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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Elections régionales françaises : le Parti socialiste se divise dans le Languedoc-Roussillon

Par Anthony Torres
11 mars 2010

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Le 14 mars se tiendra en France le premier tour des élections régionales. Le Parti socialiste (PS) a décidé  de ne pas soutenir la liste de Georges Frêche, président ex-PS du Languedoc-Roussillon (dans le sud de la France), après des propos controversés : il avait dit que l'ancien premier ministre Laurent Fabius, qui est d'origine juive, avait une «  tronche pas catholique ». 

Martine Aubry, la première secrétaire du PS, a appelé toutes les fédérations socialistes départementales de cette région à se ranger derrière Hélène Mandroux, maire de Montpellier (capitale de la région) et ancien soutien de Frêche. Mandroux a lancé sa candidature le 29 janvier. 

Quoique précédemment exclu du PS pour propos racistes, le PS avait soutenu comme officielle la liste menée par Frêche pour les prochaines élections régionales. La direction nationale du PS se sépare de Frêche non pas parce qu'elle oppose les déclarations racistes de Frêche, mais par crainte d'un revers de l'opinion contre la politique menée par le PS à l'échelle nationale. 

Dans une allocution au siège du parti, rue de Solférino, Aubry a déclaré: « Il n'y aura pas deux listes avec des socialistes » en Languedoc-Roussillon, laissant entendre que les socialistes qui resteraient avec Georges Frêche se mettraient en marge du parti. Elle a aussi appelé « tous les partenaires de la gauche et les écologistes à constituer une liste de large rassemblement dès le premier tour » du scrutin régional le 14 mars. Cette décision a été adoptée par un vote du Bureau national, par 40 voix contre 5 avec 5 abstentions. 

Georges Frêche a décidé de déposer un recours devant le tribunal de grande instance de Paris pour protester contre la décision du PS de lui enlever l'étiquette du PS. Les cinq chefs de file départementaux des listes Frêche, ainsi que les dirigeants fédéraux PS du Languedoc-Roussillon, ont réaffirmé leur « entière solidarité à Georges Frêche, honteusement attaqué ». Ils ont critiqué de « basses manouvres » menées « avec la complicité tacite des Verts ».  

La controverse autour de Frêche divise également le Parti communiste français (PCF) stalinien. La secrétaire nationale du PCF, Marie Georges Buffet, a dénoncé les commentaires de Frêche. Cependant, un ancien ministre PCF, Jean-Claude Gayssot (vice-président PCF du Conseil régional de Languedoc-Roussillon) s'est maintenu sur la liste de Frêche. 

Dans un entretien au Monde le 19 février, l'ancien numéro deux du PS et maire (PS) de Dijon, François Rebsamen, a dit qu'il a décidé d'apporter son soutien aux socialistes présents sur les listes de Georges Frêche. Il a déclaré: « à ces candidats qui sont souvent des élus, des maires, des conseillers généraux et des députés, nous n'allons pas donner des leçons de socialisme depuis Paris ».  

Rebsamen, un proche de la candidate PS de 2007 Ségolène Royal, s'est opposé à une exclusion des socialistes présents sur les listes Frêche: « Nous ne perdrons pas notre âme » en soutenant M. Frêche, assure-t-il. 

Vincent Peillon, également proche de Royal et « ami personnel » de Frêche, a dit que le PS « se tirait une balle dans le pied, » et que la « plaisanterie devra s'arrêter ». 

Le 24 février, les 58 candidats de la liste de Frêche ont été exclus du PS pour une durée de deux ans. 

Si le PS a décidé maintenant d'organiser une campagne contre Frêche -- qui occupe de hautes responsabilités  à Montpellier et au Languedoc-Roussillon depuis des décennies et qui a continué à travailler avec des élus PS après son expulsion en 2007 -- c'est que le PS craint un revers de l'opinion de plus en plus hostile à la campagne raciste anti-islamique sur « l'identité nationale » menée par le gouvernement Sarkozy. 

Celui-ci, avec l'aide de la gauche bourgeoise française, vise notamment à rendre illégal le port de la burqa et du niqab en France. Cette mesure a pour but d'attiser le racisme anti-musulman en divisant la classe ouvrière et en promouvant un climat politique fascisant. La mission parlementaire chargée de travailler sur l'interdiction de la burqa et du niqab était composée de députés Verts, PS, PCF, et UMP et présidée par son instigateur André Gerin, député PCF. 

Georges Frêche représente une couche de politiciens de « gauche » , faisant appel aux sentiments pro-colonialistes, qui se prononce pour un rapprochement avec le centre droit. Georges Frêche est un ancien maoïste qui adhéra au PS en 1969. Il fut membre du bureau national et du conseil national du PS jusqu'en 2006. Il occupe de hautes responsabilités à Montpellier et au Languedoc depuis 1973. 

En février 2007 Frêche s'en était pris à un groupe de harkis - d'anciens membres algériens des forces armées françaises pendant la guerre d'Algérie, exilés en France après l'indépendance algérienne.  

Frêche ne supportait pas que des harkis qui avaient combattu pour une Algérie française soutiennent l'UMP, parti descendant de celui du général Charles de Gaulle, qui avait accepté l'indépendance de l'Algérie en 1962. Il leur a crié : « Vous êtes allés avec les gaullistes... Ils ont massacré les vôtres en Algérie et, encore, vous allez leur lécher les bottes ! ... Vous êtes des sous-hommes, vous n'avez aucun honneur ! »  

Frêche avait été condamné  à 15.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Montpellier pour ces propos avant de faire appel. En 2009, la Cour de cassation avait confirmé la relaxe prononcée par la cour d'appel de Montpellier. 

Un article de Libération du 1er mars sur Frêche fait le portrait du cacique PS local archétype, semblable à l'ancien maire socialiste de Marseille, Gaston Defferre. Il explique la tirade raciste contre les harkis en tant que pique contre la déloyauté « car coupables de ne pas le soutenir après qu'il les a aidés en vertu de son habituel clientélisme ». Il rajoute : « Dans un clientélisme aussi affiché qu'efficace, il subventionne communautés et élus de tous bords. »  

Il cite un article tiré de L'Express qui affirme, par rapport à la remarque sur la « tronche pas très catholique » de Fabius, que « Cette phrase, il a voulu qu'elle soit connue ». Frêche vise l'électorat lepéniste, dont il a besoin pour gagner : « C'est un allumé de l'électoralisme. Pour faire les voix, tous les moyens sont bons. »

Frêche fut exclu du PS en 2007 pour avoir dit qu'il y avait trop de joueurs noirs dans l'équipe nationale de football. Pendant la campagne des présidentielles de 2007, le PS craignait que cela nuise aux chances de Royal. 

La tactique anti-Frêche d'Aubry relève également de calculs fractionnels par Aubry contre sa rivale, Royal. 

La fédération du Languedoc-Roussillon est une section importante, majoritairement pro-Ségolène Royal. Georges Frêche a déclaré publiquement qu'il avait un accord avec Ségolène Royal lui permettant de revenir au PS. Martine Aubry est présentée comme une présidentiable potentielle, seulement elle veut s'assurer le vote de cette fédération (15.000 militants) lors de la désignation du candidat PS aux présidentielles. Pour cela elle s'en prend à Georges Frêche et ses alliés. 

Depuis la défaite des socialistes à  l'élection présidentielles de 2007, plusieurs fractions se disputent le pouvoir afin de déterminer le rôle futur à donner au Parti socialiste. Ségolène Royal préconise une coopération avec le Mouvement démocrate (MoDem) du politicien de centre-droit, François Bayrou. Elle a déclaré que le vieux modèle socialiste du parti était « dépassé » et aspirait à une « modernisation ».  

Lors des primaires du Parti socialiste elle a obtenu un bon score, mais Martine Aubry est devenue secrétaire à l'automne 2008, grâce à une alliance avec les deux autres fractions du parti, dirigées par Benoit Hamon et Bertrand Delanoë, maire de Paris. Le résultat des votes a été contesté par Ségolène Royale, qui a accusé Martine Aubry de trucage. 

Georges Frêche partage les mêmes idées que Ségolène Royale, pour lui le Parti socialiste n'est plus capable de gagner les élections avec ses anciens alliés, notamment le Parti communiste, qui sont discrédités  auprès des masses. Il défend l'idée d'un accord avec le MoDem de François Bayrou en vue de former un gouvernement, comme il explique dans son livre, Il faut saborder le PS. Cette tactique serait un moyen d'attaquer le niveau de vie de la classe ouvrière avec une certaine liberté. 

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