Ces dernières semaines, les Socialistes
révolutionnaires (SR) égyptiens, qui portent à tort leur nom, ont intensifié
leur campagne de soutien des projets de guerre impérialiste contre la Syrie.
Depuis début mars, les SR ont publié une série d'articles dénonçant le régime du
président syrien Bachar al-Assad et critiquant les puissances impérialistes de
ne pas lancer d'intervention militaire contre la Syrie.
Les SR accusent de plus la Chine d'être
complices dans les tueries en Syrie. Selon des articles de presse, des membres étudiants
des SR ont expulsé le 10 mars d'un séminaire à l'université d'Alexandrie un
représentant de l'ambassade de Chine. Ils s'en sont pris au représentant
chinois pour le soutien qu'apporte son pays au régime syrien, brandissant des
panneaux disant : « Ton pays souscrit aux meurtres de nos frères
syriens. » Une image de l'incident a depuis été affichée en bonne place
sur le site internet des SR.
Le mois dernier, la Chine avait opposé
avec la Russie son véto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations
Unies, censée préparer une intervention, soutenue par l'Occident, contre la
Syrie.
La principale responsabilité pour
ce bain de sang en Syrie incombe toutefois aux Etats-Unis et à leurs alliés et
non au régime d'Assad. En réclamant une intervention étrangère en Syrie, les SR
se présentent eux-mêmes comme des instruments de l'impérialisme disposés à
appuyer le genre d'intervention impérialiste qui a dévasté la Libye, causant la
mort de 50.000 personnes et mettant en place à Tripoli un régime islamiste d'extrême-droite.
Pendant près d'un an, les
puissances impérialistes et leurs alliés en Turquie et dans les monarchies du
Golfe ont préparé le terrain à une intervention militaire en Syrie. Les
Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni ont tous déclaré leur soutien à un
changement de régime à Damas et ont armé la soi-disant Armée syrienne libre
(ASL) avec l'aide de leurs mandataires parmi les pays du Golfe. Le Qatar approvisionne
en contrebande la Syrie en armement par le biais de la monarchie
pro-occidentale de Jordanie.
En Syrie, les groupes « rebelles »
soutenus par l'Occident - dominés par des islamistes sunnites dirigés par les
Frères musulmans et comprenant des forces de type al-Qaïda - sont en train de mener
une guerre de guérilla et espèrent renverser Assad pour y installer un régime
favorable aux Etats-Unis. Un rapport publié récemment par l'organisation Human
Rights Watch a accusé les « rebelles » soutenus par les Etats-Unis
d'avoir commis de nombreux abus : enlèvements, torture, aveux forcés et
exécutions sommaires de personnel sécuritaire et de civils.
Comme en Libye, l'impérialisme
compte sur ses alliés pseudo-gauches pour dissimuler ces crimes. Au milieu de
la plus profonde crise du capitalisme depuis les années 1930 et face à un
soulèvement révolutionnaire de la classe ouvrière internationale, des groupes
petits-bourgeois tels les SR en Egypte, l'International Socialist Organization
(ISO) aux Etats-Unis et le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) pabliste en
France ont été incorporés dans le camp de la contre-révolution.
S'opposant à une révolution
sociale dans leur pays, ils soutiennent ouvertement l'agression impérialiste à
l'étranger. Ils présentent des groupes armés et soutenus par l'Occident comme des
« révolutionnaires » et critiquent les puissances impérialistes pour
se montrer trop hésitantes dans le lancement de guerres d'agression. Ils
publient sans discernement des comptes rendus non vérifiés faisant état de
victimes civiles dues à l'intervention du gouvernement syrien.
Ils ont publié dernièrement un papier
de Yusef Kahlil et de Lee Sustar de l'ISO, intitulé « Est-ce que le régime
syrien écrasera la révolution ? » L'article fut d'abord publié le 5
mars en anglais sur le site internet de l'ISO et quelques jours plus tard en
arabe sur le site internet des SR. Cet article falsifie les événements survenus
en Syrie, en s'enlisant dans ses propres contradictions et en critiquant finalement
l'impérialisme par la droite pour ne pas être suffisamment agressif dans le
lancement de la guerre en Syrie.
L'article commence par dénoncer
l'attaque de l'armée syrienne contre le quartier de Baba Amr à Homs début mars
lorsqu'il était tenu par les forces « rebelles » soutenues par les
Etats-Unis. L'article prétend que les troupes syriennes commettaient des
« exécutions sommaires » en citant des rapports d'Al Jazeera
tout en restant entièrement silencieux sur le soutien américain procuré aux
groupes armés qui ont pris Baba Amr.
En se fondant sur des articles d'Al
Jazeera - qui montrent que le régime d'Assad a recouru à de l'artillerie
lourde contre des « rebelles » lourdement armés soutenus par les
Etats-Unis - l'ISO et les SR lancent l'affirmations incendiaire, et non prouvée,
selon laquelle le gouvernement syrien « affichait sa volonté de détenir et
de massacrer tous les hommes en âge de lutter. »
L'article poursuit en disant: « Si
Assad pense qu'il peut s'en tirer à bon compte, c'est parce que l'opposition
reste divisée - et les Etats-Unis et l'Occident ont jusque-là été méfiants quant
à entreprendre une intervention de type libyen. » Il affirme que les
Etats-Unis ne sont pas « un ami de la révolution, » en soulignant
qu'ils « craignent qu'un conflit plus vaste puisse s'étendre au-delà de la
frontière du Liban, impliquant d'autres puissances et constituant une menace
pour l'Etat limitrophe d'Israël. » L'article critique la Turquie pour
n'avoir pas encore « remis d'armement lourd aux forces révolutionnaires
syriennes. »
L'on devrait examiner
attentivement ces déclarations : les SR sont en train d'attaquer les
Etats-Unis et son allié, la Turquie, pour ne pas lancer de guerre contre la
Syrie affirmant que ceux-ci « craignent un conflit plus vaste. » En
fait, l'impérialisme américain est en train de planifier précisément un tel
conflit.
Les Etats-Unis considèrent leur
campagne contre la Syrie comme partie intégrante d'une stratégie de
confrontation générale avec l'Iran pour le contrôle du Moyen-Orient riche en
pétrole et stratégiquement vital. Cette stratégie est finalement liée à des
projets plus généraux de Washington de maintien de l'hégémonie mondiale
américaine, notamment le recours à la force militaire américaine afin de
combattre l'influence économique grandissante de la Chine. Manifestement, les
SR soutiennent ces mesures.
L'article se plaint en outre de
ce qu'« Assad a bénéficié d'une impulsion lorsque la Russie et la Chine
ont exercé leur véto à une résolution de l'ONU condamnant la Syrie de crainte
qu'elle ne serve de pas vers une intervention de type libyen. »
C'est-à-dire que les régimes
russe et chinois craignaient qu'une nouvelle guerre sanglante menée par les
Etats-Unis au Moyen-Orient ne déstabilise davantage la région, les marchés
pétroliers et leurs propres intérêts stratégiques. Il est important toutefois
de remarquer ce que les SR ont choisi de souligner ici. Ils ne manifestent
aucune opposition à l'idée d'une nouvelle guerre impérialiste - après les
guerres en Afghanistan, en Irak et en Libye qui ont coûté la vie à des millions
de gens. Au lieu de cela, ils critiquent les régimes à Moscou et à Beijing leur
reprochant d'agir pour freiner temporairement la poussée vers la guerre des
Etats-Unis et de leurs alliés.
Des organisations que telles les
SR en Egypte et l'ISO aux Etats-Unis, représentent une couche riche de la
classe moyenne qui est hostile à la classe ouvrière et loyale à l'impérialisme.
Leurs partisans sont issus d'un
milieu d'étudiants, d'universitaires et de journalistes d'orientation
occidentale et travaillant pour des ONG soutenues par l'Occident ou des médias
bourgeois tels le quotidien britannique The Guardian, la chaîne
d'information qatarie Al Jazeera et le quotidien égyptien d'Etat Al-Ahram.
Etant hostiles à la révolution égyptienne - où ils s'étaient opposés à l'appel
lancé l'année dernière en faveur d'une « seconde révolution » contre
la junte militaire soutenue par les Etats-Unis et leurs alliés islamistes parmi
les Frères musulmans - ils s'expriment ouvertement en faveur des guerres de
Washington, en Syrie et ailleurs.