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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

L'administration Obama et l'Égypte

Par Barry Grey et David North
1er février 2011

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L'administration Obama fait face à un mouvement révolutionnaire qui s'intensifie en Égypte. Ses tactiques découleront de deux objectifs stratégiques primordiaux inséparables : la défense de l'État capitaliste égyptien et le maintien de ce pays en tant que pilier des opérations impérialistes américaines dans la Méditerranée, en Afrique du Nord et à travers le Moyen-Orient. La classe ouvrière en Égypte et ses alliés parmi les masses insurgées ne peuvent se permettre d'entretenir la moindre illusion sur les intentions et les plans du président Obama. Le président et ses conseillers du Pentagone et de la CIA sont fermement décidés à réprimer, désamorcer et finalement écraser le mouvement révolutionnaire.

Les événements de la dernière semaine ont pris l'administration par surprise. Celle-ci n'avait pas prévu la révolte de masse contre l'atout de longue date de Washington, Moubarak. Pendant même que des dizaines de milliers de travailleurs et de jeunes bravaient la violence policière mardi dernier, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton se portait garante de la stabilité du régime.

Les États-Unis sont fortement impliqués - politiquement, économiquement et militairement - dans le régime Moubarak. Leur réticence à se débarrasser sommairement du dictateur n'est pas une expression de sentimentalité. Les États-Unis craignent plutôt qu'abandonner Moubarak trop rapidement minerait la confiance d'autres dictateurs à la solde de la CIA envers la fiabilité de Washington. Toutefois, en dernière analyse, le sort de Moubarak n'est qu'une question d'ordre secondaire. La survie de l'armée et des services de sécurité de l'Égypte, desquels dépend l'ordre capitaliste, est ce qui inquiète incomparablement plus Washington.

À ce point-ci, l'administration Obama est préoccupée par le fait qu'une tentative visant à utiliser l'armée pour réprimer plus sévèrement les manifestations pourrait mener à l'effondrement de cette dernière. Il n'est pas certain que l'on puisse se fier sur les soldats pour faire feu sur les citoyens dans les rues du Caire, d'Alexandrie, de Port-Saïd et d'autres villes, et cela pourrait être la seule façon de sauver Moubarak.

Les décideurs politiques américains sont tourmentés par le précédent de la révolution iranienne de 1979. Washington n'avait pas préparé d'alternative politique au Shah et l'armée iranienne avait craqué sous la pression de la révolution. Le résultat fut la perte d'un État satellite crucial dans le Golfe Persique.

La politique qui est développée présentement à Washington a, à court terme, deux objectifs : consolider l'armée et les services de renseignement égyptiens - d'où la nomination à la vice-présidence d'Omar Souleiman, chef des services de renseignement et ancien général - et préparer une alternative politique à Moubarak si sa déposition devenait nécessaire. Tout remplaçant sanctionné par Washington ne serait cependant rien de plus qu'un pantin présentant une façade pseudodémocratique pour un nouveau régime militaire.

Mohamed ElBaradei, qui est mis en avant par les médias américains, est un candidat pour le poste. Représentant digne de confiance de la bourgeoisie égyptienne, ElBaradei a quitté sa résidence de Vienne la semaine dernière pour se rendre en Égypte dans le but explicite d'empêcher un renversement révolutionnaire et sauver le régime bourgeois.

Les Frères musulmans, pour leur part, ont accepté d'appuyer ElBaradei alors qu'ils recherchent eux aussi le patronage de Washington.

Dans une série d'entrevues télévisées dimanche, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a clairement indiqué les grandes lignes de la stratégie contre-révolutionnaire en cours d'élaboration par la Maison-Blanche. Elle a évité de demander la démission du président Moubarak, mais a aussi refusé de s'engager à cautionner la continuation de son règne.

En conformité aux appels cyniques de l'administration Obama pour la réforme démocratique en Égypte, Clinton a fait la déclaration ridicule : « Nous continuons d'exhorter le gouvernement égyptien, comme le font les États-Unis depuis 30 ans, à répondre aux aspirations légitimes du peuple égyptien et à commencer à agir concrètement pour mettre en ouvre des réformes démocratiques et économiques. » [C'est nous qui soulignons].

En quoi a consisté cette croisade de 30 ans pour la réforme démocratique en Égypte? Fournir 35 milliards de dollars en aide, majoritairement militaire, à Moubarak et le célébrer comme un allié fidèle dans la guerre contre l'Irak, la défense d'Israël et la « guerre contre le terrorisme ». Non seulement les États-Unis ont comploté dans l'assassinat et la torture d'adversaires politiques du régime, ils ont aussi utilisé les services de renseignement de Moubarak et la police comme des tortionnaires à leur solde pour les politiques d'enlèvement et de « restitution » de présumés terroristes de Washington.

Clinton a ajouté : « Et nous devons faire la distinction, comme ils [l'armée égyptienne] tentent de la faire, entre les manifestants pacifiques, dont les aspirations doivent être considérées, et puis ceux qui profitent de cette situation pour piller et prendre part à d'autres activités criminelles ».

Clinton établit déjà une distinction entre des formes de protestation « légitimes » et « illégitimes », la première étant celle qui ne conteste pas les intérêts américains et la dernière étant celle qui les conteste. Elle établit le cadre politique et pseudomoral pour justifier la prochaine répression de masse.

Washington est conscient que peu importe le gouvernement qu'il soutient, la crise politique en Égypte ne sera pas réglée. Il est impossible pour un régime capitaliste de satisfaire une seule des revendications sociales ou politiques des masses - des emplois, la fin de la pauvreté dans les villes et les campagnes, et l'abolition des services de police répressifs. De même, un régime bourgeois ne mettra pas fin à l'alliance de l'Égypte avec Israël, qui a été une composante essentielle du rôle stratégique du pays dans le Moyen-Orient depuis le voyage du président Anouar el-Sadate, le prédécesseur de Moubarak, à Jérusalem en 1977. La bourgeoisie égyptienne corrompue est bien trop un prolongement naturel de l'impérialisme américain pour mener à bien de telles politiques.

La stratégie de l'administration Obama est par conséquent de préparer l'armée, derrière la façade d'une fausse « réforme » du gouvernement, pour une future répression brutale de la classe ouvrière. On peut être certain que, dans les coulisses, le Pentagone fait l'inventaire détaillé de tous les régiments, brigades et sections de l'armée égyptienne pour déterminer sur quelles forces ils peuvent compter.

La question centrale confrontant la révolution est celle de la direction politique. La classe dirigeante américaine est très au courant de ce fait. Dans une entrevue publiée samedi, Jon B. Alterman du Center for Strategic and International Studies de Washington, a dit : « Comme en Tunisie, les manifestations semblent représenter un mouvement largement sans leader, dépourvu de programme clair et n'ayons aucune façon de prendre le pouvoir. »

C'est ce vide politique que l'impérialisme américain et ses agents parmi la classe dirigeante égyptienne cherchent à exploiter.

La classe ouvrière égyptienne gagne en confiance et en expérience. À travers le pays, de nouvelles formes de représentation populaire, indépendantes de l'État existant et hostiles à lui, commencent à émerger. Mais le développement des forces révolutionnaires requiert une stratégie politique claire, basée sur une compréhension du contexte historique et international et de la dynamique de classe du mouvement révolutionnaire qui se déroule en Égypte et à travers le Moyen-Orient.

À ce moment critique, le Comité international de la Quatrième Internationale lance cet appel sincère à la classe ouvrière égyptienne et à ses alliés parmi les étudiants, les jeunes et les gens pauvres des campagnes : les principes de la révolution permanente de Léon Trotsky, vérifiés par les expériences historiques du vingtième siècle, sont profondément pertinents pour la lutte qui se déroule maintenant. La victoire de la révolution et votre désir d'obtenir des droits démocratiques et l'égalité peuvent seulement être accomplis sur la base d'un programme socialiste et dans la lutte pour le pouvoir. On ne peut placer aucune confiance dans l'un ou l'autre des représentants politiques de la classe capitaliste et de ses institutions. Ne cherchez pas vos alliés parmi les représentants pseudodémocratiques et corrompus de la bourgeoisie nationale, mais plutôt parmi la classe ouvrière à travers le monde. Tandis que les travailleurs sur tous les continents font face à des attaques toujours plus brutales sur leurs conditions de vie et leurs droits démocratiques, ils puisent une inspiration nouvelle des luttes révolutionnaires qui ont commencé en Afrique du Nord.

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