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WSWS : Nouvelles et analyses : Afrique et Moyen-Orient

Le gouvernement français embarrassé par ses liens avec les dictatures d’Afrique du Nord

Par Antoine Lerougetel et Alex Lantier
11 février 2011
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Les protestations de masse en Afrique du Nord contre le président égyptien Hosni Moubarak et le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali qui a fui son pays le 14 janvier, ébranlent le gouvernement français. Pour le moment, l’attention se concentre sur la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, qui, comme beaucoup de politiciens français, jouit de liens étroits avec le régime tunisien.

Alliot-Marie et son époux Patrick Ollier – également ministre au gouvernement – ont bénéficié d’un vol gratuit dans le jet privé du multimillionnaire Aziz Miled et séjourné dans son hôtel de luxe durant les vacances de Noël au moment où les protestations contre Ben Ali se poursuivaient. L’avion de Miled était affrété par Karthago Airlines, dont le propriétaire est le beau-frère de Ben Ali, Belhassen Trabelsi. Trabelsi fait à présent l’objet d’un mandat d’arrêt international.

Tandis qu'Alliot-Marie profitait de l’hospitalité de Miled, la police de Ben Ali fusillait des travailleurs et des jeunes qui protestaient contre le chômage, la pauvreté et la dictature de Ben Ali. 218 personnes au moins ont été tuées selon les chiffres du gouvernement.

Le 11 janvier, de retour au travail, Alliot-Marie a proposé d’envoyer la police anti-émeute française pour aider à réprimer les manifestants tunisiens.

Les agissements d’Alliot-Marie ne symbolisent que trop clairement la complicité qui existe entre Paris et la dictature en Tunisie, ancienne colonie française. Alliot-Marie a aggravé ses problèmes par des tentatives maladroites pour détourner l’attention de ses liens avec le régime Ben Ali.

Elle a affirmé que Miled était une victime de Ben Ali. En fait, comme l’a fait remarquer Le Nouvel Observateur, Miled est « l’un des organisateurs de la campagne présidentielle de Ben Ali en 2004 et qu’il est l’un des premiers signataires d’une motion de soutien à une candidature de l’ex-homme fort pour la présidentielle qui devait se tenir en 2014. »

Alliot-Marie a également tenté d’en appeler à l’anti-américanisme, en imputant stupidement la faute du renversement de Ben Ali à Washington : « Ce sont les Américains qui ont pris les choses en main…Inutile de préciser que les Américains n’ont pas pris la peine de nous tenir au courant. » De tels commentaires suggèrent visiblement que la principale objection qu’elle soulève dans cet état de fait est que Ben Ali ne soit plus au pouvoir.

Lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, elle a fait la preuve de son ignorance quant aux protestations et quant à Mohamed Bouazizi – le jeune vendeur de fruits et légumes ambulant qui s’est immolé par le feu le 17 décembre, déclenchant les protestations de masse contre Ben Ali. Elle s’est trompée sur la date de son décès affirmant, « Le suicide s’est produit, il me semble, à la fin de mon séjour. C’est le souvenir que j’en ai. »

De manière plus impudente encore elle a affirmé : « Il n’y avait aucune répression à ce moment-là. » Plus tard elle a attaqué ceux qui l’ont critiquée en affirmant qu’ils menaient contre elle une « campagne de dénigrement. »

Des membres du PS et de ses satellites soi-disant de « gauche » tel le Nouveau parti anticapitaliste ont réclamé son départ. Le député PS, Pierre Moscovici a dit, « La politique extérieure de la France ne peut pas être incarnée par Mme Alliot-Marie. »

Un autre député du PS, Olivier Dussopt, a dit au gouvernement: « Votre ministre des Affaires étrangères est disqualifiée. Allez-vous prendre vos responsabilités et nommer un nouvel interlocuteur pour nos partenaires ? »

Alors que la défense de Ben Ali par Alliot-Marie est particulièrement éhontée, les tentatives entreprises pour sauver la réputation de la classe dirigeante française en forçant Alliot-Marie à partir sont tout à fait cyniques.

Le premier ministre François Fillon a rejeté les appels à la démission d’Alliot-Marie et le président Nicolas Sarkozy est resté silencieux face à cet état de fait. Toutefois – devant de récents rapports selon lesquels Fillon a lui-même été l’invité du régime égyptien durant ses vacances de Noël – il se pourrait que la pression continue de monter.

La politique de soutien à Ben Ali était partagée non seulement par l’ensemble du gouvernement français mais aussi par le PS, ce qui reflète les intérêts stratégiques impérialistes en Afrique du Nord.

La France cherche à développer ses anciennes colonies en Afrique du Nord comme sources d’énergie et de main-d’œuvre bon marché (Voir « Aux travailleurs de l’usine de pneus Continental fermée de Clairoix Continental offre des emplois à 137 euros par mois en Tunisie » ). Toute lutte sérieuse contre le soutien de la France aux dictatures d’Afrique du Nord doit adopter comme base politique une lutte socialiste contre l’impérialisme.

Le soutien accordé par le gouvernement français à Ben Ali est parfaitement documenté. Le 8 et le 12 janvier, sept tonnes de gaz lacrymogène, de matraques et autres équipements de police, commandés par des firmes françaises pour la police tunisienne ont été dédouanés à l’exportation par les ministères de la Défense, de l’Intérieur et des Affaires étrangères.

Fillon a confirmé ce fait dans une lettre expédiée le 2 février à Jean-Marc Ayrault, président du groupe parlementaire du Parti socialiste (PS) à l’Assemblée nationale. Le chargement avait été intercepté par les douanes françaises quelques heures avant le départ de Ben Ali. L’ordre officiel de bloquer ce matériel était venu d’Alliot-Marie, mais seulement à la date du 18 janvier.

Quant au PS, le Dauphiné Libéré a souligné que le mentor de la direction du Parti socialiste, le président François Mitterrand, avait bénéficié de « somptueux séjours…en Egypte, à l’invitation de Moubarak. » Plus récemment, le gouvernement de la gauche plurielle du premier ministre PS, Lionel Jospin (1997-2002), entretenait de bonnes relations avec des dictateurs d’Afrique du Nord.

Le PS était officiellement affilié aux partis au pouvoir égyptien et tunisien au sein de l’Internationale socialiste social-démocrate. L'Internationale socialiste a expulsé le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) tunisien en janvier et le Parti national démocrate (NPD) d’Egypte le 5 février.

(Article original paru le 9 février 2011)

Voir aussi:

Notre couverture sur les soulèvements en Afrique du Nord et Moyen-Orient

 

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