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  WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

France: Sarkozy perd sa majorité au sénat

Par Antoine Lerougetel
3 octobre 2011

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Le parti dirigeant UMP (Union pour un Mouvement populaire) du président Nicolas Sarkozy a perdu le contrôle du sénat lors des élections qui se sont déroulées le 25 septembre. La défaite de Sarkozy au profit du Parti socialiste et de ses alliés a été décrite par certains médias comme « un séisme institutionnel. » De toute l’histoire de la Cinquième république, de 53 ans, le Parti socialiste n’a jamais contrôlé le sénat qui est élu indirectement.

Le vote révèle l’extrême fragilité du gouvernement Sarkozy. Profondément impopulaire suite à ses attaques contre les droits et le niveau de vie de la population, et avec une cote de popularité de 30 pour cent, le gouvernement est également secoué par des scandales de corruption dans lesquelles sont impliqués les plus proches collaborateurs du président. Les tensions sociales s’amplifient à l’approche des élections présidentielles d'avril-mai 2012.

Le nombre de sièges réunis par le PS (123) et ses alliés le Parti communiste français (20), les Verts (10), le Parti de gauche (1) et divers autres (24) lui donne la majorité au sénat – 117 sur 348.

Les implications du coup porté à la crédibilité de Sarkozy sont internationales comme le signalait le Financial Times le 26 septembre: « Les problèmes ne cessent de croître pour le président sortant. Avec la chancelière allemande, M. Sarkozy se trouve en première ligne pour enrayer la crise de la dette de la zone euro. En l’absence d’une solution, les marchés ont concentré leur inquiétude sur les finances publiques françaises et la vulnérabilité apparente – farouchement niée par Paris – des banques françaises.

Le FT poursuit en disant: « Un des effets des résultats du sénat a été de contrecarrer une mesure préconisée par M. Sarkozy sur le plan national pour soutenir l’engagement de la France à la stabilité fiscale. Son intention d’ancrer une « règle d’or » dans la constitution [comme en Allemagne], exigeant des budgets équilibrés est à présent bloquée, étant donné qu’elle nécessiterait une majorité de 60 pour cent lors d’une session conjointe du sénat et de l’Assemblée nationale. »

Le chômage a augmenté durant l’été pour atteindre près de 10 pour cent alors que la croissance économique a ralenti pour être nulle. Ceci a contraint le gouvernement à accroître les mesures d’austérité dont des taxes qui affectent la classe ouvrière et affaiblissent davantage encore la consommation.

Des allégations de corruption financière et politique aux plus hauts niveaux hiérarchiques du gouvernement durant ces dernières décennies se rapprochent de plus en plus de Sarkozy avec l’implication dans l’affaire Karachi de ses plus proches collaborateurs, l’ancien premier ministre Edouard Balladur, le marchand d’armes Ziad Taddiekine, Thierry Gaubert et beaucoup d’autres.

François Hollande et Martine Aubry, tous deux du Parti socialiste, sont crédités dans un sondage du 19 et 20 septembre, respectivement de 28 et 27 pour cent des intentions de vote pour le premier tour des élections présidentielles, et Sarkozy de 25 pour cent. Surfant sur les scandales et la faillite politique des partis bourgeois de droite et de gauche et leur utilisation des immigrants et des Musulmans comme boucs émissaires, la candidate du Front National néo-fasciste Marine Le Pen recueille 19 pour cent des intentions de vote. Lors de la tenue d’un second tour des élections, Hollande enregistrerait 57 pour cent, Aubry 54 pour cent et Sarkozy 46 pour cent avec certaines variations selon les instituts de sondage.

Le sénat français est une institution hautement antidémocratique. Il n’est pas élu au suffrage universel mais par quelque 150.000 électeurs, dont 95 pour cent sont des conseillers municipaux ou communaux dont un nombre disproportionné appartient à des conseils ruraux traditionnellement conservateurs.

Le résultat de l'élection est très liée à l'immense impopularité des mesures d’austérité de Sarkozy qui avaient entraîné une défaite sérieuse de l’UMP lors des élections régionales, communales et cantonales de 2008 dans les 36.782 communes de France.

Le Nouvel Observateur a souligné que la « réforme » gouvernementale des collectivités territoriales a privé de fonds les municipalités en créant des difficultés sociales plus grandes : « La France des territoires s’est vengée car… Le gouvernement a augmenté les compétences des communes sans toujours transférer les ressources financières concomitantes. En plus des problèmes liés aux territoires, le gouvernement et la droite française doivent faire face aux problèmes financiers liés aux affaires des mallettes de billets. » (Voir aussi : « L’affaire Bourgi révèle la criminalité de l’impérialisme français en Afrique  »)

Le vote sénatorial ne signifie pas que cet électorat de 150.000 bureaucrates locaux, en quête de fauteuils, de responsables permanents de partis et de notables ont sérieusement viré à gauche. Nombre d’entre eux sont mécontents parce que la réforme empiète sur des prérogatives bureaucratiques. Les partis de la gauche bourgeoise ont tiré profit de la crise existant au sein du camp de l’UMP et de la présentation de listes conservatrices dissidentes qui ont grignoté des voix aux candidats officiels de l’UMP.

Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a imputé la défaite de son parti à la division au sein des forces de l’UMP. Le Point rapporte : « Depuis quelques semaines déjà, l’inquiétude s’était fait ressentir : ‘Je suis préoccupé par l’importance des listes dissidentes à droite, qui m’inquiètent beaucoup,’ » avait même admis le numéro un de l’UMP, Jean-François Coppé.

Une fois les résultats annoncés, Juppé a pointé du doigt cinq ou six départements où les candidats dissidents « nous ont coûté des sièges ». Le premier ministre, François Fillon a mis la défaite sur le compte de « divisions de la majorité. »

De nombreux ministres précédemment nommés par Sarkozy durant son mandat, et notamment ceux associés à son « ouverture à gauche » et à des minorités ethniques l’ont abandonné pour se présenter comme candidat ou pour soutenir des rivaux de Sarkozy à droite : Rachida Dati, Rama Yade, Fadela Amara, Jean-Louis Borloo, Hervé Morin, Patrick Devedjian, Pierre Charon et Dominique Paillé.

On fait état d'une agitation de plus en plus sensible au sein de l’UMP pour que Sarkozy ne se présente pas en 2012. Rémy Dessarts de France Soir affirme : « De fait, la route est encore longue d’ici au premier tour. Mais le nombre de ceux qui, dans son propre camp, espèrent secrètement que le président de la République renoncera à se présenter a aussi fortement augmenté. »

S'exprimant à la télévision après l'annonce des résultats, l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, l’a formulé ainsi : « S’il est candidat, Nicolas Sarkozy, sera notre candidat. » En effet, Raffarin, parmi d’autres poids lourds UMP, passe pour être un éventuel candidat au sein des cercles dirigeants du parti.

Jean-Luc Mélenchon, candidat présidentiel pour la coalition du Front de gauche, comprenant entre autres son Parti de gauche et le Parti communiste, a déclaré que la présidentielle avait commencé « sous de bons augures ». Il a affirmé qu’« en passant à gauche, le nouveau sénat pourrait…bloquer la politique de Nicolas Sarkozy jusqu’à la présidentielle. »

L'idée que le PS et ses alliés, dont le Front de gauche, pourraient représenter un rempart contre la politique réactionnaire de Sarkozy révèle la vraie orientation de Mélenchon et de ses partenaires. Le Parti socialiste a soutenu pleinement, tout comme Mélenchon, l’aventure militaire néocoloniale de Sarkozy et de l’OTAN en Libye. Le PS a soutenu la réduction du déficit budgétaire et la priorité de renflouer les banquiers. Le PS ne s’est pas opposé aux mesures d’austérité dévastatrices liées aux deux opérations de renflouement de la Grèce par la « troïka » – l’Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international – ou aux mesures imposées à l’Espagne au nom des banques.

L’intervention militaire néocoloniale prédatrice contre le peuple libyen, initiée par Sarkozy est taboue. L’establishment politique entier allant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) à l’UMP droitière en passant par le Front de gauche la soutient et craint que si elle devenait un enjeu électoral, elle pourrait provoquer une opposition, notamment dans les communautés immigrantes socialement opprimées.

Sont également taboues, la crise de l’euro et de la dette souveraine en Europe ainsi que la crise économique mondiale qui, si elles sont mentionnées, sont considérées comme de vagues sujets annexes qui agacent. Chaque candidat souligne sa capacité à venir à bout des problèmes sociaux et économiques de la France dans le cadre de l’Etat-nation ou bien en bricolant avec les institutions communautaires. Un article paru le 27 septembre dans Mediapart donne la liste des grandes équipes de professeurs d’économie pro capitalistes et de banquiers qui travaillent pour les camps rivaux de Hollande et d’Aubry qui tous deux briguent la nomination comme candidat du Parti socialiste à l'élection présidentielle.

(Article original paru le 29 septembre 2011)

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