wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Le congrès de la CGT confirme son orientation à Sarkozy

By Anthony Torres and Alex Lantier
9 janvier 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Du 7 au 11 décembre s'est tenu le 49e congrès de la Confédération Générale du Travail (CGT), le principal syndicat français historiquement lié au Parti Communiste Français (PCF) stalinien. Bernard Thibault a été réélu pour un mandat de 3 ans comme secrétaire général de la CGT -- poste qu'il occupe depuis 1999.

Le but du congrès était de confirmer la politique de collaboration étroite entre Thibault et le Président Nicolas Sarkozy, poursuivie depuis le début du mandat de ce dernier.

La principale difficulté était de préserver un faux-semblant d’opposition sans menacer les liens que tisse la CGT avec les milieux conservateurs. Ainsi la CGT est revenue sur sa décision d'inviter François Chérèque, secrétaire général de la Confédération Française et Démocratique du Travail (CFDT), la centrale conservatrice proche du Parti Socialiste (PS). Thibault a expliqué: "Il est plus que probable que sa présence aurait servi de défouloir à une petite partie des délégués."

La CFDT a déclaré: "Ce regrettable contretemps ne doit pas altérer les relations entre les deux secrétaires généraux et la démarche de dialogue intersyndical engagée depuis le début de 2009."

Pour la première fois depuis 1947, il y a eu une candidature alternative au poste de secrétaire général: Jean-Pierre Delannoy, ancien du PCF et responsable de la métallurgie du Nord Pas-de-Calais, présenté par le collectif Où va la CGT. Ce collectif, selon Delannoy, regroupe des forces de toutes les couleurs politiques: "Autour de moi j’ai découvert qu’il y avait des gars du NPA, de LO, des maoïstes, des camarades du parti, et même des sympathisants socialistes."

Les statuts de la CGT ont cependant bloqué sa candidature, qu'il avait posée tardivement.

Le rôle de Delannoy est de canaliser le mécontentement des salariés contre Thibault, tout en évitant de faire une critique de principe des rapports entre Sarkozy et la CGT. Ainsi, il a déclaré au magazine Challenges: "Qu’un secrétaire général ait des rapports avec le gouvernement et le président c’est une chose, mais quand 400.000 emplois sont supprimés en un an, quand les salariés de Freescale, de Caterpillar, de Continental, et d’autres entreprises sont victimes de plans de licenciement massif, à un moment donné il faut être près de ceux qui souffrent. Rien n'a été fait dans ce sens."

L’opposition de Delannoy n’a eu aucun effet marquant sur le congrès. Les textes d’orientation proposés par la direction sortante ont reçu le soutien de majorités allant de 70 à 80 pour cent, et la nouvelle commission exécutive a été élue par plus de 90 pour cent des mandats. C’est "un score jamais atteint depuis de nombreux congrès," a fait valoir la présidence du congrès.

Ces scores confirment que les sections décisives de l'appareil cégétiste soutiennent fermement la politique de Thibault, qui est devenu un des principaux soutiens de la politique bourgeoise en France.

L’allégeance de la CGT au capitalisme n'est certes pas nouvelle, car la CGT a servi de bras droit au PCF lorsqu'il trahissait les grèves générales de 1936 et 1968. Après la chute de l'URSS, la CGT a quitté la Fédération Syndicale Mondiale (FSM, sous influence stalinienne) rejoignant la Confédération Européenne des Syndicats--dominée par des syndicats ouvertement pro-capitalistes tels la CFDT

Cependant, l'élection de Sarkozy en mai 2007 a marqué une nouvelle étape dans l'intégration de la CGT dans la stratégie de l'Etat.

Le pouvoir de Sarkozy s'appuie directement d'un côté sur les syndicats, et de l'autre sur le nationalisme d'extrême-droite. Plus encore que les efforts de Sarkozy pour capter l'électorat du Front National néo-fasciste, ce nationalisme est véhiculé par le PCF, le NPA, et d'autres forces de la prétendue "gauche," qui soutiennent plus ou moins activement la guerre en Afghanistan et une loi contre la burqa en France. Le rôle de la CGT est de projeter un faux-semblant d'opposition, préparé avec l'aval du gouvernement, et ainsi d’empêcher tout mouvement d'opposition politique.

Les dessous de cette coopération ressortent dans la presse, notamment dans l'hebdomadaire Marianne. Dans un article de 2007, "Pourquoi Sarkozy veut sauver la CGT de Bernard Thibault," Marianne détaille les relations nouées en 2004 entre Sarkozy (alors Ministre des Finances) et Thibault, lors d’une réforme d’EDF-GDF préparant sa privatisation.

En menaçant de dévoiler "la gestion du trésor des oeuvres sociales du comité d'entreprise," c'est-à-dire les fonds fournis à cet effet par EDF-GDF et que la CGT utilise dans les faits comme une caisse noire, Sarkozy découvre que Thibault préfère "une concession limitée." Après "quelques mois de conflits bien encadrés, un modus vivendi est trouvé: le statut de l'entreprise change, mais ... la promesse (trahie depuis!) est faite que l'Etat demeure à jamais majoritaire dans le capital d'EDF-GDF."

Sarkozy s’est souvenu de cette précieuse collaboration avec Thibault après son élection -- notamment pour trahir la grève des cheminots contre la réforme des retraites en automne 2007. En acceptant le principe de 40 ans de cotisation et de la décote, remarque le conseiller de Sarkozy, Claude Guéant, "Thibault a fait en sorte que la crise puisse se dénouer dès le premier jour." Marianne ajoute: "Sarkozy a apprécié que le secrétaire général de la CGT ait tancé les étudiants qui voulaient bloquer les gares et même appelé Olivier Besancenot, le porte-parole de la LCR [aujourd’hui le NPA], pour lui enjoindre de ne pas politiser un conflit social." Bien sûr, la LCR a obtempéré.

Ce qui reste de la réputation "combative" de la CGT dépend de sa capacité de cacher ce qu’elle fait aux travailleurs. Marianne loue Thibault comme étant "trop fin politique pour parapher quelque accord que ce soit."

Dans un autre article de Marianne, "Quand Sarkozy adhère à la CGT," le gouvernement témoigne de sa gratitude. Le ministre du Travail Xavier Darcos trouve que Thibault est "quelqu’un de très responsable, très sûr, très intelligent." Un proche de l’ancien ministre du Travail Xavier Bertrand ajoute, "C’est un bonheur sans nom de travailler avec la CGT, c’est carré, on sait à quoi s’en tenir." Le conseiller Alain Minc "parle carrément de ‘cogestion’ du pouvoir" entre Sarkozy et la CGT.

La CGT a encore servi pour étouffer l’opposition ouvrière pendant la crise économique. Alors que des centaines de milliers de travailleurs sont jetés au chômage, expliquent le conseillers de Sarkozy: "C’est un automne miraculeux ... pas le moindre patron séquestré, pas un étudiant dans la rue, pas une manif. ... Sarkozy et Thibault ont canalisé le mécontentement, ils ont éteint les feux de concert, et nous avons ainsi passé dans le calme une période épouvantable."

Il n'y a pas grand' chose à ajouter à cette description de la CGT, sinon de faire remarquer que sa politique n'a rien à voir avec le marxisme, bien que le stalinisme ait faussement prétendu l'incarner. Ce syndicat parfois qualifié de "combatif" est en fait un des principaux défenseurs de l’ordre établi.

 

 


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés