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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Libérez Bradley Manning!

Par Patrick Martin
5 mars 2011

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La décision du gouvernement Obama et du Pentagone d’ajouter 22 chefs d’accusation de crime supplémentaires à la plainte contre le soldat Bradley Manning, l’un de ces chefs d’accusation étant passible de la peine de mort, est une démonstration brutale de l’esprit haineux de l’impérialisme américain. En ciblant ainsi Bradley Manning et en l’accusant d’un crime capital, le gouvernement américain cherche en même temps à intimider l’ensemble de l’opposition à la politique de guerre de l’élite patronale et financière.

Quel est le prétendu crime de Bradley ? Il aurait fourni des documents au site Internet WikiLeaks qui démasque les atrocités américaines en Irak et en Afghanistan ainsi que les malhonnêtetés diplomatiques commises à travers le monde.

Le nouveau chef d’accusation le plus grave contre Manning est, en vertu de l’article 104 du Code uniforme de justice militaire, celui de « collusion avec l’ennemi » pour avoir livré « soit directement soit indirectement » des informations. Le Pentagone n’a pas spécifié qui est le supposé « ennemi » en laissant la possibilité ouverte que cela pourrait se rapporter à WikiLeaks même – un site Internet lanceur d’alerte dont les activités de divulgation de secrets d’Etat et de grands groupes sont légales et qui lui ont valu un large soutien dans le monde. Le fait de qualifier WikiLeaks d’« ennemi » américain laisse supposer que le site Internet pourrait être ciblé pour une action militaire incluant à la fois la guerre cybernétique et le recours à la violence meurtrière à l’encontre d’individus tels son fondateur, Julian Assange.

Si « l’ennemi » auquel on se réfère est Al Qaïda ou les Talibans qui ont soi-disant eu accès à des documents militaires et diplomatiques classés par le biais de leur affichage sur Internet, les implications sont encore plus vastes et plus réactionnaires. Non seulement Manning, mais WikiLeaks et n’importe quel journal, site Internet ou autre publication dans n’importe quel pays ayant reproduit, divulgué ou commenté les révélations de WikiLeaks, pourraient faire l’objet de poursuites identiques.

De plus, compte tenu du caractère omniprésent de l’Internet, toute personne qui divulgue une information classée secrète à un média quelconque, et non seulement à WikiLeaks, pourrait être inculpée de « collusion avec l’ennemi ». C’était exactement la position adoptée par le gouvernement Nixon en 1971 lorsque Daniel Ellsberg avait fait passer les Papiers du Pentagone au New York Times et au Washington Post.

Durant les 40 ans écoulés depuis les Papiers du Pentagone, les médias américains ont abandonné toute indépendance vis-à-vis de l’appareil militaire et de renseignement. Le rédacteur du Times, Bill Keller, écrit ouvertement sur sa subordination aux censeurs du Pentagone et de la CIA en déclarant sans complexe que la liberté de presse consiste en « liberté » de ne pas publier ce qui est considéré préjudiciable à la sécurité nationale par le gouvernement.

Si les mêmes critères avaient été appliqués durant la guerre du Vietnam, non seulement Daniel Ellsberg mais Seymour Hersh, qui avaient révélé le massacre de My Lai, et des dizaines d’autres journalistes auraient été envoyés en prison pour avoir rendu compte sur les crimes commis par l’armée américaine et les gouvernements Johnson et Nixon.

En 1971, le Times et le Post sont allés devant les tribunaux et ont gagné un procès devant la Cour suprême pour la protection de leur droit de publier les Papiers du Pentagone, un jugement qui, finalement n’avait pas permis au gouvernement Nixon de poursuivre Ellsberg en justice. De nos jours, la collaboration des médias américains est un élément essentiel facilitant la persécution militaire de Bradley Manning.

Non seulement les médias américains approuvent son arrestation et sa poursuite en justice, mais il y a eu un silence quasi-total sur les mauvais traitements infligés par l’armée à Manning tout au long de son incarcération. Le soldat âgé de 23 ans a été placé en cellule d’isolement durant ces dix derniers mois, il a été soumis à des méthodes d’isolement qui sont grossièrement abusives et qui ont été dénoncées comme des actes de torture par des groupes de défense des droits le l’homme. Si un soldat américain avait été détenu dans de telles conditions comme prisonnier de guerre dans un pays quelconque, le gouvernement américain et les médias américains auraient exigé que ses geôliers soient poursuivis pour crimes de guerre.

La vendetta menée contre Bradley Manning contraste fortement avec la défense catégorique des véritables criminels au sein de l’élite dirigeante américaine. Plus de deux ans ont passé depuis qu’Obama est entré à la Maison Blanche. Pendant cette période pas un seul des responsables du gouvernement Bush n’a été poursuivi pour avoir lancé une guerre illégale sur la base de mensonges au peuple américain. En effet, plusieurs documents publiés par WikiLeaks ont révélé la détermination du gouvernement Obama d’empêcher des poursuites dans d’autres pays. Pas un seul agent ou responsable du renseignement n’a été poursuivi pour avoir torturé des prisonniers. Pas un seul directeur de banque ou PDG n’a été poursuivi en raison de pratiques criminelles qui ont occasionné la plus grande crise financière de l’histoire. Et pas un seul cadre supérieur du géant pétrolier BP n’a été poursuivi pour avoir dévasté le Golfe du Mexique.

Mais, toute la rigueur de l’Etat capitaliste est appliquée à un soldat héroïque qui apparemment a cru qu’il était de son devoir – justifié en vertu des principes énoncés contre les crimes de guerre aux procès de Nuremberg – de porter à l’attention du public les preuves massives des crimes de guerre commis par les Etats-Unis. Il est probable que le premier matériel fourni à WikiLeaks a été la séquence filmée dans un quartier de Bagdad et montrant la fusillade depuis un hélicoptère de combat américain de civils irakiens dont deux employés de l’agence d’information Reuters.

Si Obama n’avait rien fait d’autre, la décision de poursuivre Bradley Manning serait suffisante pour qualifier son gouvernement de tout aussi réactionnaire et belliciste que celui de Bush et Cheney.

Des millions de gens avaient défilé contre la décision du gouvernement Bush de faire la guerre à l’Irak et un sentiment massif anti-guerre avait joué un rôle primordial dans la victoire d’Obama lors de la campagne de nomination du candidat présidentiel démocrate, puis dans l’ élection présidentielle elle-même en 2008.  

Mais, depuis son élection, Obama a gardé Robert Gates, le chef du Pentagone de Bush et le général David Petraeus, son commandant en chef, et il a poursuivi l’occupation de l’Irak conformément au calendrier de « retrait » élaboré par Bush tout en intensifiant aussi considérablement la guerre en Afghanistan et au Pakistan. A présent, le gouvernement délibère publiquement s’il doit engager une troisième guerre américaine dans une autre région riche en pétrole et il positionne des moyens militaires pour une éventuelle intervention en Libye.

Toutes ces démarches ont eu lieu sans la moindre opposition de la part des organisations de protestations qui avaient condamné le gouvernement Bush. Totalement subordonné au Parti démocrate, le milieu libéral de gauche a directement saboté le développement d’un massif mouvement anti-guerre.

Une condamnation à mort plane au-dessus de la tête du soldat Bradley Manning dans des conditions où la lutte de classe retourne sur la scène aux Etats-Unis et internationalement. Il existe un lien inhérent entre la brutalité infligée à Manning et la virulence avec laquelle ces mêmes représentants de l’élite patronale lancent leur assaut contre la classe ouvrière.

La lutte de masse contre la guerre doit être reprise mais placée sur une nouvelle base politique : celle de l’opposition aux partis Démocrate et Républicain et au système capitaliste qu’ils défendent. La revendication de la libération de Bradley Manning doit être inscrite sur les bannières d’un nouveau mouvement de masse socialiste de la classe ouvrière.

 (Article original paru le 4 mars 2011)

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