Le président Nicolas Sarkozy
et la bureaucratie syndicale française sont en train de planifier de
nouvelles coupes draconiennes en vue de satisfaire les marchés financiers
alors que la crise de la dette européenne se propage à la France.
Après la dégradation par Standard & Poor’s de la note de crédit
américaine, la spéculation s’intensifie sur le fait que la France
sera la prochaine économie à perdre sa note de triple A. Le secteur
bancaire français est fortement exposé aux centaines de milliards
d’euros des dettes espagnole et italienne qui font actuellement l’objet
d’attaques spéculatives sur les marchés financiers mondiaux.
Après avoir prévu pour le
24 août l’annonce d’une première réduction de 10 milliards d’euros
des dépenses publiques, l’élite dirigeante française est à présent
en train de manœuvrer pour présenter ces coupes comme le reflet d’un
consensus national entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. Le secrétaire
général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail),
François Chérèque, a réclamé hier l’organisation « d’un sommet
social qui réunisse les représentants des salariés, les représentants
du patronat et le gouvernement. »
Le premier ministre François
Fillon a annoncé hier que son gouvernement fixerait une telle réunion
« dans les tout prochains jours, » afin de faire « un tour d’horizon »
de la politique économique avec les bureaucrates syndicaux
Le plus grand syndicat français
– la CGT (Confédération générale du travail), proche du Parti
communiste (PCF) stalinien – est sorti du silence qu’il avait gardé
depuis la trahison l’année dernière de la grève pétrolière, pour
proposer une journée d’action à une date non spécifiée à la rentrée.
Dans son communiqué, intitulé « Il faut en finir avec la dictature
des marchés financiers », il est dit qu’une telle protestation de
24 heures permettrait au syndicat de se faire le messager des revendications
des travailleurs.
La décision de la CGT d’appeler
à la grève reflète indubitablement une colère grandissante en France
et internationalement contre les attaques exigées par les banques suite
à la dernière récession financière.
Toutefois, les affirmations
des syndicats qui disent représenter une telle opposition sont des
mensonges. Les bureaucrates syndicaux ne rencontrent pas Sarkozy et
Fillon pour stopper – ni même limiter – les coupes proposées par
le gouvernement, mais pour discuter de la manière de réduire l’opposition
de la classe ouvrière à des journées d’action inoffensives.
De par la
nature même de la prochaine réunion, il est impossible à tout bureaucrate
syndical y participant d’agir en tant que « représentant des travailleurs. »
L'un des rares passages véridiques du communiqué de la CGT fait remarquer
que la politique de Sarkozy de rassurer les marchés aggravera la crise,
comme le montre l’exemple de la Grèce.
Alors que les gouvernements
de la France, de l’Italie, de l’Espagne et d’ailleurs se ruent
pour arracher des centaines de milliards aux travailleurs, la politique
qu’ils poursuivent ressemble avant tout à celle suivie en Grèce
ou aux Etats-Unis. En Grèce, les travailleurs ont perdu l’équivalent
de 30 pour cent de leur pouvoir d’achat en raison de réductions drastiques
des emplois, de la retraite, des salaires et des primes. Aux Etats-Unis,
les travailleurs de l’automobile ont subi une baisse de 50 pour cent
de leur salaire tandis que le gouvernement Obama s’apprête à imposer
des coupes sociales contre la classe ouvrière s’élevant à des milliers
de milliards de dollars.
Aucun représentant légitime
de la classe ouvrière ne peut approuver une telle politique. La précipitation
de la CGT et de la CFDT pour négocier des coupes avec l’impopulaire
gouvernement Sarkozy – que ce soit par une participation directe aux
pourparlers, ou en semant l’illusion qu’une journée d’action
parviendra à exercer une « pression » sur Sarkozy – prouve qu’ils
ne représentent pas les travailleurs.
La direction de la lutte contre
les coupes sociales doit être arrachée des mains des syndicats et
de leurs partisans de la classe moyenne, des partis pseudo-gauches tels
le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).
Des leçons cruciales doivent
être tirées des récentes luttes de la classe ouvrière qui ont été
trahies par les syndicats. Le communiqué de la CGT souligne que « les
politiques de sauvetage des marché financiers, mises en place depuis
trois ans, sont contre-productives et en opposition à l’intérêt
général. » Ces paroles sont en fait une mise en accusation de la CGT
et de ses associés politiques, qui ont joué un rôle crucial dans
la mise en place de ces coupes sociales.
En France, les récentes coupes
sociales ont été le résultat d’intenses négociations entre Sarkozy
et la bureaucratie syndicale, dont la CGT. La CGT avait appelé à une
journée d’action lorsque Sarkozy avait introduit la réduction des
droits à la retraite en 2007, puis à nouveau durant la réduction
des droits à la retraite en 2008 et tout au long de 2009 contre les
renflouements bancaires de Sarkozy et contre la crise économique. Toutefois,
toutes ces mesures ont été adoptées, étant donné que Sarkozy et
les syndicats ont simplement attendu que les protestations s’atténuent
pour ensuite faire passer en force ces coupes.
L’exemple de la Grèce, soulevé
par la CGT même, est un nouveau réquisitoire contre la politique de
la CGT consistant à appeler à des grèves isolées d’une journée.
En Grèce, des protestations répétées de 24 heures organisées par
le syndicat GSEE (Confédération générale des travailleurs de Grèce)
– dominé par le parti social-démocrate au pouvoir, PASOK, du premier
ministre George Papandreou – n’ont eu aucun impact sur les coupes
continues que Papandreou a fait passer en force.
Les syndicats ont à maintes
reprises poursuivi cette politique non par erreur, mais parce qu’ils
sont consciemment hostiles aux luttes de la classe ouvrière – une
situation qui s’est encore aggravée du fait de la crise économique
mondiale. Alors que les banques et les riches insistent pour que les
travailleurs absorbent les milliers de milliards de pertes dues aux
spéculations irresponsables des banques, les gouvernements ne tolèrent
aucune opposition aux coupes sociales qu’ils proposent. Dans ces conditions,
les syndicats se précipitent pour aider à imposer les réductions
en bloquant les luttes des travailleurs qui ont, à présent, des implications
révolutionnaires.
C’est ainsi qu’en France
à l’automne dernier, le gouvernement Sarkozy avait été ébranlé
par une puissante mobilisation et lutte lorsque des grèves dans les
raffineries de pétrole et les ports avaient coupé l’approvisionnement
de pétrole partout dans le pays pour protester contre les dernières
réductions des droits à la retraite. Bien que la majorité de la population
ait soutenu une grève générale contre Sarkozy, la CGT avait appuyé
une attaque gouvernementale contre les grévistes. Elle avait insisté
pour dire qu’il ne devrait y avoir que des protestations « symboliques »
alors que Sarkozy avait envoyé les CRS, la police anti-émeute, pour
prendre le contrôle des raffineries et des dépôts de pétrole.
L’éruption de luttes révolutionnaires
au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui ont renversé des régimes
dictatoriaux en Tunisie et en Egypte, terrorise le gouvernement Sarkozy
et la bureaucratie syndicale. Le gouvernement, tout comme la bureaucratie
de la CGT, deviendraient les cibles de l’opposition ouvrière –
comme en Egypte – si une lutte politique de la classe ouvrière émergeait
en Europe sur le modèle des protestations de masse survenues en Egypte
et en Tunisie.
La tâche politique centrale
à laquelle est confrontée la classe ouvrière est de se préparer
pour un tel événement. Le bilan politique des grèves de 24 heures
organisées sous la direction des syndicats en Europe est une suite
de défaites dévastatrices. L’opposition de la classe ouvrière doit
être organisée indépendamment des syndicats afin de mener une lutte
pour renverser les gouvernements partout en Europe et les remplacer
par des gouvernements ouvriers qui appliqueront une politique socialiste.
Mais une telle lutte ne peut
être couronnée de succès que si une nouvelle direction politique
est constituée au sein de la classe ouvrière. Le Comité international
de la Quatrième Internationale (CIQI) qui défend l’indépendance
politique de la classe ouvrière et la continuité du trotskysme dans
la lutte contre le révisionnisme est la seule organisation à lutter
pour l’organisation et l’unification des travailleurs dans une lutte
internationale contre le capitalisme.
La tâche urgente à laquelle
est confrontée la classe ouvrière en France et internationalement
est son réarmement politique, fondé sur les perspectives du CIQI dans
une lutte irréconciliable contre la bureaucratie syndicale et ses apologistes
politiques alors que ces derniers tentent de préparer un nouveau piège
pour la classe ouvrière.