wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France : Des millions dans la rue pour la journée d'action contre les coupes dans les retraites

Par Antoine Lerougetel
27 septembre 2010

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Manifestation parisienne

Entre un et trois millions de personnes, selon respectivement les chiffres de la police et ceux des syndicats, ont défilé jeudi dans 232 villes de France contre les coupes imposées sur les retraites par le président Nicolas Sarkozy.

Ces coupes vont allonger de deux ans l'âge légal de départ à la retraite qui passera de 60 à 62 ans, et faire passer de 65 à 67 ans l'âge auquel les retraités peuvent prétendre à leur retraite sans se voir infliger une décote. C'était la deuxième mobilisation de masse sur cette question en l'espace d'un mois.

Selon les estimations du journal La Croix, la « réforme » permettra au gouvernement de reprendre chaque année quatre milliards d'euros à la classe ouvrière.

Les deux journées d'action de ce mois de septembre ont été, à ce jour, les plus suivies contre les coupes sur les retraites imposées par Sarkozy, dépassant de 40 pour cent la dernière mobilisation record du mois de juin. Jeudi, selon les syndicats, 55 pour cent des enseignants du primaire et 45 pour cent de ceux du secondaire ont fait grève, ainsi que 50 pour cent des cheminots. Selon les chiffres officiels, 20 pour cent des cinq millions de fonctionnaires français étaient en grève dans les hôpitaux, les collectivités territoriales, l'éducation et autres secteurs gouvernementaux.

Les manifestations reflétaient l'opposition à la politique de Sarkozy. Des sondages ont enregistré 68 pour cent de soutien pour les manifestations dans la population globale, et 80 pour cent chez les 18-24 ans. Le quotidien Libération mentionnait un sondage révélant que 45 pour cent des Français étaient « révoltés » par la situation économique et sociale du gouvernement, avec seulement 18 pour cent disant avoir « confiance » dans la situation actuelle et 29 pour cent seulement disant soutenir Sarkozy.

La colère monte non seulement contre les mesures d'austérité de Sarkozy, mais aussi contre sa politique de persécution des musulmans et des Roms.

Selon les syndicats, 300.000 personnes ont défilé à Paris et 220.000 à Marseille. Il y avait aussi des centaines de manifestations dans des villes plus petites, dont 35.000 à Nice dans le sud de la France et 10.000 dans le nord, à Amiens.

Manifestation parisienne

Cette journée d'action, comme les précédentes, avait été appelée par la CGT (Confédération générale du travail, liée aux staliniens) et la CFDT (Confédération française démocratique du travail, liée au Parti socialiste.) Elle était soutenue par le Parti socialiste, le Parti communiste, les Verts et le Nouveau parti anticapitaliste ainsi que d'autres soi-disant partis « d'extrême-gauche » et même par les partisans de l'ancien premier ministre gaulliste dissident Dominique de Villepin.

La journée d'action était néanmoins appelée sur la perspective discréditée consistant à faire pression sur le sénat, dominé par les conservateurs, afin qu'ils modifient la réforme votée au parlement le 15 septembre. Les débats sur la loi ont commencé au sénat et le vote aura lieu à la mi-octobre.

Il existe un fossé béant entre le désir de lutter de la classe ouvrière et la politique traitresse des fédérations syndicales et de leurs soutiens politiques.

Malgré les très nombreuses fermetures d'écoles primaires, il n'y a pas eu de tentatives sérieuses de la part des syndicats de bloquer les services publics et les opérations gouvernementales. Libération a écrit : « Le gouvernement ne bougera pas (ou alors à la marge) puisqu’il a fait du report de l’âge légal à 62 ans et de la retraite sans décote à 67 ans, une question de principe. Les syndicats le savent bien, et c’est en partie pour cela qu’ils n’ont pas voulu s’aventurer sur le sentier risqué de la grève reconductible. Un ministre régalien le confirme : “Si la CGT avait voulu bloquer les transports, elle en avait les moyens. Mais elle a un pacte tacite avec l’Elysée car elle a compris que le Président ne reculerait pas." »

A Paris, les reporters du World Socialist Web Site ont vu des pancartes faites à la main exprimant des positions bien plus radicales que les banderoles officielles des syndicats, par exemple « Voleurs de démocratie ! » « Réclamons tous la déchéance de nationalité », « A la retraite, Sarkozy raciste » « Femme et mère : condamnée aux travaux forcés jusqu'à 67ans. »

Une infirmière, a dit, « Je ne pense pas qu'il y ait de différence entre la gauche et la droite en France. A mon avis, c'est la même chose. On doit rompre avec eux pour trouver la base commune pour tous. »

Le WSWS a parlé à Hasan un électricien ayant 40 ans d'expérience qui a dit que c'était la première fois qu'il participait à une journée d'action contre la politique de Sarkozy.

« Je suis venu du Maroc en 1971, » a-t-il dit. « J'avais 19 ans et j'étais à l'école. »

Il a fait remarquer que les patrons français ne voulaient que les travailleurs les plus costauds : « Pour l'interview, ils nous ont emmenés dans un garage et nous ont dit de nous mettre tout nu et ils nous ont observés. Ils ont renvoyé plein de gens. Après ça, on a pris un train pour la France ; on a traversé l'Espagne. J'avais 19 ans et j'étais jeune, alors je pensais que la France, c'était le paradis et la liberté. »

Il a ajouté qu'au Maroc, « on pensait que les gens en France avaient de belles voitures et de belles chemises et que toute la vie ici c'est comme ça. C'est une image fausse. »

Il a raconté son arrivée en France : « On était vraiment des étrangers. En 1971, il n'y avait pas beaucoup de gens d'Afrique du Nord. Et puis on a aussi vu de vrais racistes. On nous faisait des remarques méchantes. Le patron du café nous a dit qu'il ne servait pas les Arabes. Notre patron qui était Italien l'a forcé à nous servir le café. »

Manifestation de Nice

Il a expliqué que ses patrons étaient étaient bien contents quand, jeune homme, il faisait le plus d'heures dans l'entreprise, mais que récemment, maintenant qu'il vieillissait, ils se montraient plus exigeants. Il a dit espérer que les coupes sur les retraites ne passeraient pas.

Il a dit de la politique anti-Roms et anti-burqa de Sarkozy : «C'est pourri. Il cache sa politique. Avec le Front national au moins on sait à qui on a affaire. Mais Sarkozy veut toujours plus. »

A Marseille le WSWS a parlé avec Jean-François, 42 ans, qui travaille au CNRS : « Je ne ressens pas immédiatement la crise, mais ce qui change, c’est l’absence de politique. » 

« Il y a une dégradation de la société on ne tient plus compte du bien-être, on supprime des emplois dans la fonction publique. Il y a un lien entre la campagne anti-immigrés et la politique de rigueur : oui on dit que ce sont des « salauds de pauvres » et on s’en prend à eux au lieu de se poser la question sur le système qui est aujourd’hui à bout de souffle, on ne parle pas des autres problèmes. »

Il a ajouté qu'avec des gens comme Dominique Strauss-Kahn se présentant à l'élection présidentielle, il pouvait facilement imaginer un gouvernement du Parti socialiste utilisant l'armée contre les travailleurs en grève, comme en Grèce et en Espagne.

Germain, élagueur, a dit « Oui, je pense que l’on doit tous s’unir au-delà des frontières, il faut faire la révolution, des sous, il y en a et on nous demande de travailler de plus en plus. »

« Je ressens les effets de la rigueur, on nous enlève de plus en plus de liberté en particulier dans les grandes villes comme Paris, Lyon et Marseille, il y a des flics de partout. j’ai l’impression que l’on revient aux temps des rois. »

Une partie de la manifestation d'Amiens

A Amiens, Thibault, Jordan, Jérémy, Yohan et Rafaël, lycéens de la Hotoie faisaient grève. Ils ont parlé de leur crainte du chômage. Lorsqu'on leur a demandé comment ils envisageaient leur avenir, l'un d'entre eux a répondu : « Travailler plus longtemps pour rien gagner. »

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés