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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : le gouvernement prépare de nouvelles attaques contre les retraites

Par Kumaran Ira
27 avril 2010

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Le 12 avril, le ministre du Travail Eric Woerth a rencontré les syndicats et les fédérations patronales pour tracer les grandes lignes des nouvelles attaques contre les retraites. Les changements proposés comprennent l'allongement de la durée de cotisation au-delà de 41 ans, limite actuelle pour les travailleurs prenant leur retraite après 2012, et le relèvement de l'âge de la retraite au-delà de 60 ans, probablement à 65 ans. Le gouvernement a aussi annoncé qu'il y aurait d'autres consultations avec les syndicats et les patrons le 22 avril. Il semblerait qu'il espère appliquer cette « réforme » avant la fin de 2010.

Cette « réforme » des retraites fait partie d'une attaque plus vaste contre la classe ouvrière visant à satisfaire les marchés financiers. Des mesures similaires sont prises par les gouvernements de par l'Europe, dont la Grèce, l'Irlande, l'Espagne et le Portugal, suite à la crise de l'endettement de la Grèce. Après le début de la crise économique mondiale en 2008, et le renflouement des banques en France, le déficit budgétaire français est monté en flèche et atteint cette année 8,2 pour cent du produit intérieur brut (PIB.)

Le gouvernement français a présenté au début du mois de février devant la Commission européenne son programme de stabilité pour la période 2010-2013. Il prévoit une réduction du déficit public de 8,2 pour cent à 3 pour cent du PIB d'ici 2013, entraînant une réduction des dépenses publiques de l'ordre de 100 milliards d'euros (soit 135 milliards de dollars US.) Ce programme inclut la réduction des dépenses dans l'éducation et la santé, les retraites et les allocations chômage, ainsi que la réduction des postes dans le secteur public.

Le 14 avril, le Conseil d'orientation des retraites (COR) a publié un rapport prônant des coupes budgétaires face à l'augmentation en flèche du déficit public. Le rapport a souligné un certain nombre de scénarios futurs possibles, selon lesquels le déficit des retraites se situerait entre 72 à 115 milliards d'euros d'ici 2050. Selon le quotidien Le Monde le déficit des retraites cette année devrait atteindre 30 milliards d'euros.

Le gouvernement cherche à utiliser le rapport du COR pour effrayer les travailleurs et leur faire accepter le projet de réforme des retraites, bien qu'une grande majorité de la population s'oppose à ces mesures. Selon un sondage Harris Interactive pour RTL, alors que 80 pour cent de la population estiment qu'une réforme est nécessaire, 56 pour cent rejettent l'idée d'un allongement de la période de cotisation et 60 pour cent s'opposent au relèvement de l'âge légal de la retraite.

Le président Nicolas Sarkozy dont la popularité est en chute libre, propose ces mesures au moment où son parti au pouvoir, l'UMP (Union pour un mouvement populaire) est confronté à une opposition massive face aux effets de la crise économique et de ses mesures d'austérité. Un sondage du 16 avril révèle que 65 pour cent de la population ne souhaite pas voir Sarkozy se représenter pour un second mandat présidentiel en 2012. L'opposition écrasante à sa politique s'est exprimée dans la défaite cuisante de l'UMP aux élections régionales du mois de mars où le Parti socialiste (PS) l'a remporté dans 21 régions sur 22.

Dans de telles conditions, la posture d'opposition à Sarkozy des syndicats est essentielle pour désorienter la classe ouvrière et l'empêcher d'organiser une lutte politique indépendante contre ces attaques. En même temps, les syndicats travaillent en étroite collaboration avec le gouvernement pour négocier et imposer ces attaques.

Après la réunion du 12 avril, les syndicats ont critiqué les attaques contre les retraites qu'eux-mêmes sont en train de préparer dans les négociations avec le gouvernement. Bernard Thibault, dirigeant de la CGT (Confédération générale du travail) proche du Parti communiste, a critiqué le gouvernement pour «refuse[r] de créer les conditions d'un vrai débat sur l'avenir des retraites dans notre pays. » Il a appelé les travailleurs à défiler lors des manifestations du 1er mai pour protester contre cette réforme.

En fait, les syndicats ont joué un rôle clé dans la préparation non seulement des attaques contre les retraites mais aussi du rapport du COR. Comme l'a fait remarquer le premier ministre François Fillon, après la publication de ce rapport, «ce document avait été rédigé par des hommes et des femmes de toutes les sensibilités politiques, syndicales. »

Le COR a été mis en place par le premier ministre socialiste de l'époque, Lionel Jospin en 2000. Les membres dirigeants du COR comprennent des représentants des principaux syndicats, CGT, CFDT (Confédération française démocratique du travail, proche du Parti socialiste), la FSU ( Fédération syndicale unitaire) et FO (Force ouvrière) ainsi que des patrons, des parlementaires, des hauts fonctionnaires et divers experts.

Il faut faire remarquer que Jean-Christophe Le Duigou, représentant en vue de la CGT et ancien secrétaire chargé des retraites est membre du COR. Il avait joué un rôle décisif dans l'imposition des coupes massives contre les retraites des régimes spéciaux dans le secteur public en 2007, lorsque le gouvernement avait augmenté à 41 annuités la durée de cotisation pour les travailleurs du secteur public des secteurs stratégiques tels les transports et l'énergie.

En même temps, la posture d'opposition des syndicats contribue à promouvoir la « gauche » bourgeoise du PS, dont le programme n'est pas foncièrement différent de celui de Sarkozy, comme concurrent pour remplacer l'actuel président.

Dans cette optique, le 14 avril, la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry a écrit une chronique dans Le Monde intitulée «Au-delà  de la réforme des retraites,il faut réussir la révolution de l'âge. » En janvier dernier, elle déclarait son soutien à une attaque contre les retraites et à un relèvement de deux ans de l'âge de la retraite. Comme elle essaie de positionner le PS pour un retour au pouvoir, Aubry prône à présent de conserver l'âge légal de départ à la retraite à 60 ans, cherchant à présenter le PS comme le défenseur des intérêts de la population.

Aubry insiste comme Thibault, le leader de la CGT, pour que Sarkozy négocie ces attaques avec les syndicats: «Le gouvernement cherche à dramatiser pour imposer ses décisions à sens unique dans l'urgence quand il faudrait, comme le demandent les organisations syndicales, prendre le temps d'une véritable négociation pour trouver les voies d'une réforme juste et viable dans la durée. »

Contrairement aux mesures du gouvernement, elle propose quelques mesures alternatives pour compenser le déficit des retraites, telles l'augmentation des taxes patronales et une taxation des stock-options.

La proposition d'Aubry est mensongère; ce n'est un secret pour personne que le PS est un défenseur résolu des intérêts du capitalisme français. Il suffit de se rappeler que juste après sa venue au pouvoir en 1981 le président du Parti socialiste François Mitterrand avait abandonné son programme de nationalisation et imposé de douloureuses mesures d'austérité qui avaient dévasté les industries manufacturières traditionnelles françaises. Sous le gouvernement de la Gauche plurielle (PS, PCF et Verts - 1997-2002) conduit par Jospin, le Parti socialiste avait présidé à la privatisation de nombreuses industries publiques.

Plus largement, le rôle des différents gouvernements socio-démocrates européens n'est pas foncièrement différent de celui joué par les gouvernements conservateurs de droite dans l'application d'attaques brutales contre la classe ouvrière.

L'exemple le plus probant est le gouvernement PASOK de George Papandreou en Grèce, élu en octobre dernier. Papandreou a gagné l'élection avec les fausses promesses de mettre en avant un plan de relance et d'améliorer le niveau de vie des travailleurs. Dès qu'il est arrivé au pouvoir, il a réduit brutalement les dépenses sociales, ainsi que les salaires du secteur public et relevé de deux ans l'âge de la retraite.

(article original paru le 21 avril 2010)

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