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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

La menace de la dictature en Grèce

Par Christoph Dreier
28 novembre 2011

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La mise en place par les banques et les principales puissances impérialistes d’un gouvernement « d’union nationale » en Grèce incluant des membres du parti fasciste LAOS ainsi que l’attribution du ministère de la Défense au parti droitier Nouvelle Démocratie (ND) doit être considéré comme un avertissement sérieux pour la classe ouvrière grecque et internationale.

Trente-huit ans après les protestations étudiantes à l’Ecole polytechnique d’Athènes, le 17 novembre 1973, dont la répression sanglante avait fini par conduire au renversement de la junte des colonels soutenue par les Etats-Unis, le capital financier envisage de nouveau d’imposer un régime militaire ou une dictature fasciste pour réprimer les travailleurs.

Le premier ministre PASOK déchu, George Papandreou, avait mobilisé l’armée pour réprimer les grèves organisées contre les mesures d’austérité qu’il était en train d’appliquer au nom des banques et des institutions européennes. En août 2010, les soldats avaient brisé la grève entamée par les chauffeurs routiers pour protester contre la dérèglementation de leur profession. En octobre dernier, le gouvernement a soumis les éboueurs grévistes aux règles de la discipline militaire en les obligeant à reprendre le travail.

Le 4 février 2011, l’agence de presse Athens News Agency rapportait que la 71ème brigade aérienne avait simulé une bataille contre les protestataires anti-austérité. L’exercice prévoyait des méthodes de surveillance de « parties qui s’affrontent » tout comme « de dissuasion de conflit » et d’« évacuation de la foule. »

Il y a un débat à peine caché au sein de la classe dirigeante sur le fait de mettre au rebut l’ensemble des procédures démocratiques afin de passer ouvertement à un régime autoritaire. En mai, un rapport de la CIA déclarait qu’un coup d’Etat était possible en Grèce. En septembre, des officiers à la retraite se sont révoltés. L’Association professionnelle des soldats d’active a averti ensuite Papandreou dans une lettre que l’armée suivait sa politique « avec une grande inquiétude. » Le ministre de la Défense Panis Beglitis a critiqué les officiers, les accusant d’agir comme « un Etat dans l’Etat. »

Peu de temps avant sa démission, Papandreou, de concert avec Beglitis, a limogé tous les chefs d’état-major des forces armées, ce qui a suscité de vastes soupçons qu’un coup d’Etat avait été évité de justesse. Juste avant, une grève générale massive de deux jours avait eu lieu en réponse aux nouvelles exigences de l’Union européenne et du Fonds monétaire international pour qu’Athènes impose de nouveaux licenciements et de nouvelles réductions encore plus draconiennes des salaires et des retraites. Immédiatement après suivait la réaction furieuse des marchés financiers à la proposition de Papandreou de tenir un référendum sur les nouvelles mesures d’austérité.

L’ensemble des chefs militaires limogés avaient été nommés par l’ancien gouvernement ND. A présent, Nouvelle Démocratie reprend une fois de plus les commandes de la défense et le nouveau ministre de la Défense, Dimitris Avramopoulos, a promis de revenir sur les licenciements.

L’inclusion de LAOS dans le gouvernement est particulièrement inquiétante. La décision n’était pas obligatoirement nécessaire pour remporter une majorité et former un nouveau gouvernement. Mais, les partisans du nouveau régime au sein de l’élite financière internationale et de la bourgeoisie grecque ont décidé d’inclure LAOS dans le but d’envoyer un signal politique.

Le sentiment fasciste est cultivé et rendu à nouveau « respectable » parce que la xénophobie, le nationaliste et l’antisémitisme sont une base pour la mobilisation à l’encontre de la classe ouvrière des couches les plus réactionnaires et malades de la société.

Créé en 2000, le parti LAOS était devenu le point focal de l’extrême droite, faisant ouvertement appel aux thèmes traditionnels du fascisme européen. Lors du congrès fondateur, le dirigeant du LAOS, George Karatzaferis, avait déclaré : « Ils disent que pour aller de l’avant il faut être soit juif, soit homosexuel ou soit communiste. Nous ne sommes rien de tout cela. » Il a appelé à voter LAOS pour obtenir « un parlement exempt de francs-maçons, d’homosexuels et de partisans du sionisme. »

Le parti LAOS s’est à maintes reprises prononcé en faveur d’une dictature militaire. Sa déclaration de fondation prévoit que les décisions politiques soient prises par un conseil comprenant des officiers militaires et des responsables de l’église. Le parti est un partisan enthousiaste des coupes sociales et s’était opposé à une restructuration partielle de la dette grecque acceptée en octobre par l’Union européenne.

L’un des idéologues du LAOS est l’antisémite et négationniste Kostas Pleveris qui fut leur principal candidat aux élections de 2004. Son fils, Athanasios, est devenu député en 2007. En 2006, Kostas Pleveris a publié le livre « Les Juifs, toute la vérité » dans lequel il fait l’éloge d’Adolf Hitler en appelant à l’extermination des Juifs. Il traite les Juifs de sous-hommes qui diffament les nazis. Il se décrit lui-même comme un « nazi, fasciste, raciste, antidémocrate, antisémite. »

Adonis Georgiadis, le nouveau secrétaire d’Etat au ministère de l’Economie, a fait la promotion du livre à la télévision, en soulignant la « richesse de l’argumentation. »

La promotion de telles forces est la réponse de l’aristocratie financière aux étapes initiales de l’émergence politique de la classe ouvrière et de la croissance des protestations populaires – à commencer par la révolution égyptienne, en passant par les manifestations de masse et les grèves en Europe et le mouvement Occupons Wall Street (OWS) aux Etats-Unis. Comme en Egypte, où la junte militaire emprisonne, torture et assassine les opposants, et aux Etats-Unis, où la police attaque violemment les manifestants de OWS, la classe dirigeante en Europe planifie une répression violente et un régime d’Etat-policier.

Ces menaces ont une grande résonance politique, compte tenu des expériences tragiques faites par le peuple grec. En 1967, la CIA et l’OTAN avaient soutenu le coup d’Etat militaire dirigé par George Papadopoulos dans une tentative d’éviter un mouvement de la classe ouvrière contre l’ordre capitaliste partout en Europe. Les colonels avaient violemment réprimé toute manifestation de résistance de la classe ouvrière. Ils avaient arrêté et torturé des dizaines de milliers de personnes et construit des camps de concentration sur les îles Gyaros et Leros.

En installant au pouvoir les successeurs de la junte grecque, l’aristocratie financière menace non seulement la classe ouvrière en Grèce mais partout en Europe et dans le monde. « Les dirigeants européens craignent que des protestations et des grèves identiques aient lieu dans leur propre pays, » a dit Dimitris Dimitriadis, consultant influent de l’Union européenne au journal turc Hürriyet. Cette perspective et le moyen de l’éviter, a-t-il dit, était le sujet de la réunion du 16 novembre du Comité économique et social européen (CESE). « Ce problème ne concerne pas seulement la Grèce, » a-t-il ajouté.

La réémergence de la menace de dictature porte un coup fracassant aux affirmations – faites après la chute de la junte grecque et des régimes fascistes au Portugal et en Espagne, et tout spécialement après la liquidation stalinienne de l’Union soviétique en 1991 – que les institutions de l’Union européenne, en alliance avec Washington, veilleraient au triomphe du capitalisme démocratique.

Au lieu de cela, le capitalisme mondial est embourbé dans une crise, le système politique de chaque pays occidental menace de s’effondrer et la démocratie bourgeoise est en pleine putréfaction sous les yeux du monde. La décision du capital financier international de réagir en promouvant le parti LAOS en Grèce témoigne de l’effondrement du sentiment démocratique de la bourgeoisie.

Dans la lutte contre cette menace, les travailleurs grecs sont confrontés non seulement à la classe dirigeante mais aussi à la trahison politique des partis sociaux-démocrates et de leurs satellites au sein des organisations staliniennes, pablistes et autres organisations pseudo-gauches. Ces forces, qui sont indissolublement liées à l’Etat et aux bureaucraties syndicales, et qui se révèlent de plus en plus ouvertement être des agences de la classe dirigeante, ne mènent aucune lutte sérieuse contre le nouveau gouvernement.

La lutte contre les attaques sociales de l’élite financière coïncide avec la lutte contre les assauts croissants contre les droits démocratiques. La seule force qui est engagée pour la défense des droits démocratiques et qui est capable de les défendre est la classe ouvrière. Ce qui est nécessaire c'est la réalisation de l’unité de la classe ouvrière de par l’Europe et sa lutte indépendante pour la prise du pouvoir politique sur la base d’un programme socialiste.

(Article original paru le 21 novembre 2011)

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