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WSWS : Nouvelles et analyses : États-Unis

Les travailleurs de General Motors ŕ Indianapolis luttent contre un nouveau vote de l'UAW sur une baisse de leur salaire

Par Jerry White
24 septembre 2010

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La décision des travailleurs de General Motors à Indianapolis de lutter pour un comité d’action de base, indépendant du syndicat américain de l’automobile (UAW), pour lutter contre les attaques menées contre eux par le constructeur automobile, a une importance internationale. Les travailleurs de l’automobile de nombreux autres pays, dont la France, sont confrontés à des situations similaires, où les syndicats collaborent avec divers gouvernements et employeurs pour leur faire payer le prix de la crise.

L’administration Obama s’est unie aux syndicats et aux employeurs pour exiger d’énormes réductions de salaires. L’UAW a passé un accord avec l'investisseur JD Norman — censé racheter l’usine d’emboutissage à Indianapolis — comprenant une baisse de moitié du salaire horaire. Au mois d'août, les représentants nationaux de l’UAW furent désavoués par les ouvriers de GM Indianapolis lors d’un meeting du syndicat local, où ceux-ci les huèrent et les forcèrent à quitter la tribune. Depuis, l’UAW essaie d’organiser un nouveau vote afin d’entériner, contre la volonté des ouvriers de la base, l’accord qu’il a passé avec l’investisseur.

Licenciements, baisses de salaire et aggravation des conditions de travail ont aussi touché les travailleurs de l’automobile en France, où les syndicats collaborent avec le Fonds stratégique d’investissement de l’Etat pour renforcer les profits et la compétitivité des usines françaises. En juillet de cette année les travailleurs de GM à Strasbourg, victimes d’un chantage à la fermeture, ont été poussés à voter une baisse de salaire de 10 pour cent et ce, avec le soutien du gouvernement et des syndicats français.

La base des ouvriers de l’usine d’emboutissage de GM à Indianapolis a commencé à se mobiliser contre la dernière tentative du syndicat UAW (United Auto Workers) de passer outre à son opposition et d’imposer une baisse de 50 pour cent de son salaire dans cette usine. Mercredi 15 septembre, les ouvriers ont distribué un tract dénonçant la trahison de l’UAW et appelant les travailleurs à rejoindre un comité de base pour lutter contre cette baisse de salaire et pour s’opposer à la menace de fermeture de l’usine.

Le tract fut distribué en réponse à la révélation que l’UAW était en train d’organiser un vote par correspondance sur la proposition sur laquelle le syndicat s’était mis d’accord avec l’investisseur JD Norman : celui-ci rachèterait l’usine à GM et on ferait passer le salaire horaire de 29 dollars à 15.50 dollars.

Mardi 14 septembre, les ouvriers ont révélé l’existence d’un mémoire interne du directeur de l’usine Gary Malkus au personnel salarié de l’usine et disant que la direction « avait été informée par les représentants de Region 3 et de l’UAW International (la centrale de l’UAW, n.d.t.) qu’un vote [serait] organisé sur les accords provisoires qu’ils [avaient] négociés. Ils ont spécifiquement choisi d’organiser un vote par correspondance et vont faire appel à un tiers pour superviser le vote de ratification. »

Un tel « vote » se ferait en opposition totale à la décision des travailleurs de l’usine d’emboutissage de GM qui ont voté à plusieurs reprises contre une réouverture du contrat actuel. Le 15 août, les ouvriers avaient hué les responsables de l’UAW International et les avaient empêché de parler à leur meeting syndical local parce qu’ils avaient accepté la baisse de salaire et défié leur vote précédent interdisant toute négociation avec Norman.

Surpris par ce militantisme, l’UAW a passé tout le mois dernier à conspirer avec GM, Norman, les médias et les politiciens locaux du Parti démocrate et du Parti républicain pour forcer les travailleurs à voter de nouveau. A cette fin, le président de l’UAW International Bob King, le directeur de Region 3 Mo Davison et d’autres responsables de l’UAW ont concocté le plan d’un vote par correspondance pour empêcher un autre meeting du syndicat local où les ouvriers rejetteraient l’accord en masse. En même temps, le dit « tiers » soigneusement sélectionné fera en sorte que l’UAW obtienne le résultat désiré. Le processus est tellement révoltant que le comité électoral du Local 23 de l’UAW a dénoncé cette mesure parce qu’elle usurpait sa responsabilité d’organiser tout vote de ratification.

Le mémoire du directeur de l’usine montre clairement que GM et Norman dépendent entièrement de l’UAW pour ce qui est de faire passer la baisse de salaire, permettant ainsi aux responsables de l’entreprise de maintenir un semblant de neutralité. « Nous rappelons qu’il s‘agit là d’une procédure syndicale et nous ne devrions pas intervenir dans ce processus » écrit le directeur de l’usine.

Les bulletins de vote seront envoyés par la poste le 17 septembre, dit le mémoire. Les responsables de l’UAW eux, « répondront à des questions » lors d’un meeting qui doit se tenir dans l’enceinte de l’usine le 20 septembre et le dépouillage du scrutin commencera le 27 septembre.

Après avoir pris connaissance du plan, des travailleurs ont sorti un tract dans lequel ils rejettent ce plan et l’ont distribué. Ce tract, dont une copie a été envoyée au World Socialist Web Site, déclare que si l’UAW arrive à faire passer ce vote « nous ne l’accepterons pas comme un vote légitime ».

Dans une « Lettre à tous les travailleurs de l’automobile » publiée par le comité de base de l’usine d’emboutissage de GM, les travailleurs écrivent que « L’UAW sait que si les travailleurs se rassemblent, ils rejetteront cet accord comme ils l’ont fait trois fois auparavant. » Remarquant que les travailleurs n’auront aucune possibilité de vérifier les résultats du vote, la lettre dit : « Rien ne peut empêcher l’UAW d’ajouter des bulletins de vote et de dire qu’une majorité a voté pour l’accord. »

« L’UAW agit contre nous, pas pour nous » poursuit la lettre. « Ses représentants veulent protéger leurs salaires à six chiffres, leurs avantages financiers et leurs cours de golf en faisant le sale travail de GM et de Norman. Ils sont payés avec nos cotisations. C’est là un contrat pour nous protéger, pas pour nous vendre tout en continuant à être payés avec notre argent. » Accepter la baisse de salaire, note le tract, ne fera que remplir leurs comptes en banque, « tandis que les nôtres se vident ».

« La génération suivante de travailleurs de l’automobile a le droit de ne pas vivre dans la pauvreté et nous voulons protéger ce droit. Ce ne sont pas les menaces si nombreuses soient-elles qui nous arrêterons », écrivent les ouvriers. Ils disent aussi : « Nous rejetons le choix entre une baisse de salaire de 50 pour cent et la fermeture de l’usine. Nous devons nous préparer à une lutte contre ces deux choses. Pour ceux qui risquent de perdre tout ce pour quoi ils ont travaillé leur vie durant, c’est du vol légalisé. Pour ceux qui travaillent pour leur avenir, cela veut dire un travail d’esclave. C’est ça la façon américaine maintenant ? »

Appelant les travailleurs à rejoindre le comité de base, ils disent que les ouvriers pour lutter doivent s’organiser indépendamment. « Nous devons unir tous les ouvriers de l’usine, jeunes et plus âgés, les ouvriers à plein temps et les intérimaires. Nous appelons tous les travailleurs dans tous le pays à soutenir notre lutte » poursuivent-ils, remarquant que leur déclaration a été envoyée aux travailleurs d’autres usines automobiles qui seront les prochains à avoir à faire à des exigences de baisse des salaires. « Dans le nombre, il y a la force. Si nous savons que nous ne sommes pas seuls dans cette affaire, nous serons forts. »

Le tract conclut en disant : « C’est notre responsabilité vis-à-vis de nos enfants et de leurs enfants de ne pas permettre que cela arrive. Ils connaîtront l’histoire telle qu’elle s’est passée et ils sauront que nous avons eu notre mot à dire pour empêcher qu’ils aient à vivre une vie de luttes. Il ne faut pas les abandonner. Cette lutte a été conduite il y a des années et nous sommes fiers en tant qu’adultes de ceux qui nous ont précédés et de ce qu’ils ont mené cette lutte. A présent c’est notre tour d’être vus de la même façon à l’avenir. L’histoire se répète effectivement. »

Plus tard, une travailleuse qui a participé à la formation du comité a parlé avec le WSWS. « Des tas de gens ont dit que ce tract était la meilleure chose qu’ils aient jamais lue. Nous avons l’intention de lutter contre ce vote. »

Elle dit qu’après le meeting du syndicat local où les ouvriers avaient mis dehors les responsables de l’UAW, que l’UAW « avait passé beaucoup de temps à envisager toutes les éventualités. Cela a demandé beaucoup de réflexion, comme au jeu d’échecs. L’UAW a dû se regrouper et, depuis, il a travaillé dur à monter les intérimaires contre les travailleurs plus âgés et tous les ouvriers les uns contre les autres. »

« Ils veulent que nous travaillions pour 15,50 dollars de l’heure, mais le prix des voitures, de la nourriture, du chauffage en hiver lui, n’a pas diminué de moitié. Les gens doivent avoir le droit – pas seulement d’exister mais aussi de vivre en ayant de bons emplois et un toit. »

« Les familles étaient habituées à acheter une maison, des voitures et d’envoyer leurs enfants au lycée. Maintenant ils sont locataires, interrompent leur scolarité pour prendre un emploi dans une usine et les jeunes familles dépensent la moitié de leur salaire pour payer la garderie. Les sociétés et le gouvernement veulent deux classes : la classe ouvrière et la classe supérieure. »

« Il y a des millions de gens dont on a baissé le salaire et qui ont perdu leur assurance maladie. Ici nous sommes une poignée qui a commencé à lutter, ils devraient lutter aussi. Si tout le monde avait la même attitude disant Je veux ce pour quoi je travaille et se levait, alors ils ne pourraient pas se permettre ce qu’ils sont en train de faire. Nous ne nous opposons pas seulement à l’UAW et à cette société, mais aussi au gouvernement Obama. »

Les travailleurs d’Indianapolis pressent tous les travailleurs dans le pays à imprimer leur tract et à le distribuer, et à entreprendre une lutte commune contre les baisses de salaires et contre les licenciements.

Le World Socialist Web Site encourage les travailleurs de l’usine GM d’Indianapolis à lui écrire ce qu’ils pensent et à commenter cette bataille cruciale.

Voir aussi :

Les sociétés et l’UAW continuent leur campagne contre les travailleurs de GM à Indianapolis [8 septembre 2010]

GM et les syndicats français font passer en force des réductions de salaire [20 août 2010]

Une année de lutte des travailleurs d'un sous-traitant de l'automobile trahie
Les leçons de la trahison des Sodimatex en France
[11 juin 2010]

France : Comment « l'extrême-gauche » trahit les travailleurs
L'expérience de Goodyear et de Continental
[24 juin 2009]

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