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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

L'avertissement de S&P sur la dette : les escrocs de Wall Street exigent des coupes brutales

Par Barry Grey
26 avril 2011

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Cinq jours après que le sous-comité permanent sur les enquêtes du Sénat a publié un volumineux rapport détaillant les activités criminelles des banques et des agences de notation qui ont précipité le krach de Wall Street en 2008 et la récession mondiale, l'un des coupables mentionnés, Standard & Poor's Credit Ratings Services, a lancé un ultimatum à la Maison-Blanche et au Congrès, exigeant qu'un accord soit établi durant la période précédant les élections de 2012 sur de brutales mesures d'austérité à imposer.

En abaissant sa perspective de « stable » à « négative » sur la cote AAA des bons du Trésor américain, S&P s'est exprimé lundi au nom de toute la mafia financière qui a ses quartiers généraux sur Wall Street. L'agence de notation a déclaré dans un communiqué de presse que si un accord n'était pas conclu dans les prochains mois sur une réduction du déficit fédéral d'au moins 4 billions de dollars durant la prochaine décennie, « cela pourrait nous amener à abaisser la cote ».

Cela constitue en fait une menace de faire s'écrouler l'économie des États-Unis et du monde et de miner la position du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale. Ce geste est une expression de la volonté, organisée internationalement, des grandes banques et des spéculateurs de mettre en ouvre des attaques dévastatrices contre les conditions de vie de la classe ouvrière américaine.

Ils emploient aux États-Unis les méthodes d'extorsion utilisées précédemment pour alimenter les attaques spéculatives sur la dette souveraine de nombreux pays européens, y compris la Grèce, l'Irlande, le Portugal et l'Espagne. S&P et ses principaux rivaux, Moody's et Fitch, ont stratégiquement annoncé des avertissements et des abaissements de notes de crédit afin de créer un climat de crise, qui a ensuite été utilisé par les gouvernements pour contrer l'opposition populaire et imposer des mises à pied et des baisses de salaire de masse, ainsi que démanteler les programmes sociaux.

John Chambers, directeur de la commission de notation de S&P, l'a essentiellement avoué, selon un article paru dans le Wall Street Journal de mardi. « Si les États-Unis arrivent à une entente semblable à ce qu'ils ont fait en Grande-Bretagne, S&P va ramener la perspective pour les États-Unis à stable, a dit M. Chambers. »

En mai 2009, S&P avait baissé sa perspective de notation pour la Grande-Bretagne. Il a renversé cette action 17 mois plus tard après que le gouvernement de coalition conservateurs-libéraux démocrates nouvellement élu a annoncé un programme radical de coupes qui allait détruire le filet social du pays.

Nos lecteurs peuvent juger par eux-mêmes si S&P est dans une position pour lancer de tels ultimatums. Le rapport du Sénat sur le krach de Wall Street décrit ainsi le processus de corruption par lequel S&P attribuait régulièrement des cotes AAA à des titres sans valeur vendu par les banques : « Les agences de notation ont été payées par les entreprises de Wall Street qui ont demandé leur cotation et ont profité des produits financiers cotés... Les agences de notation ont assoupli leurs normes alors que chacune faisait compétition pour fournir la cote la plus favorable pour gagner une plus grande part des entreprises et du marché. Le résultat a été une course vers le bas ».

Le sénateur Carl Levin, président du sous-comité, a décrit le milieu enquêté comme « un désordre financier où régnaient la cupidité, les conflits d'intérêts et les méfaits ».

En toute justice, les cadres du personnel dirigeant de S&P qui ont supervisé cette fraude et empoché du même coup des salaires de  plusieurs millions de dollars devraient être en prison. Plutôt, toujours en poste et n'ayant subi aucune conséquence, ils profitent de la catastrophe qu'ils ont eux-mêmes causée pour saccager des programmes sociaux fondamentaux tels que Medicare, Medicaid et la sécurité sociale, desquels dépendent des dizaines de millions de personnes.

La déclaration faite lundi par S&P affirmait que le plan budgétaire des républicains pour l'année financière 2012 et celui des démocrates présenté la semaine dernière créaient les conditions pour réduire le déficit fédéral de 4 billions de dollars. Les deux partis devaient cependant arriver à un accord avant l'élection nationale de 2012 a soutenu la société de notation.

Cette demande met en évidence le caractère antidémocratique du supposé débat sur le budget. Il s'agit en fait d'une tromperie élaborée qui masque la dictature des banques. L'entente pour confirmer la destruction de ce qui reste des réformes sociales du 20e siècle doit être conclue avant les élections pour s'assurer que le vote ne devienne d'aucune façon un référendum sur l'austérité et que l'électorat n'intervienne en aucun cas sur la question.

Wall Street et ses serviteurs politiques à Washington sont bien au fait de l'opposition de masse aux mesures qu'ils proposent. Lundi, la même journée que S&P a fait son annonce, McClatchy Newspapers a publié les résultats d'un sondage McClatchy-Marist qui montrait que l'électorat appuie, dans une proportion de 64 pour cent, une hausse d'impôts sur les salaires de plus de 250 000 dollars. De plus, 80 pour cent des électeurs, contre 18 pour cent, s'opposent aux coupes dans Medicare et Medicaid.

S&P est intervenu au nom des banques pour orienter le faux débat sur le budget encore plus à droite et créer les conditions pour des coupes encore plus importantes que celles déjà proposées. Interviewé lundi à Bloomberg Television, David Beers, le patron des notations globales de S&P, a affirmé que la cible de 4 billions de dollars pour la réduction du déficit n'était « pas suffisante pour stopper en fin de compte la montée de la dette américaine ». Cela ne représentait, a-t-il dit, qu'un « point de départ utile ».

L'establishment médiatique a immédiatement signalé qu'il avait bien reçu le message. Le Los Angeles Times a dit dans un éditorial que le « Congrès et la Maison Blanche ne peuvent se permettre d'ignorer ce coup de semonce ». Le Financial Times de Londres a publié un éditorial dans lequel il déclarait que le « coup de semonce de S&P devrait galvaniser les dirigeants américains ».

Les dirigeants démocrates se sont empressés de rassurer Wall Street et de lui dire qu'ils avaient compris. Mardi, dans une université de la Virginie, Obama a dit : « Je crois que les démocrates et les républicains peuvent s'entendre pour accomplir cela. »

Lundi, Steny Hoyer du Maryland, le numéro deux démocrate à la Chambre des représentants, a dit : « Les perspectives à long terme révisées d'aujourd'hui montrent qu'une action urgente et bipartite est nécessaire afin de placer sérieusement le pays sur le chemin de la réduction des déficits. »

Erskine Bowles, un ancien chef de cabinet de la Maison-Blanche pour Bill Clinton et coprésident de la commission financière bipartite de l'année dernière, était encore plus catégorique. S'adressant au Financial Times, il a dit que S&P a été « absolument correct » en abaissant sa perspective à long terme sur la dette américaine. « Je dirais même plus qu'ils sous-estiment l'étendue du problème », a-t-il dit.

Seul un mouvement indépendant de masse et d'opposition implacable mené par la classe ouvrière peut défaire cette conspiration criminelle. Le World Socialist Web Site et le Parti de l'égalité socialiste appellent les travailleurs et les jeunes à rejeter tout le cadre du supposé débat sur le budget. On doit s'opposer sans compromis à toute coupe dans les emplois, les salaires, les programmes sociaux et les services. La classe ouvrière n'est aucunement responsable de la crise du système capitaliste.

Nous proposons une autre politique. Comme premier versement, afin de commencer à recouvrer la richesse pillée par l'élite financière, nous proposons un impôt supplémentaire de 50 pour cent sur tous les ménages qui détiennent une fortune de plus de 5 millions.

En complément, il doit y avoir une augmentation de l'impôt sur le revenu sur les ménages qui reçoivent plus de 500 000 dollars par année. Cet impôt serait de 90 pour cent.

Ces mesures ne vont pas seulement générer des centaines de milliards de dollars pour les emplois, les écoles, les soins de santé, le logement et les retraites, elles vont s'attaquer à la dilapidation sans borne des ressources et vont contribuer vigoureusement à la santé morale et économique de la société.

Ces mesures initiales mènent inévitablement à la nationalisation des banques et des entreprises majeures ainsi qu'à leur transformation en société publique sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. C'est un programme socialiste. Il requiert que la classe ouvrière rompe politiquement d'avec les deux partis de la grande entreprise et construise un mouvement de masse servant à lutter pour un gouvernement ouvrier.

Barry Grey

(Article original paru le 20 avril 2011)

 

À lire aussi sur le même sujet:

Rapport du Sénat sur le krach de Wall Street : La criminalisation de la classe dirigeante américaine [23 avril 2011]

Senate report on Wall Street crash: The criminalization of the American ruling class [18 avril 2011]

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