wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les syndicats appellent à des protestations symboliques alors que la crise de la dette se propage à la France

Par Kumaran Ira et Alex Lantier
22 août 2011

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Le président Nicolas Sarkozy et la bureaucratie syndicale française sont en train de planifier de nouvelles coupes draconiennes en vue de satisfaire les marchés financiers alors que la crise de la dette européenne se propage à la France. Après la dégradation par Standard & Poor’s de la note de crédit américaine, la spéculation s’intensifie sur le fait que la France sera la prochaine économie à perdre sa note de triple A. Le secteur bancaire français est fortement exposé aux centaines de milliards d’euros des dettes espagnole et italienne qui font actuellement l’objet d’attaques spéculatives sur les marchés financiers mondiaux.

Après avoir prévu pour le 24 août l’annonce d’une première réduction de 10 milliards d’euros des dépenses publiques, l’élite dirigeante française est à présent en train de manœuvrer pour présenter ces coupes comme le reflet d’un consensus national entre la bourgeoisie et la classe ouvrière. Le secrétaire général de la CFDT (Confédération française démocratique du travail), François Chérèque, a réclamé hier l’organisation « d’un sommet social qui réunisse les représentants des salariés, les représentants du patronat et le gouvernement. »

Le premier ministre François Fillon a annoncé hier que son gouvernement fixerait une telle réunion « dans les tout prochains jours, » afin de faire « un tour d’horizon » de la politique économique avec les bureaucrates syndicaux

Le plus grand syndicat français – la CGT (Confédération générale du travail), proche du Parti communiste (PCF) stalinien – est sorti du silence qu’il avait gardé depuis la trahison l’année dernière de la grève pétrolière, pour proposer une journée d’action à une date non spécifiée à la rentrée. Dans son communiqué, intitulé « Il faut en finir avec la dictature des marchés financiers », il est dit qu’une telle protestation de 24 heures permettrait au syndicat de se faire le messager des revendications des travailleurs.

La décision de la CGT d’appeler à la grève reflète indubitablement une colère grandissante en France et internationalement contre les attaques exigées par les banques suite à la dernière récession financière.

Toutefois, les affirmations des syndicats qui disent représenter une telle opposition sont des mensonges. Les bureaucrates syndicaux ne rencontrent pas Sarkozy et Fillon pour stopper – ni même limiter – les coupes proposées par le gouvernement, mais pour discuter de la manière de réduire l’opposition de la classe ouvrière à des journées d’action inoffensives.

De par la nature même de la prochaine réunion, il est impossible à tout bureaucrate syndical y participant d’agir en tant que « représentant des travailleurs. » L'un des rares passages véridiques du communiqué de la CGT fait remarquer que la politique de Sarkozy de rassurer les marchés aggravera la crise, comme le montre l’exemple de la Grèce.

Alors que les gouvernements de la France, de l’Italie, de l’Espagne et d’ailleurs se ruent pour arracher des centaines de milliards aux travailleurs, la politique qu’ils poursuivent ressemble avant tout à celle suivie en Grèce ou aux Etats-Unis. En Grèce, les travailleurs ont perdu l’équivalent de 30 pour cent de leur pouvoir d’achat en raison de réductions drastiques des emplois, de la retraite, des salaires et des primes. Aux Etats-Unis, les travailleurs de l’automobile ont subi une baisse de 50 pour cent de leur salaire tandis que le gouvernement Obama s’apprête à imposer des coupes sociales contre la classe ouvrière s’élevant à des milliers de milliards de dollars.

Aucun représentant légitime de la classe ouvrière ne peut approuver une telle politique. La précipitation de la CGT et de la CFDT pour négocier des coupes avec l’impopulaire gouvernement Sarkozy – que ce soit par une participation directe aux pourparlers, ou en semant l’illusion qu’une journée d’action parviendra à exercer une « pression » sur Sarkozy – prouve qu’ils ne représentent pas les travailleurs.

La direction de la lutte contre les coupes sociales doit être arrachée des mains des syndicats et de leurs partisans de la classe moyenne, des partis pseudo-gauches tels le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA).

Des leçons cruciales doivent être tirées des récentes luttes de la classe ouvrière qui ont été trahies par les syndicats. Le communiqué de la CGT souligne que « les politiques de sauvetage des marché financiers, mises en place depuis trois ans, sont contre-productives et en opposition à l’intérêt général. » Ces paroles sont en fait une mise en accusation de la CGT et de ses associés politiques, qui ont joué un rôle crucial dans la mise en place de ces coupes sociales.

En France, les récentes coupes sociales ont été le résultat d’intenses négociations entre Sarkozy et la bureaucratie syndicale, dont la CGT. La CGT avait appelé à une journée d’action lorsque Sarkozy avait introduit la réduction des droits à la retraite en 2007, puis à nouveau durant la réduction des droits à la retraite en 2008 et tout au long de 2009 contre les renflouements bancaires de Sarkozy et contre la crise économique. Toutefois, toutes ces mesures ont été adoptées, étant donné que Sarkozy et les syndicats ont simplement attendu que les protestations s’atténuent pour ensuite faire passer en force ces coupes.

L’exemple de la Grèce, soulevé par la CGT même, est un nouveau réquisitoire contre la politique de la CGT consistant à appeler à des grèves isolées d’une journée. En Grèce, des protestations répétées de 24 heures organisées par le syndicat GSEE (Confédération générale des travailleurs de Grèce) – dominé par le parti social-démocrate au pouvoir, PASOK, du premier ministre George Papandreou – n’ont eu aucun impact sur les coupes continues que Papandreou a fait passer en force.

Les syndicats ont à maintes reprises poursuivi cette politique non par erreur, mais parce qu’ils sont consciemment hostiles aux luttes de la classe ouvrière – une situation qui s’est encore aggravée du fait de la crise économique mondiale. Alors que les banques et les riches insistent pour que les travailleurs absorbent les milliers de milliards de pertes dues aux spéculations irresponsables des banques, les gouvernements ne tolèrent aucune opposition aux coupes sociales qu’ils proposent. Dans ces conditions, les syndicats se précipitent pour aider à imposer les réductions en bloquant les luttes des travailleurs qui ont, à présent, des implications révolutionnaires.

C’est ainsi qu’en France à l’automne dernier, le gouvernement Sarkozy avait été ébranlé par une puissante mobilisation et lutte lorsque des grèves dans les raffineries de pétrole et les ports avaient coupé l’approvisionnement de pétrole partout dans le pays pour protester contre les dernières réductions des droits à la retraite. Bien que la majorité de la population ait soutenu une grève générale contre Sarkozy, la CGT avait appuyé une attaque gouvernementale contre les grévistes. Elle avait insisté pour dire qu’il ne devrait y avoir que des protestations « symboliques » alors que Sarkozy avait envoyé les CRS, la police anti-émeute, pour prendre le contrôle des raffineries et des dépôts de pétrole.

L’éruption de luttes révolutionnaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord qui ont renversé des régimes dictatoriaux en Tunisie et en Egypte, terrorise le gouvernement Sarkozy et la bureaucratie syndicale. Le gouvernement, tout comme la bureaucratie de la CGT, deviendraient les cibles de l’opposition ouvrière – comme en Egypte – si une lutte politique de la classe ouvrière émergeait en Europe sur le modèle des protestations de masse survenues en Egypte et en Tunisie.

La tâche politique centrale à laquelle est confrontée la classe ouvrière est de se préparer pour un tel événement. Le bilan politique des grèves de 24 heures organisées sous la direction des syndicats en Europe est une suite de défaites dévastatrices. L’opposition de la classe ouvrière doit être organisée indépendamment des syndicats afin de mener une lutte pour renverser les gouvernements partout en Europe et les remplacer par des gouvernements ouvriers qui appliqueront une politique socialiste.

Mais une telle lutte ne peut être couronnée de succès que si une nouvelle direction politique est constituée au sein de la classe ouvrière. Le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) qui défend l’indépendance politique de la classe ouvrière et la continuité du trotskysme dans la lutte contre le révisionnisme est la seule organisation à lutter pour l’organisation et l’unification des travailleurs dans une lutte internationale contre le capitalisme.

La tâche urgente à laquelle est confrontée la classe ouvrière en France et internationalement est son réarmement politique, fondé sur les perspectives du CIQI dans une lutte irréconciliable contre la bureaucratie syndicale et ses apologistes politiques alors que ces derniers tentent de préparer un nouveau piège pour la classe ouvrière.

(Article original paru le 18 août 2011)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés