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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Des banquiers provocants au Forum économique mondial de Davos

Par Stefan Steinberg
13 février 2010

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Deux ans après le début de la plus importante crise financière qui ait frappé le capitalisme mondial depuis les années 1930, les principaux banquiers internationaux ont clairement fait savoir la semaine dernière lors du Forum économique mondial à Davos en Suisse qu'ils résisteraient à toute tentative de restreindre les pratiques spéculatives qui avaient contraint les gouvernements à se lancer dans des niveaux d'endettement sans précédent et entraîné la perte de millions d'emplois.

Les signes avertisseurs d'une « double » récession, d'une guerre économique et de la faillite de pays entiers ont constitué la toile de fond du sommet annuel de Davos où les principaux banquiers et chefs d'entreprise du monde débattent depuis près de 40 ans avec des politiciens et des économistes de leurs stratégies commerciales.

La crainte d'une guerre économique imminente entre les Etats-Unis et la Chine fut nourrie par les commentaires faits à Davos par Larry Summers, le conseiller économique du président Obama. Lors d'un débat avec Zhu Min, le vice-gouverneur de la banque centrale chinoise, Summers a attaqué la politique commerciale et monétaire de la Chine, faisant la mise en garde que les Etats-Unis étaient prêts à réagir en intensifiant les mesures protectionnistes.

En signalant les conséquences des énormes sommes de monnaie injectées dans l'économie par les gouvernements de par le monde, le professeur d'économie à l'université de Harvard Kenneth Rogoff, a carrément déclaré que pour ceux qui sont aujourd'hui dans leur trentaine, « ce sera terrible. » Parlant de l'énorme endettement de l'économie allemande, Rogoff dit à un jeune Allemand présent au forum que la dette de l'Allemagne était en train d'exploser et qu'il n'y avait pas d'alternative aux mesures d'austérité et à de sensibles augmentations d'impôts. « Ce sera très, très douloureux », a ajouté Rogoff.

La réponse des banquiers présents à la conférence aux résultats catastrophiques de leurs propres activités fut de serrer les rangs pour défendre leurs profits et des bonus s'élevant à des millions et des millions de dollars. La leçon la plus importante que les hauts barons de la finance ont tirée des événements de ces deux dernières années est qu'ils peuvent compter sur le soutien inconditionnel de leur gouvernement respectif pour les tirer d'affaire.

Cette attitude fut résumée lors d'un débat entre le cofondateur du Carlyle Group LP, David Rubinstein, et le professeur d'économie à l'université de New York, Nouriel Roubini. Rubinstein a dit : « Nous avons subi une légère crise cardiaque et les crises cardiaques ne sont plus mortelles et donc nous avons appris beaucoup de choses. »

Pour Rubinstein, la leçon est que, suite au soutien gouvernemental, les occasions de spéculer n'ont jamais été aussi bonnes. Il a déclaré que la situation était à présent « très attrayante » pour investir et se vanta de ce que les affaires conclues en 2009 par son groupe d'investissement « se révèleront être les meilleures qu'il ait faites durant toute cette décennie. »

L'un des points majeurs de la discussion à la réunion de Davos furent les propositions de réguler certaines des activités du secteur banquier, telles celles mises en avant par Obama. Les banquiers savent parfaitement bien que de telles propositions laisseront intactes des pans entiers des activités spéculatives et qu'elles ne sont destinées qu'à calmer l'opinion publique. Comme le soulignait un commentateur américain, toutes les propositions limitant les activités des banques « ont autant de chance d'être adoptée au Congrès que les politiciens d'aller au ciel. »

La conférence de Davos a débuté par un discours du président français Nicolas Sarkozy qui a soulevé la question de la régulation internationale des banques. Sarkozy a critiqué la cupidité des banquiers en exprimant son accord avec la proposition du gouvernement Obama d'interdire aux banques de dépôt de spéculer pour leur compte. Il avait réclamé un nouveau système de Bretton Woods se référant aux accords internationaux qui avaient fermement assis la suprématie économique des Etats-Unis à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Sarkozy s'est donné beaucoup de mal pour montrer que sa priorité était de sauver le capitalisme et non pas de l'enterrer.

Le bruit fait par le président français n'est pas pris au sérieux par les représentants de la finance. A la question posée à Jacko Maree, PDG du Groupe américain Standard Bank, pour savoir ce qu'il pensait des remarques de Sarkozy et des propositions d'Obama, il a répondu qu'« une quantité de ces propositions sont politiquement attrayantes mais leur concrétisation est plutôt impossible. »

L'offensive des banquiers à Davos a été menée par Josef Ackermann, le président du directoire de la plus grande banque allemande, Deutsche Bank, et par Peter Sands, PDG de la banque Standard Chartered, l'une des plus grandes banques britanniques.

Ackermann a dit lors d'une discussion-débat qu'il était temps de cesser ce jeu « d'incrimination mutuelle ». Dans une menace à peine voilée que les grandes banques pourraient réduire davantage leur crédit, Ackermann a lancé cet avertissement : « Si vous n'avez pas un secteur financier fort pour soutenir cette relance. vous faites une grave erreur que vous regretterez plus tard. »

Les commentaires d'Ackermann furent réitérés par Sands. A la question de savoir s'il soutenait les mesures pour morceler les banques jugées actuellement « trop grandes pour faire faillite » par les gouvernements, Sands a dit « La réponse catégorique est non. »

Au cours de la conférence, Ackermann a participé à une réunion de directeurs de banques pour discuter d'une stratégie commune pour repousser toute restriction à leurs activités. Samedi, lui et d'autres banquiers influents se sont rencontrés pour avoir des discussions confidentielles avec les ministres des Finances de France et de Grande-Bretagne, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet et le directeur général du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn. Etait également présent le député du Congrès, Barney Frank qui est président de la Commission des services financiers de la chambre.

Tout en refusant de révéler le moindre détail des pourparlers, Ackermann a loué l'esprit de coopération qui a régné en déclarant, « Le dialogue entre les hommes d'affaires, les dirigeants politiques et ceux des autorités de régulation n'a jamais été aussi bon. »

Deux jours après le forum de Davos, l'Autorité allemande de surveillance des marchés financiers (BaFin) a levé l'interdiction de la pratique des « ventes à découvert » en Allemagne. Cette forme particulière de spéculation avait été interdite par la BaFin en septembre 2008 suite au déclenchement de la crise financière internationale.

Le degré d'arrogance affiché par les banquiers à Davos n'est égalé que par leur mépris pour une caste politique entièrement soumise à leurs exigences. Les discussions privées qui ont eu lieu à Davos ont clairement montré que toutes les mesures projetées par les gouvernements capitalistes pour réguler les activités bancaires ne seront que du trompe-l'oil.

 Ces deux dernières années ont montré l'énorme influence politique et socialement destructrice des banques et des grandes institutions financières. Une profonde catastrophe sociale ne pourra être évitée qu'en expropriant les oligarques financiers et en transformant les banques en services publics sous contrôle démocratique de la classe ouvrière et constituera une partie intégrale de la réorganisation de l'économie mondiale sur des fondements socialistes.

(Article original paru le 4 février 2010)

A voir aussi :

Les banquiers européens exigent des mesures d'austérité sans précédent


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