Le
flux de pétrole qui continue de s'échapper au fond du golfe du
Mexique est une catastrophe absolue dont les conséquences
économiques et écologiques sont incalculables.
Le
gouvernement Obama admet à présent ce
que des experts scientifiques ont affirmé depuis des semaines :
qu'il s'agit du pire désastre environnemental de l'histoire
des Etats-Unis. Il y a peu de chance que l'écoulement incontrôlé
de pétrole du site Deepwater Horizon puisse être arrêté avant la
fin du mois d'août, peut-être plus tard même.
Les
experts scientifiques du gouvernement estiment que
jusqu'à un million de gallons de pétrole s'écoulent tous les
jours, d'autres scientifiques ont évalué que le rythme dépasse
plusieurs fois cette quantité. D'ici la fin de l'été, au
moins une centaine de millions de gallons auront été déversés
dans le golfe - plusieurs fois donc l'ampleur de la catastrophe
de l'Exxon Valdez en 1989. Dans le pire scénario, le gisement
entier se dévidera dans le golfe - et personne ne sait quelle
quantité de pétrole est en jeu.
Des
centaines de milliers de personnes qui dépendent
directement ou indirectement de l'industrie de pêche dans le
golfe sont confrontées à la perte de leurs moyens d'existence.
Des espèces entières pourraient être éliminées et des systèmes
écologiques fragiles dévastés.
Aujourd'hui,
débute de la saison des ouragans. L'on s'attend à ce qu'au
moins une demi douzaine de fortes tempêtes s'abattent sur le
continent américain. Si un ouragan important atteignait la nappe de
pétrole, il projetterait à la fois l'hydrocarbure et les
dispersants chimiques toxiques sur le littoral et dans l'atmosphère
en ayant des conséquences incalculables pour la santé publique.
L'incident
a des implications d'ordre mondial. Si
ce n'est déjà fait, le pétrole sera bientôt entraîné dans
la boucle de courant Caraïbes-Yucatán qui
poussera la nappe vers la pointe sud de la Floride. De là, le Gulf
Stream pourrait répandre les déchets toxiques jusqu'au littoral
de l'est américain et finalement leur faire traverser
l'Atlantique jusqu'aux côtes de l'Europe de l'Ouest.
Il
existe un gouffre immense entre l'ampleur
gigantesque du désastre et la réponse venant du gouvernement et
des mass médias. Dès le départ, il y a eu une tentative
systématique de minimiser la signification de l'événement. Le
gouvernement Obama n'a rien fait des semaines entières. Son
principal souci avait été d'éviter que le désastre de BP ne
dérange ses projets d'extension des activités de forage
pétrolier en haute mer, qu'Obama, tout comme Bush, ont soutenu de
façon agressive.
Quant à
BP, le gouvernement a été entièrement paralysé, étant une fois
de plus incapable de prendre la moindre mesure qui pourrait aller à
l'encontre des intérêts des multinationales géantes qui
contrôlent l'économie américaine et mondiale.
BP fut
laissé en charge des opérations de
colmatage et le gouvernement a ressassé l'argument que seul BP
disposait de l'expertise scientifique pour maîtriser la
situation. La compagnie a tenté différentes manouvres, toutes
ayant pour but principal de couvrir le fait que ni BP ni le
gouvernement ne disposaient d'un plan d'urgence.
Le
gouvernement Obama considère qu'il ne
faut rien faire d'autre que de répéter, tout en sachant que cela
ne signifie rien de concret, qu'il est « en colère et
frustré » et que l'indignation des masses populaires peut
en quelque sorte être contrôlée au moyen de techniques
médiatiques bien rodées et d'astuces en relations publiques.
La
colère populaire, toutefois, ne cesse
d'augmenter de jour en jour. Cette colère et cette résistance
doit être armée d'une perspective politique, dirigée non
seulement à l'encontre de BP et des autres grands groupes
directement responsables de cette catastrophe mais contre l'ensemble
du système politique et économique qui a fait qu'une telle
catastrophe ait été inévitable.
Malgré
les tentatives entreprises par BP et le gouvernement américain
pour présenter la catastrophe comme imprévisible, elle est le
résultat de la politique de « libre marché » pratiquée
des décennies durant en éliminant toutes les contraintes à la
course aux profits.
Chaque
jour qui passe révèle davantage la manière avec laquelle BP a
délibérément rogné sur les mesures de sécurité, ce qu'a
facilité le Minerals Management Service (MMS) en approuvant toutes
les actions de BP jusqu'au jour de l'explosion. En dépit de
nombreux avertissements d'une catastrophe imminente - y compris
des fuites dans les blocs opturateurs de puits, dont la défaillance
a mis fin à toute tentative de stopper l'écoulement -BP était
déterminé à poursuivre le forage. Dans le même temps, d'autres
mesures de sécurité et de sauvegarde ne furent pas appliquées,
l'industrie pétrolière ne voulant pas payer des frais
supplémentaires.
La
règlementation des activités de l'industrie pétrolière
est restée entre les mains de l'industrie elle-même, MMS et le
gouvernement n'étant ni plus ni moins que des auxiliaires des
intérêts des grands groupes. Cette relation s'est poursuivie
sous Obama. En 2009, le gouvernement était intervenu directement
après que le tribunal ait jugé que les projets de forage pétrolier
en mer de Bush ne prévoyaient pas d'études d'impact
suffisantes sur l'environnement. Le secrétaire à l'Intérieur,
Ken Salazar, avait insisté pour que le forage pétrolier dans le
golfe continue, en citant en particulier le projet Deepwater
Horizon.
Cette
catastrophe est une preuve de plus de la
vulnérabilité de la société mondiale devant les activités
destructrices des grandes entreprises privées dont l'objectif est
le profit et l'enrichissement des actionnaires.
Le
gouvernement a octroyé de gigantesques
ressources à l'armée et au département de la Sécurité
intérieure au motif que la plus grande menace pour le peuple
américain est un quelconque acte terroriste. Et pourtant, au cours
de cette dernière décennie, les plus grandes catastrophes ont été
créées par les groupes géants et le système capitaliste. En
2005, l'ouragan Katrina a révélé la décrépitude de
l'infrastructure sociale des Etats-Unis. En 2008, les opérations
des sociétés financières ont précipité le monde dans la
récession économique. A présent, les agissements criminels de BP
ont signifié l'empoisonnement du golfe du Mexique.
Des
mesures d'urgence sont nécessaires pour
venir à bout de cette catastrophe. Tout d'abord de vastes
ressources économiques et sociales doivent être mobilisées pour
limiter autant que possible le désastre environnemental et procurer
des emplois à tous ceux qui sont touchés dans la région. BP n'a
recruté qu'une infime partie de ceux qui sont en mesure de
travailler car l'entreprise est avant tout préoccupée par son
chiffre d'affaires.
Une
enquête criminelle sur les activités de
BP, de Transocean, d'Halliburton et d'autres compagnies doit
être ouverte. Les cadres dirigeants doivent être interpellés et
rendus responsables du désastre.
Une
commission internationale de scientifiques et d'autres experts
doit être convoquée qui soit totalement
indépendante des grands groupes et du gouvernement, pour déterminer
l'ampleur de la catastrophe et pour décider des mesures
indispensables à prendre. Aucune confiance ne peut être placée
dans le gouvernement Obama ou n'importe quelle section de
l'establishment
politique pour entreprendre quoi que ce soit et continuer à couvrir
BP et l'industrie pétrolière.
Au fur
et à mesure que les jours et les semaines passent, l'impact du
désastre ne fera que s'accroître et
que les conséquences non anticipées sont révélées. Une chose
est sûre : le coût total de la catastrophe se chiffrera en
centaines de milliards de dollars. Ce sont les compagnies
pétrolières elles-mêmes qui doivent payer pour cela. BP et les
autres compagnies d'énergie doivent être immédiatement
nationalisées et placées sous contrôle démocratique.
Ces
mesures doivent faire partie de l'organisation socialiste
à bien plus grande échelle de l'économie américaine et
mondiale. Cette catastrophe est l'expression de la faillite
historique du système capitaliste. Il doit être remplacé par le
socialisme - l'organisation de la vie économique sur la base
des besoins sociaux et non du profit privé.
Le
Parti de l'égalité socialiste est le fer de lance de la lutte
pour un mouvement de masse socialiste de la classe ouvrière aux
Etats-Unis et de par le monde. Nous invitons tous ceux qui sont
d'accord avec ce programme à joindrele Parti de l'égalité socialiste
et à mener la lutte pour ce programme.