wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

  WSWS : Nouvelles et analyses : Économie mondiale

Les différends s'accentuent à la réunion du FMI

Par Nick Beams
16 octobre 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Les craintes des conséquences de l'affaiblissement de l'économie mondiale, au moment où se développent des conflits monétaires et commerciaux entre les grandes puissances capitalistes, ont dominé la réunion semestrielle du Fonds monétaire international, organisée samedi à Washington. Cette rencontre n'a pu avancer de solutions pour ces problèmes. En fait, elle a révélé que les différends entre les grandes puissances, particulièrement entre les États-Unis et la Chine, s'accentuent.

Comme l'a mentionné le Financial Times aujourd'hui, « L'hostilité entre Washington et Pékin a crû jusqu'à ressembler à une guerre de tranchées. »

À la veille de la réunion, le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a averti que l'accroissement du chômage mondial résultant de la faible croissance dans les principaux pays industriels menaçait la stabilité politique et pourrait même mener à la guerre.

« Pendant cette crise, a-t-il déclaré, l'économie mondiale a perdu environ 30 millions d'emplois. De plus, dans les dix années à venir, 450 millions de personnes vont arriver sur le marché du travail. Le risque existe de voir une génération perdue.

« Quand vous perdez votre emploi, le risque s’accroît que votre santé se détériore. Quand vous perdez votre emploi, l'éducation de vos enfants risque d’en souffrir. Quand vous perdez votre emploi, la stabilité sociale risque de s’en ressentir. C'est une menace pour la démocratie, et même pour la paix. »

S'adressant directement aux délégués, Strauss-Kahn a déclaré qu'ils étaient rassemblés « à un moment crucial de l'histoire, alors que nous faisons face à un avenir très incertain. Certes, il y a une reprise, et lorsque nous examinons les données, nous notons que, au niveau mondial, la croissance revient. Mais nous savons tous que la reprise est fragile et inégale. » Il a souligné le fait que l'histoire avait montré que l'utilisation des monnaies en tant qu'armes ne fonctionnait pas et que cela pouvait mener à une « situation très regrettable ».

La rhétorique de Strauss-Kahn n'a cependant pas réussi à rapprocher les grandes puissances sur aucune des questions clés de politiques, et encore moins sur le problème des valeurs des monnaies.

Dans une campagne visant à augmenter leurs exportations, les États-Unis revendique que le yuan chinois soit réévalué et que la Chine en fasse davantage pour stimuler son économie intérieure. Pour leur part, les autorités chinoises ont insisté que bien qu’elles soient d’accord pour augmenter la valeur de leur devise, ceci doit être fait de manière graduelle et non pas par une « thérapie choc ».

Le communiqué final de la définition d’orientation du comité du FMI a promis de « travailler vers un modèle de croissance globale plus équilibré, reconnaissant la responsabilité des pays excédentaires et déficitaires » et a juré de « faire face aux défis des larges et volatiles mouvements du capital, lequel peut être perturbateur ».

Mais comme Strauss-Kahn l’a reconnu après la rencontre, le langage était « inefficace » et ne changerait pas les choses.

Des déclarations présentées à la rencontre par les dirigeants des banques centrales et les ministres des finances ont souligné l’absence d’une approche commune, alors que chacune des puissances a mis l’accent sur ses propres intérêts.

Une déclaration du secrétaire du Trésor américain Timothy Geithner prévenait que le plus grand risque que court l’économie mondiale est que les plus importantes économies « aient des résultats de croissance insuffisants ». Mais, sans mentionner de nom, la déclaration en venait ensuite à critiquer de la Chine

« Pour que la reprise soit durable il doit… y avoir un changement dans le modèle de croissance globale. Depuis trop longtemps, de nombreux pays ont orienté leurs économies vers la production pour l’exportation plutôt que vers la consommation intérieure, comptant sur les États-Unis pour importer beaucoup plus de leurs biens et services qu’ils en achètent des nôtres ».

Dans une critique supplémentaire de la Chine, qui détient des réserves de devises étrangères de près de 2,5 billions, Geithner a dit que les pays avec le plus grand surplus devraient implanter des politiques pour stimuler leurs demandes intérieures. « Cela est particulièrement important pour les pays dont les devises sont significativement sous-évaluées. »

Il a poursuivi en appelant le FMI à « renforcer sa surveillance des politiques de taux de change et des pratiques d’accumulation de réserves ».

Les autorités chinoises ont exprimé leurs propres critiques alors que le gouverneur de la banque centrale, Zhou Xiachuan, a dit au FMI que des dettes élevées, des taux d’intérêt bas et des mesures de stimuli non conventionnelles des nations les plus riches constituaient un problème mondial majeur.

« Parce que les taux d’intérêt demeurent extrêmement faibles et que les principaux émetteurs de devises de réserves continuent à adopter des politiques monétaires non conventionnelles, les pays émergents confrontent de grands défis dans la conduite de leur politique monétaire », a dit Zhou dans sa déclaration. Même si les Etats-Unis n’étaient pas ouvertement nommés, il n’y avait aucun doute sur qui le venin du banquier central était dirigé.

Zhou a appelé le FMI à surveiller les politiques des pays avancés qui sont « le plus dommageables pour la croissance économique mondiale. » L’accent sur les politiques de taux de change laisse réellement les pays développés « hors d’atteinte de la surveillance du Fonds ».

« Les problèmes les plus fondamentaux présentement sont la lenteur du progrès dans les pays développés sur la question de la réparation et de la réforme de leur système financier et le recours continuel à des politiques qui appuient la stabilité du secteur financier », a-t-il dit.

« Considérant les immenses sommes que représentent pour les pays développés les prêts arrivant à maturité et les déficits fiscaux cette année et l’an prochain, les risques de pays souverains pourraient se détériorer à tout moment, ce qui se traduira en effets systémiques sur la stabilité financière mondiale », a dit Zhou.

Les autres dirigeants ont de la même façon défendu les intérêts de leur propre nation. Le ministre japonais des Finances, Yohihiko Noda, a cherché à contrer les critiques que les interventions de la Banque du Japon sur les marchés de changes avec objectif de diminuer la valeur du yen en affirmant qu’elles visaient à stabiliser le marché, et non à affaiblir le yen pour améliorer la position des produits japonais sur les marchés mondiaux.

Le président des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, préférerait clairement un retour aux jours où les grandes puissances faisaient la pluie et le beau temps dans le monde financier. « Dans le cadre du G20, il y a trop de monde et trop d'intérêts pour permettre d'aboutir à un accord sur les monnaies », a-t-il dit à Reuters. « Le cadre idéal serait le G7 [les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie et le Japon] plus la Chine ».

Certains ont plutôt choisi la pensée magique. Le ministre brésilien des Finances, Guido Mantaga, qui le mois dernier s’inquiétait des conséquences internationales d’une « guerre des monnaies », a dit qu’il était optimiste qu’on éviterait la confrontation. « Je crois que nous pouvons arriver dans le cadre de rencontres du G20 à un accord semblable à l’accord du Plaza », a-t-il dit, se référant à l’accord intervenu entre cinq grands pays en 1985 pour diminuer la valeur du dollar américain.

Le président australien du Conseil du Trésor, Wayne Swan, se concentrant sur les nouvelles de son pays et apparemment incapable de considérer que rien n’est plus important, a insisté sur le fait que la situation de l’emploi en Australie était bien meilleure que celles des Etats-Unis qui ont perdu 95.000 emplois le mois dernier.

L’attention se portera maintenant sur la rencontre du G-20 qui aura lieu le mois prochain à Séoul, la capitale de la Corée du Sud. Mais des compte rendus de la rencontre du FMI, il est clair que les différences pourraient bien plutôt s’être accentuées d’ici là.

L’auteur recommande :

Les guerres monétaires et les contradictions du capitalisme
[29 septembre 2010]

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés