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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Des voix s’élèvent pour une intervention militaire en Libye

Par Ann Talbot
2 mars 2011

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Le gouvernement britannique réfléchit activement à envoyer des troupes spéciales en Libye prenant pour prétexte le sauvetage de 170 travailleurs piégés dans des campements pétroliers isolés alors que les combats et les soulèvements de masse contre le régime du colonel Mouammar Kadhafi se poursuivent.

Les nouvelles en provenance de l’intérieur de la Libye sont fragmentaires compte tenu des combats et des restrictions imposées aux médias par le régime Kadhafi. Ces informations ont suggéré que Misurata, la troisième ville du pays, se trouverait aux mains des forces anti-Kadhafi alors que les combats se déplaçaient vers des villes telles que Zawiya et al-Khums qui sont proches de la capitale libyenne, Tripoli. Kadhafi a de nouveau prononcé aujourd’hui un autre discours belligérant accusant le dirigeant d’al-Quaïda, Oussama ben Laden d’avoir fomenté le soulèvement et affirmant que les manifestants étaient drogués.

Le secrétaire britannique des Affaires étrangères, William Hague, a dit qu’il n’écartait pas la possibilité d’envoyer des forces spéciales en Libye.

Hague a convoqué une réunion d’urgence du groupe interministériel COBRA ainsi que le secrétaire à la Défense Liam Fox. Le premier ministre David Cameron effectue en ce moment au Moyen Orient un voyage commercial se concentrant sur la vente d’armes aux despotes du Golfe persique.

Le secrétaire d’Etat à la Culture, Jeremy Hunt, a dit à la radio LBS, « La nouvelle la plus significative est que les troupes SAS [Forces aériennes spéciales] sont à présent prêtes à entrer en action. »

A la question directe de savoir s’il pouvait envisager une intervention militaire britannique en Libye, il a répondu : « Tout à fait… nous n’aurions pas les troupes SAS en attente si nous n’envisagions pas la possibilité d’en faire usage. »

Un communiqué du ministère de la Défense britannique (MoD) a dit qu’il « assistait les responsables du FCO [le ministère britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth] à Tripoli et qu’il a déployé d’avance un nombre d’autres ressources et de personnels dans la région pour intervenir le moment venu dans le cadre de la réponse dirigée par le ministère des Affaires étrangères. » Le communiqué continue en disant, « Un certain nombre d’autres ressources britanniques sont également prêtes à aider le FCO en cas de besoin. »

Des sources anonymes au sein de l’armée ont laissé entendre que les forces spéciales de l’infanterie de marine britannique (SBS) ont déployé une patrouille de reconnaissance dans une région de la Méditerranée. La British Forces News (radio militaire britannique) a dit que les forces spéciales se tenaient en alarme et seront soutenues par les parachutistes du Special Forces Support Group (SFSG).

Frank Gardner, le rédacteur chargé des questions de sécurité de la BBC, a suggéré que le personnel SAS pourrait déjà être sur place en civil.

La frégate britannique HMS Cumberland a jeté l’ancre à Benghazi et un avion de transport Hercules de la RAF a décollé de l’aéroport de Tripoli avec à son bord 70 ressortissants britanniques. Un deuxième avion Hercules a été expédié à Malte et est prêt à effectuer le court trajet à destination de la Libye.

La situation des citoyens étrangers bloqués en Libye, particulièrement dans des camps isolés d’exploration pétrolière, est certainement difficile. Dans certains cas, des pilleurs se sont emparés de leur matériel et de leurs véhicules et les ont empêchés de partir. Les sociétés pétrolières qui emploient ces travailleurs avaient disposé de dix jours pour organiser leur transfert en Egypte ou vers le port de Benghazi pour y prendre un bateau, mais ne l’ont pas fait.

Se servir de l’évacuation comme prétexte pour planifier ou organiser une intervention militaire en Libye, serait totalement réactionnaire. Il appartient à la classe ouvrière libyenne et aux masses opprimées de mettre en échec Kadhafi et non à l’impérialisme étranger ou à ses mandataires locaux.

De nombreuses sociétés pétrolières occidentales détiennent d’importantes parts en Libye. Celle-ci possède les plus vastes réserves pétrolières connues en Afrique et exporte quotidiennement vers l’Europe la plupart des 1,2 millions de barils qu’elle produit. Parmi ces sociétés il y a l’italien ENI, les britanniques BP et Royal Dutch Shell PLC, l’allemand Wintershall et une suite de firmes américaines – Marathon Oil, Halliburton, Occidental Petroleum et Hess Corp.

Des dépêches publiées par WikiLeaks montrent que Washington – tout comme sans doute ses alliés européens – était parfaitement bien informé sur la nature corrompue et brutale du régime de Kadhafi mais était prêt à coopérer avec lui tant que les compagnies pétrolières américaines en Libye pouvaient faire ce qu’elles voulaient.

Les principaux objectifs favorisant une intervention occidentale seraient de protéger les parts des principales sociétés pétrolières en Libye, de créer un régime complaisant pour remplacer Kadhafi et de tenter de briser la vague des luttes révolutionnaires en Afrique du Nord – tout particulièrement chez les voisins de la Libye, l’Egypte et la Tunisie. Un tel développement doit être opposé par les travailleurs dans le monde entier.

Des interventions sont activement discutées par les principaux organes de presse européens. En Allemagne, le journal Süddeutsche Zeitung a écrit, « Le temps de l’incertitude est passé. En Libye, Mouammar Kadhafi mène une guerre contre son propre peuple… L’Europe doit brandir une menace convaincante. Le mieux serait qu’elle forme une coalition avec la Ligue arabe, l’Egypte et l’Union africaine – une coalition dotée d’un mandat de l’ONU qui puisse intervenir militairement en Libye pour restaurer la paix. »

Ce journal fait une comparaison directe avec les Balkans: « Une Libye qui se désintègre et sombre dans une guerre civile et tribale pourrait mettre le feu à toute la région. Depuis les guerres des Balkans, les Européens connaissent la valeur d’une intervention précoce. Ils avaient raté le bon moment à l’époque. Ils ne doivent pas répéter cette erreur en Afrique du Nord. »

Le quotidien conservateur Die Welt a écrit avec une anticipation non voilée que « ce qui se passe au large des côtes de la Méditerranée c’est l’occasion du siècle. »

Les puissances américaines et européennes hésiteraient pour intervenir en Libye sans le soutien de la Ligue arabe et peut-être sans le soutien militaire d’un ou de plusieurs Etats arabes de crainte que le caractère impérialiste de l’intervention ne devienne trop évidente. L’Egypte paraît être un candidat possible, en raison notamment de ses liens militaires étroits avec Washington.

Al Arab, un journal du Qatar, a cité des sources égyptiennes officielles, et a déclaré que le gouvernement militaire en Egypte pourrait intervenir pour protéger ses citoyens en Libye. L’Egypte a considéré les remarques faites par le fils de Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi, qui a accusé les Egyptiens de comploter dans le soulèvement en Libye, d’incitation explicite contre l’Egypte, a-t-il ajouté.

Ecrivant dans le journal britannique The Guardian, Ian Birrell – qui a été envisagé comme directeur de la communication potentiel de Cameron – a suggéré que « la seule solution c’est une intervention rapide dirigée peut-être par l’Egypte ou la Tunisie, dont les armées ont gagné du respect ces dernières semaines, pour faire sortir Kadhafi de sa base aérienne et achever son lamentable régime. Ceci devra être soutenu par la Ligue arabe et de tels événements sont hautement dangereux et imprévisibles. L’alternative pourrait cependant, être pire. »

La proposition de Birrell est tout aussi réactionnaire. Elle entraînerait l’Egypte et la Tunisie dans un conflit sanglant en tant que mandataires des puissances impérialistes et permettrait à leurs gouvernements – alors qu’ils sont confrontés à un défi révolutionnaire des masses – d’exiger des pouvoirs spéciaux en avançant les exigences d’une guerre.

L’Union européenne semble actuellement moins encline que le Royaume-Uni à saisir l’« opportunité » d’une intervention militaire en Libye, mais des préparatifs sont en cours. Un haut fonctionnaire de l’UE a dit aux journalistes que l’intervention militaire était discutée : « Cette possibilité est une des possibilités auxquelles nous réfléchissons. »

Lors d’une réunion des ministres européens de la Défense à Budapest, le ministre français de la Défense, Alain Juppé, avait publiquement écarté une intervention militaire. « Non. Une intervention militaire étrangère en Libye n’est pas d’actualité, » a-t-il dit « mais le durcissement des sanctions de tous ordres, qui peuvent être prises en particulier celles sur l’espace aérien, mérite d’être étudié. »

Cependant, lorsqu’une zone d’exclusion aérienne avait été imposée à certaines parties de l’Irak avant la deuxième guerre du Golfe, elle était devenue un prétexte pour le bombardement à la fois d’installations militaires et de régions civiles. Le président français, Nicolas Sarkozy avait discuté antérieurement l’établissement d’une zone d’exclusion aérienne.

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle a insisté en disant, « Il y a un plein accord entre de nombreux partenaires de l’Union européenne. » Il a poursuivi en précisant, « Si cette violence se poursuit, chacun en Europe saura que cela ne peut pas rester sans réponse. »

Le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a nié que l’organisation avait des projets quelconques pour intervenir en Libye. Il avait pourtant soigneusement rédigé sa déclaration en sorte qu’elle n’écartait pas des actions initiées par certains Etats membres. « L’OTAN en soi, n’a pas de projets d’intervention, » a-t-il dit. « Nous n’avons pas reçu de demande dans ce sens et, en tout cas, toute action devrait être fondée sur un mandat clair des Nations unies. »

Le gouvernement Obama est en quête d’une position commune avec l’Europe et les Etats arabes.

La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a été envoyée à Genève où elle participera à une réunion du Conseil des droits de l’homme. Phillip J. Crowley, du département d’Etat américain a dit, « Nous pensons qu’il est important de coordonner nos efforts avec la communauté nationale, nos alliés européens, les Nations unies et des organisations telle la Ligue arabe. »

Obama s’était entretenu hier au téléphone avec Cameron, Sarkozy et le premier ministre italien Silvio Berlusconi au sujet de la Libye.

Une intervention militaire en Libye dépendrait fortement du Royaume-Uni et de la France qui disposent des forces militaires les plus significatives et d’une vaste expérience d’intervention en Afrique. Les compétences des SAS et du SBS britanniques se sont révélées être utiles à Washington en Afghanistan où ils ont été utilisés pour assassiner des dirigeants talibans. Si les SAS devaient être déployées en Libye, elles connaîtront bien le terrain vu que les SAS avaient été impliquées dans l’entraînement des Forces spéciales libyennes qui massacrent actuellement les manifestants.

(Article original paru le 25 février 2011)

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