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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La crise grecque et la lutte pour les États socialistes unis d'Europe

Par Alex Lantier
28 avril 2010

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Le 22 avril, la grève du secteur public en Grèce a souligné les questions politiques critiques qui se posent aux travailleurs dans leur lutte contre les mesures d'austérité du Premier ministre Giorgos Papandreou. Le gouvernement socio-démocrate du PASOK impose d'énormes réductions des emplois, des salaires, des programmes sociaux et des retraites pour faire payer à la classe ouvrière la dette vertigineuse due par l'État aux banquiers internationaux.

Des dizaines de milliers de travailleurs ont défilé le 22 avril en chantant « plus d'illusions, guerre aux riches. » Des employés de l'administration, des travailleurs de la santé des dockers et des marins ont fait grève, démontrant la colère populaire montante. Dans les sondages récents, 86 pour cent de la population considère les réductions de Papandreou « injustes ».

En dépit de la grève et ne faisant aucun cas de l'opinion publique, la bourgeoisie grecque demande encore plus de sacrifices. Hier, Papandreou a officiellement demandé que l'Union européenne et le fonds monétaire international (FMI) activent leurs plans pour renflouer la grève. L'UE prêterait 30 milliards d'euros et le FMI 12 milliards en échange d'une nouvelle série de réductions de la part de Grèce. Le Financial Times a noté que Papandreou travaillait à « préparer l'opinion publique à de nouvelles mesures difficiles. »

Derrière Papandreou se tiennent les marchés financiers – les créanciers de la Grèce parmi les grandes banques européennes et internationales – qui ne tolèrent aucune expression d'opposition à leurs plans de pillage économique de la Grèce. Ils ont vendu des bons du gouvernement grec durant la grève, faisant monter les taux d'intérêt que paie Athènes pour les nouveaux prêts à presque 9 pour cent. Il est généralement admis que la Grèce va faire faillite si elle continue à emprunter à ces taux.

L'attaque du capital international contre la Grèce est un coup d'essai pour les attaques contre la classe ouvrière à travers toute l'Europe et sur toute la planète. Le coût des emprunts portugais se rapprochant des 5 pour cent, la presse parle de plus en plus de ce pays comme de la prochaine victime des banques – et après le Portugal ce sera le tour du Royaume-Uni ou de l'Espagne.

Le résultat obtenu par les grèves grecques met en lumière l'impasse politique dans laquelle se trouvent les travailleurs, avec les syndicats et leurs alliés de la pseudo-gauche qui travaillent à faire taire et trahir la résistance populaire à l'offensive capitaliste.

Les syndicats protégent Papandreou. Leur objectif est d'épuiser les travailleurs en appelant à des grèves au coup par coup, alors que Papandreou intensifie ses coupes claires.

Le syndicat du secteur privé GSEE a refusé de participer à la grève du 22 avril, indiquant qu'il ne ferait plus de grève jusqu'à une date indéterminée le mois prochain. Le syndicat ADEDY du secteur public a décidé de ne pas organiser de grèves dans les secteurs essentiels, y compris les transports publics et les aériens.

Le Parti communiste stalinien et Syriza, le parti pseudo-gauchiste grec dirigé par Alexis Tsipras, donnent dans l'anti-américanisme effréné afin de faire dévier la colère populaire pour qu'elle ne se dirige pas contre le PASOK et le capitalisme grec et pour bloquer le développement d'une lutte à l'échelle européenne et internationale contre les atteintes aux emplois et au niveau de vie des travailleurs.

Tsipras demande un référendum pour ou contre le plan de sauvetage de l'UE et du FMI. Puisque Syriza insiste pour que les travailleurs restent subordonnés aux bureaucraties syndicales, et qu'ils ne proposent aucune politique à la classe ouvrière pour qu'elle lutte contre le gouvernement PASOK et s'unisse aux travailleurs de toute l'Europe et au-delà, son appel à un référendum laisse aux travailleurs le choix soit de refuser le plan de sauvetage et donc d'accepter la faillite nationale, soit d'accepter les exigences du FMI et de Bruxelles. C'est une manière cynique et sournoise de faire pression sur les travailleurs pour qu'ils acceptent les mesures d'austérité. Cela reflète le soutien de fait de la fausse gauche pour ce plan et les mesures d'austérité brutales qui vont avec.

Dans le même temps, Syriza cherche à concentrer l'opposition aux mesures d'austérité  sur la participation à ce plan du FMI, dont les bureaux sont à Washington,  non sur une base de classe mais pour faire monter le nationalisme grec et un anti-américanisme primaire. Comme si l'Union européenne ainsi que les banques et le gouvernement grecs étaient un tant soit peu moins hostiles aux travailleurs grecs que les banquiers américains !

Dans cette veine, Dimitris Papadimoulis, député de Syriza, a déclaré que le FMI « plane comme un nuage de cendres volcaniques au-dessus de la Grèce, » et Tsipras a  mis en garde contre les « conseillers [de Papandreou] venu d'outre-Atlantique. »

Ce genre de démagogie nationaliste va de pair avec la tentative de décrire Papandreou et le PASOK comme les victimes de forces étrangères, plutôt que les représentants des ennemis les plus directs des travailleurs grecs, à savoir la classe dirigeante grecque. Ceux qui font la promotion de cette ligne politique cherchent à désarmer la classe ouvrière avec des illusions sur la pression populaire qui serait à même de pousser Papandreou à abandonner son programme d'austérité. C'est la voie qui mène à la défaite !

Il y a un vrai risque qu'une telle désorientation de la classe ouvrière n'ouvre la porte à un retour de la domination militaire subie par la Grèce lors de la junte de 1968 à 1975.Il ne peut y avoir aucun doute sur le fait qu'au sein de l'establishment politique grec des plans militaires sont établis pour une telle manœuvre si les syndicats ne viennent pas à bout de la résistance de la classe ouvrière aux coupes claires.

Il n'y a aucune solution réformiste à la crise grecque ni à celle du reste de l'Europe, des États-Unis et du reste du monde d'ailleurs. La logique du capitalisme mondial ne laisse le choix qu'entre révolution et contre-révolution, socialisme ou barbarie.

La question cruciale qui se pose aux travailleurs grecs, qui ont été jetés sur le front de la lutte internationale, est de libérer leur lutte de l'emprise traître des bureaucraties syndicales et des pseudo-gauchistes qui soutiennent les syndicats et de mobiliser leur force indépendamment en s'appuyant sur une stratégie révolutionnaire et internationale.

Au lieu du chômage de masse et de l'austérité, les travailleurs doivent exiger la nationalisation des banques et leur transformation en service publics sous le contrôle démocratique populaire, afin que la richesse sociale puisse être mobilisé pour donner des emplois et des conditions de vie décentes. Cela doit se combiner avec la nationalisation des industries essentielles.

Papandreou et le PASOK préféreraient confier le pouvoir à l'armée plutôt que d'appliquer un tel programme. La tâche politique qui s'impose aux travailleurs grecs n'est pas de faire pression sur le gouvernement du PASOK, mais de le faire tomber et de le remplacer par un gouvernement ouvrier.

La crise ne peut pas non plus se résoudre simplement dans le cadre national de la Grèce. À travers toute l'Europe et dans chaque pays, les travailleurs sont confrontés aux mêmes attaques de la part du même ennemi – la bourgeoisie internationale. En particulier, la crise a révélé l'impossibilité d'unir l'Europe sur une base progressiste, démocratique et égalitaire dans un cadre capitaliste. Face à l'Union européenne des banquiers et des patrons, les travailleurs de Grèce et de toute l'Europe doivent s'unir dans la lutte pour les États socialistes unis d'Europe.

(Article original paru le 24 avril 2010)

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