médias américains, qui n'ont aucune considération pour une vie afghane, des millions d'Afghans sont morts en conséquence de cette guerre civile.

La campagne médiatique contre WikiLeaks montre l'état de dépravation régnant dans le milieu politique américain. Les médias et l'État ne peuvent pardonner à Assange et ses sources d'avoir eu le courage d'exposer aux yeux de tous les crimes de tout l'establishment politique. La somme des documents que ce site a rendu public donne à la Cour pénale internationale les matériaux dont elle a besoin pour poursuivre les administrations Bush et Obama pour crimes de guerre et les principales personnalités des médias américains pour complicité.

Toutes les accusations contre Assange et ses sources en rapport avec la publication de ces documents doivent être levées et des accusations portées contre les criminels de guerre à Washington.

(Article original anglais paru le 2 août 2010)

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