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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Le NPA tente d'étouffer le mouvement «Occupons Wall Street » avec une perspective bourgeoise

Par Anthony Torres
29 octobre 2011

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Le 15 octobre, une manifestation internationale a eu lieu en réponse aux manifestations « Occupons Wall Street » (OWS) aux USA. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) tente de désarmer politiquement le volet français de ce mouvement international, en le liant à une perspective consistant à laisser les syndicats faire « pression » sur un gouvernement de la « gauche » bourgeoise.

Pour la manifestation mondiale de protestation contre le système capitaliste prévue le 15 octobre, le NPA avait publié un article « Appel national à la mobilisation nucléaire ». Il est très révélateur que le NPA n'ait pas accueilli avec enthousiasme un mouvement qui reflète des sentiments populaires vraiment anticapitalistes. Il a plutôt essayé de recentrer le mouvement sur une question particulière, l'écologie, et le parti bourgeois Europe-Ecologie Les Verts (EELV).

Le candidat présidentiel du NPA en 2012, Philippe Poutou, s'est rendu avec Eva Joly, candidate présidentielle d'EELV, à une manifestation anti-nucléaire à Nantes, boycottant ainsi les manifestations OWS.

Loin de soutenir le mouvement, les dirigeants du NPA faussement « anticapitaliste » en ont peur, car il risque de leur échapper et d'entraîner ensuite le prolétariat dans une lutte sociale de plus grande envergure. C'est ce qui s'est produit cet hiver en Egypte, où des manifestations de jeunes ont fini par provoquer une lutte révolutionnaire du prolétariat, faisant chuter le dictateur Hosni Moubarak.

Depuis 3 semaines aux Etats Unis, des protestations se développent dans des centaines de villes sous le slogan « occupons wall street », exprimant l'hostilité des masses envers les banques, les grandes entreprises, et le chômage. La journée mondiale de manifestation du 15 octobre s'inspirait de ce qui se passe aux USA.

Les associés américains du NPA soutiennent les syndicats dans ce mouvement de protestation parce qu'ils craignent un mouvement politiquement indépendant, souhaitant plutôt canaliser les protestations contre Wall Street derrière le Parti Démocrate. Celui-ci, au pouvoir, mène une politique de guerre et de dévastation des acquis sociaux et des salaires des travailleurs avec l'accord des syndicats américains.

Ainsi l'éditorial du Socialist Worker du 5 octobre célèbre l'entrée du syndicat AFL-CIO dans le mouvement comme une indication du potentiel permettant d'approfondir les racines sociales du mouvement de protestation. En France le NPA joue le même rôle que l'International Socialist Organization, qui publie Socialist Worker.

Le NPA souhaite également démobiliser le mouvement populaire anticapitaliste, en défendant des syndicats pro-capitalistes et en refaisant la politique qu'il avait menée en 1981. A cette époque la Ligue communiste révolutionnaire (LCR, qui a fondé le NPA en 2009) avait soutenu la candidature PS de François Mitterrand comme étant un moindre mal. Ceci était une perspective fausse, et en 1983, Mitterrand avait appliqué le tournant de la rigueur et détruit des branches de l'industrie qui avaient été combatives dans les années 1960 et 1970.

Aujourd'hui le NPA est toujours un satellite politique du PS. Pour commencer, le NPA, salue dans une déclaration la primaire du Parti Socialiste (PS), parce que le NPA « partage ses aspirations démocratiques et le rejet de Sarkozy ». La primaire du PS pour choisir son candidat présidentiel n'avait pourtant rien de démocratique. Le PS a cherché par cette élection à s'assurer une publicité médiatique et à laisser choisir ainsi par les médias le meilleur candidat socialiste pour la bourgeoisie et les marchés financiers.

Le PS a ainsi obtenu comme candidat présidentiel François Hollande, dont l'insistance sur l'austérité budgétaire lui a valu le soutien des banques et de la bourgeoisie. (Voir aussi : Les candidats à la primaire du Parti socialiste adoptent une politique de droite)

Le NPA fait pourtant un aveu dévastateur lorsqu'il écrit que le PS, dont il partage pourtant les « aspirations », prépare la même politique d'austérité que les sociaux-démocrates Papandreou en Grèce ou Zapatero en Espagne : « Tout indique qu'un gouvernement de gauche 'à la française' appliquerait la même politique que leurs amis grecs ou espagnols ».

Cependant, la perspective du NPA est d'attendre la formation d'un gouvernement PS, puis d'organiser quelques manifestations sans perspective pour démoraliser l'opposition des travailleurs à l'austérité que mènera le PS.

Dans un article du 6 octobre, le NPA écrit : « Il ne suffit pas de proclamer que nous n'attendrons pas 2012 ou qu'après la conquête du Sénat [que le NPA estime « conquis » parce que le PS y a maintenant une majorité], celles de l'Élysée et de l'Assemblée nationale vont nous apporter des réponses satisfaisantes. Seul le rapport de forces, construit dans les luttes et les manifestations, peut contraindre patrons et gouvernement à reculer » .

Dans cette perspective, de larges sections du NPA préparent des alliances avec d'autres partis satellites du PS, comme le Front de Gauche de l'ex-ministre PS Jean-Luc Mélenchon. Le NPA sait que la perspective qu'il propose n'aboutira qu'à des défaites des mouvements sociaux. En 2010 pendant la grève des raffineries, à choisir entre lutter contre le gouvernement Sarkozy ou laisser l'Etat briser la grève, le NPA a préféré laisser l'Etat briser la grève et faire passer les mesures d'austérité du gouvernement.  Avec un gouvernement PS, le NPA fera de même, pour étrangler l'opposition de la classe ouvrière à la politique d'austérité sociale.

Pour la journée d'action syndicale du 11 octobre 2011, le NPA a souhaité saisir « l'occasion de lutter tous ensemble contre les politiques d'austérité, pour 300 euros net et un SMIC à 1600 euros net, pour un emploi, pour toutes et tous ».

Venant du NPA, ces mots d'ordre sont cyniques et creux. L'objectif du NPA n'est pas de mener une lutte sérieuse, pour qu'émerge un mouvement international révolutionnaire des travailleurs ayant pour but de prendre le pouvoir, mais de dire que l'on peut faire pression sur le gouvernement-sachant très bien que le gouvernement n'aura pas l'intention de reculer.

Le NPA fait un deuxième aveu dévastateur toujours dans le même article, sur le fait que la grève sectorielle et isolée que défendent les syndicats est le fruit d'une « tactique syndicale qui fait preuve d'inconsistance ».

Le NPA essaie de faire croire que les défaites des grèves organisées par les syndicats sont simplement dues à une erreur tactique. En fait, le NPA sait très bien que les syndicats n'ont aucune intention de s'opposer aux mesures d'austérité sociale qu'ils ont eux-mêmes négociées avec le gouvernement. Le NPA veut ainsi faire croire que les syndicats sont toujours des instruments de lutte contre la politique du gouvernement, et non pas une partie intégrante du dispositif politique qui impose les « réformes » anti-sociales aux travailleurs.

La lutte contre la réforme des retraites a montré le potentiel politique de la classe ouvrière. Les grèves dans les raffineries et dans les dépôts pétroliers ont menacé l'approvisionnement en pétrole et, de ce fait, le gouvernement.

Celui-ci a envoyé les CRS dans la raffinerie de Grandpuits afin de réquisitionner des ouvriers pour que l'Etat reprenne le contrôle des carburants. Les syndicats et le NPA ont protesté, mais sans appeler à un mouvement plus large des travailleurs  pour défendre les ouvriers des raffineries qui ont été réprimés par les forces de l'ordre. Après cela, les syndicats ont démoralisé le mouvement de protestation et ont permis à la réforme des retraites de passer.

Le NPA veut continuer à défendre et à promouvoir ces organisations traîtresses. Le fait que le NPA souhaite un mouvement avec les syndicats et partis de « gauche » alliés au PS signifie que le NPA est en fait hostile à tout mouvement anticapitaliste de masse. La lutte pour la défense des acquis sociaux passe dans cette période de crise par une lutte politique de la classe ouvrière pour la conquête du pouvoir politique, indépendamment et par opposition à la politique petite-bourgeoise du NPA.

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