L'état
américain, ses porte-parole dans les grands médias et ses alliés sur toute la
planète sont engagés dans une campagne internationale de calomnies et de
persécution contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.
Cette
campagne n'a rien à voir avec un hypothétique crime qu'il aurait commis,
puisqu'il n'en a commis aucun. Il est la cible d'une chasse à l'homme
internationale en raison du rôle qu'il a joué dans la révélation des mensonges
et des opérations criminelles des puissances impérialistes du monde entier
– et surtout des États-Unis.
Cette
même criminalité de type mafieux a maintenant déployé toute sa puissance contre
WikiLeaks et le soldat Bradley Manning, qui est accusé d'avoir divulgué
certains documents. Aux États-Unis, les politiciens des deux partis sont unis
dans leur détermination de voir Assange arrêté. Le gouvernement Obama a
qualifié WikiLeaks et ses sources de « criminels, » le procureur général
américain a juré de « boucher la faille [juridique] » en inventant un fondement
pseudo-légal à l'ouverture des poursuites s'il n'en existait pas pour le
moment.
L'ex-candidat
à la présidentielle Mike Huckabee et d'ex-officiers militaires ont exigé la peine de mort pour Manning, pendant que Sarah
Pallin a insisté pour que WikiLeaks soit considéré comme une organisation
terroriste.
Les
associés de Washington à l'étranger ont été aussi loin dans leurs attaques. Tom
Flanagan, ex-conseiller du Premier ministre canadien, a déclaré que Assange
devrait être « assassiné, » qu'Obama devrait « mettre un contrat sur sa tête et
peut-être utiliser un drone ou quelque chose du genre. » Le fait qu'Assange
soit citoyen australien n'a pas empêché Julia Gillard, Premier ministre de ce
pays, de déclarer, sans aucune preuve, que les actions d'Assange étaient «
illégales, » plaçant son gouvernement au service de la chasse à l'homme
américaine.
Assange
risque d'être prochainement arrêté pour des accusations fabriquées de toutes
pièces en Suède. Jeudi, les autorités suédoises ont obtenu un nouveau mandat
d'arrêt pour des allégations d'atteintes sexuelles – invariablement, et
faussement, qualifiées de "viol" dans les grands médias. Ces
accusations avaient au départ été initialement considérées comme tellement
douteuses que le procureur avait décidé de classer l'affaire. Cette décision a
été annulée, cependant, et la Suède a publié jeudi un mandat à Interpol. La
police de Grande-Bretagne – où se trouverait Assange – a promis de
l'arrêter, ce qui pourrait arriver dès aujourd'hui.
Il
ne fait aucun doute que les accusations dont Assange fait l'objet en Suède ne
sont qu'un prétexte pratique pour obtenir sa mise en détention.
En
effet, parmi les documents les plus révélateurs affichés par WikiLeaks
jusqu'ici, il y en a un émanant de l'ambassade américaine en Suède, qui note
les liens étroits de la Suède avec l'armée des États-Unis et « dément la
politique officielle » de non-participation aux alliances militaires. Dans ce
qui a commencé à apparaître comme l'un des grands thèmes des communications
divulguées issues du ministère des Affaires étrangères américain, l'ambassadeur
prévient que ces liens ne devraient pas être révélés parce que cela «
exposerait le gouvernement à des critiques nationales. »
Les
documents obtenus par WikiLeaks – dont seulement une petite fraction a
été publiée pour l'instant – contribuent à révéler au grand jour une
conspiration permanente contre les droits démocratiques de la population
mondiale : de la couverture des bombardements américains de civils au Yémen,
aux manœuvres d'arrière-cour pour empêcher les poursuites contre des
agents de la CIA coupables de torture, à l'espionnage des représentants de
l'ONU en violation des traités internationaux.
Ceux
qui dirigent la campagne contre WikiLeaks sont eux-mêmes responsables
d'atrocités horribles. Face aux affirmations de la ministre des Affaires
étrangères Hillary Clinton selon lesquelles WikiLeaks a mis des vies en danger,
Assange a donné une réponse juste dans un entretien avec le Time magazine.
WikiLeaks, a-t-il expliqué, « n'a jamais fait qu'un individu […] subisse
le moindre dommage physique ou soit emprisonné par erreur etc. C'est
remarquable comparé aux organisations que nous essayons d'exposer et qui ont
littéralement été impliquées dans la mort de centaines de milliers, ou potentiellement
sur de nombreuses années, de millions de gens. »
Cette
criminalité continue, actuellement sous le gouvernement Obama. Un document
publié par WikiLeaks qui a été quasiment ignoré par les médias est pourtant
particulièrement révélateur. À l'été 2009, le gouvernement Obama, allié avec
des dirigeants du Parti républicain, est intervenu pour faire pression sur le
gouvernement espagnol pour faire échouer une enquête sur des tortures commises
par l'administration Bush.
À
un moment, un représentant de l'ambassade américaine, accompagné de
l'ex-président du Parti républicain Mel Martinez, a rencontré le ministre des
Affaires étrangères espagnol en exercice pour insister sur le fait que « les
poursuites ne seraient pas comprises ni acceptées aux États-Unis et auraient un
effet énorme » sur les relations américano-espagnoles. Ces poursuites ont été
rapidement abandonnées.
Si
les actions de WikiLeaks ont aidé à révéler, en temps réel, les mensonges du
gouvernement américain, elles ont également révélé le rôle des grands
propagateurs de ces mensonges : les médias américains. Pendant des décennies,
le gouvernement américain a cultivé les médias au point qu'ils s'infligent
eux-mêmes la censure par habitude, qu'ils n'ont pas honte de se qualifier
eux-mêmes d'« enrôlés » (« embedded ») dans telle ou telle unité ou
autre corps de l'Etat.
Les
grands journaux épurent régulièrement des articles majeurs en consultation avec
la Maison-Blanche et le Pentagone, retardant la sortie des reportages qui
pourraient être politiquement dommageables. Maintenant, ce qui est censé être
une obligation centrale des médias – révéler les secrets du gouvernement
et fournir des informations à la population – est traité par les médias
eux-mêmes comme une entreprise criminelle.
Les
grands médias ont été inquiétés depuis longtemps par le potentiel d'Internet à
permettre aux gens d'accéder à une information non filtrée par les canaux
officiels. Il ne fait aucun doute que les révélations de WikiLeaks alimenteront
la campagne du gouvernement américain pour affermir son contrôle sur les
réseaux informatiques.
Le
site Web de WikiLeaks a déjà été la cible d'attaques répétées l'empêchant de
fonctionner, dont l'origine est suspecte. Au cours d'une tentative pour
remettre en service le site, WikiLeaks a loué des serveurs à Amazon. Mercredi,
Amazon a empêché WikiLeaks d'utiliser ses serveurs, apparemment sous la
pression d'officiels américains et de l'ex-Démocrate devenu indépendant, le
Sénateur Joseph Lieberman, président du Comité à la sécurité intérieure.
La
persécution étatique contre Assange - soutenue avec enthousiasme par les grands
médias – est une expression du déclin profond de la démocratie aux
États-Unis et sur toute la planète. Les gouvernements du monde entier, à la
suite des États-Unis, mènent des politiques profondément impopulaires –
le renflouement à plusieurs milliers de milliards de dollars des institutions
financières, les exigences sans cesse renouvelées d'austérité sociale ainsi que
la guerre et le pillage mondial qui s'étendent.
Les
proclamations répétées sur la nécessité du secret, que WikiLeaks a violé en
publiant des documents gouvernementaux, émanent fondamentalement du conflit
irréconciliable entre les intérêts sociaux que ces gouvernements représentent
et les besoins et aspirations de la vaste majorité de la population.
La
persécution d'Assange et la tentative de faire taire ces révélations ne sont
pas simplement une menace contre un individu particulier. Les méthodes employées
contre WikiLeaks seront utilisées contre toute opposition à la politique de
l'aristocratie financière et patronale.
Le
World Socialist Web Site exige une fin immédiate de la campagne contre
WikiLeaks et Julian Assange. Tous les documents que WikiLeaks a en sa
possession devraient être publiés et révélés au grand jour.
En
dernière analyse, la chasse aux sorcières hystérique contre Assange et
WikiLeaks n'est pas un signe de force de la part de l'élite dirigeante
américaine et de son Etat, mais plutôt un signe de ses craintes et de ses
faiblesses. Intensément consciente de la crise et de l'instabilité du système
politique et économique, ils craignent que les révélations de crimes étatiques
ne fassent qu'alimenter l'irruption inévitable d'une opposition massive de la
classe ouvrière à leur politique réactionnaire aux États-Unis et de par le
monde. C'est ce mouvement émergeant de luttes sociales à l'échelle mondiale qui
doit prendre fermement la défense d'Assange, de WikiLeaks et de tous ceux qui
cherchent à révéler au grand jour les crimes et les conspirations de
l'impérialisme.